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cauchemar

J’étais dur et froid, j’étais un pont, j’étais tendu au-dessus d’un ravin. Mes orteils d’un côté, mes doigts crispés de l’autre, je m’étais encastré solidement dans l’argile croulante. Les pans de mon habit flottaient à mes côtés. Loin au-dessous grondait le torrent glacé. Aucun touriste ne s’égarait vers ces hauteurs inaccessibles ; le pont n’était encore mentionné sur aucune carte. Aussi je restais tendu et j’attendais ; je ne pouvais faire autre chose qu’attendre. À moins de tomber, aucun pont, une fois en place, ne peut cesser d’être un pont.

Auteur: Kafka Franz

Info: Récits posthumes, cité par André Breton dans son Anthologie de l'humour noir

[ déréliction ] [ destin ] [ impasse ]

 
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Ajouté à la BD par Plouin

cauchemar

Un rêve : deux groupes d'hommes étaient aux prises. Le groupe auquel j'appartenais s'était saisi d'un adversaire, un gigantesque homme nu. Cinq d'entre nous le maintenaient, l'un par la tête, les autres par les bras et les jambes. Nous n'avions malheureusement pas de couteau pour le tuer, nous demandâmes hâtivement à la ronde si quelqu'un en possédait un, personne n'en avait. Mais pour une raison quelconque, il importait de ne pas perdre de temps et comme il y avait un poêle à proximité et que sa porte de fonte, d'une taille extraordinaire, était rouge, nous y traînâmes l'homme et nous prîmes son pied que nous approchâmes de la porte jusqu'à ce qu'il commençât à fumer, puis nous le retirâmes et le laissâmes fumer pour recommencer aussitôt à le rapprocher de la porte. Nous procédâmes ainsi avec monotonie, jusqu'au moment où je me réveillai, non seulement baigné de sueur froide, mais encore claquant positivement des dents.

Auteur: Kafka Franz

Info: Journal

[ songe ]

 

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cauchemar

Fait le rêve suivant que mes propres cris de terreur ont interrompu, ainsi qu'il m'arrive souvent. Je me trouve à la salle Gaveau, au premier balcon. La salle est pleine, mais les musiciens ne paraissent pas encore. Autour de moi, on parle tout haut; je lis mon programme et n'écoute pas. À ce moment, quelqu'un murmure à mon oreille : "Il y a un changement de programme." Presque aussitôt, les lumières baissent, un grand silence se fait, puis la petite porte qui se trouve à gauche des orgues s'ouvre, et dans la pénombre, il entre quelqu'un. On le pousse par derrière. Plusieurs hommes en noir le suivent de près, le guident, car il a la tête prise dans une sorte de cagoule sans ouvertures. Quelqu'un lance vers le plafond une longue corde qui s'attache, je ne sais comment, à un crochet de fer. Cette corde semble vivante et heureuse, toute frémissante entre les mains de ceux qui en nouent l'extrémité. J'ai compris alors qu'on allait pendre l'homme en cagoule et de toutes mes forces j'ai crié.

Auteur: Green Julien

Info: Journal 5 février 1929

[ peine capitale ]

 

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cauchemar

Une brume d’un bleu pastel délicat stagne, accumulée au fond des vertigineuses tranchées qui s’ouvrent entre les parois verticales et parallèles des hautes façades, comme coupées au couteau dans une unique matière d’un brun noir. Elle enveloppe dans une transparence veloutée le flot docile des voitures semblable à quelque migration d’insectes. Précédées par les pinceaux de leurs phares, eux-mêmes veloutés, elles viennent s’accumuler aux croisements, s’immobilisent, repartent, s’égrènent, s’immobilisent de nouveau dans une sorte d’irréel silence, comme si le grondement qui s’élève de l’énorme ville, uniforme, étale pour ainsi dire, recouvrait ou plutôt absorbait indistinctement les millions de bruits confondus dans une unique et formidable rumeur, vaguement inquiétante, déchirée de loin en loin par le sporadique hululement de sirènes (police, ambulances, pompiers ?), croissant, s’exaspérant, strident, décroissant, mourant. Comme des cris de folles, d’oiseaux exotiques, ou les cornes de navires en perdition. Comme si la ville elle-même criait. Comme si, par intervalles, l’étincelant et orgueilleux amoncellement de cubes et de tours agonisait sans fin dans une sorte de diamantine apothéose, relançait de moment en moment vers le ciel opaque de longs signaux d’alarme, d’angoisse.

Auteur: Simon Claude

Info: Le jardin des plantes

[ irréalité ] [ léviathan ] [ sonorité ] [ trafic ] [ obscurité ]

 
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Ajouté à la BD par Plouin

cauchemar

Ma mère, dont je ne parle qu'avec terreur, me mettait en feu.
Et ce feu est resté dans mes veines. Le jour, il dort, mais, la nuit, il s'éveille, et j'ai des rêves effroyables. En présence de M. Lepic qui lit son journal et ne nous regarde même pas, je prends ma mère qui s'offre et je rentre dans ce sein d'où je suis sorti. Ma tête disparaît dans sa bouche. C'est une jouissance infernale. Quel réveil douloureux, demain, et comme toute la journée je serai triste ! Aussitôt après, nous redevenons ennemis. C'est maintenant moi le plus fort. De ces bras dont je l'enlaçais passionnément, je la jette à terre, l'écrase ; je la piétine, et je lui broie la figure sur les carreaux de la cuisine.
Mon père inattentif continue de lire son journal.
Je jure que, si je savais que cette nuit encore je ferai ce rêve, au lieu de me coucher et de m'endormir je m'enfuirais de ma maison. Je marcherais jusqu'à l'aurore, et je ne tomberais pas de fatigue, car la peur me tiendrait debout, tout suant et tout courant.

Auteur: Renard Jules

Info: journal 18 oct 1896

[ angoisse ] [ littérature ]

 

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cauchemar

Le dernier épisode lui était envoyé par une vessie pleine qui tira Arséni Andréiévitch du sommeil, quoique pas complètement.

En pilotage automatique, il quitta son lit et, sans ouvrir les yeux, pour rester en contact avec son rêve, il se rendit dans sa salle de bain à laquelle l'éclairage nocturne donnait une teinte légèrement verdâtre. Les deux pieds devant la cuvette, il abaissa son pantalon de pyjama et sa main s'aventura vers son bas-ventre. Rien. Elle ne parvenait pas à trouver l'objet de sa quête, l'appendice que l'organisme utilise en général pour se séparer d'un excès de liquide. Il lui fallut se réveiller afin de restaurer sa coordination. Ouvrant les yeux, il plaqua une main sur le mur, tandis que la seconde partait à la recherche de l'organe le plus important du corps masculin. Aucune trace... Tel un vieil ordinateur qui aurait planté, le cerveau d'Iratov analysait avec difficulté l'information transmise par voie tactile. Il dut se pencher pour activer sa vision. Et, à ce moment là, un cri d'agonie monta de sa conscience, comme si on venait de le perforer à l'aide d'un couteau électrique.

Il n'y avait rien !!! Que dalle !!!

Auteur: Lipskerov Dimitri

Info: L'Outil et les papillons

[ réveil ]

 
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Ajouté à la BD par miguel