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sensibilité

(...) l’émotion ne peut être captée et transcrite qu'à travers le langage parlé… le souvenir du langage parlé ! et qu'au prix de patiences infinies ! de toutes petites retranscriptions ! le cinéma y arrive pas !… c’est la revanche !… en dépit de tous les battages, des milliards de publicité, des milliers de plus en plus gros plans!… de soupirs, sourires, sanglots, qu'on peut pas rêver davantage, le cinéma reste tout au toc, mécanique, tout froid… il a que de l’émotion en toc !… il capte pas les ondes émotives… il est infirme de l’émotion… monstre infirme !… la masse non plus est pas émotive !… certes !… je vous l’accorde, Professeur Y… elle aime que la gesticulade ! elle est hystérique la masse !… mais que faiblement émotive ! bien faiblement !… Y a belle lurette qui y aurait plus de guerre, Monsieur le Professeur Y, si la masse était émotive !… plus de boucheries !… c’est pas pour demain !

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: entretien avec le professeur Y (1955, 128 p.)

[ arts ] [ populace ] [ tragédie ] [ inéluctabilité ] [ texte-image ]

 

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discours scientifique

[...] la science, dont il est manifeste qu’elle ne progresse que par la voie – c’est sa méthode, c’est son histoire, c’est sa structure – que par la voie de boucher les trous. Elle y arrive, elle y arrive toujours. "Elle y arrive toujours", ça veut dire quand elle y arrive. Comme me disait une charmante amie que j’avais en un temps, qui n’était pas une lumière mais qui était une femme très charmante ; elle était vaudoise : "Rien n’est impossible à l’homme, me répétait-elle, avec sa modulation vaudoise, ce qu’il ne peut pas faire, il le laisse". C’est la même chose pour la science. Elle y arrive toujours, et c’est ce qui la rend sûre ; c’est qu’elle n’authentifie quoi que ce soit que quand elle en est sûre ; et là où elle n’est pas sûre, elle n’authentifie rien. Ça la fait sûre pour tout le monde. Moyennant quoi on ne peut pas dire que ça lui donne plus de sens.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Intervention à la Grande Motte

[ sélectivité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

anecdote

L'épisode de la girafe est resté emblématique des expéditions maritimes, et en particulier des relations entre la Chine et l'Afrique. En effet, la girafe offerte à la Chine par le souverain du Bengale Sayf ud-din lui avait été au préalable été donnée en cadeau par des envoyés musulmans d'Afrique. L'événement eut un grand retentissement à Nankin, car la girafe fut prise pour une licorne, animal qui dans l'imaginaire chinois était le symbole par excellence du bon gouvernement. Les fonctionnaires envoyèrent des mémoires de félicitations à l'empereur, qui vient en personne à la porte du Palais pour recevoir ce cadeau extraordinaire et qui ordonna qu'on peigne l'animal et compose des poèmes célébrant ce bon augure. En 1415, des émissaires de Malindi (Kenya) firent à leur tour présent d'une girafe à Yongle. C'est pour raccompagner ces émissaires chez eux que fut lancée la cinquième expédition, la première à gagner l'Afrique. D'autres girafes furent offertes en 1419 par Aden, en 1433 par Tianfang (La Mecque) et en 1438 à nouveau après le Bengale.

Auteur: Boucheron Patrick

Info: Histoire du monde au XVe siècle, p. 426

[ Asie ] [ malentendu ] [ historique ]

 

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rangement

Même s'il n'en subsiste aujourd'hui qu'une infime partie, la " Grande Encyclopédie de l'Ere Yongle" (Yongle Dadian), compilée au début du XV°s, appartient au patrimoine culturel de la civilisation chinoise. Cette somme, à vrai dire, et assez inclassable. Est-elle un " congshu", c'est-à-dire une "collection d'ouvrages" ? Ou bien un " leishu", un " ouvrage classé par matières", traduit en français, faute de mieux, par le terme "encyclopédie" ? Stricto sensu, elle n'est ni l'un ni l'autre - ou les deux à la fois - et la traduction par " Grande Encyclopédie" n'est qu'une convention. " Grande bibliothèque" irait tout aussi bien. En effet, les 7 à 8000 ouvrages qu'elle contient y ont été insérés dans leur intégralité (ce qui relève de la bibliothèque), mais par fragments, selon le sujet traité dans tel ou tel de leurs passages (ce qui ressemble à une encyclopédie). La méthode de classement retient l'attention par son originalité : le classement n'est pas par matières, comme il est d'usage dans les encyclopédies chinoises ( administration, rituel etc), mais par mots, comme dans un dictionnaire. Bibliographiquement parlant, la " Grande Encyclopédie" procède donc de plusieurs genres à la fois.

Auteur: Boucheron Patrick

Info: Histoire du monde au XVe siècle, p. 482

[ classification ] [ littérature ] [ citation s'appliquant à ce logiciel ] [ historique ] [ question ]

 

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homme-animal

Chez le villageois français de 1800, le cochon est l’animal domestique, qui souvent se promène librement dans la cour et dans la maison. Engraissé pendant un an, le cochon est abattu, généralement à la Toussaint, par un tueur de goret, maître local de l’art de la saignée. Ce tueur arrive équipé de tous ses outils, et les hommes de la famille l’aident dans son office : le cochon est pendu ou allongé, piqué à la carotide et saigné. Une fois mort, il est flambé, arrosé, raclé, puis suspendu, ouvert, éviscéré et dépecé. L’animal est ensuite entièrement transformé : pendant quelques jours, toute la famille, mais aussi souvent les voisins, participe au rituel, qui se clôt par un grand repas où les morceaux sont partagés. La tuerie du cochon est une fête qui marque le début de l’hiver et pendant laquelle un savoir et des gestes ancestraux sont transmis, par la répétition, des parents aux enfants. L’élevage, la tuerie, la transformation et la consommation : toutes ces étapes de production et de consommation sont mêlées, liées dans un continuum, selon une unité de temps, de lieu et d’acteurs.

Auteur: Galluzzo Anthony

Info: Dans "La fabrique du consommateur", éd. La découverte, Paris, 2020

[ viande ] [ méthode traditionnelle ] [ rite ] [ faire boucherie ] [ historique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

affronter

Parfois, le destin ressemble à une tempête de sable qui se déplace sans cesse. Tu modifies ton allure pour lui échapper. Mais la tempête modifie aussi la sienne. Tu changes à nouveau le rythme de ta marche, et la tempête change son rythme elle aussi. C'est sans fin, cela se répète un nombre incalculable de fois, comme une danse macabre avec le dieu de la Mort, juste avant l'aube. Pourquoi ? parce que la tempête n'est pas un phénomène venu d'ailleurs sans aucun lien avec toi. Elle est toi même et rien d'autre. elle vient de l'intérieur de toi. Alors la seule chose que tu puisses faire, c'est pénétrer délibérément dedans, fermer les yeux et te boucher les oreilles afin d'empêcher le sable d'y entrer, et la traverser pas à pas. Au coeur de cette tempête, il n'y a pas de soleil, il n'y a pas de lune, pas de repère dans l'espace ; par moments, même, le temps n'existe plus. Il n'y a que du sable blanc et fin comme des os broyés qui tourbillonne haut dans le ciel. Voilà la tempête de sable que tu dois imaginer.

Auteur: Murakami Haruki

Info: Kafka sur le rivage

[ épreuve ]

 

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femmes-hommes

Quand nous parlions de la femme du boucher Lopez. Ses filles allaient à l’école avec moi. Elle l’a accusé de viol. Depuis longtemps, en plus de la frapper, il abusait d’elle sexuellement. J’avais douze ans et cette nouvelle m’avait profondément marquée. Comment pouvait-elle se faire violer par son mari ? Les violeurs étaient toujours des hommes inconnus qui attrapaient une femme et l’emmenaient dans un terrain vague, ou alors qui pénétraient chez elle en forçant la porte. Depuis notre plus jeune âge, on nous apprenait que nous ne devions pas parler à des inconnus et que nous devions faire attention au Satyre. Le Satyre était une entité aussi fantastique que, dans la petite enfance, le farfadet qu’on nomma la Salopa ou encore l’Ogre au Sac. C’était l’être qui pouvait te violer si tu étais toute seule à une heure indue ou si tu t’aventurais dans des coins déserts. Celui qui pouvait surgir soudain et te traîner de force sur un chantier. Personne ne nous avait dit qu’on pouvait se faire violer par son propre mari, par son père, par son frère, son cousin, son voisin, son grand-père, son instituteur. Par un homme en qui on avait confiance.

Auteur: Selva Almada

Info: Les jeunes mortes

[ sexualité ] [ inégalité ] [ pensée-de-femme ]

 

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programmes tv

Je suis très déçu par Arte, j’espérais plus d’arrogance. Pour le moment, cette chaîne n’est qu’un tout petit ennui qui se traîne et dont il serait superflu de chercher à s’indigner. Son apparition s’annonçait comme le télé-événement le plus ringard de l’année, ce n’est qu’un épisode de plus de la dégringolade feutrée du spectacle décidément touché à mort. Par où agripper toutes ces vieilles choses lentes et grises, ces documentaires de patronage, ces soirées diapos, toute cette poudre aux yeux de fausse créativité, tout ce pénible moulin à prières et à contre-emploi, toutes ces litanies franco-protestantes où marmonne, à longueur de soirée, la bien-pensance culturelle la plus confite en dévotions ? […]

Arte, dont la vocation glaçante est de faire régner le chantage à la culture sur le réseau hertzien, n’a d’intérêt que si on se souvient encore de ce qu’elle est venue boucher et pourquoi. En fin de compte, c’est comme mémorial dénégatif que cette chaîne prend ses vraies dimensions. La disparition de la Cinq paraît déjà si lointaine que tout le monde l’a oubliée. […]

On a coulé Arte comme une chape de béton muséologique sur le télétchernobyl de l’explosion de la Cinq. Et, depuis, on voudrait bien faire croire que la première bataille perdue du spectacle n’a jamais eu lieu. Attendons les fissures.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 2 : Mutins de Panurge", éd. Les Belles lettres, Paris, 1998, pages 443-444

[ renouvellement foireux ] [ vacheries ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

littérature

Ici on n'a pas de grands commerces, d'usines, de manufactures, on n'a que ce qu'on gagne de la terre, autant dire rien. Ce n'est pas une vie. On est même si pauvres qu'on vend nos vaches pour la viande aux bouchers des grandes villes, on se contente du cochon et on en mange tellement sous toutes ses formes, fumé, écouenné, haché, salé, qu'on finit par lui ressembler, figure rose hure rougie, loin du monde, par combes noires et forêts. (...) La misère sexuelle, comme on la nommera plus tard, s'ajoute aux rôderies de la peur et de l'imagination du mal. Solitaire, on surveille la nuit, ébats d'amour de quelques nantis et de leur râlante complice, frôlement du diable, culpabilité vrillée dans quatre siècles de calvinisme imposé. Sans répit déchiffrer la menace venue du fond de soi et du dehors, de la forêt, du toit qui craque, du vent qui pleure ; de l'au-delà, d'en haut, de dessous, d'en bas : la menace venue d'ailleurs. On se barricade dans son crâne, son sommeil, son coeur, ses sens, on se verrouille dans sa ferme, le fusil prêt, l'âme hantée et affamée. L'hiver attise ces violences sous la longue neige amie des fous, les ciels rouges et bistre entre aube et nuit déshéritée, le froid et la mélancolie qui tend et ronge les nerfs. Ah j'oubliais l'effarante beauté des lieux.

Auteur: Chessex Jacques

Info: Le vampire de Ropraz

[ Vaud ]

 

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femmes-par-hommes

Trois jours plus tard, de ma chambre d’hôtel me parvenait le brouhaha assourdissant de ce qui semblait être une manifestation. De la fenêtre ouverte, on pouvait voir la rue recouverte de noir. C’était une manifestation de femmes. Des milliers de corps enveloppés de noir, en rangs serrés, tenant par la main chacune un jeune enfant, fille ou garçon, car “une femme pieuse ne va pas seule dans la rue”, selon la vulgate salafiste. Le flot de femmes était précédé de banderoles marquées de slogans qui semaient en moi la confusion : “La charia autorise quatre épouses”. Celui-ci illustré avec l’image d’une main à quatre doigts, le pouce étant retourné vers l’intérieur de la paume. Un autre slogan annonçait : “Le projet qui interdit la violence contre les femmes est discriminatoire et va à l’encontre des principes de la charia islamique.” Sur une troisième banderole, on pouvait lire : “Le projet interdisant de battre sa femme porte atteinte aux droits de l’homme, tels que définis par le verset 34 de la sourate des femmes.” La rue était parcourue d’un déluge noir impressionnant, plus effrayant dans sa réalité qu’un film d’horreur. Il suscitait en moi, moderniste particulièrement allergique aux ténèbres et à la terreur, une envie de vomir et de me boucher les oreilles !

J’étais à la fenêtre et je scrutais ce paysage surréaliste qui suscitait mon horreur......

Auteur: Habib Abdulrab Sarori

Info: La fille de Souslov, Ce n'est malheureusement pas de la fiction

[ oppression ] [ musulmanes ]

 

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