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disparition

Autre chose encore, parallèle au miroir, a disparu : c'est le portrait de famille, la photo de mariage dans la chambre à coucher, le portrait en pied ou en buste du propriétaire dans le salon, le visage encadré des enfants un peu partout. Tout ceci constituant en quelque sorte le miroir diachronique de la famille, disparaît avec les miroirs réels à un certain niveau de modernité (dont la diffusion est encore relativement modeste) Même l'œuvre d'art, original ou reproduite, n'y entre plus comme valeur absolue, mais sur un mode combinatoire. Le succès de la gravure dans la décoration, de préférence au tableau, s'explique entre autres par sa moins grande valeur associative. Pas plus que la lampe ou le miroir, nul objet ne doit redevenir un foyer trop intense

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Le système des objets (1968, Gallimard, 288 p.)

[ évolution ] [ destruction de l'image familiale ]

 

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cadavre

vendredi 22 février - Le dos de Michel le Brave s'appuie contre un chêne et ses jambes étendues sur le sol disparaissent à demi sous l'amoncellement de la neige. sa grande arquebuse, qu'il ne quittait jamais, fait avec son buste un angle bizarre. Son visage est d'un blanc de cire. Le cachet de l'éternel silence scelle ses lèvres, et la tête de mort apparaît déjà à travers cette face dont les yeux dilatés regardent comme deux yeux de verre. Mon compagnon a quitté le théâtre de la vie pour celui de l'autre monde. Que vais-je faire de son corps? Je ne puis le laisser là, sur le revers du chemin, pour que les loups et les corbeaux le déchirent, mais, par ailleurs, je n'ai aucun outil propre à fouiller le sol.

Auteur: Dôle Gérard

Info: Le Mystère Van Helsing

[ pantin ]

 

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couple

Avant de se coucher, Shinji, assis sur la natte, le buste droit, son sabre posé devant lui, avait fait à sa femme un discours militaire. Une femme qui devient femme de soldat doit savoir que son mari peut mourir à tout moment, et résolument l'accepter. Ce pourrait être demain. Ou le jour d'après. Mais, dit-il, peu importe quand, était-elle absolument ferme dans sa résolution de l'accepter ? Reiko se leva, ouvrit un tiroir du secrétaire et y prit le plus cher de ses nouveaux trésors, le poignard que lui avait donné sa mère. Revenue à sa place, elle posa sans un mot le poignard devant elle, comme son mari avait posé son sabre. Ils se comprirent en silence aussitôt, et le lieutenant ne chercha plus jamais à mettre à l'épreuve la résolution de sa femme.

Auteur: Mishima Yukio

Info: Dojoji et autres nouvelles

[ japon ] [ fidélité ] [ tradition ] [ suicide ]

 

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tissage

Était-il possible de se moquer d’un métier dont elle avait tiré tant d’années sa subsistance pour elle et ses deux enfants ? Ce n’était possible que pour un esprit inintelligent et superficiel. Edevart se sentait fâché contre elle. Il observait comme elle s’asseyait devant son métier, les genoux rapprochés pour paraître décente, elle qui venait justement de lui promettre une nuit ardente, sans avoir honte. Elle avait désappris la nature et appris l’artifice. Quand elle lui avait montré son jupon de dentelle, elle avait soulevé sa robe du bout de ses doigts, comme avec des pinces. Comment s’installait-elle autrefois à son métier ? Elle passait une jambe d’abord, sa jupe légère se tendait sur sa cuisse, son buste se courbait par deux fois, puis elle s’asseyait. C’était une belle et saine jeune femme qui s’asseyait à califourchon…

Auteur: Hamsun Knut

Info: Dans "Vagabonds", édition Pochothèque, trad. J. Petithuguenin, page 1124 - description de l'attitude de Lovise qui redécouvre, après un long séjour aux Etats-Unis, le quotidien qu'elle avait délaissé en Norvège

[ mépris ] [ maniérée ] [ érotisme ] [ femme-homme ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

écrivain-sur-écrivain

Je ne comprends pas les gens qui trouvent que Michel Houellebecq n’a pas de style. Faut-il qu’ils manquent d’oreille ! Houellebecq a le style imperturbable, c’est bien différent — le style Buster Keaton, deadpan, pince-sans-rire, tongue-in-cheek. En fait c’est un des tons les plus difficiles à trouver et surtout à garder, à tenir sur la distance. Lui s’acquitte de cet exercice de haute voltige avec une virtuosité sans égale, qui forcément se doit de rester discrète, comme tout le reste : il y a là une contradiction dans les termes, cette maestria pataude, qui fait toute la tension de la phrase et de la page, page après page (je suis en train de lire Sérotonine). Un autre avantage, c’est un effet comique permanent. On connaissait l’Apocalypse en riant, voici la dépression planétaire à se tordre : plus c’est triste, plus c’est drôle ; plus c’est désespéré et désespérant, plus on s’amuse.

Auteur: Camus Renaud

Info:

[ éloge ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

vieillir

Au-delà de trente ou quarante ans, tout homme libre est une sorte de survivant qui regarde se dissoudre dans le néant ceux qui furent les prochains de sa jeunesse. Certains sont morts, d’autres errent dans ces limbes où ils attendent le terme d’une existence déjà révolue. Tout est consommé, ils portent le masque définitif de la quarantaine. Ce sont des fonctionnaires ou des commerçants, des pères ou des communistes : leur définition les épuise. A moins qu’ils ne deviennent Un Tel, c’est-à-dire leur buste. [...]

Le temps de la camaraderie est fini. Disparus en haut ou en bas, les copains sont perdus de vue. Après la trentaine les relations de sympathie laissent place aux relations sociales : de classe et de métier. Et la femme travaille patiemment à cette insertion. L’individu qui s’impose malgré tout de revoir ses anciens camarades a l’impression de remplir une sorte de rite, comme ceux qui s’accomplissent sur les tombes.

Auteur: Charbonneau Bernard

Info: Dans "Je fus", R&N Éditions, 2021, pages 101-102

[ liens sociaux ] [ persona ] [ réduction des possibles ] [ pessimisme ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

apparences

RUBEK : Non, te dis-je, ce ne sont pas de vrais portraits.

MAJA : Qu'est-ce donc ?

RUBEK : Il y a dans ces bustes et derrière ces bustes quelque chose de suspect… quelque chose qui s'y dérobe, qui s'y cache sournoisement, et que les hommes ne peuvent distinguer.

MAJA : Vraiment ?

RUBEK : Je suis seul à le voir. Et je m'en amuse en secret. Extérieurement, on y remarque cette "ressemblance frappante" dont les gens s'ébahissent, s'émerveillent… Mais là, bien au fond, se dissimule tantôt une brave et honnête moue de cheval, tantôt le mufle d'un âne entêté, ou une tête de chien au front plat, aux oreilles pendantes, ou bien encore un groin de porc bouffi, parfois aussi l'image d'un taureau stupide et brutal.

MAJA : En un mot, tous nos bons animaux domestiques.

RUBEK : Oui, Maja, rien que nos bons animaux domestiques… ceux que les hommes ont défigurés et qui les ont défigurés à leur tour.

Auteur: Ibsen Henrik

Info: Quand nous nous réveillons d'entre les morts. Acte I.

[ entourloupettes ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

grande beauté

Un homme illustre parmi les grands dit alors au pahlavân du monde : “Mehrâh tient derrière le voile une fille dont le visage est plus beau que le soleil. Elle est de la tête aux pieds comme de l’ivoire, ses joues sont comme le paradis, sa taille est comme un chêne. Sur ses épaules d’argent tombent deux boucles musquées dont les bouts sont courbés comme des anneaux de pieds. Ses joues sont comme la fleur du grenadier, ses lèvres sont comme des cerises, et de son buste d’argent s’élèvent deux pommes de grenade. Ses deux yeux sont comme deux narcisses dans un jardin, ses cils ont emprunté leur couleur à l’aile du corbeau, ses deux sourcils sont comme un arc de Tarâz couverts d’une écorce colorée délicatement par le musc. Si tu vois la lune, c’est son visage ; si tu sens le musc, c’est le parfum de ses cheveux. C’est un paradis orné de toutes parts, rempli de grâces, d’agréments et de charmes.” Ce discours fit bondir le cœur de Zâl, et le repos et la prudence l’abandonnèrent.

Auteur: Ferdowsi Abū-l-Qāsim Manṣūr ibn Ḥasan al-Ṭūṣī

Info: Le livre des Rois

[ femme-par-homme ] [ sublime ] [ extraordinaire ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

néant

Je me suis étendu sur la couverture, le buste adossé à la tête du lit, et Irène s’est tournée vers moi, allongée sur le flanc, une main sous son visage. Je lui ai dit : "J’ai l’impression que rien n’existe, que tout n’est qu’une illusion de mon esprit." Ces mots énormes, trop grands, trop abstraits, ont à eux seuls commencé à faire dégonfler l’angoisse. Adressés à quelqu’un, ils semblaient presque grotesques. J’insistai tout de même : "Mais toi, tu es sûre qu’il y a quelque chose, tu es sûre que j’existe là, devant toi ?"

Je ne me souviens plus exactement de ce qu’après un bref instant de silence, en prenant ma main, elle a répondu à mon interrogation. Quelques mots presque maladroits mais simples, pleins – et prononcés par quelqu’un.

Et, précisément, je n’avais pas besoin d’une réponse, d’une démonstration, ni surtout d’un repli supplémentaire dans la conscience. Seule l’évidence d’une autre présence humaine était bienfaisante. Je me suis affaissé, un peu soulagé, et suis resté un moment immobile, les yeux ouverts, à écouter la respiration d’Irène qui se rendormait lentement, sentant l’épaisseur et la chaleur de sa main autour de la mienne.

Auteur: Lochmann Arthur

Info: Dans "Toucher le vertige", éditions Flammarion, 2021, pages 94-95

[ matérialité réconfortante ] [ surmentalisation ] [ parler ]

 

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criminel

Dans l’année 415 [avant J.-C.], les Athéniens entreprirent leur expédition contre la Sicile, dont le principal instigateur fut Alcibiade. C’était là un terrible coup de dés, mais Alcibiade était doté d’un si grand génie qu’il aurait bien pu réussir. Les Athéniens ont commis la folie, politiquement parlant, de rappeler Alcibiade presque immédiatement après le départ de la flotte. Alcibiade n’a pas apprécié ce rappel et il s’est enfui à Sparte. Il a ruiné Athènes. Plus que tout autre, il fut l’artisan de la ruine d’Athènes. Alors que l’expédition se préparait, les Athéniens se sont aperçus un matin au réveil que la plupart des Hermès – des piliers surmontés d’un buste, habituellement celui d’Hermès – avaient été mutilés pendant la nuit. C’était là un acte au plus haut point blasphématoire, mais il avait également une certaine connotation politique. En quelque manière, la statue d’Hermès était liée à la démocratie et le peuple pressentait qu’une activité subversive avait eu lieu. Ensuite, des résidents étrangers […] ont révélé que d’autres mutilations de statues avaient eu lieu auparavant, mais le grand scandale fut la profanation des mystères d’Éleusis, les mystères les plus sacrés d’Athènes. La rumeur disait que l’horrible individu qui était derrière tout cela était Alcibiade. Tel était l’arrière-plan du rappel d’Alcibiade et de sa fuite. Il savait que la condamnation à mort était inéluctable en ces jours d’hystérie collective, comme on dit aujourd’hui.

Auteur: Strauss Léo

Info: Dans "Sur le Banquet de Platon", trad. Olivier Sedeyn, éditions de l'éclat, Paris-Tel Aviv, 2006, pages 25-26

[ impitié ] [ rébellion ] [ histoire ] [ Grèce antique ]

 

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