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pouvoir sémantique

Socrate a dit : "Le mauvais usage du langage induit le mal dans l'âme". Il ne parlait pas de grammaire. Faire un mauvais usage de la langue, c'est l'utiliser comme le font les politiciens et les publicitaires, pour le profit, sans assumer la responsabilité du sens des mots. La langue utilisée comme un moyen d'obtenir le pouvoir ou de gagner de l'argent est mauvaise : elle ment. La langue utilisée comme une fin en soi, pour chanter un poème ou raconter une histoire, va dans le bon sens, vers la vérité. Un écrivain est une personne qui se soucie du sens des mots, de ce qu'ils disent et de la manière dont ils le disent. Les écrivains savent que les mots sont leur chemin vers la vérité et la liberté, et c'est pourquoi ils les utilisent avec soin, avec réflexion, avec crainte, avec plaisir. En utilisant bien les mots, ils renforcent leur âme. Les conteurs et les poètes passent leur vie à apprendre l'art et la manière de bien utiliser les mots. Et leurs mots rendent l'âme de leurs lecteurs plus forte, plus lumineuse, plus profonde.

Auteur: Le Guin Ursula K.

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[ exactitude ] [ beauté ] [ tromperie ]

 
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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

libéralisme sociétal

Voici donc venue l'ère de la pilule et de l'assignation à jouissance. Fin du droit de réserve sexuelle. Il faut que les femmes aient saisi qu'on les dépossédait de quelque chose d'essentiel pour qu'elles aient tellement résisté, par tout le spectre des actes "manqués", à l'adoption "rationnelle" de la pilule. Même résistance que celle des générations entières à l'école, à la médecine, à la sécurité, au travail. Même intuition profonde des ravages de la liberté, de la parole et de la jouissance sans entraves : le défi, l'autre défi n'est plus possible, toute logique symbolique est exterminée au profit du chantage à l'érection permanente (sans compter la baisse tendancielle du taux de jouissance lui-même ?)  La femme "traditionnelle" n'était ni refoulée ni interdite de jouissance : elle était tout entière dans son statut, nullement passive, et ne rêvant pas forcément de sa "libération" future. Ce sont les bonnes âmes qui voient rétrospectivement la femme de tout temps aliénée, puis libérée dans son désir. Et il y a un profond mépris dans cette vision, la même qu'envers les masses dites "aliénées" qu'on suppose n'avoir jamais été capable d'un cheptel mystifié.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: de la séduction (1988, 246 p., folio essais) p. 34, 35

[ société post 68 ] [ société de consommation ] [ émancipation néfaste ]

 

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économie politique

L’émergence de la survie peut donc s’analyser comme l’opération fondamentale de la naissance du pouvoir. Non seulement parce que ce dispositif va permettre l’exigence du sacrifice de cette vie-ci et le chantage à la récompense dans l’autre [...] mais plus profondément par la mise en place d’un interdit de la mort et simultanément de l’instance qui veille sur cet interdit de la mort : le pouvoir. Briser l’union des morts et des vivants, briser l’échange de la vie et de la mort, désintriquer la vie de la mort, et frapper la mort et les morts d’interdit, c’est là le tout premier point d’émergence du contrôle social. Le pouvoir n’est possible que si la mort n’est plus en liberté, que si les morts sont mis sous surveillance, en attendant le renfermement futur de la vie entière. [...]

C’est dans le suspens entre une vie et sa propre fin, c’est-à-dire dans la production d’une temporalité littéralement fantastique et artificielle (puisque tout vie est déjà là à chaque instant, avec sa propre mort, c’est-à-dire sa finalité réalisée dans l’instant même), c’est dans cet espace écartelé que s’installent toutes les instances de répression et de contrôle.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Dans "L'échange symbolique et la mort", éditions Gallimard, 1976, pages 212-213

[ pacte ] [ refoulement collectif ] [ immortalité imaginaire ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

musique

Martha Argerich parle mieux que personne de Chopin. Martha Argerich nous restitue Chopin dans sa vérité : viril, dur, net, et d'autant plus profond : on abandonne les mièvreries, les effleurements maniérés du clavier, les effusions au miel, les tempi languides, les déhanchements outrés et autres chichis de chochottes aux pianistes pour coiffeurs sensibles, décorateurs de vitrines ou visagistes, on laisse les effets de rubato à la pédale aux pianistes pour pédales ! [...] Les qui veulent de la sucrerie et du larmoyant, du Chopin sanglotant et dégoulinant de mélasse, faites pas chier ! Vous nous laissez entre mélomanes avertis, et vous, vous courez vous scotcher devant votre télé : chance ! c'est Jacques Chancel ! Vous avez remarqué qu'au Grand Echiquier, il y a toujours, toujours, toujours un pianiste virtuose ou prétendu tel, en smoking blanc, larges revers de satin blanc pailleté, pattes d'ef et noeud pap géant qui massacre allègrement un nocturne ou un prélude de Chopin, le noie sous le sirop d'orgeat, le sucre candi, la guimauve, la chantilly, l'interprète, ce nocturne ou ce prélude, comme s'il s'agissait de l'arrangement d'un tube balnéaire de l'été ? Tout ce que vous aimez !

Auteur: Léger Jack-Alain

Info: Zanzaro circus : Windows du passé surgies de l'oubli

[ classique ] [ romantisme ]

 

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contraste

Camille notre ainée allant faire irruption dans le monde, nous nous sommes décidés à nous unir devant les autorités. Principalement pour des raisons financières il faut bien le dire. Nos parents étaient contents, avec un regret non dissimulé par certains quant au fait que nous ne passerions pas devant un homme d'église. Mais tout cela était gommé de loin par le fait que les deux familles n'avaient jamais imaginé que leurs étranges volatiles se caseraient jamais. Fut donc organisée une petite fête informelle au refuge de Saint-Cierges, les deux familles au complet, chacun amenant partie des agapes et Denis, un de mes beaux-frères, chanta et joua un peu de guitare.
Ses parents ouvriers paysans, les miens intellos-bourgeois-aristo, le contraste était bien marqué. Mais tout se passa fort bien.
Au sortir de la fête, mon père, qui avec maman avait participé le jour précédent à un mariage prout-prout chez des amis proches (L'union d'un fils de banquiers-gros-propriétaires, devenu banquier lui-même, avec une fille d'avocat... devenue avocate !) ne put s'empêcher d'évoquer les deux célébrations.
Je sais qu'il fut profondément sincère en exprimant sa nette préférence pour notre convivial pique-nique forestier. Ici il y avait du coeur.

Auteur: Mg

Info: 10 juin 2013

[ sociologie ]

 

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femmes-hommes

Quand nous parlions de la femme du boucher Lopez. Ses filles allaient à l’école avec moi. Elle l’a accusé de viol. Depuis longtemps, en plus de la frapper, il abusait d’elle sexuellement. J’avais douze ans et cette nouvelle m’avait profondément marquée. Comment pouvait-elle se faire violer par son mari ? Les violeurs étaient toujours des hommes inconnus qui attrapaient une femme et l’emmenaient dans un terrain vague, ou alors qui pénétraient chez elle en forçant la porte. Depuis notre plus jeune âge, on nous apprenait que nous ne devions pas parler à des inconnus et que nous devions faire attention au Satyre. Le Satyre était une entité aussi fantastique que, dans la petite enfance, le farfadet qu’on nomma la Salopa ou encore l’Ogre au Sac. C’était l’être qui pouvait te violer si tu étais toute seule à une heure indue ou si tu t’aventurais dans des coins déserts. Celui qui pouvait surgir soudain et te traîner de force sur un chantier. Personne ne nous avait dit qu’on pouvait se faire violer par son propre mari, par son père, par son frère, son cousin, son voisin, son grand-père, son instituteur. Par un homme en qui on avait confiance.

Auteur: Selva Almada

Info: Les jeunes mortes

[ sexualité ] [ inégalité ] [ pensée-de-femme ]

 

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manipulation

Nous faisions une télévision barbare et vulgaire comme le veut la nature de ce média. Les Américains n’avaient plus rien à nous apprendre, en fait c’était nous qui repoussions les frontières du trash. Mais, de temps à autre, l’immémoriale âme russe émergeait des profondeurs. À un certain moment, nous avons eu l’idée d’un grand show patriotique. En demandant à notre public de nous indiquer ses héros, les personnages sur lesquels se fonde l’orgueil de la mère Russie, nous nous attendions aux grands esprits : Tolstoï, Pouchkine, Andreï Roublev, ou que sais-je, un chanteur, un acteur comme cela arriverait chez vous. Mais que nous ont donné les spectateurs, la masse informe du peuple habitué à courber le dos et baisser le regard ? Que des noms de dictateurs. Leurs héros, les fondateurs de la patrie, coïncidaient avec une liste d’autocrates sanguinaires : Ivan le Terrible, Pierre le Grand, Lénine, Staline. On a été obligés de falsifier les résultats pour faire gagner Alexandre Nevski, un guerrier au moins, pas un exterminateur. Mais celui qui a recueilli le plus de voix fut Staline. Staline, vous vous rendez compte ? C’est là que j’ai compris que la Russie ne serait jamais devenue un pays comme les autres. Non pas qu’il y ait eu un vrai doute.

Auteur: Empoli Giuliano da

Info: Le mage du Kremlin

[ aveuglement patriotique ] [ opinion publique ] [ propagande ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

accueil

Je m'abandonnai à l'haleine chaude du poêle. Ses tentacules me libérèrent de la tension musculaire qui avait fait de mon corps un bouclier. La perspective obsédante d'une nuit dehors et l'anxiété du vagabond sous la pluie s'estompèrent. Je n'étais pas à même d'apprécier d'emblée l'aménité de mes hôtes - j'ignore si c'est la fatigue ou une émotion plus profonde qui me fit trembler quand on m'offrit un bol de thé. Toutefois, je compris que des inconnus sacrifiaient leur confort déjà mince pour mon intérêt, et je mesurai la valeur qu'ils donnaient à ma vie. Ces gens - éleveurs et passants retenus par la pluie - nous laissaient poliment nous remettre. La femme vaquait à ses occupations, le chef de famille craminait une peau de marmotte. Nulle impatience n'altérait le sourire de nos hôtes qui venaient de nous soustraire aux caprices de la steppe. Je levai les yeux vers le toono. Mon geste dérouta mes hôtes mais je pus ainsi ravir un peu de la quiétude du campement. Tous les regards suivirent le mien en respectant mon silence. Je profitai des chants de la yourte : le souffle de l'argal au coeur de l'âtre, le bruit de paille de la pluie sur le toit, le grincement de la charpente, le vent pris dans la cheminée.

Auteur: Alaux Marc

Info: Sous les yourtes de Mongolie

[ simplicité ] [ Asie ]

 

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déclaration d'amour

Avec le même amour que tu me fus jadis
Avec le même amour que tu me fus jadis
Un jardin de splendeur dont les mouvants taillis
Ombraient les longs gazons et les roses dociles,
Tu m'es en ces temps noirs un calme et sûr asile.

Tout s'y concentre, et ta ferveur et ta clarté
Et tes gestes groupant les fleurs de ta bonté,
Mais tout y est serré dans une paix profonde
Contre les vents aigus trouant l'hiver du monde.

Mon bonheur s'y réchauffe en tes bras repliés
Tes jolis mots naïfs et familiers,
Chantent toujours, aussi charmants à mon oreille
Qu'aux temps des lilas blancs et des rouges groseilles.

Ta bonne humeur allègre et claire, oh ! je la sens
Triompher jour à jour de la douleur des ans,
Et tu souris toi-même aux fils d'argent qui glissent
Leur onduleux réseau parmi tes cheveux lisses.

Quant ta tête s'incline à mon baiser profond,
Que m'importe que des rides marquent ton front
Et que tes mains se sillonnent de veines dures
Alors que je les tiens entre mes deux mains sûres !

Tu ne te plains jamais et tu crois fermement
Que rien de vrai ne meurt quand on s'aime dûment,
Et que le feu vivant dont se nourrit notre âme
Consume jusqu'au deuil pour en grandir sa flamme.

Auteur: Verhaeren Émile

Info: Recueil : Les heures du soir

[ poème ]

 

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jazz

Si elle ne toucha pas le grand public de la même façon qu'a pu le faire Ella Fitzgerald, Billie eut toujours des aficionados dont le cercle s'agrandit encore aujourd'hui. Ceux qui écoutent Billie pour la première fois ne sont pas forcément séduits de prime abord. Sa voix ne frappe pas immédiatement par ses qualités extérieures. Son art est plus complexe, plus difficile à aborder, parce que plus ambigu. Tel le poète Paul Eluard qui "donnait à voir", la densité émotionnelle de Billie donne à ressentir. Ce n'est pas tant sa voix qu'il faut écouter que son coeur.
Ce qu'elle avait à partager était d'un domaine plus sombre e plus secret que ses consoeurs. Ses chansons reflètent ses bonheurs et ses désillusions, sa quête de l'amour, mais à fleur de peau. Et si elles touchent si profondément, c'est parce qu'elles expriment, d'une façon sous-jacente, la force de la sexualité qui lie une femme à un homme, la folie et la fragilité d'une relation amoureuse. Dans chaque chanson, il y a un mélange subtil de différents états d'âme. Billie n'est jamais entièrement joyeuse ou totalement amoureuse ou délaissée. Sa vérité est bien plus complexe. "Il paraît que personne ne chante comme moi le mot faim ou le mot amour, dit-elle. C'est sans doute parce que je sais ce que recouvrent ces mots." Elle a véritablement faim d'amour.

Auteur: Fol Sylvia

Info: Billie Holiday

[ musique ]

 

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