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divergences

C'était vers 1840, je crois ; il s'agissait de traduire une inscription carthaginoise. Le général Duvivier avait donné cette version : "Ici repose Amilcar, père d'Annibal, comme lui cher à la patrie et terrible à ses ennemis."
M. de S. soutenait cette autre version : "La prêtresse d'Isis a élevé ce monument au printemps, aux Grâces et aux Roses, qui charment et fécondent le monde." Les savants s'entêtant chacun dans sa traduction, l'Académie des inscriptions et belles-lettres se vit contrainte de nommer un expert, dont voici la traduction : "Cet autel est dédié au dieu des vents et des tempêtes, afin d'apaiser ses colères. "

Auteur: Denizet Jules

Info: "Les Mensonges de la science", 1868 - cité dans "Dictionnaire de la Bêtise", éd. Robert Laffont, p. 442

[ antiquité ] [ interprétation ] [ langues mortes ] [ transpositions ] [ humour ]

 
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héros tragique

Par contre, peut-être ne vous rendez-vous pas compte qu’"Ajax" [de Sophocle] est un drôle de truc. "Ajax " ça commence par une sorte de massacre du troupeau des Grecs par AJAX qui, du fait qu’ATHÉNA ne lui veut pas de bien, agit là comme un fou. Il croit massacrer toute l’armée grecque, et il massacre les troupeaux. Il se réveille après ça, il sombre dans la honte, et il va se tuer de douleur dans un coin. Il n’y a, dans la pièce, absolument rien d’autre. C’est quand même assez drôle, comme je vous le disais l’autre jour, il n’y a pas l’ombre d’une péripétie. Tout est donné au départ, et les courbes n’ont plus qu’à s’écraser les unes sur les autres comme elles peuvent.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Séminaire l'Ethique, leçon du 8 juin 1960

[ antiquité ] [ tragédie ] [ résumé ]

 
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prédictions

L'auteur fait aussi un long discours sur les manieres de deviner qui estoient en usage parmi les Payens, & en compte plus de soixante & quinze. Elles avoient beaucoup de rapport avec les Oracles, puis que les unes & les autres estoient des moyens dont la curiosité se servoit pour penetrer l'avenir.
La premiere dont il parle est appellée Alectriomancie. On l'observoit de cette sorte. On divisoit un espace de terre en parties égales, dans chacune desquelles on écrivoit une lettre de l'Alphabet, sur laquelle on mettoit un grain de blé. On faisoit ensuite entrer un coq, & on prenoit garde aux lettres sur lesquelles estoient les grains qu'il prenoit les premiers.
Valens pratiqua cette superstition, pour connoitre celui qui aspiroit à l'Empire, & pour le prévenir. Le coq dont il se servit prit les grains qui estoient sur ces quatre lettres TEOD, ce qui fut cause que plusieurs nommez Theodose, Theodat, Theodule & Theodiste, furent mis à mort. Mais cette cruelle précaution n'empêcha pas que Valens n'eust Theodose pour successeur.

Auteur: Anonyme

Info: In "Journal des Sçavans", Lundy 15 Mai M.DC.XC.

[ antiquité ]

 
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disparition

Un jour, vraisemblablement en été, en une heure manifestement crépusculaire un Romain triomphateur et velu égorgea le dernier des samnites : une brute sentant la chèvre, illettré, conforté par une théologie "pauvre", bon à apprivoiser les vipères, empêché et empêtré par les "cioce' (*) d'une langue bornée, défensive et rude. Il est probable que ce meurtre final arriva tout à fait par hasard et que le Romain ignora à jamais qu'il avait résolu définitivement la "question samnite", alors que le samnite devait avoir plus qu'un soupçon d'être le dernier : cela faisait trop longtemps qu'il ne trouvait d'interlocuteurs, sinon dans les rêves, dans les longs cauchemars qui évoquaient les banquets gloutons et âpres de ses montagnes. Peut-être ne lui déplut-il pas de mourir, et, si sa culture le lui avait permis, il aurait apprécié l'occasion de faire de son propre corps le mot "fin" à un chapitre de l'histoire de la péninsule.
La fin du dernier des samnites libéra une armée de fantômes à travers l'Italie : ils n'étaient pas particulièrement redoutables, ils se montraient plutôt couards, ils étaient frustes, tour à tour déprimés ou euphoriquement fanfarons.

Auteur: Manganelli Giorgio

Info: In "L'almanach de l'orphelin samnite", éd. W, 4ème de couverture - (*) cioce : anciennes chaussures de l'Italie

[ conflit ethnique ] [ hantise ] [ antiquité ]

 

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cosmogonie

"Qu’est-ce là, demandai-je, quelle est cette musique si puissante et si suave qui me remplit les oreilles ?" - "Il s’agit de ce chant, me répondit-il, qui, en unissant des sons définis par des intervalles inégaux, tout en respectant une différence réglée selon la proportion de leurs parties, est produit par la poussée et le mouvement des sphères elles-mêmes ; ce chant qui, par le tempérament des aigus et des graves, fait de ces sons variés un mélodieux accord. Car de si grands mouvements ne peuvent s’accomplir en silence, et la nature veut qu’aux extrémités de la gamme, les intervalles rendent d’un côté des sons graves et de l’autre des aigus. Voilà pourquoi la sphère céleste la plus élevée, celle qui porte les étoiles et dont la révolution est la plus rapide, produit un son aigu et fort alors que, de notre côté, c’est le cercle de la Lune, plus bas, qui produit le son le plus grave, puisque la Terre, neuvième sphère, demeure immobile au centre du monde, constamment enfoncée dans la région la plus basse. Quant aux huit autres sphères, dont deux sont animées de la même puissance, elles produisent sept sons définis par des intervalles différents : ce nombre est pour ainsi dire le nœud de toutes choses. De savants hommes ont réussi à imiter cette musique avec des instruments à cordes ou par leurs chants se frayant ainsi la voie d’un retour vers notre région ; et de même tous ceux qui, supérieurs par leur génie, ont cultivé les sciences divines, sans quitter la vie humaine. [...]

Dans le cas présent, le son produit par le mouvement extrêmement rapide de l’univers entier est si fort que les oreilles humaines sont incapables de le percevoir. C’est de la même façon que vous ne pouvez regarder le Soleil en face : vos yeux et vos sens sont anéantis par sa lumière."

Auteur: Cicéron

Info: "Le Songe de Scipion", trad. Jean-Louis Poirier, Les Belles Lettres, 2023, pages 84-86

[ harmonie ] [ antiquité ]

 

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pensée de la Renaissance

Or, ce philhellénisme des " Renaissants " soulève un gros problème. Celui-là précisément qu’Etienne Gilson posait quand il montrait Erasme s’affligeant de voir autour de lui tant de Grecs et si peu de chrétiens, s’indignant contre la mise en comparaison, impie, d’Aristote et du Christ – et contre la corruption par l’esprit hellénique de cette sagesse chrétienne dont saint Paul disait qu’elle avait convaincu de folie la sagesse du monde. [...]

La philosophie grecque, écrivait-il [Gentile], c’est "la pensée se voyant hors d’elle-même – il pensiero che si vede fuori di se – et se voyant ainsi soit comme Nature, dans son médiat sensible, soit comme Idée. Mais l’idée n’est pas [pour les Grecs] l’acte de la pensée qui pense ; c’est une chose sur quoi la pensée se fixe et qu’elle présuppose comme vérité éternelle, comme raison éternelle de toute réalité et de la connaissance même, parallèle aux vicissitudes des choses ; dans l’une et l’autre hypothèse, cette idée est une réalité qui est elle-même ce qu’elle est, indépendamment des relations que la pensée entretient avec elle, quand elle la connaît."

Conception tragique – note Gentile – "la plus douloureuse de toutes celles que l’âme humaine peut formuler sur son existence propre dans le monde", puisque cette âme vit de vérité ou – si l’on veut – de sa foi dans l’existence réelle de ce qu’elle pense et affirme ; or, dans la conception grecque, la vérité, la véritable vérité, celle qui existe vraiment, n’est pas dans l’âme de l’homme ; elle est en dehors de l’homme que travaille, comme dans le mythe platonicien d’Eros, un immense désir de saisir, d’étreindre sa véritable essence – mais elle échappe à ses prises. Elle reste étrangère au réel, comme inaccessible dans son immuable perfection.

Et comme conséquence – la Science, cette science dont la Logique d’Aristote analyse merveilleusement les conditions, cette Science n’est pas la nôtre, le savoir acquis par l’homme, l’instrument de connaissance et de domination forgé par l’intelligence active et conquérante. Ce n’est pas cette science qui se fait et se refait continuellement à travers l’histoire ; c’est une science qui découle de principes immédiats, renfermant en eux, parfaitement liés, tous les concepts dont la réunion constitue le connaissable ; c’est une science qui n’évolue pas, qui ne croît ni ne décroît, et qui exclut l’Histoire – puisque, dès l’origine et à tout jamais, elle est identique à elle-même dans son absolue perfection.

Or le christianisme, à bien voir, s’inscrivait en faux contre de telles conceptions. En faisant descendre Dieu dans l’homme et l’homme dans le monde, il restituait à l’homme toute sa pleine valeur ; il installait Dieu dans la créature qu’il rendait ainsi participante à la nature divine. Dieu même se faisait homme, subissant toutes les misères humaines jusque à la dernière : la mort. L’amour n’était plus, comme dans le mythe platonicien, une contemplation avide de l’incommunicable ; il était travail même de l’homme, se forgeant lui-même perpétuellement ; il n’était plus la célébration extatique d’un monde qui est, mais la célébration ouvrière d’un monde que forge et reforge l’homme, cet homme qui est bien moins intelligence et savoir qu’amour et volonté ; cet homme créateur de sa vérité à lui – d’une vérité qui se confond avec le bien et qui, loin d’être extérieure à nous, se fait nôtre quand nous la cherchons d’un cœur pur et d’une volonté bonne, avec sincérité, avec ingénuité. Grande transformation ; l’homme n’est plus spectateur ; il est agent.

Auteur: Febvre Lucien

Info: "Le problème de l'incroyance au 16e siècle", éditions Albin Michel, Paris, 1968, pages 345-347

[ paradigmes ] [ antiquité grecque ] [ incompatibles ]

 

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