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ermite

La vie solitaire d'un penseur, d'un artiste, d'un ermite est un engagement, jamais une solution. L'expérience de solitude s'avère indispensable à tout être qui veut conquérir ou sauvegarder sa liberté; en ces heures privilégiées, l'individu n'est plus cet homme moyen, mécanique ou "neuronal", cible facile des sondages, de la mode et des médias; il s'éprouve être unique, oiseau rare. Il se distingue. De là on qualifiera de pensée aristocratique toute célébration de la solitude alors que celle-ci est bien moins dédaigneuse qu'exigeante, dénotant une vigilance rebelle. Résister à la facilité comme à la résignation, demeurer discret sinon secret, ce sont là de beaux titres de noblesse. Il faut un courage constant, une passion tenue, comme on dit d'une note ou d'un pari, pour oser être soi, pour ne pas renier ses valeurs ni ses rêves.
Le besoin de reconnaissance apparaît bien comme le talon d'Achille de tout individu. Il explique que, pour se sentir compris ou acceptés, la plupart des hommes préfèrent renoncer à leur liberté, à leur singularité. Le véritable solitaire ne cherche ni à plaire ni à être réconforté. Sa grande force vient de ce qu'il n'est point troublé par les agissements et les opinions du monde: quand on vit seul, on ne donne pas prise, on ne se situe plus par rapport au général mais par rapport à l'absolu.

Auteur: Kelen Jacqueline

Info: L'esprit de solitude

[ indépendance ]

 

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ambition

Sans doute le moins estimable des rêves de jeunesse est-il le désir de célébrité D'abord parce que la célébrité est une indication quantitative et non qualitative. L'ampleur n'en est à aucun degré proportionnelle (ni directement ni inversement, d'ailleurs) au bien-fondé du motif pour lequel elle se met à draper un quidam. En d'autres termes, c'est une grandeur, ce n'est pas une valeur. Ensuite parce que c'est un désir de dupe. Dans un double sens. Le premier, qu'elle ne nous paraît jamais suffisante. J'ai connu des écrivains, des savants, des peintres jouissant d'une gloire mondiale et qui, du lever au coucher, s'épuisaient en propos envieux et en dénigrements obsessionnels envers des rivaux fort éloignés d'égaler leur réputation. Ils ne suspendaient l'étalage de leur aigreur que pour détailler à leur auditoire tous les articles du catalogue récent des témoignages d'admiration dont ils avaient eux-mêmes été l'objet. Je les voyais, en somme, d'autant plus malheureux qu'ils étaient plus illustres. Leur célébrité détruisait leur sérénité. Elle la rongeait aussi dans un deuxième sens. Pour un auteur, un chercheur, un artiste, la célébrité transforme le monde extérieur en source intarissable d'extermination de leurs forces et de leur liberté. Elle met en pièces chaque jour ce loisir intérieur, l'otium des Anciens, cette réserve spirituelle de silence et d'énergie sans laquelle ne naît point d'oeuvre, ni même d'envie d'en faire.

Auteur: Revel Jean-François

Info: Mémoires/Plon 1997, p.637-638

[ dérisoire ]

 

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art pictural

Le jeune Nakamura Tsune avait fait de la femme qu'il aimait des portraits puissants et sensuels. Il utilisait beaucoup de rouge et on disait de lui qu'il peignait dans le style de Renoir. Son oeuvre la plus célèbre et la mieux connue, le Portrait d'Erashenko, exprimait presque religieusement, mais au moyen de tons chauds et harmonieux, toute la noblesse et toute la mélancolie du poète aveugle. Toutefois, sa dernière oeuvre, le Portrait de la vieille mère de l'artiste, avait été exécutée avec une très grande sobriété et le peintre n'avait employé que des couleurs sombres et froides. On y voyait une vieille femme hâve et décharnée, assise de profil sur une chaise et, derrière elle, en guise de fond, un mur à moitié lambrissé. Dans ce mur, à la hauteur de son visage, une niche avait été excavée où l'on avait posé un pichet et, derrière la tête de la vieille femme, un thermomètre était accroché. Otoko ignorait s'il n'avait pas été ajouté par l'artiste pour les besoins de sa composition, mais ce thermomètre, ainsi que le chapelet qui pendait des mains de la vieille femme délicatement posées sur ses genoux, l'avaient vivement impressionnée. Ils symbolisaient en quelque sorte les sentiments de l'artiste qui allait précéder sa vieille mère dans la mort. Tel était peut-être le sens de ce portrait.

Auteur: Kawabata Yasunari

Info: Dans "Tristesse et beauté"

[ description ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

émergence

L'improvisateur copie certaines phrases d'autres improvisateurs parce qu'elles lui plaisent. Je devais avoir 20 ans lorsque j'ai relevé une séquence de 4 mesures d'un solo de guitare sur un disque de jazz. Séquence qu'au cours du temps j'ai intégré dans mon jeu, d'autant qu'elle convenait bien dans mon système (qui, chez un improvisateur peut être plus ou moins compliqué ). Vingt cinq ans plus tard c'est un peu par hasard que je suis retombé sur l'enregistrement original. Et cette phrase au milieu d'un des solos. Pour réaliser quelque chose de très étonnant. Dans mon jeu les notes et le rythme étaient bien restées les mêmes, suggérant toujours la même harmonie. Cependant la différence avec l'original était devenue extraordinaire. A force de répéter un geste au fil des année j'en avait fait tout autre chose. Un remodelé personnel, à moi. La mémoire, le corps... transmutent, modifient, reforment... refondent. Mon vieux maître-modèle John Scofield disait : "plus tu joues depuis longtemps, plus tu ressembles à ce que tu es". Chaque être qui vit et meurt n'est qu'une singularité qui s'affine avant de se faner et disparaître. Ainsi l'homme, l'artisan (je déteste le terme artiste), reprend à l'infini les mêmes actions... pour se définir lui-même à travers elles, les marquant de son empreinte. Avant de rejoindre le néant.

Ou de rentrer à la maison.

Auteur: Mg

Info: 4 sept 2016

[ jazz ] [ musique ] [ singularité ] [ déformation mémorielle ]

 
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illusionnisme

Je vous ai déjà parlé de l'art de capter l'attention. La plupart des spectateurs croient savoir que l'un des secrets des magiciens, c'est son contraire : le détournement d'attention. Cependant, l'expression est mal choisie. Le vrai pouvoir du magicien, c'est celui de la misdirection.

Quelle est la différence ? Et d'abord qu'est-ce que la misdirection ?

Détourner l'attention, ça veut bien dire ce que ça veut dire : provoquer un stimulus, souvent évident, avec pour objectif de masquer une action, une manipulation censée être secrète.

Le magicien utilise en fait assez rarement cette technique, sauf dans le cas d'un détournement d'attention actif : le spectateur est mis à contribution, tous les regards sont dirigés vers lui. Dans ce cas là, l'illusionniste a tout le temps - et le loisirs - de s'emparer d'un gimmick, empalmer une carte, se décharger d'un objet etc...

La misdirection est beaucoup plus subtile : il s'agit là d'attirer et surtout de maintenir l'attention pour la diriger... et l'éloigner de la méthode utilisée pour réaliser un tour. Cette technique s'apprend avec le temps. Pour parvenir à la maîtriser, l'artiste doit notamment avoir compris les fondamentaux de l'attention et travailler sur sa mise en scène. Car c'est en effet dans la construction de son numéro qu'il parviendra à captiver ses spectateurs et à les inciter à ne regarder que ce qu'il veut qu'ils voient.

Auteur: Anonyme

Info: contributeur splitch sur Technique magique : Misdirection et détournement d'attention, 15 janvier 2011

[ défini ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

triade philosophique

La métaphore des trois états

Le chameau se leste des fardeaux de la vie, de la morale, de la culpabilité, du faux, il adopte la posture de la servitude et courbe le dos. Il porte la charge longtemps, dans l'aridité du désert de la multitude, il fait partie de la caravane humaine.

Le lion est la figure du roi et de la révolte, de la puissance et de la force. Mais il est encore dépendant de ce qu'il combat, de ses faux amis et de ses vrais ennemis, il n'est pas libre de son combat et dépend du regard de ceux qui le font lion.

L'enfant est celui qui commence et s'émerveille, il sait qu'il représente l'homme neuf qui n'est plus englué dans son passé et dans ses vieux affrontements stériles. Il n'a rien à prouver, il se fiche du regard des autres qui n'ont pas de prise sur lui car l'enfant vit dans un monde qui n'est pas le leur. Il choisit véritablement ses amis sans en dépendre et ne s'invente pas d'ennemis inutiles.

L'enfant est porteur d'un autre langage, qu'il est capable d'inventer. Il n'est ni solitaire ni à la solde de la multitude. Il naît, et le monde naît avec lui. Il a la capacité de régénérer le monde, de lui prêter ses yeux, tel l'artiste pour Schopenhauer.

Auteur: Rivella Frédéric pseudo

Info: Commentaire des trois métamorphoses de l'esprit - Zarathoustra

[ Nietzsche ] [ métamorphoses de l'esprit ]

 

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Ajouté à la BD par Kadubol

éloge

Immortelle présence et nécessité de J.-S. Bach: On ne peut parler de sa jeunesse ni de la force: il est de tous les âges, et toutes les puissances de la musique sont en lui. Jean-Sébastien Bach est notre Père Éternel. Il est le Fiat Musice du monde sonore. En tout art, de hauts génies dominent sur les autres, et semblent l'emporter sur toute beauté rivale: ainsi Shakespeare et Racine, Aristophane et Virgile, Goethe et Stendhal, Rembrandt ou Goya. Mais Bach me donne l'idée qu'il est plus grand, plus puissant, plus beau, plus étendu en musique, plus musical enfin qu'aucun autre artiste souverain dans son art propre. Et même la vertu de Bach est telle qu'il domine sur tous les artistes, en quelque art que ce soit, et non pas seulement dans le sien. Ni en poésie, ni en peinture, ni dans le statuaire, aucun homme n'égale Bach par la puissance et la beauté, la grâce de l'âme et la profondeur de l'esprit. L'équilibre de l'oeuvre et du sentiment est sans exemple. Bach révèle l'intelligence au coeur et pénètre d'amour toute l'intelligence. Il est plus parfait dans son propos que tous les autres artistes dans le leur. Bach est la vie rachetée du néant par l'harmonie et la sérénité pensante. Tout ordre et toute émotion en lui: dans cet art incomparable, le coeur et l'esprit s'accomplissent l'un par l'autre.

Auteur: Suarès André

Info: Pages, Paris, éditions du Pavois, 1948, p. 257

[ culture ] [ chef-d'oeuvre ] [ classique ]

 

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philosophe-sur-philosophe

Lorsque j'ai rencontré Wittgenstein, j'ai vu que les avertissements de Schlick étaient pleinement justifiés. Mais son comportement n'était pas dû à une quelconque arrogance. En général, il était d'un tempérament sympathique et très gentil ; mais il était hypersensible et facilement irritable. Ce qu'il disait était toujours intéressant et stimulant et la façon dont il l'exprimait était souvent fascinante. Son point de vue et son attitude envers les gens et les problèmes, même théoriques, ressemblaient beaucoup plus à ceux d'un artiste créatif qu'à ceux d'un scientifique ; on pourrait presque dire à ceux d'un prophète religieux ou d'un voyant. Lorsqu'il commençait à formuler son point de vue sur un problème spécifique, nous sentions souvent la lutte interne qui se déroulait en lui à ce moment précis, une lutte par laquelle il essayait de pénétrer de l'obscurité à la lumière vie une intense et douloureuse tension, qui était même visible sur son visage expressif. Lorsque finalement, parfois après un effort ardu et prolongé, ses réponses surgissaient, sa déclaration se dressait devant nous comme une œuvre d'art nouvellement créée ou une révélation divine. Non pas qu'il affirmait ses vues de façon dogmatique... Mais l'impression qu'il faisait sur nous était comme si cette perspicacité lui venait comme par une inspiration céleste, de sorte que nous ne pouvions nous empêcher de penser que tout commentaire rationnel sobre ou analyse de celle-ci serait une profanation.

Auteur: Carnap Rudolf

Info: The Philosophy of Rudolf Carnap, Volume 11

[ charisme ] [ admiration ] [ présence envoûtante ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

pseudonymes

Mais comment comprendre quoi que ce soit à ce qu’on appelle l’histoire de l’art ou de la littérature si on ne possède pas une encyclopédie complète, détaillée et analytique des changements de noms des artistes ou des écrivains ? Cette encyclopédie existe-t-elle ? Non ? Alors il faut la faire. Fouillée, précise, colorée. Transformations ou pas, déformations, abréviations, pseudos. Comment ? Pourquoi ? Dans quelles circonstances ? Les noms des peintres, c’est amusant à constater, bougent davantage que ceux des écrivains. A chaque fois, c’est tout un petit roman qui apparaît, avec ces affaires de signatures. […] Rembrandt van Rijn dit Rembrandt : là c’est le prénom qui a gagné. Mais Van Gogh, qui signait ses toiles "Vincent" est passé, lui, avec son nom. Domenikos Theotohopoulos, né à Candie, en Crète, ça n’évoque rien à personne ; alors que Greco, n’est-ce pas, c’est définitif. Murillo ? Fils de Gaspard Estoban et de Maria Perez. Où est "Murillo" là-dedans ? Nulle part ; c’est un empreint du peintre à sa tante, Ana Murillo, qui l’a recueilli à la mort de ses parents alors qu’il avait dix ans. Quant à Velasquez, il a eu beau réunir le nom de son père à celui de sa mère et signer Diego Rodriguez de Silva y Velasquez, on n’a retenu pour toujours que les dernières syllabes. Il faudrait aussi reparler de Pablo Ruiz devenu Picasso par sa seule décision, ou de Tintoretto qui s’appelait Jacopo Robusti. 

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 2 : Mutins de Panurge", éd. Les Belles lettres, Paris, 1998, page 331

[ patronymes ] [ charge signifiante ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

art pictural

Et je me suis souvenu de Sol Mednick disant, juste à la fin de la semaine dernière au Collège d'art de Philadelphie, qu'il avait l'impression qu'une des choses que le cinéma n'aurait jamais était ce sens tactile, cette énergie qui jaillit quand le pinceau du peintre ou la gouge du sculpteur entre en contact avec son support - cette interaction tactile qui produit une relation très directe et lui permet de faire complètement passer son tempérament et ses sensations, par l'intermédiaire de ce pinceau ou de cette gouge, dans la toile ou le bois.
Et je me suis souvenu de Brakhage racontant (il l'a d'ailleurs écrit, je pense, dans "Metaphors of Vision") comment, dans ses jeunes années, il avait l'habitude de passer des heures, chaque jour, à se promener d'une pièce à l'autre avec une caméra vide ; et de la surprise que ceux qui viennent à la Cinémathèque peuvent éprouver à voir John Cavanaugh exécuter dans le vestibule ses étranges numéros avec une caméra vide. David Brooks avait coutume de le faire aussi, et Jerry Joffen, et Ron Rice. Et j'ai vu Barbara Rubin passer des soirées entières à tourner avec une caméra vide ; ou les étonnants numéros de Ray Wisniewski pendant ses projections multiples.
C'est un autre aspect par lequel le nouveau cinéma diffère du cinéma traditionnel, que cette relation directe entre l'artiste, ses outils et son matériau.

Auteur: Mekas Jonas

Info: In "Ciné-Journal", éd. Paris Expérimental, p. 224-225

[ médium ] [ corporéité ] [ pratique d'un instrument ] [ cinéastes ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama