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Il était impossible de se promener ce jour-là. Le matin, nous avions erré pendant une heure dans le bosquet dépouillé de feuilles; mais, depuis le dîner (quand il n'y avait personne, Mme Reed dînait de bonne heure), le vent glacé d'hiver avait amené avec lui des nuages si sombres et une pluie si pénétrante, qu'on ne pouvait songer à aucune excursion.
J'en étais contente. Je n'ai jamais aimé les longues promenades, surtout par le froid, et c'était une chose douloureuse pour moi que de revenir à la nuit, les pieds et les mains gelés, le coeur attristé par les réprimandes de Bessie, la bonne d'enfants, et l'esprit humilié par la conscience de mon infériorité physique vis-à-vis d'Eliza, de John et de Georgiana Reed.
Eliza, John et Georgiana étaient groupés dans le salon auprès de leur mère ; celle-ci, étendue sur un sofa au coin du feu, et entourée de ses préférés, qui pour le moment ne se disputaient ni ne pleuraient, semblait parfaitement heureuse. Elle m'avait défendu de me joindre à leur groupe, en me disant qu'elle regrettait la nécessité où elle se trouvait de me tenir ainsi éloignée, mais que, jusqu'au moment où Bessie témoignerait de mes efforts pour me donner un caractère plus sociable et plus enfantin, des manières plus attrayantes, quelque chose de plus radieux, de plus ouvert et de plus naturel, elle ne pourrait pas m'accorder les mêmes privilèges qu'aux petits enfants joyeux et satisfaits.
"Qu'est-ce que Bessie a encore rapporté sur moi ? Demandai-je.
- Jane, je n'aime pas qu'on me questionne ! D'ailleurs, il est mal à une enfant de traiter ainsi ses supérieurs. Asseyez-vous quelque part et restez en repos jusqu'au moment où vous pourrez parler raisonnablement."
Une petite salle à manger ouvrait sur le salon; je m'y glissai. Il s'y trouvait une bibliothèque ; j'eus bientôt pris possession d'un livre, faisant attention à le choisir orné de gravures. Je me plaçai dans l'embrasure de là fenêtre, ramenant mes pieds sous moi à la manière des Turcs, et, ayant tiré le rideau de damas rouge, je me trouvai enfermée dans une double retraite. Les larges plis de la draperie écarlate me cachaient tout ce qui se trouvait à ma droite ; à ma gauche, un panneau en vitres me protégeait, mais ne me séparait pas d'un triste jour de novembre. De temps à autre, en retournant les feuillets de mon livre, j'étudiais l'aspect de cette soirée d'hiver. Au loin, on voyait une pâle ligne de brouillards et de nuages, plus près un feuillage mouillé, des bosquets battus par l'orage, et enfin une pluie incessante que repoussaient en mugissant de longues et lamentables bouffées de vent.

Auteur: Brontë Charlotte

Info: Jane Eyre

[ pluie ] [ eau ] [ littérature ]

 

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homme-machine

ChatGPT : Qu’est-ce qui se passe de si spécial dans un transformer ?

Sebastien Bubeck explique cela très bien : la machine, contrairement à nous, ne succombe pas au biais inductif. Si dans une série qui semble à première vue homogène, il existe certaines configurations qui permettent un raccourci vers la solution, la machine le découvrira, alors que nous, pauvres humains, victimes du biais inductif, nous allons considérer que comme la série a l’air homogène, elle l’est nécessairement et … nous ne trouverons pas les raccourcis cachés dans certaines configurations … faute d’avoir même supposé que de tels raccourcis pouvaient exister.

 (explication vidéo des transformers)

Ok, j’explique ce que cela veut dire sur deux exemples.

Vous vous souvenez sans doute (ou seulement peut-être) de cette vidéo historique de 2014 où Demis Hassabis, fondateur de DeepMind, présentait une IA jouant à casse-briques ? Ce qu’il nous montrait, c’était que l’IA découvrait au bout d’un moment que la tactique la plus payante, ce n’était pas d’attaquer le mur de front, mais de le prendre à revers en passant latéralement et en allant faire rebondir le projectile sur lui à partir du plafond. À cela, les humains n’avaient pas pensé*, ils imaginaient que les configurations étaient homogènes : qu’elles se valaient toutes.

Un bon exemple de biais inductif, ce serait de généraliser en disant : "Quand on examine la suite des nombres entiers, 1, 2, 3 …, on observe que pour chacun de ces nombres …", alors que certains d’entre eux ont des propriétés particulières que les autres n’ont pas. Ainsi, 1, 2, 3, 5, 7… ne sont divisibles que par 1 et par eux-mêmes : ce sont des nombres premiers ; 4 et 9 sont des carrés, ils résultent de la multiplication par lui-même d’un nombre avant eux dans la liste ; 8 est un cube : un nombre avant lui dans la liste multiplié par lui-même à deux reprises, etc.

Le premier à avoir noté cela à notre connaissance, c’est Diophante (200-284). Il est le premier à avoir laissé entendre à propos de la suite des entiers : "Ne vous y fiez pas : certains d’entre eux sont des gens très ordinaires, mais d’autres sont de drôles de paroissiens !". Diophante, le premier à avoir attiré notre attention sur le fait que 4, 8, 9… permettent des raccourcis qui sont fermés aux autres entiers. Or aux yeux de l’IA d’aujourd’hui, avec le temps dont elle dispose en quantité quasi-illimité, il n’y a pas de raccourci nous étant resté inaperçu, qu’elle ne  parvienne à découvrir. Du coup, elle nous fait honte. Nous pouvons lui rappeler : "N’oublie pas que je suis ton père (ou ta mère) !", mais vous connaissez les enfants…

Auteur: Jorion Paul

Info: Sur son blog, 14 avril 2023 à propos des transformers. * Il y a bien eu sur le Blog de PJ quelques commentateurs fanfarons pour dire : "Fastoche ! Même ma grand-mère savait ça !", mais ce sont les mêmes frimeurs qui, neuf ans plus tard, sévissent toujours sur le blog [a https://www.toupie.org/Biais/Probleme_induction.htm]

[ intelligence artificielle ] [ surhumaine compréhension ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

autoportrait

Je suis probablement ce qu’on appelle un décadent, et il doit exister en moi (comme définition extérieure de mon esprit) de ces scintillations tristes, d’une étrangeté postiche, qui cristallisent en mots imprévus une âme exotique et véhémente. Je sens que je suis ainsi fait, et que je suis absurde. C’est pourquoi je tente, pour imiter une hypothèse des auteurs classiques, de figurer tout au moins, par le biais d’une mathématiques expressive, les sensations décoratives de mon âme de remplacement. Il arrive un moment, au cours de mes méditations écrites, où je ne sais plus bien où se trouve le centre de mon attention - dans les sensations éparses que j’essaye de décrire, telles des tapisseries inconnues, ou bien dans les mots au milieu desquels, en voulant décrire ma description elle-même, je finis par m’embrouiller, m’égarer et voir d’autres choses par-delà. Je sens se former en moi des associations d’idées, de mots et d’images - tout cela de façon lucide et diffuse en même temps -, et je dis tout autant ce que j’éprouve que ce que je crois éprouver ; je ne distingue plus ce que mon âme me suggère des images qui fleurissent sur le sol où elle les a laissé choir ; je ne discerne même plus si le son d’un mot barbare, ou le rythme d’une phrase intercalée, ne m’éloignent pas du sujet déjà bien défini, de la sensation engrangée, et ne me dispensent pas ainsi de penser et de dire, comme des grands voyages faits pour me distraire. Et tout cela qui, avec la répétition, devrait me donner une impression de futilité, d’échec, de souffrance enfin, ne réussit qu’à me donner des ailes dorées. Dès que je me mets à parler d’images - et peut-être parce que j’allais en condamner l’abus -, voilà que naissent en moi d’autres images ; dès que je me dresse en moi-même pour refuser ce que je n’éprouve pas, me voilà précisément en train de l’éprouver, et mon refus lui-même devient une impression tout ornée de broderies ; lorsque, ayant finalement perdu confiance en mes efforts, je veux me laisser aller aux voies de traverse, voici qu’un terme bien classique, un adjectif spatial et sobre, me font voir clairement devant moi, avec l’éclat d’un rayon de soleil, la page écrite somnolentement, et les lettres nées de l’encre de ma plume sont alors une carte absurde aux signes magiques. Et je me dépose en même temps que ma plume, et je m’enveloppe dans la longue cape de l’inertie, adossé à mon siège, épars, lointain, intervallaire et succube, final comme un naufragé se noyant en vue d’îles merveilleuses, au sein même de ces mers dorées de mauve dont, sur des couches lointaines, il avait véritablement rêvé.

Auteur: Pessoa Fernando (Alv. de Campos)

Info: Le livre de l'intranquillité

[ introspectif ] [ langage ] [ onirisme ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

science-fiction

Le scepticisme scientifique est le pain quotidien du Dr Steven Novella. En tant que président de la New England Skeptics' Society, sa mission est de promouvoir la science et la pensée critique. Novella met en lumière des preuves sur une série de sujets complexes sur son blog et son podcast 'The Skeptics Guide to the Universe'.

Dans son dernier livre, The Skeptics' Guide to the Future, Novella, neurologue à Yale, regarde l'avenir avec un œil critique, tentant de prévoir l'avenir de manière réaliste plutôt que de se laisser prendre au battage médiatique qui accompagne généralement le futurisme. Parmi la panoplie de sujets qu’il aborde figure la notion de réalité neuronale, qui serait l’expression ultime de la réalité virtuelle.

"Avec la réalité neuronale, vous n'avez pas besoin de porter des lunettes, ni de vous soucier de problèmes de sécurité ou de déconnexion entre les mondes physique et virtuel", écrit-il. "La réalité neuronale utilise une interface cerveau-machine pour introduire directement le monde virtuel dans votre esprit."

Il n’y aurait pas de casque encombrant ni de contrôleurs portables.

"Cela remplacerait complètement vos entrées sensorielles et autres sorties motrices par un monde virtuel, pendant que vous, par exemple, êtes allongé en toute sécurité dans votre lit", a-t-il décrit. 

Cette réalité neuronale semble trop futuriste pour être possible. Mais Novella dit que cela arrivera certainement. "Il n'y a aucune raison de penser que cette technologie n'est pas possible ; la seule question est de savoir combien de temps cela prendra et quelle sera la qualité de la technologie."

On pourrait imaginer que cette technologie soit d'abord utilisée dans un esprit compassionnel. Les personnes souffrant du syndrome d'enfermement (locked in) pourraient être les premières à l'utiliser, suivies par les tétraplégiques. Ensuite, les personnes âgées et les infirmes pourraient vivre leurs derniers jours dans des mondes fantastiques à l'intérieur de leur esprit. Toutefois, à terme, la réalité neuronale pourrait devenir dystopique, ou utopique, selon le point de vue que l'on adopte.

"Il ne fait aucun doute qu'il pourra être séduisant de vivre dans un monde virtuel où l'on peut littéralement disposer de pouvoirs quasi divins", commente Novella.

À terme, presque tout le monde pourrait décider de "prendre la pilule bleue"* et de vivre dans une réalité neuronale.

Comme le note Novella, cela pourrait être la réponse au paradoxe de Fermi, qui attire l'attention sur l'absence de preuves de l'existence d'une vie extraterrestre intelligente, alors qu'elle devrait être courante dans notre univers. 

Peut-être que des extraterrestres sont installés en toute sécurité sous terre, encadrés soignés et protégés par des robots, et qu'ils se contentent de vivre dans leur propre esprit.

Auteur: Internet

Info: https://www.realclearwire.com, Ross Pomeroy. *Pilule rouge et pilule bleue représentent un choix entre la volonté d’apprendre une vérité potentiellement troublante ou qui change la vie en prenant la pilule rouge ou en restant dans l’expérience satisfaite de la réalité ordinaire avec la pilule bleue. Les termes proviennent du film The Matrix de 1999.   Le concept de pilules rouges et bleues a depuis été largement utilisé comme métaphore politique, en particulier parmi les libertaires de droite et les conservateurs aux États-Unis, où "prendre la pilule rouge" ou être "pilule rouge" signifie prendre conscience des préjugés politiques inhérents. dans la société, y compris dans les médias grand public, et finalement devenir un penseur indépendant ; tandis que "prendre la pilule bleue" ou être "la pilule bleue" signifie accepter sans aucun doute ces prétendus préjugés.

[ monde humain consensuel ] [ terre cerveau anthropique ] [ pur esprit ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

réfléchir

Le calcul mental active des aires cérébrales impliquées dans l'attention spatiale. Une étude menée par des chercheurs du CEA, de l'Inserm, de l'Inria, de l'Université Paris-Sud au sein de l'unité Inserm/CEA "Neuro imagerie cognitive", à NeuroSpin.
Grâce à l'imagerie cérébrale par résonance magnétique à 3 Teslas de NeuroSpin, ces équipes viennent de mettre en évidence un rapprochement inattendu entre les représentations des nombres et celles de l'espace dans le cerveau. Ces travaux, qui sont publiés dans Science Express, pourraient avoir des conséquences importantes pour l'enseignement de l'arithmétique.
Au sein de l'équipe de Stanislas Dehaene dans l'unité Inserm/CEA de neuro imagerie cognitive à NeuroSpin, André Knops a enregistré l'activité du cerveau au moyen d'un appareil d'imagerie par résonance magnétique (IRM) de 3 Teslas, alors que des adultes volontaires effectuaient, soit des additions et des soustractions mentales, soit des mouvements des yeux vers la droite ou vers la gauche de l'écran. Un logiciel de traitement du signal a ensuite permis d'identifier des régions du cerveau impliquées dans les mouvements des yeux, et d'en déduire un algorithme qui, à partir de l'activité cérébrale, dévoile un aspect du comportement des sujets.
À partir des images IRM de haute résolution obtenues, les chercheurs ont été en mesure de déduire, essai par essai, si la personne avait orienté son regard vers la droite ou vers la gauche, avec un taux de succès de 70 %. Plus surprenant, cette classification s'est étendue au calcul mental: les chercheurs ont ainsi observé la même distinction entre l'activité cérébrale évoquée pendant les mouvements à gauche ou à droite et pendant les opérations de soustraction ou d'addition - que ces opérations soient réalisées avec des ensembles concrets d'objets (calcul non symbolique) ou avec des nombres symboliques (calcul symbolique) présentés sous formes de chiffres arabes.
Ils en ont conclu que le calcul mental ressemblait à un déplacement spatial. Par exemple, dans une certaine mesure, lorsqu'une personne qui a appris à lire de gauche à droite, calcule 18 + 5, son attention se déplace "vers la droite" de 18 à 23 dans l'espace des nombres, comme si les nombres étaient représentés sur une ligne virtuelle.
En mettant en évidence l'interconnexion entre le sens des nombres et celui de l'espace, ces résultats éclairent l'organisation de l'arithmétique dans le cerveau. Ils sont compatibles avec l'hypothèse, développée par Stanislas Dehaene, que les apprentissages scolaires entraînent un recyclage neuronal de régions cérébrales héritées de notre évolution et dédiées à des fonctions proches.
Chez les enfants en difficultés, l'utilisation de jeux qui insistent sur la correspondance entre les nombres et l'espace, tels que le jeu des "petits chevaux", peut conduire à des améliorations prononcées des compétences en mathématiques. Sur ce principe, un logiciel ludo-pédagogique en libre accès, "La course aux nombres", a été développé par le même groupe afin de faciliter l'apprentissage de l'arithmétique.

Auteur: Internet

Info: 13 Mai 2009

[ voir ]

 

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question

Un homme s'est assis dans une station de métro de Washington DC et a commencé à jouer du violon par une froide matinée de janvier ; il a joué six morceaux de Bach pendant environ 45 minutes. Pendant ce temps, comme c'était l'heure de pointe, on estime que 1 100 personnes ont traversé la gare, la plupart se rendant au travail. 

Trois minutes se sont écoulées lorsqu'un homme d'âge moyen a remarqué le musicien, a ralenti et s'est arrêté quelques secondes, mais a ensuite continué sa route pour ne pas être en retard.

Une minute plus tard, le violoniste a reçu son premier dollar, une dame a jeté l'argent sans même s'arrêter et a continué son chemin.

Quelques minutes plus tard, quelqu'un s'est arrêté au mur pour l'écouter, mais en regardant l'horloge, il a repris sa marche. Il était clairement en retard pour le travail.

Celui qui a fait le plus attention était un garçon de 3 ans. Maman le tenait par la main, pressée, mais le garçon s'est arrêté pour regarder le violoniste. Finalement, maman l'a sorti avec plus de force et le garçon a continué à marcher, en tournant plusieurs fois la tête pour regarder le violoniste. Cette action a été répétée par plusieurs autres enfants. Tous les parents, sans exception, ont forcé les enfants à continuer.

Pendant les 45 minutes où le musicien a joué, seules 6 personnes se sont arrêtées un moment. Une vingtaine d'entre eux lui ont donné de l'argent mais ont continué à leur rythme normal. Il a pris environ 32 dollars. Quand il a arrêté de jouer et que le silence s'est installé, personne n'a remarqué. Personne n'a applaudi, et il n'y a eu aucun remerciement.

Personne ne savait que ce violoniste était Joshua Bell, l'un des musiciens les plus talentueux. Il a joué certains des morceaux les plus élaborés jamais écrits sur un violon de 3,5 millions de dollars.

Deux jours avant de jouer à cette occasion, Joshua Bell a fait salle pleine dans un théâtre de Boston, où chaque siège coûte en moyenne 100 dollars.

C'est une histoire vraie, Joshua Bell a joué incognito dans une station de métro lors d'un événement organisé par le Washington Post qui faisait partie d'une expérience sociale sur la perception, les goûts et les priorités.

Lînterrogation était la suivante : dans un lieu ordinaire, à une heure inappropriée, sommes-nous capables de percevoir la beauté ? Nous arrêtons-nous pour apprécier ? Reconnaissons-nous le talent dans un contexte inattendu ?

L'une des conclusions possibles de cette expérience pourrait être la suivante : "Si nous ne prenons pas le temps de nous arrêter pour écouter l'un des meilleurs musiciens du monde jouer de la belle musique, combien d'autres choses manquons-nous ?"

Auteur: Anonyme

Info: sur info.fr, février 2022

[ beauté ] [ célébrité hommes-femmes ] [ femmes-par-homme ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

vingtième siècle

A la fin du siècle les hommes fumaient trois fois plus que les femmes et conduisaient plus fréquemment l'automobile et les Américains et les Allemands avaient le plus grand nombre d'automobiles par habitant et les Grecs fumaient le plus grand nombre de cigarettes. Les femmes vivaient plus longtemps que les hommes et se suicidaient moins souvent et prononçaient en moyenne trois fois plus de paroles par jour et les gens des villes pratiquaient des activités sportives et faisaient du vélo et de la course à pied tous les matins pour se rafraîchir les poumons. La course à pied pour rafraichir les poumons fut inventée par les Américains qui se procuraient à cette fin des shorts en matière luisante et des chaussures à suspension d'air pour éviter les déviations de la colonne vertébrale et en 1985 cent trente-cinq Américains sont mort d'un infarctus lors d'une course à pied matinale. A la fin du siècle les hommes voulaient rester jeunes et dynamiques mais en même temps politiquement et sexuellement corrects et ne plus séduire les femmes à la va-vite ni leur adresser des sourires lubriques etc. ni raconter des blagues sur les juifs et les Allemands et les homosexuels. Et certaines femmes déposaient plainte contre leur supérieur parce qu'il avait eu devant elles des paroles à connotation érotiques ou leur avait proposé de les raccompagner chez elles avec un air salace et en 1997 un avocat américain dut payer quatre millions de dollars américains de dommages et intérêts à sa secrétaire pour lui avoir jeté des bonbons à la menthe dans le décolleté. Et en 1998 certains Américains voulaient destituer leur président pour avoir entretenu des relations incorrectes avec une stagiaire et lui avoir touché les seins et enfoncé un cigare cubain dans le vagin et lui avoir fait pratiquer des fellations pendant qu'il téléphonait avec le secrétaire à la défense et entre-temps les américains bombardaient l'Irak et les Irakiens que c'était pour détourner l'attention du comportement sexuellement incorrect de leur président. Les Européens aussi voulaient être politiquement corrects mais un peu moins sexuellement parce que surtout dans les pays latins la séduction était une tradition culturelle alors que l'Amérique était plutôt puritaine. L'espérance de vie dans les pays démocratiques était supérieure à celle des pays communistes parce que les gens allaient plus fréquemment chez le médecin et mangeaient des légumes frais etc. tandis que dans les pays communistes les gens fumaient davantage parce qu'ils ne comprenaient pas bien pourquoi ils devraient atteindre un âge avancé et l'espérance de vie la plus basse se trouvait dans les pays en voie de développement qu'on appelait pays du tiers-monde. Et à la fin du siècle l'espérance de vie était de 78 ans dans les pays développés et de 41 ans en Sierra Leone. Et les sociologues disaient que selon différents indicateurs la meilleure qualité de vie était au Canada et en France.

Auteur: Ourednik Patrik

Info: Europeana : Une brève histoire du XXe siècle, P105

[ femmes-hommes ] [ nord-sud ]

 

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littérature

Monsieur,
Je vous remets mon manuscrit du Voyage au bout de la nuit (5 ans de boulot).
Je vous serais particulièrement obligé de me faire savoir le plus tôt possible si vous êtes désireux de l'éditer et dans quelles conditions. [...]
Le récit commence Place Clichy, au début de la guerre, et finit quinze ans plus tard à la fête de Clichy. 700 pages de voyages à travers le monde, les hommes et la nuit, et l'amour, l'amour surtout que je traque, abîme, et qui ressort de là, pénible, dégonflé, vaincu... Du crime, du délire, du dostoïevskysme, il y a de tout dans mon machin, pour s'instruire et pour s'amuser.
Les faits.
Robinson mon ami, vaguement ouvrier, part à la guerre, (je pense la guerre à sa place) il se défile des batailles on ne sait trop comment... Il passa en Afrique Tropicale... puis en Amérique... descriptions... descriptions... sensations... Partout, toujours il n'est pas à son aise (romantisme, mal du XXIe siècle...) Il revient en France, vaseux... Il en a marre de voyager, d'être exploité partout et de crever d'inhibitions et de faim. C'est un prolétaire moderne. Il va se décider à estourbir une vieille dame pour une fois pour toutes posséder un petit capital, c'est-à-dire un début de liberté. Il la rate la vieille dame une première fois. Il se blesse. Il s'aveugle temporairement. Comme la famille de la vieille dame était de mèche, on les envoie ensemble dans le midi pour éteindre l'affaire. C'est même la vieille qui le soigne à présent. Ils font dans le midi ensemble un drôle de commerce. Ils montrent des momies dans une cave (Ça rapporte). Robinson recommence à voir clair. Il se fiance aussi avec une jeune fille de Toulouse. Il va tomber dans la vie régulière. Pour que la vie soie tout à fait régulière il faut encore un petit capital. Alors cette fois encore l'idée lui revient de buter la vieille dame. Et cette fois il ne la rate pas. Elle est bien morte. Ils vont donc hériter lui et sa future femme. C'est le bonheur bourgeois qui s'annonce. Mais quelque chose le retient de s'installer dans le bonheur bourgeois, dans l'amour et la sécurité matérielle. QUELQUE CHOSE ! Ah ! Ah ! C'est tout le roman ce quelque chose ! Attention ! Il fuit sa fiancée [et le bonheur add.]. Elle le relance. Elle lui fait des scènes, scènes sur scènes. Des scènes de jalousie. Elle est la femme de toujours devant un homme nouveau... Elle le tue...
Tout cela est parfaitement amené. Je ne voudrais pour rien au monde que ce sujet me soie soufflé. C'est du pain pour un siècle entier de littérature. C'est le prix Goncourt 1932 dans un fauteuil pour l'Heureux éditeur qui saura retenir cette oeuvre sans pareille, ce moment capital de la nature humaine...
Avec mes meilleurs sentiments, Louis Destouches.

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Lettre du 14 avril 1932 adressée à Gaston Gallimard accompagnée du manuscrit du Voyage au bout de la nuit

[ auto-évaluation ] [ confiance en soi ]

 

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vitesse

En plaçant l’allocation du temps au cœur du comportement de l’agent, Becker a ouvert une voie très prometteuse pour comprendre les comportements économiques et sociaux, mais aussi et surtout pour une économie politique en rupture avec le modèle des choix rationnels néo-classiques qui ne voient de la valeur que dans les activités marchandes et ignorent totalement toute autre contribution au progrès social, civique ou politique. Cette approche du temps économique constitue une rupture par rapport aux modèles économiques dominants (dans lesquels le temps est absent). Elle propose une nouvelle théorie de la consommation en fournissant la base d’une théorie de l’allocation optimale du temps. Dès lors que, à la suite de Becker, nous admettons que le temps est "un input" qui, au même titre que n’importe quel autre bien participe à la "production" de satisfaction, nous devons admettre l’idée de la substituabilité entre temps et dépense. Nous voyons ici que nous sommes très loin de la conception limitée du temps au simple facteur de production de bien marchands qui se retrouve dans le concept de temps abstrait. Dorénavant, selon le principe des courbes d’indifférence cher aux économistes, notre agent économique aura le choix entre acheter plus de biens ou utiliser plus de temps pour obtenir une même satisfaction en fonction des prix relatifs des biens et du temps. C’est ici que Becker aura été le plus visionnaire car, dès les années 1960 il imaginait que notre temps deviendrait rare et que, en conséquence, son prix allait augmenter. De mon point de vue, il a ainsi parfaitement décrit l’une des conséquences de ce que j’appelle l’accélération technocapitaliste : l’augmentation du prix du temps va entraîner un déplacement des productions à base de temps vers des productions à base de dépenses. Si l’on observe nos comportements de consommation, la plupart des produits et services que nous consommons aujourd’hui, notamment nombre d’objets que l’on considère a priori comme des gadgets, correspondent à une politique d’économie de temps. Le monde technocapitaliste est un monde d’hyper consommation qui s’explique non plus par l’apparition de besoins réellement nouveaux, mais bien plutôt par notre préférence à la dépense plutôt qu’au temps. Une autre conséquence majeure de cette accélération technocapitaliste est que le temps, devenant une ressource toujours plus rare, se transforme en un actif dont les entreprises vont chercher à s’emparer. Cette captation du temps que nous ressentons tous est l’une des causes de la grande transformation anthropologique à laquelle nous assistons : le remplacement d’homo œconomicus par un homme capable d’accepter nombre de limitations à sa liberté en échange de toujours plus de consommation, c’est cet homme que nous appelons homo festivus numericus. Comme les chimistes des cigarettiers étaient payés pour rendre les fumeurs de plus en plus dépendants, des milliers de chercheurs et d’ingénieurs le sont pour capter notre attention, pour transformer notre temps en un actif valorisable. Ainsi, à côté du marché des données, se crée le nouveau marché du temps.

Auteur: Vignes Renaud

Info: https://philitt.fr/2021/11/29/renaud-vignes-notre-temps-est-en-train-de-devenir-inhumain

[ loisirs ] [ travailleurs à domicile ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

self-contrôle

La défusion cognitive est le procédé permettant à l'individu de prendre de la distance avec le contenu littéral de ses pensées pour les envisager comme des phénomènes psychologiques différents des expériences réelles.

La défusion permet une prise de recul face aux phénomènes internes tels que les justifications, les jugements, les conceptions de soi... Elle va permettre de modifier la relation que l'individu entretient avec ses pensées.

Un exercice typique consiste à proposer de répéter le contenu d'une pensée à toute vitesse afin de focaliser l'attention de l'individu sur les caractéristiques sonores des mots et d'amoindrir les associations à une signification particulière. Métaphores, paradoxes et autres exercices expérientiels pourront être proposé. Cette partie est particulièrement propice à la créativité pour autant que l'exercice proposé aide l'individu à se distancer des productions cognitives.

La métaphore des représentants de commerce est une manière intéressante d'introduire et amorcer le travail de défusion. Dans cet exercice vous allez demandez au patient d'entrevoir son cerveau comme une agence commerciale qui lui envoie régulièrement des représentants "les pensées" qui cherchent à lui vendre (lui faire adhérer/croire à) un lot de pensées diverses et variées. Et dans ce cadre, ce ne sont pas toujours les meilleurs lots qui bénéficient des meilleurs vendeurs. Les plus désavantageux nécessitent les plus talentueux pour user de multiples stratégies pour vous faire accepter cet article de mauvaise qualité.

Lorsqu'un vendeur de la sorte se présente chez vous, achetez-vous tous ses produits ? Prenez-vous chacune de ses paroles comme un texte de loi ? N'iriez-vous pas vérifier ?

C'est précisément ce type de démarche que je vous propose de faire lorsque l'"agence commerciale" de votre esprit vous enverra ses sbires aux crocs acérés.

Plusieurs outils de défusion peuvent alors être proposés. Un best-seller dans le domaine est celui qui invite le patient à le redire en chantant, avec un accent étranger ou sous forme de question. Voici une manière de le présenter au patient : "Personnellement lorsque le matin au réveil de ma journée administrative, je me réveille en m'assénant des coups de "cela va être une journée pourrie, des papiers à remplir, des files à faire...", alors je m'amuse à redire les même paroles avec un accent étranger. Cela ne m'enlève pas l'idée que cette journée va être pénible mais ça me permets de me rappeler que cette pensée n'est qu'une parmi de nombreuses autres. Je lui redonne sa vraie place, celle de pensée.

Cet exercice possède des variantes à l'infini tant au niveau de la voix, du graphisme, des couleurs et autres éléments intervenant dans la pensée.

Au final le travail sur la défusion peut s'avérer ludique et parfois également très délicat dans la présentation et l'adhésion. Dans ce cas, rien ne sert de forcer, il est plus opportun, en tant que thérapeute de favoriser l'expérience directe plutôt que de nombreuses explications.

Auteur: Internet

Info: http://act-therapie.com/hexaflex-la-fusion-cognitive-vs-la-defusion-cognitive/

[ maitrise ] [ introspection ] [ distanciation ] [ gamberge ]

 

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