Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 113
Temps de recherche: 0.0531s

mai 68

J’ai assisté à une dizaine de séances au cirque d’en face, à l’Odéon. Au début, j’avais été séduit par le côté bordel métaphysique, par une mise en cause radicale de tout qui frisait quelquefois le délire ; puis la fatigue est vite venue : je ne connais rien de plus lassant que la rhétorique naïve des utopistes, jeunes ou vieux. Que l’essence de l’homme soit la parole, cela est plus ou moins vrai ; mettez à la place de l’homme le Français, et la définition est absolument exacte. Ce n’est pas au plaisir, c’est à la volupté, à l’orgasme de parler que j’ai assisté depuis trois semaines. Ce n’est pas un hasard que la Trappe* soit née au milieu de ce peuple : où ailleurs aurait-on inventé avec plus d’à-propos le supplice du silence ?

Ceci dit, le drame de ces étudiants est sans bornes : Dieu même ne pourrait trouver une solution aux problèmes que pose, rien qu’à Paris, l’existence de quarante mille “littéraires“ dont l’avenir est nécessairement bouché. Parmi eux, des milliers et des milliers “étudiant“ la sociologie, une science sans objet et qui a de plus le grand inconvénient de rendre arrogant quiconque en a acquis un vague vernis.

Auteur: Cioran Emil Michel

Info: Lettre à Armel Guerne, 13 juin 1968 *ordre monastique cistercien

[ parlottes ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par miguel

nounours

Je parie que mon père conduit le flic dans ma chambre. A sa demande. Pour une fouille organisée.
Je m'en fous, je suis clean. A part une vieille peluche sur une étagère (un dinosaure à qui il manque un bout de la queue), j'ai la chambre classique d'un mec de dix-sept ans : un lit, un ordi, une console, le tout consciencieusement entouré d'un bordel généralisé. Ça devrait jouer en ma faveur, cette peluche verte aussi grosse qu'un chat, perchée au-dessus de mon bureau. Me donner un soupçon d'innocence, comme si j'avais gardé un pied dans l'enfance. A moins qu'ils me prennent pour un pervers qui l'aurait torturée en lui sectionnant la queue. J'avais dix ans, j'étais curieux : je voulais savoir avec quoi on l'avait rembourrée pour que ce soit aussi mou tout en étant ferme. J'ai pas été déçu. On avait gavé Billy, c'était son nom, de granulés de plastique blanc. Depuis il fuyait, mal rabiboché par mes soins car ma mère avait refusé de le recoudre. Elle m'avait généreusement fourni l'aiguille et le fil, en me précisant que ça me servirait plus tard de ne pas prendre ma femme pour une bonniche et d'exécuter moi-même mes ourlets de pantalons. J'avais rafistolé Billy au plus simple.

Auteur: Abier Gilles

Info: Accrocs, p. 15-16

[ culpabilité ] [ inquiétude ]

 

Commentaires: 0

vie quotidienne

Lorsqu’un homme a exercé la même profession pendant des années, il a perdu la notion du temps. Même si sa journée de travail se limite à huit heures de présence, elle ne s’achève pas quand la maîtrise siffle l’heure de la sortie. Il faut encore y ajouter la durée du trajet entre sa boîte et chez soi, sans oublier les longues minutes qu’on va devoir consacrer à manger, à se laver, à s’acheter de nouveaux vêtements, ou une voiture, à remplacer ses pneus, ou sa batterie, à payer ses impôts, à copuler, à recevoir des amis, à se soigner, à se remettre d’un accident, à faire sa lessive, à éviter de se faire voler, à s’inquiéter de la météo, à dormir, à faire des insomnies, et je laisse de côté toutes ces choses dont la décence nous interdit de parler, BREF l’être humain n’aura au bout du bout que TRES PEU DE TEMPS à se consacrer. Il arrive même que les heures supplémentaires le privent de quelques-unes de ces tâches de première nécessité, comme de baiser. Bordel de merde ! Et ce genre d’existence vous bouffe six jours de la semaine et, comme le dimanche, vous êtes censé fréquenter l’église ou manger en famille, parfois les deux, parlez d’un rêve éveillé !

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Un carnet taché de vin", page 212

[ salariat ] [ collectif-personnel ] [ routine ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

barbarie

Bilqis, douze ans et demi, est une paysanne afghane qui aide sa mère aux champs et à la maison depuis la mort de son père. Elle est l’aînée de six enfants.
Un jour de 1989, elle est violée par des soldats soviétiques qui rentrent dans leur pays après dix ans d’occupation. Alors commence pour Bilqis une lente descente aux enfers : rejetée par sa mère puisque "souillée", elle vivra dans l’étable, avant d’être vendue à une famille d’un bourg voisin. Pendant une dizaine d’années, de bourgades en villages, elle sera bonne à tout faire, serveuse, femme de chambre, instrument de désirs et de fantasmes, battue, insultée, violentée...
Dans un bordel à Herat, Bilqis a ses protecteurs parmi les talibans. Puis on la retrouve, enlevée par des bandits, prostituée dans une caserne, favorite d’un chef de guerre unijambiste et borgne qui la martyrise, avant qu’elle ne le poignarde et s’enfuit à nouveau...
"Celle qui perd sa réputation n’est plus qu’une morte parmi les vivants." Voilà ce que lui dit une de ses compagnes d’infortune.
La jeune femme, qui a aujourd'hui vingt-six ans, a été sauvée par une ONG européenne. Elle a appris à lire, à écrire et à calculer. Elle se reconstruit lentement.
Un document unique sur la condition des femmes en Afghanistan et dans les pays ravagés par les guerres, l’intégrisme et l’obscurantisme.

Auteur: Freidoune Sahebjam

Info: Morte parmi les vivants

[ islam ] [ femmes-hommes ]

 

Commentaires: 0

bordel

Ce qui voulait dire que s'en était fini des dérives dans les nuits fébriles de Bangkok, de toutes ces fois où je rentrais saoul pendu à ton cou, vacillant titubant parmi les lumières de couleur qui font de tout homme un immortel provisoire, de ces nuits où je commençais à m'habituer aux poses provocantes des voyous protecteurs de bars; aux obscénités con-cul-pissantes des filles de bars à gogo, les filles les moins vêtues au monde, qui se contorsionnent lascives au rythme de la musique et qui, parfois, quand elles ôtent sournoisement leur dernière frusque, lèvent haut la jambe pour frapper du pied un mobile fait de coquillages accroché au plafond bas; à la solitude des filles au coeur brisé, qui vernissent de gaieté feinte leur esseulement d'oiseau loin du nid; aux débits de boissons aux serveuses aux seins nus et aux débits de boissons qui ont un miroir pour plancher et des serveuses en minijupe sans sous-vêtement et aux bordels en tout genre qui pullulent, autant d'endroits où la morale est raide morte, mais c'est dans ces putains d'établissements qu'on voyait une barquette d'offrande aux bonzes dont l'arbuste artificiel était fleuri de billets de banque de dénominations diverses que les papillons de la nuit iraient offrir à quelque monastère, celui de leur village natal probablement. Telle était la beauté triste de la vie. Peut-être avait-elle toutes sortes d'autres beautés cachées, mais toutes tristes.

Auteur: Saneh Sangsuk

Info: L'Ombre blanche : Portrait de l'artiste en jeune vaurien, p. 317

[ littérature ]

 

Commentaires: 0

autodestruction

Oh que vous me direz... le gaz voyons ! vous vous plaignez du gaz ?... mais passez-vous vous-même au gaz !... hardi ! lisez votre "journal habituel"... les gens qui peuvent plus se passent au gaz !... la belle affaire ! pensez que j'en connais un petit bout, trente-cinq ans de pratique !... ils réussissent pas tous les coups, de loin ! de loin ! on les ranime !... plus grave : meurent pas mais souffrent énormément !... et pour partir et pour revenir !... mille morts, mille re-vies ! et l'odeur !... les voisins accourent !... ils foutent le bordel dans votre case ! s'ils ont trop volé... hop ! le feu !... le feu aux rideaux !... vous voilà encore à souffrir en plus d'asphyxie des brûlures !... un comble !... non ! le gaz est pas une bonne affaire !... le plus sûr moyen croyez-moi, j'ai été consulté cent fois : le fusil de chasse dans la bouche ! enfoncé, profond !... et pfang !... vous vous éclatez le cinéma !... un inconvénient : ces éclaboussures !... les meubles, le plafond ! cervelle et caillots... j'ai, je peux le dire, une belle expérience des suicides... suicides réussis et ratés... la prison peut vous aider ! vous biffer aussi l'existence !... certes ! forteresse à supprimer le Temps !... suicide petit à petit... mais tout le monde peut pas être prisonnier dans l'existence ordinaire...

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: D'un château l'autre 1957/Romans/la Pléiade/Gallimard996<p.29>

[ libération ]

 

Commentaires: 0

réflexivités

A chaque fois qu'un nouveau lecteur s'empare d'un roman, il le récrit, il en fait un remake, il le met en scène tel qu'il ne l'a encore jamais été. Le père Goriot a des centaines de millions de têtes différentes, Madame Bovary autant de voix, et si vous lisez demain "la Recherche du temps perdu ", vous entendrez une Sonate de Vinteuil dont vous inventerez chaque note. Vous l'entendrez tout aussi distinctement que ce Swann qui sous votre crâne l'entendra aussi pour la première fois. Car le Swann que vous aurez forgé n'aura jamais existé avant que vous ne le fassiez apparaître. Imaginez la foule immense des Swann recrées par les lecteurs de "la Recherche" depuis que Proust l'a tiré du néant. Une foule immense comme la population d'une mégalopole. Des gens dont aucun n'a la même tête, dont les vêtements se ressemblent à peine, et chacun de murmurer dans la cacophonie générale sa "petite phrase de Vinteuil" dont les autres n'ont pas la moindre idée. Lire, c'est inventer en silence un univers. C'est le contraire de la servitude. Lire, c'est un acte d'indépendance. Il faut aller chercher le texte au fond d'une librairie, d'une bibliothèque, d'un grenier où il nous attend depuis trois générations et suivre patiemment ses phrases comme des filons. Lire, c'est claquer la porte aux images et à la bande-son que l'environnement nous impose. C'est ne plus rien laisser entrer en soi que le cerveau ne filtre, ne réfléchisse, ne recrée. Recréer, c'est créer. Soyez Dieu, bordel, lisez !

Auteur: Jauffret Régis

Info: in "Marianne n° 1097

[ harangue ] [ lecture ] [ liberté ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

beaux-arts

Même si tous les historiens de l'art ne sont pas d'accord, on peut voir dans le regard de Lautrec une grande empathie pour les prostituées. Il ne s'intéresse pas seulement aux corps nus et suggestifs, mais montre surtout les moments de vie entre filles, quand le client n'est pas là. On les voit manger ensemble au réfectoire, discuter tranquillement entre elles, faire une partie de cartes. D'un côté, les corps au travail, jouant leur rôle de séduction, de l'autre des corps au repos, relâchés ou en train de se préparer pour l'arrivée du client. L'atmosphère est souvent tranquille et douce, parfois morose et lugubre. L'artiste était un habitué de quelques maisons closes dans le quartier de l'Opéra, celle de la rue des Moulins en particulier, et on sait qu'il était autorisé à faire partie du quotidien des filles.
D'autres peintres, comme Munch ou Picasso dans certaines toiles, ont ce même regard empathique. Dans Mélancolie ou La femme au fichu, Picasso représente une prostituée de la prison Saint-Lazare (que l'on reconnaît au bonnet qu'elle porte) et nous fait sentir toute la solitude de la jeune femme aux traits émaciés, au corps recroquevillé sur lui-même. Munch quant à lui, dans Noël au bordel, propose la vision étonnante d'une maison de tolérance à l'atmosphère presque familiale et douillette, avec le sapin en arrière-plan et cette femme qui lit, une cigarette à la main. Dans L'Allée, il donne à voir une très jeune fille, dont le corps nu est livré en pâture à ces bourgeois habillés et portant haut-de-forme qui l'entourent - comme si l'aisance matérielle leur donnait le droit d'en détourner la vertu.

Auteur: Pludermacher Isolde

Info: Entretien, in l'Objet d'Art hors-série 91, Splendeurs et misères, images de la prostitution, 1850-1910, de L'Objet d'Art

[ art pictural ] [ chair-esprit ]

 

Commentaires: 0

femme-par-homme

Vivre lentement, essayer de ne pas trop réfléchir ou ne pas trop penser, écrire malgré tout. Et puis sentir, toucher, caresser, éprouver le corps de Vanessa qui subrepticement marquait les traces de son nouvel état. Son ventre plat muta en une parfaite demi-sphère à faire pâlir toutes les planètes du système solaire. Sa peau tendue, comme prête à craquer, révélait toujours plus la perfection de son épiderme et son nombril exquis se dilatait d'aise dans ce surplus de place. La douceur duveteuse d'une pêche gorgée de vie et de soleil donnait une irrésistible envie de croquer à même sa peau.

Le corps de Vanessa s'était transformé en un beau fruit mûr, un dessert voluptueux. Un dessert dont j'étais gourmand. Gourmande, Vanessa par contre ne l'était plus vraiment, renvoyant les épisodes tel celui de la pizza aux anchois au rang de beaux souvenirs.

Elle riait parfois, pleurait souvent. La plupart du temps avec pudeur et discrétion. Je ne l'interrogeais plus. Je laissai faire, sauvegardant une distance respectueuse de ses émotions. La juste distance.

Lorsque je m'inquiétai de ces dégâts des eaux réguliers auprès du gynécologue bordelais que nous avions consulté en urgence, celui-ci, sexagénaire austère, s'amusa de ma candeur comme de celle d'un jeune puceau boutonneux.

- Mon bon monsieur, vous qui allez bientôt découvrir la joie d'être père, vous n'imaginez pas à quel point votre petite graine est à l'origine d'un véritable cataclysme hormonal. Les traces qu'elle laisse dans le corps de la bien-aimée sont de nature à faire passer les dégâts des semences Monsento pour d'aimables boutades de fin de repas... Et vous n'en êtes qu'au début de vos surprises...

Auteur: Grima Laurent

Info: Les trois vies de l'homme qui n'existait pas

[ enceinte ] [ gravide ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

vacherie

Tu n’as pas idée du genre de salauds que sont ces gens. Ils me donnent envie de vomir. Je ne peux plus supporter ces maudits " intellectuels " de mes deux. C’est vraiment au-dessus de mes forces. Je préférerais m’asseoir par terre pour vendre des tortillas au marché de Toluca plutôt que de devoir m’associer à ces putains d’" artistes " parisiens. Ils passent des heures à réchauffer leurs précieuses fesses aux tables des " cafés ", parlent sans discontinuité de la " culture ", de l’ " art ", de la " révolution " et ainsi de suite, en se prenant pour les dieux du monde, en rêvant de choses plus absurdes les unes que les autres et en infectant l’atmosphère avec des théories et encore des théories qui ne deviennent jamais réalité.

Le lendemain matin, ils n’ont rien à manger à la maison vu que pas un seul d’entre eux ne travaille. Ils vivent comme des parasites, aux crochets d’un tas de vieilles peaux pleines aux as qui admirent le " génie " de ces " artistes ". De la merde, rien que de la merde, voilà ce qu’ils sont. Je ne vous ai jamais vu, ni Diego ni toi, gaspiller votre temps en commérages idiots et en discussions " intellectuelles " ; voilà pourquoi vous êtes des hommes, des vrais, et pas des " artistes " à la noix. Bordel ! Ça valait le coup de venir, rien que pour voir pourquoi l’Europe est en train de pourrir sur pied et pourquoi ces gens — ces bons à rien sont la cause de tous les Hitler et les Mussolini. Je te parie que je vais haïr cet endroit et ses habitants pendant le restant de mes jours. Il y a quelque chose de tellement faux et irréel chez eux que ça me rend dingue. 

Auteur: Kahlo Frida

Info: A propos d'André Breton et des surréalistes, dans une lettre à son amant, le photographe Nikolas Murray lors de son passage à Paris en 1938

[ détestation ] [ cénacles parisien ] [ salonards centralisés ] [ anti-intelligentsia  ] [ beaux-arts ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel