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sevrage

Les premiers jours de manque ont été un cauchemar.
J’ai connu la douleur mentale et la souffrance physique en simultané, dans un mélange subtil, et c’était si violent que j’étais devenu incapable de discerner l’une et l’autre. Des crampes dans tout le corps, l’impression d’être sur le point de chier mes intestins, de vomir mon foie et l’ensemble de mon appareil digestif. Des suées qui alternaient entre la congélation de mon épiderme et des bouffées de chaleur dignes des climats tropicaux. Des maux de têtes intenables, avec l’impression d’avoir la boite crânienne prise dans un étau. Les mâchoires douloureuses, la bouche noyée de salive, les yeux portés à incandescence dans les orbites au moindre rayon de lumière un peu vive. La certitude que le fil de mes pensées m’échappait complètement, que mon cerveau ne m’appartenait plus du tout, et que rien d’autre que le manque n’avait de réalité. Aucun raisonnement possible, pas de répit à l’envie permanente.

Auteur: Gilberti Ghislain

Info: Dynamique du Chaos

[ endurer ]

 

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raz de marée

Une grosse bouffée blanche, qu'elle prend d'abord pour de la fumée, s'élève le long des maisons et des pins qui délimitent la côte. Mais ce n'est pas de la fumée, c'est une longue masse d'eau qui explose par-dessus la digue, fracassant tout sur son passage. Un instant plus tard arrive le bruit : sourd et menaçant, comme un roulement de tonnerre emplissant l'air, tandis que l'eau pulvérise le rivage et commence à attaquer la plaine, s'engouffre dans les maisons et les submerge. Son corps noir et massif couronné d'écume bouillonnante s'écrase contre l'école élémentaire et l'engloutit en l'espace de quelques secondes. Yuki aperçoit une petite voiture blanche happée par la vague, puis quelque chose d'autre, de carré, en forme de boîte. Une cabane ? Non, quelque chose de plus grand : une petite maison – une maison ! – qui se brise en mille morceaux sous ses yeux. Et toute cette eau sombre semble prendre de la vitesse, en même temps que son rugissement se fait de plus en plus effroyable.

Auteur: Sedgwick Julian

Info: Tsunami Girl

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

femmes-par-hommes

Quand elle était petite, j'avais toujours peur qu'elle ne meure. C'est une idée que j'avais, tu vois. Parce qu'elle avait l'air si fragile et que moi, je ne l'avais pas aimée d'un coup. Ça m'avait pris le temps.
C'est quand elle a commencé à parler. Elle était toujours dans mes jambes. Elle venait à l'atelier; tiens, justement là où tu es, devant l'étal, c'était sa place. Elle me causait sans arrêt. Pourquoi ceci, pourquoi ça. Elle m'attrapait par les doigts. Tu l'aurais vue, Thérèse, en ce temps-là ! Ça ne devrait pas grandir.
(...)
Ça ne devrait pas grandir, mais forcément, ça grandit. Tout d'un coup, elle est devenue une femme. On ne s'y attend pas. Y a tout pour faire une femme, là, à côté de toi. Mais tu ne fais pas attention.
Jusqu'à ce que ça éclate. Tu es là avec quelqu'un d'autre. Un temps, tu te rassures : le corps a changé, mais dedans, c'est toujours ta petite fille, que tu t'imagines.
Jusqu'au jour où la femme a bouffé la gamine, de l'intérieur.

Auteur: Job Armel

Info: Baigneuse nue sur un rocher

[ grandir ]

 

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réconfort

La soupe de courge dégageait des volutes de chaleur. Yu Ling s'essuya les yeux, baissa le feu et s'accroupit. Dada entra à sa suite et vint se placer derrière elle. "Ling, je te promets que je ne jouerai plus jamais au bord de l'eau" souffla-t-il en collant sa tête tout contre son dos. Elle resta sans bouger, sensible à la moindre bouffée d'air chaud qui s'échappait de sa bouche. Il reposait contre elle de tout son poids. Elle ne savait pas de quoi demain serait fait mais il y avait au moins une chose dont elle était sûre : il avait besoin d'elle. Pas comme un enfant peut avoir besoin d'une nounou ou une femme d'un homme. A vrai dire, elle ne savait pas trop ce que c'était. Mais elle était heureuse qu'on ait besoin d'elle de cette manière-là. Amy avait dit "On est tous aussi démunis quand vient la souffrance", ce à quoi elle aurait aimé ajouter "On est tous aussi forts quand vient le bonheur". Un courant de chaleur lui traversa le coeur et, à cet instant précis, elle se sentit capable de porter le monde sur ses épaules.

Auteur: Yueran Zhang

Info: L'hôtel du cygne

[ chaud au coeur ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

maman

Car de cette demi-minute passée sous l'eau, me restait surtout l'image de ma mère, mais aussi la sensation corporelle de sa présence. Ce visage gigantesque, brillant devant mes yeux comme une visitation angélique, m'avait fait revivre cette proximité que j'avais sentie dans tant et tant de nuits froides, lorsque maman venait me border dans mon lit et caresser mes joues, en partageant avec moi la chaleur de son haleine comme une sorte d'élan vital. Et j'emploie cette expression sans aucune exagération, car pendant ces moments-là j'avais l'impression de pouvoir inhaler exactement la bouffée qu'elle venait d'inspirer et que cet air, ainsi enrichi, me protégerait pour traverser les longues incertitudes de la nuit. La sensation d'avoir un nez, et qu'il soit si près du sien, la sensation d'avoir une poitrine étroite et nouvelle, comme d'un pigeon, qu'elle emmitouflait avec soin, comme si c'était la sienne, ou même plus, comme si elle logeait dans un coin de cette minuscule cage d'os, toutes ces réminiscences de la petite enfance - cette époque où avoir une mère représentait une puissance évidente, inaliénable et éternelle - avaient été réactivées d'un coup et palpitaient aux tempes, aux oreilles et au nez, comme disant : "Anibal est toujours là, caché : cherchez-le".

Auteur: Casacuberta Pablo

Info: Scipion

[ littérature ]

 

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égoïsme

Je me sens la tête, et quelquefois le cœur gonflés, mais je ne puis rien achever et pour ainsi dire rien entreprendre. Je trouve le soir que le devoir a pris tout mon temps : il faut s’endormir comme la veille sans avoir pu suivre aucune de mes vues... Le besoin de produire sans explosion possible ! Il y a de quoi crever. Jugez de la fermentation ! C’est tout juste la machine de Papin. Quelquefois, pour me tranquilliser, je pense (sincèrement, sur mon honneur !) que ces espèces d’inspirations qui m’agitent comme une pythonisse ne sont que des illusions, de sottes bouffées du pauvre orgueil humain, et que si j’avais toute ma liberté, il n’en résulterait à ma honte qu’un ridiculus meus. D’autres fois, j’ai beau m’exhorter aussi bien que je puis à la raison, à la modestie, à la tranquillité, une certaine force, un certain gaz indéfinissable m’enlèvent malgré moi comme un ballon. Je me perds dans les nues... je voudrais faire, je voudrais, je ne sais pas trop ce que je voudrais. Peut-être que les circonstances me feront vouloir, à la fin une seule chose. Tiraillé d’un côté par la philosophie et de l’autre par les lois, je crois que je m’échapperai par la diagonale...

Auteur: Maistre Joseph de

Info: Lettre du 24 juillet 1785, à son ami le marquis de Barol

[ contraintes ] [ confession ]

 

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distraction

On dit que Sir Isaac Newton lisait un jour Troïlus et Cressida à la jeune fille qui devait être sa femme. Il ferma un moment le volume pour bourrer et allumer sa pipe. Il tira quelques bouffées de tabac, s'arrêta quelques secondes, remit sa pipe à la bouche et se rapprocha de la jeune fille.
Il y eut une pause embarrassante de plusieurs minutes. Sir Isaac devenait de plus en plus troublé. Évidemment, il allait faire sa déclaration. La jeune fille baissa les yeux en rougissant. Le philosophe se mit à fumer avec un redoublement d'ardeur, et, saisissant la main de sa maîtresse, il l'approcha de son coeur. La jeune fille troublée n'offrit aucune résistance. On touchait au moment solennel.
Sir Isaac serra cette douce main, tout en continuant à regarder vaguement les nuages de fumée qui montaient en spirales, puis il saisit l'index de la jeune fille et l'introduisit à différentes reprises dans le fourneau de sa pipe, en pressant sur le tabac.
Dans sa distraction, le philosophé s'était servi du doigt de sa maîtresse comme d'un bourre-pipe !
La demoiselle poussa un cri de douleur, dégagea sa main et s'enfuit à la hâte. Elle ne paraît pas avoir gardé rancune à Newton, puisque plus tard elle devint sa femme.

Auteur: Dufresny Charles

Info: in le Dictionnaire encyclopédique d'anecdotes modernes, anciennes, françaises et étrangères d'Edmond Guerard

[ courtiser ] [ couple ]

 

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poème

il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je suis trop coriace pour lui,
je lui dis, reste là, je ne veux pas
qu’on te
voie.

il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je verse du whisky dessus et inhale
une bouffée de cigarette
et les putes et les barmens
et les employés d’épicerie
ne savent pas
qu’il est
là.

il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je suis trop coriace pour lui,
je lui dis,
tiens-toi tranquille, tu veux me fourrer dans le
pétrin ?
tu veux foutre en l’air mon
boulot ?
tu veux faire chuter les ventes de mes livres en
Europe ?

il y a dans mon coeur un oiseau bleu qui
veut sortir
mais je suis trop malin, je ne le laisse sortir
que de temps en temps la nuit
quand tout le monde dort
je lui dis, je sais que tu es là,
alors ne sois pas
triste.

puis je le remets,
mais il chante un peu
là-dedans, je ne le laisse pas tout à fait
mourir
et on dort ensemble comme
ça
liés par notre
pacte secret
et c’est suffisamment sympa
pour faire
pleurer un homme, mais
je ne pleure pas,
et vous ?

Auteur: Bukowski Charles

Info: Last Night of the Earth Poems 1992

[ égoïsme ]

 

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question

L’aïeul interrogea le chien. Il dit, l’aveugle, quand tu étais jeune, combien de chiennes as-tu connues ?

Le chien le regardait sans comprendre.

Il dit, dis la vérité, l’aveugle, il n’y a personne d’autre que toi et moi ici, tout est tranquille.

Le chien continuait à le regarder sans comprendre.

Tu ne veux pas parler, tant pis. L’homme poussa un soupir. Un peu déprimé, il alluma sa pipe. Face à l’obscurité, il dit, comme c’est bon d’être jeune, d’avoir un corps fort et une femme la nuit. Si la femme est intelligente, au retour du champ, elle t’apporte de l’eau, et si ton visage est en sueur, elle te passe un éventail. Les jours de neige, elle te chauffe le lit. Si durant la nuit vous vous êtes retrouvés, et que tu te lèves tôt le matin pour aller au champ, elle te dit de te reposer encore un moment. Vivre de cette façon, il inspira énergiquement une bouffée de sa pipe, puis expira longuement, caressa le chien et poursuivit, vivre de cette façon, c’est vivre comme les immortels.

Il demanda, tu as eu ce genre de vie toi, l’aveugle ?

Le chien demeura silencieux.

Il dit, qu’en dis-tu, l’aveugle, est-ce que ce n’est pas pour ce genre de vie que les hommes viennent au monde ?

Auteur: Lianke Yan

Info: Les jours, les mois, les années

[ vie à deux ] [ couple ] [ homme-animal ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

déclaration d'amour

Si tu n'avais pas d'enfants et une famille, tu serais une poétesse, Ekaterina, une grande poétesse, me disait-il souvent. L'élément sauvage et païen en toi jaillirait sous les formes verbales les plus merveilleuses, maîtrisée, ta féminité transmettrait par des rimes et le rythme de tes vers, la profondeur du sens étonnerait par des nuances et des détails inattendus. Tu créerais une musique, Ekaterina, une musique faite de mots tout comme, en ce moment, tu crées une harmonie et une musique à partir de cette demeure, Ekaterina, à partir de chaque instant où nous sommes ensemble. Tu es une magicienne, Ekaterina, tu transformes la vie ordinaire en poésie et en éternité, c'est pourquoi tu aurais dû être une poétesse, Ekaterina.

Moi je riais, évidemment, en entendant ses mots, mais en quoi les enfants m'empêchent-ils, Mina, d'être une grande poétesse, lui rétorquais-je pour plaisanter, si je pouvais créer des vers sublimes, rien ne pourrait m'arrêter.

Tu as du talent, Ekaterina, me disait votre père, tu ne dois pas le laisser sans bouffées d'air, tu ne dois pas l'étouffer sous le lourd fardeau de la maternité et des soins que tu nous prodigues, tu dois garder du temps pour toi, uniquement pour toi, et écrire, chaque jour tu dois écrire quelques pages dans ton journal intime, décrire l'essentiel, tes impressions, tes idées, tes sensations, tes rêves. Promets-moi, Ekaterina, que tu ne perdras pas ton talent à cause de nous.

C'est ainsi que me parlait votre père.

Auteur: Dimova Teodora

Info: Les dévastés

 

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Ajouté à la BD par miguel