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auto-observation

Dans un admirable texte où Michaux décrit "le dépouillement par l’espace", l’on trouve ces lignes : "Le voyageur était émerveillé. Le participant était brassé. Cependant l’observateur incorruptible assistait. Telles étaient les trois faces de celui qui pourtant ne se sentait plus personne." L’observateur incorruptible est partout présent chez Henri Michaux. Tous les feux d’artifice, tous les désastres, toutes les dérives internes, il les vit avec le souci de les percevoir, d’en prendre consignation. Il sauvegarde à tout prix une faculté vigile qui, dans le pire dérèglement de la perception, parvient encore à enregistrer l'expérience traversée, pour en donner, après coup, dans une réminiscence aiguë, la description complète. L’écriture, la peinture deviennent ainsi chez Michaux des expériences secondes, mais sans lesquelles l’expérience première serait demeurée improductive : expériences où l'ivresse est revécue lucidement (et qui attestent qu'au sein même de l’ivresse une lucidité veillait) ; expériences qui récupèrent une aventure antécédente demeurée jusque-là inexprimée ; relation narrative développée à distance d’une épreuve révolue, mais où s’engage une nouvelle épreuve, une nouvelle aventure : celle de la narration écrite ou peinte. 

Auteur: Starobinski Jean

Info: "H M : témoignage, combat, rituel", Catalogue illustré de l’exposition, Galerie Engelberts, Genève, 1966. En référence au chapitre V. des Grandes épreuves de l’esprit, op. cit., p. 377.

[ triade ] [ témoignage ] [ création ] [ beaux-arts ]

 
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méta-moteur

Il est exact que d'habitude nous jugeons le monde d'une narration à partir de notre monde de référence et que nous faisons rarement l'inverse. Mais que signifie alors affirmer avec Aristote (Poétique, 1451b et 1542a) que la poésie est plus philosophique que l'histoire parce que dans la poésie les choses arrivent nécessairement tandis que dans l'histoire elles arrivent accidentellement ? Que signifie reconnaître, à la lecture d'un roman, que ce qui s'y passe est plus "vrai" que ce qui se passe dans la vie réelle ? Que signifie dire que le Napoléon pris pour cible par Pierre Besuchov est plus vrai que celui qui est mort à Sainte-Hélène, que les caractères d'une œuvre d'art sont plus "typiques" et "universels" que leurs prototypes réels, plus effectifs et plus probables ? Il nous semble que le drame d'Athos, qui ne pourra jamais abolir, en aucun monde possible, sa rencontre avec Milady, est le témoin de la vérité et de la grandeur de l'œuvre d'art, au-delà de toute métaphore, par la force des matrices structurales de mondes, nous faisant entrevoir ce que signifie la "nécessité poétique".

Auteur: Eco Umberto

Info: Lector in fabula

[ beaux-arts ] [ imaginaire ] [ femmes-hommes ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

art pictural

C'est une si belle chose que la lumière, que Rembrandt, presque avec ce seul moyen, a fait des tableaux admirables. On ne conçoit point de rayons et d'obscurité qui appellent plus puissamment les regards. Il n'a, le plus souvent, représenté qu'une nature triviale, et cependant on ne regarde pas ses tableaux sans gravité et sans respect. Il se fait, à leur aspect, une sorte de clarté dans l'âme, qui la réjouit, la satisfait et la charme. Ils causent à l'imagination une sensation analogue à celle que produiraient les plus purs rayons du jour, admis, pour la première fois, dans les yeux ravis d'un homme enfermé jusque-là dans les ténèbres. Dans ses belles figures, comme son rabbi, la lumière, il est vrai, n'est plus l'objet principal dont l'imagination soit occupée ; mais elle est encore le principal moyen employé par l'artiste pour rendre le sujet frappant. C'est elle qui dessine ces traits, ces cheveux, cette barbe, ces rides et ces sillons qu'a creusés le temps. Ce que Rembrandt a fait avec le clair-obscur, Rubens l'a fait avec l'incarnat.

Auteur: Joubert Joseph

Info:

[ beaux-arts ] [ texte-image ] [ peinture ]

 
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pouvoir

Quand je dis : - J’ai arrêté de croire à la culture", entendons-nous bien, c’est idiot comme phrase ! Non, j’ai arrêté de croire, pour être précis, en cette chose qu’on appelle chez nous "la démocratisation culturelle".

C’est l’idée qu’en balançant du fumier culturel sur la tête des pauvres, ça va les faire pousser, vous voyez ? Qu’ils vont donc rattraper les riches !

Voilà, c’est à ça que j’ai arrêté de croire.

Je faisais ça dans les banlieues, c’est là qu’ils sont souvent, les pauvres… Et donc, je leur balançais des charrettes d’engrais culturel. Essentiellement sous forme d’art contemporain. Et de "création". Il y a beaucoup de fumier dans l’art contemporain. De la danse contemporaine, du théâtre contemporain, de la musique contemporaine. L’idée, c’est que les pauvres vont pousser… et rattraper les riches. C’est l’idée de "l’ascension sociale" par la culture.

C’est à cela que j’ai arrêté de croire. […]

L’idée n’était pas bête, au début : "On va cultiver les pauvres !" oui, mais les riches, ils n’attendent pas pendant ce temps-là, si vous voyez ce que je veux dire.

Auteur: Lepage Franck

Info: 2006

[ conservation ] [ subversion ] [ beaux-arts ]

 

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plaisir

Le tantrisme est un culte de l'extase centrée sur une vision sexué du cosmos. Notre monde réel est une illusion insignifiante, le jeu mental des formes que nous appelons notre expérience de la vie et notre monde est dénué de valeur. L'amour, l'adoration, la musique, la nourriture, le plaisir seraient des pièges dont nous devons nous libérer pour voir la vérité, le tout indivisible qui est l'ultime source de l'être. L'esprit immobile et absorbé par l'ultime alors nous pourrions atteindre la libération. Lorsque tout cela est perçu, la libido serait libérée de ses déambulations imaginaires et pourrait donc être contrôlée, façonnée et orientée vers la lumière éternelle et immuable. Mais le tantrisme se place en opposition au "non !" acharné, le tantra clame un "oui" en toute connaissance de cause. Au lieu de supprimer le plaisir, la vision et l'extase, on doit au contraire les cultiver. Les sensations avec les émotions étant les plus puissants des mobiles humains, on ne doit pas les brimer mais les porter vers leur but ultime. Le tantrisme a comme préoccupation l'amour et il n'est pas d'amour sans objet.

Auteur: Rawson Philip

Info: L'art du tantrisme

[ sagesse ] [ orgasme ] [ beaux-arts ]

 

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montage vidéo

J'ai vu ici des films qui, bien sûr, s'expriment par la mimique, les gestes, les intonations des acteurs, puisqu'ils font tous ainsi. Par exemple j'admire Charlie Chaplin, sauf ceux de ses films qui s'expriment par la mimique. Le cinéma n'est pas cela : il doit s'exprimer non pas par des images, mais par des rapports d'images, ce qui n'est pas du tout la même chose. De même un peintre ne s'exprime pas par des couleurs mais par des rapports de couleurs ; un bleu est un bleu en lui-même, mais s'il est à côté d'un vert, ou d'un rouge, ou d'un jaune, ce n'est plus le même bleu : il change. Il faut arriver à ce qu'un film joue des rapports d'images ; il y a une image, puis une autre qui a des valeurs de rapport, c'est-à-dire que cette première image est neutre et que, tout à coup, mise en présence d'une autre, elle vibre, la vie y fait irruption : et ce n'est pas tellement la vie de l'histoire, des personnages, c'est la vie du film. A partir du moment où l'image vit, on fait du cinéma.

Auteur: Bresson Robert

Info: Entretien paru dans les "Cahiers du cinéma", n°75, octobre 1957 - cité dans "Passage du cinéma", éd. Ansedonia, p. 569-570

[ beaux-arts ] [ comparaison ] [ langage ] [ cognition visuelle ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

morale

Les écrivains qui se sont imposés depuis 1930 ont connu un monde où chacun se sent constamment menacé non seulement dans sa vie, mais dans tout son système de valeurs. Dans une telle ambiance, le détachement n’est pas possible. […] La littérature est devenue politique parce que tout autre choix aurait été entaché de malhonnêteté intellectuelle. […] Cette période d’une dizaine d’années, pendant laquelle la littérature, poésie comprise, s’est trouvée inextricablement liée à l’activité pamphlétaire, a rendu un grand service à la critique littéraire, dans la mesure où elle a ruiné l’illusion du pur esthétisme. Elle nous a rappelé que, sous une forme ou sous une autre, la propagande est tapie au cœur de chaque livre, que chaque œuvre d’art a un sens et une thèse – thèse politique, sociale ou religieuse –, que nos jugements esthétiques sont toujours affectés par nos croyances et nos préjugés. Elle a dévoilé la tromperie de l’art pour l’art. Mais jusqu’ici, elle nous a menés aussi dans une impasse, parce qu’elle a conduit d’innombrables jeunes écrivains à tenter de se plier à une discipline politique qui, s’ils y étaient parvenus, leur aurait interdit toute honnêteté intellectuelle.

Auteur: Orwell George

Info: Orwell, La frontière entre l’art et la propagande (1941), EAL-2, p. 161-162.

[ éthique ] [ beaux-arts ]

 

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exil

Qu'on ne se contente pas trop facilement des explications les plus simples - un hasard, le mécénat, les commandes - quand il s'agit de cette question qui me paraît essentielle : pourquoi un peintre a-t-il changé de pays, laissant pour d'autres horizons, d'autres couleurs, et toujours une autre lumière, le lieu où il a vécu, où il a déjà travaillé ? Puisque sa grande page immobile peut s'ouvrir aux mouvements les plus rapides du ciel, aux indices les plus furtifs du passage de la journée ou du siècle, puisque son regard peut suivre sur un visage le cours paisible ou tragique de l'existence, puisque son rêve - si c'est cela qu'il préfère - peut s'évader de ce monde par simplement la contemplation d'un peu de pierre qui brille ou d'un bateau qui quitte le port, pourquoi fallait-il qu'il se dédidât à partir, et quelquefois pour si loin, comme s'il se lançait dans une poursuite, et cédait donc à une inquiétude ? Que peut espérer découvrir, là où il n'est pas arrivé encore, celui qui accède à tout, déjà, ou presque à tout, en chaque endroit où il passe ? Que semble promettre l'ailleurs à ceux qui savent l'ici du monde ?

Auteur: Bonnefoy Yves

Info: Début de "Le peintre dont l'ombre est le voyageur", in "Rue Traversière, et autres récits en rêve", éd. Poésie-Gallimard, p. 159-160

[ interrogation ] [ voyage ] [ quête ] [ beaux-arts ]

 

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création

Créer, pour ces outsiders, implique de cultiver sa sauvagerie intérieure, qui favorise la démystification du rationnel, la manifestation de phénomènes occultes, l'apparition de trajectoires dévoyées, l'exploitation du talent d'extravaguer, la fréquentation des régions suprasensibles, vraie patrie des voyants, l'accentuation des prédispositions à être le transcripteur de l'autre réalité, à penser l'errance de sorte que ce soit, note Édouard Glissant une pensée des ralliements, de la migration "des absolus de l'Être aux variations de la Relation où se révèle l'être-comme-étant, l'indistinction de l'essence et de la substance, de la demeure et du mouvement", à injecter un nouveau principe vital dans cet organisme sclérosé qu'est la littérature lorsqu'elle se nourrit uniquement de vérités rassurantes, sans faire d'elle une littérature universelle dans ce qu'elle aurait de plus abstrait, à force, prévient encore Édouard Glissant, de vouloir "récuser la présence des fructueuses intimités et des terribles assauts et antagonismes des lieux et des espèces entre eux et dans la totalité" ("Philosophie de la relation"), ou une littérature qui se serait proclamée recevable par tous, car possédant une dimension généralisante par quoi elle scellerait sa suprématie sur les autres formes d'expression des civilisations et des cultures. 


Auteur: Lê Linda

Info: Par Ailleurs, (Exils), pp 55-56

[ ouverture ] [ beaux-arts ]

 

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spéculation financière

Le voilà parti, il emporte le tableau dans sa voiture, il le promène chez ses amateurs, parmi lesquels il a répandu la nouvelle qu’il venait de découvrir un peintre extraordinaire. Un de ceux-ci finit par mordre et demande le prix. - Cinq mille. - Comment ! cinq mille ! le tableau d’un inconnu, vous vous moquez de moi ! — Écoutez, je vous propose une affaire : je vous le vends cinq mille et je vous signe l’engagement de le reprendre à six mille dans un an, s’il a cessé de vous plaire. — Du coup, l’amateur est tenté : que risque-t-il ? bon placement au fond, et il achète. Alors, Naudet ne perd pas de temps, il en case de la sorte neuf ou dix dans l’année. La vanité se mêle à l’espoir du gain, les prix montent, une cote s’établit, si bien que, lorsqu’il retourne chez son amateur, celui-ci, au lieu de rendre le tableau, en paie un autre huit mille. Et la hausse va toujours son train, et la peinture n’est plus qu’un terrain louche, des mines d’or aux buttes Montmartre, lancées par des banquiers, et autour desquelles on se bat à coups de billets de banque !

Auteur: Zola Emile

Info: Les Rougon-Macquart, tome 14 : L'Oeuvre

[ beaux-arts ] [ mécanisme ]

 

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