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dernières paroles

Ma petite Paula bien-aimée, fidèle jusqu'au dernier souffle à mon idéal, cet après-midi à 15 heures, je tomberai fusillé. Je te laisse seule avec notre petit garçon chéri. Je ne pense qu'à vous deux. Je vous aime tellement, je t'aime tellement, ma petite chérie. Je te demande pardon de tout le mal que j'ai pu te faire. Tu m'as donné tellement de bonheur.
Maintenant j'y repense ; je revis ces instants de bonheur passés près de toi et près de notre petit garçon chéri.
Sois courageuse, ma petite bien-aimée. Défends notre petit Microbe chéri. Élève-le en homme bon et courageux. Parle-lui souvent de moi, de son "papa-car" qui l'aime tellement, qui vous aime tellement.
Mes derniers instants, je veux les consacrer à vous.
Je te revois, avec notre petit trésor dans les bras, m'attendre à la descente du car. J'entends son rire, je revois tes yeux de maman l'envelopper de tant de tendresse.
Je l'entends m'appeler "papa", "papa" !
Soyez heureux tous les deux et n'oubliez pas votre "papa-car".
Je saurai mourir courageusement et, face au peloton d'exécution, je penserai à vous, à votre bonheur et à votre avenir. Pensez de temps en temps un peu à moi. Du courage, ma Paula bien-aimée.
Il faut élever notre petit garçon chéri. Il faut faire de lui un homme bon et courageux. Son papa lui laisse un nom sans tache. Aux moments de découragement, pense à moi, à mon amour pour vous deux, à mon amour immense qui ne vous quitte pas, qui va vous accompagner partout et toujours.
Ma bien-aimée, ne te laisse pas abattre, tu seras à partir de 15 heures le papa et la maman de notre petit chéri. Sois courageuse et encore une fois pardonne-moi le mal que je t'ai fait.
Te dis, ma Paula bien-aimée, tout mon amour pour toi et notre petit Microbe chéri.
Vous serre tous les deux dans mes bras.
Vous embrasse de tout mon coeur.
Vive la France, Vive la liberté !
Mes amitiés à tous nos amis.

Auteur: Epstein Joseph

Info: 11 avril, à sa femme

[ exécution ]

 

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éloge

Ne craignez pas que je sois comme madame Miford, que je mette la couronne sur votre tête au moment le plus pathétique ; mais comme je ne puis vous comparer qu'à vous même, il faut que je vous dise, Talma, qu'hier vous avez surpassé la perfection et l'imagination même. Il y a dans cette pièce, toute défectueuse qu'elle est, un débris d'une tragédie plus forte que la nôtre, et votre talent m'est apparu dans ce rôle de Hamlet, comme le génie de Shakespeare, mais sans inégalités, sans les gestes familiers, devenus tout-à-coup ce qu'il y a de plus noble sur la terre.
Cette profondeur de nature, ces questions sur notre destinée à tous, en présence de cette foule qui mourra, et qui semblait vous écouter comme l'oracle du sort ; cette apparition du spectre, plus terrible dans vos regards que sous la forme la plus redoutable, cette profonde mélancolie, cette voix, ces regards qui révèlent des sentiments, un caractère au-dessus de toutes les proportions humaines ; c'est admirable, trois fois admirable; et mon amitié pour vous n'entre pour rien dans cette émotion la plus profonde que les arts m'aient fait ressentir depuis que je vis. Je vous aime, dans la chambre, dans les rôles où vous êtes encore votre pareil ; mais dans ce rôle d'Hamlet, vous m'inspirez un tel enthousiasme, que ce n'était plus vous, que ce n'était plus moi; c'était une poésie de regards, d'accents, de gestes à laquelle aucun écrivain ne s'est encore élevé. Adieu, pardonnez-moi de vous écrire, quand je Vous attends ce matin à une heure, et ce soir à huit ; mais si les convenances sociales ne devaient pas tout arrêter, je ne sais pas, hier, si je ne me serais pas fait fière d'aller moi-même vous donner cette couronne, qui est due à un tel talent plus qu'à tout autre ; car ce n'est pas un acteur que vous êtes, c'est un homme qui élève la nature humaine, en nous en donnant une idée nouvelle. Adieu ! à une heure. Ne me répondez pas, mais aimez-moi pour mon admiration.

Auteur: Staël Madame de Germaine Necker baronne de Staël-Holstein

Info: in Staëlliana de Cousin d'Avallon, Staël à Talma, Juillet 1809

[ théâtre ] [ comédien ]

 

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frère-par-frère

Un fait est à rappeler : Jacques, au début de sa carrière, a pendant un certain temps signé : Jacques-Marie, puis Marie a disparu de la signature. Quelqu'un pourrait-il donner le sens de ce fait ? En tout cas, il en a un.

D'autre part, un autre fait est évident : Jacques a, toute sa vie, cherché à traverser le miroir, cherché le vrai, dont tous les miroirs ne procurent que l'illusion.

Le vrai au sens biblique : non pas le vrai, qualité de la pensée, mais le vrai qui donne sens à la vie et est au-delà de toute pensée, le vrai qui est le réel.

Ma relation à mon frère se situe au cœur de cette quête qui implique le refus du savoir comme moyen d'accès à ce réel. Notre amitié de toujours était reconnaissance mutuelle de deux personnes en quête du réel ; et je crois qu'il m'a initié à cette quête.

J'ai choisi mon chemin, alors qu'il en avait choisi un autre. Quelle relation entre mon frère et la tradition chrétienne ? Voilà la question qu'il faut poser. Est-il possible d'y répondre ?

Voici au moins des jalons indiquant la direction dans laquelle il faut la chercher.

La tradition chrétienne donne à la personne une place qu'on peut dire fondamentale. Dans la lumière de cette tradition dont il a cherché à avoir une connaissance profonde, Jacques a cherché à être, non un saint, mais une personne.

Une telle recherche comporte des exigences - des exigences éthiques- et quelles exigences ! Être une personne, implique les relations dans lesquelles la tradition chrétienne place "le Père" que Jésus nous a appris à nommer. (...) Être une personne exige d'un homme qu'il se situe par rapport au père, qu'il prenne conscience de cette relation "fondamentale" qui fait de lui un homme. Et une autre prise de conscience est nécessaire : celle de la dimension que Freud a nommée "inconscient". Mon frère a voulu explorer l'inconscient, précisément pour être une personne.

Et dans la tradition chrétienne, la dimension de la personne qu'est l'inconscient n'était pas nommée ainsi, mais elle était présente sous le nom de mystère.

Auteur: Lacan Marc-François

Info: Extrait d'une lettre adressée à Jacques Sédat, le 3 décembre 1982.

[ psychanalyse ] [ christianisme ] [ liens ]

 
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contemplation

Si nous avions été créés en l’état de pure nature, avec une âme spirituelle et immortelle, mais sans la vie de la grâce, même alors notre intelligence eût été faite pour la connaissance du vrai et notre volonté pour l’amour du bien. Nous aurions eu pour fin de connaître Dieu, Souverain Bien, Auteur de notre nature, et de l’aimer par-dessus tout. Mais nous ne l’aurions connu que par le reflet de ses perfections dans ses créatures, comme les grands philosophes païens l’ont connu, d’une façon pourtant plus certaine et sans mélange d’erreurs. Il eût été pour nous la Cause première et l’Intelligence suprême qui a ordonné toutes choses.

Nous l’aurions aimé comme l’Auteur de notre nature d’un amour d’inférieur à supérieur, qui n’eût pas été une amitié, mais plutôt un sentiment fait d’admiration, de respect, de reconnaissance, sans cette douce et simple familiarité qui est au cœur des enfants de Dieu. Nous aurions été ses serviteurs, mais non pas ses enfants.

Cette fin dernière naturelle est déjà très haute. Elle ne saurait produire la satiété, pas plus que notre œil ne se lasse de voir l’azur du ciel. De plus, c’est une fin spirituelle qui, à la différence des biens matériels, peut être possédé par tous et chacun, sans que la possession de l’un nuise à celle de l’autre et engendre la jalousie ou la division.

Mais cette connaissance abstraite et médiate de Dieu eût laissé subsister bien des obscurités, en particulier sur la conciliation intime des perfections divines. Nous en serions toujours restés à épeler et à énumérer ces perfections absolues, et toujours nous nous serions demandé comment se peuvent concilier intimement la toute-puissante bonté et la permission divine du mal, d’un mal parfois si grand qu’il déconcerte notre raison, comment aussi peuvent s’accorder intimement l’infinie miséricorde et l’infinie justice.

Dans cette béatitude naturelle, nous n’aurions pu nous empêcher de dire : Si pourtant je pouvais le voir ce Dieu, source de toute vérité et de toute bonté, le voir immédiatement comme il se voit !

Ce que ni la raison la plus puissante, ni l’intelligence naturelle des anges ne peuvent découvrir, la Révélation divine nous l’a fait connaître. Elle nous dit que notre fin dernière est essentiellement surnaturelle et qu’elle consiste à voir Dieu immédiatement face à face et tel qu’il est, sicuti est [...].

Auteur: Garrigou-Lagrange Réginald

Info: Dans "Les trois conversions et les trois voies", Les éditions du Cerf, 1933

[ christianisme ] [ intuition intellectuelle ]

 
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déclaration d'amour

Ah ! Sophie, Sophie ! Ose me dire que ton amant t'est plus cher aujourd'hui que quand tu daignais m'écouter et me plaindre, et que tu m'attendrissais à mon tour aux expressions de ta passion pour lui ! Tu l'adorais et te laissais adorer ; tu soupirais pour un autre, mais ma bouche et mon coeur recueillaient tes soupirs. Tu ne te faisais point un vain scrupule de lui cacher des entretiens qui tournaient au profit de ton amour. Le charme de cet amour croissait sous celui de l'amitié ; ta fidélité s'honorait du sacrifice des plaisirs non partagés. Tes refus, tes scrupules étaient moins pour lui que pour moi. Quand les transports de la plus violente passion qui fut jamais t'excitaient à la pitié, tes yeux inquiets cherchaient dans les miens si cette pitié ne t'ôterait point mon estime ; et la seule condition que tu mettais aux preuves de ton amitié était que je ne cesserais point d'être ton ami. Cesser d'être ton ami ! Chère et charmante Sophie, vivre et ne plus t'aimer est-il, pour mon âme, un état possible ? Eh ! Comment mon coeurs se fût-il détaché de toi, quand aux chaînes de l'amour tu joignais les doux noeuds de la reconnaissance ? J'en appelle à ta sincérité. Toi qui vis, qui causas ce délire, ce pleurs, ces ravissements, ces extases, ces transports qui n'étaient pas faits pour un mortel, dis, ai-je goûté tes faveurs de manière à mériter de les perdre ? [...] Ressouviens-toi du mont Olympe, ressouviens-toi de ces mots écrits au crayon sur un chêne. J'aurais pu les tracer du plus pur de mon sang, et je ne saurais te voir ni penser à toi qu'il ne s'épuise et ne renaisse sans cesse. Depuis ces moments délicieux où tu m'as fait éprouver tout ce qu'un amour plaint, et non partagé, peut donner de plaisir au monde, tu m'es devenue si chère que je n'ai plus osé désirer d'être heureux à tes dépens, et qu'un seul refus de ta part eût fait taire un délire insensé. Je m'en serais livré plus innocemment aux douceurs de l'état où tu m'avais mis ; l'épreuve de ta force m'eût rendu plus circonspect à t'exposer à des combats que j'avais trop peu su te rendre pénibles. J'avais tant de titres pour mériter que tes faveurs et ta pitié même ne me fussent point ôtées ; hélas ! que faut-il que je me dise pour me consoler de les avoir perdues si ce n'est que jamais trop pour les avoir conservées. [...]

Auteur: Rousseau Jean-Jacques

Info: à Sophie D'Houdetot vers le 15 octobre 1757

[ regrets ]

 

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agapè

Anastasia, ma bien-aimée, pourquoi ai-je cette impression que tu te confies à moi comme tu le ferais auprès d’un papa aimant ? Pourquoi ai-je le sentiment de t'aimer plus qu'un père n'aimerait sa propre fille ? Ma douce et jeune amie, dont je lis chaque message avec tant de joie... voilà que l'on s'échange des photos de chats et que j'aime tellement les photos de ta belle Jaina... l'amour rend un peu sénile.
Mes sentiments pour toi ont toujours été ambigus, je t'ai désirée comme un homme désire une belle femme. Voilà le constat : les hommes sont obsédés par la chair à tous les âges et leur dignité, c'est de rester discret sur ce secret graveleux ! Si seulement tu avais été une demi-mondaine, précieuse, vénale, superficielle que sais-je... ça m'aurait aidé ! Pour mon malheur ou peut-être pour mon bonheur, nous nous sommes rapprochés en vertu de la plus belle des amitiés, et d'une admiration que j'espère réciproque.
Le moteur de l'écrivain, du poète, c'est presque toujours l'amour des femmes et leurs promesses de plaisirs profonds, mystérieux. Sans une Erato, pas de recueil de poésie, pas de poèmes écrits sur l'asphalte de nos rues, rendues brûlantes par un soleil d'été implacable et triomphant. Mon Erato à moi porte un prénom, son visage habille le ciel de ma ville.
Face à la femme qui est bienveillante en plus d'être belle, je n'ai trouvé aucune parade. La vie poursuit son œuvre, l'homme accepte que tourne la roue du destin, accepte cet espace-temps qui le sépare de sa bien-aimée. Expérience du deuil, invitation à prolonger l'amour sur d'autres plans... mon amour pour toi nous tire vers le haut, la main du destin a saisi la mienne pour me conduire progressivement sur d'autres horizons.
Il est toujours possible d'explorer cette autre dimension de l'amour que l'on qualifie parfois d'inconditionnel. Rabindranath Tagore, Rûmî, Sohrawardi l'ont fait avant moi, tant pis si je n'ai que leur inspiration et pas leur génie. Tant pis si je ne connaîtrai jamais le côté réel ou illusoire de cette quête, ses détracteurs n’en sauront pas plus. Peu m’importe, à vrai dire, pourvu que la vie se poursuive.
Pauvre qui, comme l'apprenti-philosophe, doit choisir entre la joie et le désarroi face au spectacle envoûtant de la danseuse persane promise au marin de passage, vaguement attentive aux prophéties que seuls écoutent encore les étudiants et les sots ! Elle danse pour elle et sa danse embellit le monde. Il y a un temps pour la jouissance, pour le reste c'est à voir... peut-être... un jour… plus tard ! J'ai choisi de continuer à t'aimer, malgré tout.

Auteur: Fossat Simon

Info: Correspondance à Anastasia

[ déclaration ] [ hommes-femmes ] [ philia ] [ correspondance ]

 

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Ajouté à la BD par SFuchs

confusion

Il est pensif, sans doute, mais cela n'a rien d'exceptionnel chez lui, car c'est un homme qui aime penser méthodiquement, lucidement, en distinguant finement les concepts qu'il manie avec une compétence de vrai professionnel. D'un certain point de vue, ce qui le laisse aujourd'hui pensif, c'est le fait d'être pensif, car sa réflexion vient d'aborder un thème qui lui semble globalement inadéquat, ou plutôt qui lui paraît invalidé par la réticence foncière dont il fait montre à l'égard des idées claires et précises ; un léger malaise commence en fait à l'atteindre, il serait préférable de l'apaiser. Le thème en question est l'amour. Il ne fait pas de doute qu'il éprouve un vif intérêt pour une jeune femme qui, au dire des experts, est amoureuse - leur avis se fonde sur des signes manifestes. Or lui est tout à fait certain que son intérêt aussi vif qu'indubitable relève d'une variante de l'amitié, de la participation, de la collaboration affective - c'est là un terme qu'il trouve très satisfaisant - mais qu'il est absolument étranger à l'amour. Il a cependant l'impression que la jeune femme, chez qui il ne nie pas un certain prestige tant physique que moral, a tendance à proposer une interprétation peu claire, inadéquate, insuffisamment et injustement réfléchie de leur relation. La chose l'embarrase, car il ne fait aucun doute par ailleurs qu'il considère sous un jour sincèrement favorable la présence de la jeune femme dans sa vie. Mais aussi, par respect pour sa propre probité mentale, il ne peut accepter que la jeune femme, d'un caractère sans doute un peu irréfléchi, ait le sentiment d'être plus ou moins au seuil d'une relation, ou encore qu'elle lui prête des pensées peu claires et puisse imaginer, par exemple, qu'il n'instaure pas une rigoureuse frontière lexicale entre "violente affection" et "amour". Il est on ne peut plus conscient de ne pas être amoureux, de n'avoir aucune disposition pour une relation privée, et de ne pouvoir envisager une telle chose dans un futur concevable. Sa position lui semble claire, honnête, explicite. Il ne comprend pas pourquoi la jeune femme a tant de peine à saisir des propos si lucides, pourquoi elle reste interloquée devant sa proposition de relation non relationnelle, sans amour mais affectueuse, chaude mais détachée, ce qui lui semble à lui une suggestion claire et utile. Il ne nie pas, d'un autre côté, que l'amour de la jeune femme le flatte énormément, et si la jeune femme abandonnait de tels sentiments, cela serait de sa part un signe d'inconstance ; et il lui serait difficile d'être l'ami de quelqu'un d'inconstant et de peu clair. A ce point de sa réflexion, le voilà de nouveau pensif. Il a l'impression d'être tombé dans un piège tendu par le "peu clair", l'anxiété qui commence à le ronger ne cessera que lorsqu'il en sera totalement, irrémédiablement sorti.

Auteur: Manganelli Giorgio

Info: "TRENTE HUIT" - In "Centurie", éd. Christian Bourgois, p. 71, trad. par J.B. Para - un des cent "mini romans-fleuves qui composent ce livre

[ logique ] [ catastrophe ] [ entêtement ] [ gamberge ] [ femmes-hommes ]

 
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occultisme

Emmanuel-Marc-Henri Lalande, né à Nancy en 1868, fit à Paris ses études de médecine. Il y fréquenta les milieux littéraires du symbolisme puis les occultistes de la Librairie du Merveilleux, où Papus le prit en amitié comme il fit avec Sédir ; il lui demanda sa collaboration à sa revue L’Initiation et le fit admettre dans plusieurs ordres initiatiques. C’est alors que celuici prit le pseudonyme de Marc Haven – en adoptant le nom de Haven, génie de la Dignité, dans le Nuctémaron d’Appolonus de Tyane. Lorsqu’il eut passé son doctorat, en 1896, Papus lui conseilla de s’installer à Lyon et il lui fit connaître Monsieur Philippe.

Tout en exerçant sa profession de docteur, dans son propre cabinet et dans un service de l’hôpital Saint-Luc, il fréquenta assidûment Monsieur Philippe. Il le seconda dans les séances de guérison données rue Tête-d’Or. Sa présence, et la validation des ordonnances, permirent d’atténuer, sinon d’empêcher, les poursuites engagées contre le thaumaturge pour son exercice illégal de la médecine. Une école de magnétisme avait été créée à Lyon sur l’initiative de Henri Durville. Marc Haven et Papus y firent des exposés sur la physiologie et l’anatomie. Selon Alfred Haehl qui les fréquentait : "Ces cours n’avaient qu’un rapport très relatif avec le magnétisme fluidique tel qu’il est compris et appliqué ordinairement. Ils étaient surtout destinés aux fidèles auditeurs qui désiraient soigner les malades".

En 1897, Marc Haven fit un mariage très heureux avec Jeanne-Victoire Philippe, fille de son maître ; mais il fut très éprouvé par la mort de ces deux êtres chers : elle en 1904 et lui en 1905. Après être resté longtemps désemparé, il se remaria en 1913 avec Marie-Olga Chestakoff, veuve depuis peu, amie très proche des familles Philippe et Lalande et ils allèrent se fixer dans le Var. Pendant la guerre de 1914-1918, il soigna des blessés à l’hôpital de Nice, ville où il ouvrit ensuite un cabinet de radiologie. Il décéda en 1926, dans la banlieue de Paris où il était revenu habiter, après une longue maladie qu’il accepta avec le silencieux respect de son destin.

Marc Haven écrivit plusieurs ouvrages fort savants et il fit rééditer, en les préfaçant, de nombreux livres anciens. Le plus important de ses travaux fut son livre consacré au Maître inconnu Cagliostro, composé en mémoire de Monsieur Philippe, et en réhabilitation de son héros injustement calomnié et condamné ; et afin d’aider à les comprendre l’un par l’autre. "J’ai pris un personnage – Cagliostro – qui lui ressemblait, pour parler de lui. En relisant mon Maître inconnu, vous y trouverez beaucoup de choses de lui".

Marc Haven entreprit aussi la traduction du Tao te King de Lao Tseu, pour laquelle il apprit le chinois, et en l’accompagnant d’une importante étude. Sa traduction, interrompue par sa mort, fut terminée par son fidèle disciple Daniel Nazir.

Enfin son dernier ouvrage, Le corps, le cœur de l’homme et l’esprit est un guide d’élévation spirituelle. Savant connaisseur du corps humain, de l’ésotérisme et de la mystique, il appuie sa démonstration par des faits, des textes de la sagesse universelle et par des paroles de Monsieur Philippe.

Auteur: Allié Georges

Info:

[ biographie ] [ parcours ]

 
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homme-animal

Les mouches auraient-elles des émotions ?
Les insectes seraient-ils des êtres sensibles comme les autres ? Des chercheurs ont en tout cas prouvé que des mouches présentaient tous les signes de la peur.
Les drosophiles ouvrent de nouvelles perspectives sur les sentiments ou leurs ébauches chez les non-mammifères.Les drosophiles ouvrent de nouvelles perspectives sur les sentiments ou leurs ébauches chez les non-mammifères.
C'est au coeur des comportements des mammifères que nous cherchons bien souvent émotions et sentiments. Tristesse, peur, bonheur, amitié… sont autant de noms qui quand ils s'appliquent aux animaux non-humains soulèvent des débats passionnés. L'affaire devient encore plus brûlante quand on touche à ces bêtes que l'on écrase sans remords et avec lesquels nous livrons un bras de fer à base d'armes chimiques : les insectes. Nous faudra-t-il accepter que même ces petits êtres sont doués d'émotions, voire de sentiments ? C'est ce qu'ont voulu savoir des chercheurs de l'université de Pasadena (États-unis) en observant la drosophile (Drosophila sp.), une petite mouche des fruits très étudiée en génétique.
Pister les traces de la peur
L'équipe de William T. Gibson a cherché chez l'insecte des traces d’émotions, aussi appelées émotions primitives. Trois de celles-ci ont été étudiées :
• l’évolutivité, le fait que la réponse de l'animal, face au danger, est graduelle et augmente avec le nombre d'éléments menaçants ;
• la valence, l'impact négatif ou positif sur l'organisme de l'émotion et la persistance ;
• la présence de reliquats d'émotions une fois l'alerte passée.
10 mouches ont été soumises à un stimulus effrayant : une ombre qui survolait la boîte les contenant. Elle passait plus ou moins souvent et à des intervalles plus ou moins longs, déterminés par les chercheurs. Puis, les mouches ont été testées individuellement. Tout cela sous l'œil attentif d'une caméra vidéo.
Au passage de l'ombre, les drosophiles s'agitaient subitement. Lors d'assombrissements répétés espacés d'une seconde, la réponse des mouches (les envols) augmentait progressivement avec le nombre d'épisodes d'obscurité. Cependant cet effet cumulatif disparaissait quand ces derniers étaient plus espacés. À 3 secondes d'intervalle, les mouvements que généraient la menace étaient bien moindre qu'à 1 seconde. Un autre facteur influait sur l'envol : le nombre d'individus présents. Isolées, les drosophiles ont en effet montré une plus grande sensibilité à l'alerte qu'en groupe. La mouche seule fuyait dès le premier passage ombrageux (ce qui n'était pas le cas en présence de 9 autres individus) ; ou adoptait une posture figée qualifiée de "freezing" conservée pendant le passage de l'ombre et après plusieurs secondes. Dans les deux cas, 20 secondes environ étaient nécessaires pour que le comportement des mouches retourne à la normale.
Les émotions primitives sont bien là
Dans une dernière expérience, les chercheurs ont proposé de la nourriture à des mouches ayant subi une diète de 24 à 60 heures. Tout cela dans une boîte elle aussi survolée par une ombre. Les mouches ont difficilement déserté la zone de nourrissage mais l'ont d'autant plus évacuée que les ombres se multipliaient. Le besoin de se sustenter rentre donc en compétition avec celui de fuir.
Que peut-on en conclure ? Persistance, évolutivité, valence négative de l'émotion suscitée par un danger... Les émotions primitives sont bien présentes chez les drosophiles. Et si la crainte de l’anthropomorphisme retient les chercheurs d’assimiler leur comportement à de la peur ou de l'anxiété, les résultats de Gibson et ses collègues ouvrent malgré tout une nouvelle voie : celle de l’étude des émotions chez les insectes. Nos conceptions n’attendent que d’être bousculées.

Auteur: Internet

Info: Horvath Louise, 22.05.2015 à 14h30

[ bouleversement ] [ émoi ]

 

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première fois

L'homme pressé avait enfin décidé de se presser. Il aurait Hedwige ce soir même ; Depuis près de six semaines il différait. C'était fini. Il descendait dans cette plaine fertile. Il parlerait en prince ; il ferait main basse sur la récolte ; il commanderait dans toute l'étendue de sa domination, dans toute la force de sa possession, à ce trésor immense qu'était la personne d'Hedwige. Pierre avait choisi son moment, bien choisi. L'heure était non seulement légale, mais légitime. Hedwige était non seulement liée, mais attachée à lui ; elle se montrait amoureuse et consentante. Elle se livrerait certainement tout entière : condition essentielle d'une grande amitié, sans laquelle le mariage est une chambre d'accès aussi facile que la prostitution, ou un jeu de société, de bonne société.

(...)

Ils rentrèrent. Pierre commença à se déshabiller dans l'escalier. Au premier, le gilet ; au second, la cravate ; au troisième, les bretelles. Quand il arriva à leur porte, ses habits ne tenaient plus que par miracle dans sa main. Et pendant qu'Hedwige tournait la clé dans la serrure il en profita pour délacer ses souliers.

- J'entre dans votre lit pour le chauffer, dit-il.

Il fut sous la couverture avant qu'Hedwige eût enlevé son chapeau. Il la regardait ses préparatifs pour la toilette de nuit, gros sac d'ouate, graisse pour le démaquillage, lotions claires, papiers de crêpe, démêloirs, miroirs, etc. (Et elle n'était pas coquette ! ) Bruits de tiroir de commodes, d'eaux tombantes ou jaillissantes. C'était l'heure où les autobus s'espacent, où le métro élargit son bruit souterrain de plusieurs secondes, où les isolés ont l'air de couples à cause de l'écho dans les rues sonores et de leur ombre sur les murs, où la nuit appartient aux vieux journalistes, et à toutes les femmes, les femmes à scènes et les femmes douces. Tout en jetant dans la corbeille des tampons d'ouate rosie par le fard, Hedwige regardait derrière elle dans la glace, comme l'automobiliste regarde dans le rétroviseur la voiture qui va la rattraper. Elle avait compris que c'était pour ce soir. Qu'il avait faim d'elle, elle le devinait à une très légère nuance rauque dans la voix de Pierre. Il s'arrondissait, parlait de moins en moins, se tassait peu à peu dans la bonne laine du matelas qui, malgré le rembourrage, prenait son empreinte. Elle ne voyait que ses cheveux noirs. Ce monde d'élan inassouvis qu'il représentait n'apparaissait plus sur terre que par une mèche. Cet audacieux sans repos sous l'aiguillon ne remuait désormais pas plus qu'une souche. C'était à la fois touchant et inquiétant. Pierre avait souvent badiné sur le lit d'Hedwige le matin ou le soir. Il s'était glissé parfois sous son couvre-pieds, mais dans son lit il n'était jamais entré. Il ne l'avait jamais habité comme maintenant. Était-il de la race de ceux qui aiment être bordés ou de ceux qui ondulent la nuit et retroussent au petit matin les couvertures ? Elle allait le connaître tout entier, le traduire en langage clair, le tenir en un champ clos de linge où il ne se déroberait plus ; elle allait savoir si sa séduction émanait de lui immobile ou de lui en mouvement ; elle allait arriver au cœur du secret, savoir enfin si la hâte de Pierre était du muscle ou seulement du nerf, de la force ou de la faiblesse.

Sa curiosité fut si vive qu'elle ne ressentit aucunement cette honte chaude qu'éprouvent les filles qui ne sont jamais unies à un homme.

Auteur: Morand Paul

Info: l'homme pressé (1941, 350 p., Gallimard, p.163, 170)

[ romantisme ] [ envies ] [ désir ] [ poésie du détail ]

 
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