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déception

Toute ma vie, j’avais désiré devenir écrivain, mais maintenant que je tenais le bon bout, rien ne venait. Il n’y avait ni corridas, ni matches de boxes, ni jeunes señoritas. Il n’y avait même pas d’inspiration. J’étais refait. Je n’arrivais pas à écrire un mot et ils m’avaient acculé dans un coin. Voilà, il n’y avait plus qu’à attendre la mort. Pourtant, j’avais toujours vu les choses différemment. L’écriture, je veux dire. Peut-être à cause du film de Leslie Howard. Ou des biographies de Hemingway, ou de D. H. Lawrence. Ou de Jeffers. On peut se mettre à écrire pour toutes sortes de raisons. Après, on écrit un peu. On rencontre quelques écrivains. Des bons et des mauvais. Tous ont la cervelle en compote. Suffit de discuter cinq minutes avec eux pour s’en apercevoir. Il n’y a qu’un grand écrivain tous les cinq cent ans, tu n’étais pas celui-là, et je suis prêt à parier gros qu’eux non plus.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Au sud de nulle part" page 176

[ page blanche ] [ identité publique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

duper

Durant les vacances de l'été 1894, qu'il passa à Belle-Île avec moi et Willy, je voyais parfois Paul Masson s'installer sur un rocher et sortir de sa poche un paquet de fiches vierges qu'il entreprenait de remplir. Que fais-tu donc ? Lui demandai-je. - Je travaille. Je travaille de mon métier. Je suis attaché au catalogue de la Nationale. Je relève des titres.... J'étais assez crédule, et je m'ébahis d'admiration : - Oh !... Tu peux faire ça de mémoire ? Il pointa vers moi sa petite barbiche d'horloger : - De mémoire ? Où serait le mérite ? Je fais mieux. J'ai constaté que la Nationale est pauvre en ouvrages latins et italiens du XVe siècle. De même en manuscrits allemands. De même en autographes intimes de souverains, et bien d'autres petites lacunes... En attendant que la chance et l'érudition les comblent, j'inscris les titres d'oeuvres extrêmement intéressantes - qui auraient dû être écrites... Qu'au moins les titres sauvent le prestige du catalogue, du Khatalogue... - Mais, dis-je avec naïveté, puisque les livres n'existent pas ? - Ah ! dit-il avec un geste frivole, je ne peux pas tout faire.

Auteur: Colette Sidonie Gabrielle

Info: Mes apprentissages, dialogue avec Masson qui travaille alors à la Bibliothèque Nationale

[ mystification ] [ ambigüité ] [ blagues ]

 

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mots creux

C'est une impulsion naturelle chez l'être humain que d'échapper à l'étroitesse de la routine personnelle et familiale pour s'aventurer dans l'univers plus vaste de l'histoire, où l'on sent que sa vie est transcendante et où l'on obtient un "sens" supérieur. La façon la plus banale et la plus maladroite de le faire, accessible même aux pauvres, aux incapables et aux voyous, est de militer dans un parti ou pour une "cause", c'est-à-dire dans un groupe quelconque embelli de vocables pompeux comme "liberté", "égalité", "justice", "patriotisme", "moralité" ou "droits de l'homme". Ces termes peuvent représenter n'importe quelle valeur substantielle, mais pas lorsque l'individu croit en tirer toute l'essence qu'ils peuvent représenter, au lieu de les remplir de sa propre substance personnelle. L'illusion la plus criminelle de la modernité a été de persuader les hommes qu'ils peuvent être nobles en s'identifiant à une "cause", alors qu'en fait toutes les causes,qui constituent des noms de valeurs abstraites, n'acquièrent de valeur concrète que par la noblesse des hommes qui les représentent. Le fond de la dégradation est atteint lorsque certaines "causes" sont tellement valorisées qu'elles semblent infuser automatiquement des vertus à tout clochard, imposteur ou bandit qui se résout à les représenter".

Auteur: Carvalho Olavo de

Info: Diário do Comércio - Causas Sagradas. 17 janvier 2012

[ blabla ] [ engagement politique ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

états-limites

Sous forme de ce que je croyais alors n'être qu'une boutade, je disais, il y a quelques années, que décidément, il y a :

- les analysants freudiens : les enfants du sexuel. Comment se séparer du premier objet d'amour et de pulsions, comment faire avec l'objet perdu ?

- les analysants lacaniens : les enfants du langage, comment faire avec l'entrée traumatique dans le langage, avec la métonymie et la métaphore ?

Pour les uns et pour les autres, la présence d'un tiers.

Et puis, il y a les analysants de l'actuel, marqués de l'empêchement à la représentation psychique et de son lien avec une panne de la mémoire inconsciente et qui posent de façon aiguë la question : "Qu'est-ce qui est arrivé à la métaphore, à une possible métaphorisation ; qu'est-ce qui est arrivé à la langue ?". On peut se demander d'ailleurs s'il s'agit vraiment d'un pur hasard que Lacan ait tant insisté sur la parole, mais également sur la langue, le langage et le discours, au lendemain de la catastrophe qui a marqué la deuxième guerre mondiale de l'expérience inouïe de destructions réelles et aussi symboliques dont l'une des conséquences fut que les mots manquent à leur représentation. Peut-être même à la représentation.

Auteur: Cherki Alice

Info: "Rupture des liens, clinique des altérités" dans Psychologie Clinique n°16, décembre 2003

[ borderline ] [ psychose blanche ] [ inhumanité indicible ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

bureaucrates

Le narrateur est un cadre bancaire d'une trentaine d'années qui vient de réintégrer "Futura", société qu'il avait quittée un an plus tôt pour un projet qui finalement n'a pas abouti. Divorcé, un enfant, c'est sans passion qu'il est revenu à la case départ ou presque. Il occupe désormais un poste de "gestion de projet" dans les assurances-vie.

Les premiers mois sont laborieux, il est en période d'essai et se donne à fond. Sa supérieure directe, Blondine, n'a pas la carrure pour le poste et se contente, lorsqu'elle est face à un de ses équipiers, de balancer des petites phrases toutes faites (toujours les mêmes) du style "il y a un trou dans la raquette" ou "il va monter en compétence". Retrouver ces expressions dans ce livre m'a amusée car elles sont utilisées quotidiennement dans mon entreprise, notamment par les directeurs (mon précédent directeur détenait la palme dans ce domaine !).

A la première réunion Blondine me dit : "c'est bien, tu as pris le taureau par les cornes. Pas de trou dans la raquette, on est en ordre de marche". Puis elle m'avait demandé s'il était utile de déranger tous ces opérationnels. Opérationnel, en langage "corporate", ça veut dire "larbin".

Auteur: sylire pseudo

Info: critique de Le poisson pourrit par la tête [burn-out] de Michel Goussu

[ management us ] [ rapports humains ] [ cols blancs ] [ fonctionnaires administratifs ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

femme-par-homme

Du point de vue amoureux Véronique appartenait, comme nous tous, à une génération sacrifiée. Elle avait certainement été capable d’amour ; elle aurait souhaité en être encore capable, je lui rends ce témoignage ; mais cela n’était plus possible. Phénomène rare, artificiel et tardif, l’amour ne peut s’épanouir que dans des conditions mentales spéciales, rarement réunies, en tous points opposées à la liberté de mœurs qui caractérise  l’époque moderne. 

Véronique avait connu trop de discothèques et d’amants ; un tel mode de vie appauvrit l’être humain, lui infligeant des dommages parfois graves et toujours irréversibles. L’amour comme innocence et comme capacité d’illusion, comme aptitude à résumer l’ensemble de l’autre sexe à un seul être aimé, résiste rarement à une année de vagabondage sexuel, jamais à deux. En réalité, les expériences sexuelles successives accumulées au cours de l’adolescence minent et détruisent rapidement toute possibilité de projection d’ordre sentimental et romanesque ; progressivement, et en fait assez vite, on devient aussi capable d’amour qu’un vieux torchon. Et on mène ensuite, évidemment, une vie de torchon ; en vieillissant on devient moins séduisant, et de ce fait amer. On jalouse les jeunes, et de ce fait on les hait. Cette haine, condamnée à rester inavouable, s’envenime et devient de plus en plus ardente ; puis elle s’amortit.



 

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Extension du domaine de la lutte, Éditions Maurice Nadeau, 1994

[ pessimisme ] [ blasée ] [ désillusionnée ]

 

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rapports de domination

S’il y a bien un scandale dans ce roman [Plateforme de Houellebecq], celui-ci consiste à faire avouer au tourisme, transformation brutale du globe terrestre en marchandise, l’obscur secret que ses entrepreneurs camouflent sous les balivernes d’une vertu d’emprunt : toute forme de tourisme est sexuelle et tous les corps exotiques sont des marchandises parce que le tourisme est par définition occidental et que l’Occident contemporain agonise dans un épuisement libidinal absolu. Les Occidentaux, comme le dit le narrateur du livre, n’arrivent plus à coucher ensemble. Leurs femmes seraient même incapables d’être des prostituées thaïes. Elles ne leur arrivent pas à la cheville. L’Occidental, explique-t-il encore, a de l’argent mais plus aucune satisfaction sexuelle. Dans d’autres pays, en revanche, vivent des milliards d’individus qui n’ont à vendre "que leurs corps et leur sexualité intacte". Une "situation d’échange idéal", conclut-il, réinventant sans le savoir la fameuse théorie des "avantages comparatifs" de Ricardo.

Dans ces conditions, l’appel au "tourisme respectueux" et aux "voyages éthiques", ainsi que la guerre contre le tourisme sexuel, ne sont même pas les marques d’un néo-puritanisme : ce sont des volontés délibérées de mettre en place une fausse conscience destinée à promouvoir l’identification de l’industrie touristique avec les plus hautes exigences de la morale afin de cacher que cette industrie est par définition coupable.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, page 73

[ discours hypocrite ] [ tartufferie ] [ nord-sud ] [ blancs dégénérés ]

 
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duper

Paul Masson, dit Lemice-Terrieux fut le plus grand mystificateur de son temps. Élève des jésuites, il fait son droit et débute dans la carrière d'avocat à Vesoul. Diverses plaidoiries retentissantes et autres tours pendables lui valent d'être muté successivement en Afrique du Nord, puis à Chandernagor, et enfin à Pondichéry où il occupe le poste de procureur de la République. C'est ici que prend place un de ses premiers grands exploits, typique de sa manière. Sous le nom de Joseph de Rozario il adresse au Figaro un émouvant récit de l'expulsion de Chandernagor des pères jésuites Vacquant et Bordereau, en application des décrets du 29 mars 1880 ordonnant la dissolution des congrégations religieuses. D'autres journaux conservateurs se font l'écho scandalisé de ce témoignage des aberrations commises au nom de la séparation de l'Église et de l'État. Bien qu'anticlérical, le gouvernement français, déjà ébranlé par l'exécution de ces décrets dans la métropole, se sent tenu d'ordonner une enquête. Elle est, naturellement, confiée sur place à Paul Masson lui-même. Ce dernier s'acquitte de sa tâche avec un zèle considérable. Il parcourt le pays en tous sens aux frais de l'État, avant d'envoyer à Paris un rapport d'où il ressort que Le Figaro a certainement été victime d'un farceur - puisqu'il appert qu'il n'y a jamais eu de jésuites dans les Indes françaises.

Auteur: Internet

Info:

[ mystification ] [ blagues ]

 

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naïveté

Le naïf doit impérativement résulter, sans intervention de notre part, des paroles et des actes d’autres personnes, qui tiennent la place de la deuxième personne présente dans le cas du comique ou dans celui du mot d’esprit. Le naïf prend naissance lorsque quelqu’un se met complètement au-dessus d’une inhibition parce qu’elle n’existe pas chez lui, c’est-à-dire lorsqu’il semble la surmonter sans aucun effort. La condition pour que le naïf produise son effet, c’est que nous sachions que ce quelqu’un ne possède pas cette inhibition ; sinon nous disons de lui non pas qu’il est naïf, mais insolent.

[...] [exemple] Un frère et une sœur, elle âgée de douze ans et lui de dix, sont en train de jouer devant un parterre d’oncles et de tantes une pièce de théâtre de leur composition. La scène figure une cabane au bord de la mer. Au premier acte, les deux écrivains-comédiens, un pauvre pêcheur et sa brave femme, se plaignent de ce que les temps sont durs et leurs gains faibles. L’homme décide d’aller au-delà de la mer immense sur son petit bateau pour chercher la richesse ailleurs, et après que tous deux se sont fait de tendres adieux, le rideau se referme. Le second acte se passe quelques années plus tard. Le pêcheur est revenu chez lui riche et la bourse bien garnie, et il raconte à sa femme, qu’il trouve en train de l’attendre devant la cabane, quelle a été sa bonne fortune dans le monde. La femme l’interrompt fièrement : "Moi non plus, je n’ai pas chômé durant tout ce temps", et elle livre à ses regards le sol de la cabane, sur lequel on voit dormir douze grandes poupées, ses enfants...

Auteur: Freud Sigmund

Info: "Le Mot d'esprit et sa relation à l'inconscient", éditions Gallimard, Paris, 1988, page 325 à 328

[ blague ] [ défini ] [ processus ] [ innocence ]

 
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