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identités

- Comment font-ils pour distinguer un musulman d’un chrétien ?

- Tu ne sais pas que chez nous la confession est inscrite sur la carte d’identité ?

- Et si… la personne n’a pas sa carte d’identité sur elle, elle échappe à la mort ?

- Ils arrivent toujours à connaître sa confession.

- Comment font-ils ?… par son nom ?… Reda par exemple, c’est un prénom musulman ou chrétien ?

- Ils les reconnaissent en les voyants ma chère !

- Comment ça ?

Et Nohad de supplier Jojo :

- Fait donc taire cette femme, je t’en supplie ! Qu’elle arrête avec ses âneries ! Comme si cette situation ne nous empoisonnait déjà pas assez l’existence…

(Durant la guerre civile au Liban, dans une famille maronite, une des épouses, autrichienne, converse avec la tante du mari )

Auteur: Douaihy Jabbour

Info: Rose Fountain Motel

[ religion ] [ creuset communautaire ] [ confusion ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

société

La civilisation, de nos jours, consiste à offrir quelques mètres carrés de terrain à chacun et à dire: "Faites ce que vous voulez sur ce terrain, que vous dormiez ou que vous restiez éveillé". Elle entoure de grillages ces quelques mètres carrés en vous interdisant, sous la menace, de faire un pas de plus, mais il est normal que ceux qui jouissaient de la liberté sur ces quelques mètres carrés désirent en jouir aussi au-delà de ces grillages. Les malheureux habitants de ces pays civilisés, du matin au soir, aboient en s'agrippant aux grillages. La civilisation, après avoir fait de chaque individu un tigre féroce en lui rendant la liberté, maintient la paix civile en le jetant dans une cage. Cette paix n'est pas la paix véritable. C'est celle d'un tigre au zoo, qui fixe les visiteurs, le corps tapi. Il suffirait qu'une seule barre de la cage cédât... et le monde serait sans dessus dessous.

Auteur: Natsume Soseki

Info: Oreiller d'herbes

[ prison ]

 

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déclic

Ignacio Abel s'obstine à pratiquer une lucidité rétrospective plus inutile encore pour le soulager de ses remords que pour corriger le passé. Il aurait voulu savoir à quel moment le désastre était devenu inévitable, quand ce qui est monstrueux avait commencé à paraître normal, était graduellement devenu aussi insignifiant que les actes les plus banals de la vie ; quand les mots qui encourageaient le crime, à qui personne n'accordait de crédit parce qu'ils se répétaient avec monotonie et n'étaient rien de plus que des mots, s'étaient transformés en crimes ; quand les crimes étaient devenus habituels au point de faire désormais partie de la vie publique normale. Aujourd'hui l'armée est le point d'appui et la colonne vertébrale de la patrie. Quand la guerre civile éclatera, nous n'accepterons pas d'être éliminés comme des lâches en tendant le cou à l'ennemi. Il existe un instant précis, unique, un point au-delà duquel le retour est impossible.


Auteur: Muñoz Molina Antonio

Info: Dans la grande nuit des temps, p 263

[ point de bascule ] [ amorce ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

loi supérieure

Nous grandissons tous avec l’idée que la loi est sacrée. Ils ont demandé à la mère de Daniel Berrigan ce qu’elle pensait du fait que son fils violait la loi. Après avoir mis le feu à des registres du bureau de conscription, probablement un des actes les plus violents de ce siècle, pour protester contre la guerre, il avait été condamné à la prison, comme il se doit pour un criminel. Ils ont demandé à sa mère âgée de plus de 80 ans ce qu’elle pensait du fait que son fils avait violé la loi. Elle a regardé le journaliste droit dans les yeux et lui a répondu : "Ce n’est pas la loi de Dieu". Et ça, on l’oublie. La loi n’a rien de sacré. Pensez à qui fait les lois. La loi n’est pas faite par Dieu, elle est faite par Strom Thurmond. Si on a le moindre sentiment de ce qui est saint, beau et révérencieux dans la loi, il suffit de bien regarder les élus du pays, ceux et celles qui font les lois.

Auteur: Zinn Howard

Info: Introduction au débat à l’université Johns Hopkins prononcée en mai 1970

[ éternelle-temporelle ] [ désobéissance civile ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

industrie

Le vestiaire me fascine. Il fonctionne comme un sas et, tous les soirs, une métamorphose collective spectaculaire s'y produit. En un quart d'heure, dans une agitation fébrile, chacun entreprend de faire disparaître de son corps et de son allure les marques de la journée de travail. Rituel de nettoyage et de remise en état. On veut sortir propre. Mieux, élégant.
L'eau des quelques lavabos gicle en tous sens. Décrassage, savon, poudres, frottements énergiques, produits cosmétiques. Etrange alchimie où s'incorporent encore des relents de sueur, des odeurs d'huile et de ferraille. Progressivement, l'odeur des ateliers et de la fatigue s'atténue, cède la place à celle du nettoyage. Enfin, avec précaution, on déplie et on enfile la tenue civile : chemise immaculée, souvent une cravate. Oui, c'est un sas, entre l'atmosphère croupissante du despotisme de fabrique et l'air théoriquement libre de la société civile. D'un côté, l'usine :saleté, veste usée, combinaisons trop vaste, bleus tachés, démarche traînante, humiliation d'ordres sans répliques ( " Eh, toi!"). De l'autre, la ville : complet-veston, chaussures cirées, tenue droite et l'espoir d'être appelé "Monsieur".

Auteur: Linhart Robert

Info: L'établi

[ transmutation ] [ prolétariat ] [ apparence ]

 

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police de la pensée

Pour parler autrement, l’Histoire est sortie de l’ordre du naturel, ou de l’inconscient, c’est-à-dire de l’immortel. Elle est maintenant de l’ordre du conscient. Et, comme telle, elle est fragile. Il faut plaider pour elle, désormais. Il faut élaborer toute une néo-théologie, toute une historiologie, il faut essayer d’apporter des preuves de l’existence de l’Histoire comme on élaborait au Moyen Âge des preuves de l’existence de Dieu. […] D’où la mise en place de nouvelles valeurs absolues, toute cette démence autour de l’éthique, des droits de l’homme, du Bien, de l’humanitaire, tout ce développement international d’associations prêtes à se constituer partie civile au moindre signal, tous ces collectifs de surveillance, de vigilance et de repentance, toute cette Word Virtue Compagny, toute cette éthique planétaire, toute cette McEthic, tout ce chemin de croix de la pacification universelle, tout cela n’est rien d’autre que la constitution galopante du socle de la nouvelle théologie, et la justification par avance des persécutions à venir, de toutes les terreurs qui se préparent ou qui sont déjà là, contre les hérétiques du nouveau dogme. […] Dieu est mort, tout est permis ? L’Histoire est morte, rien ne l’est plus.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, page 112

[ ceintures de contention ] [ totalitarisme vertueux ] [ pouvoir sémantique rationalisé ] [ mondialisation ] [ anti transcendance ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

colonialisme

Relatant la longue campagne qu'il a menée en Kabylie, Saint-Arnaud note : " J'ai laissé sur mon passage un vaste incendie. Tous les villages, environ deux cents, ont été brûlés, tous les jardins, saccagés, les oliviers, coupés. Nous avons passé. " Passé donc en cette région où l'ampleur des destructions rend impossible le retour des populations civiles, qui n'ont d'autre choix que d'abandonner des lieux et des terres où elles ne peuvent plus vivre. Conformément aux plans élaborés par l'état-major pour venir à bout des résistances rencontrées, les saccages systématiques favorisent des expulsions en masse, et tout cela contribue, comme le souhaitait Hain, à " déblayer le sol de la population indigène " en privant les combattants de leurs bases arrière. Sous le Second Empire, dans les années 1860, alors que les canons français tonnent en Cochinchine, les actions des soldats de Bugeaud sont toujours relatées avec précision dans les dîners de la bonne bourgeoisie lilloise, qui sait les " hameaux rebelles pris le soir " et réduits en cendres le matin, " ces brutes " arabes, fermées "au progrès", s'étant " laissé brûler avec leurs gourbis ". Sans doute est-ce jugé " un peu fort", mais "que voulez- vous ? La guerre est la guerre ", affirme-t-on tranquillement.

Auteur: Le Cour Grandmaison Olivier

Info: Coloniser, Exterminer : Sur la guerre et l'Etat colonial

[ oppression ] [ sauvagerie ] [ justification ]

 
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monothéïsme

Il faudra attendre encore trois ou quatre siècles pour que ce messianisme se transforme en un explosif puissant, capable un jour d’être adopté par des non-Juifs, des Arabes qui sauront s’en servir.

Au 2e siècle avant J.C., le danger pour les Juifs ne venait plus de Babylone, mais des descendants d’Alexandre qui contrôlaient la Judée où leurs mœurs s’imposaient de plus en plus. Les Juifs ne risquaient plus cette fois d’être exilés à l’étranger, mais de disparaître sans avoir quitté leur terre, avalés et digérés par un vigoureux mouvement de mondialisation culturelle : l’hellénisme.

Devenir grecs, c’était pour ces Juifs subir l’exil d’eux-mêmes, à l’intérieur d’eux-mêmes.

En 175 avant J.C. Jérusalem fut transformée en ville grecque, ce qui déclencha une guerre civile atroce entre Juifs attachés aux traditions, et Juifs hellénisés favorables au mélange des cultures. À cette occasion, et pour la première fois, le martyre pour Dieu fut proposé aux Juifs comme un idéal – idéal qu’on retrouvera dans le Coran, appliqué aux Moudjahidin. Cette guerre ruina le pays, jusqu’à ce que Pompée s’empare de Jérusalem en 63 avant J.C. : la Judée perdit alors pour toujours son indépendance et passa sous administration étrangère.

Auteur: Michel Benoît

Info: Naissance du Coran: Aux origines de la violence

[ historique ] [ Islam ] [ fanatisme ] [ sacrifice ]

 

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art pictural

De tous les portraits d'Atahualpa faits par le Titien, le plus fameux est sans doute celui peint dans les jardins de l'Alcazar, que l'histoire a retenu sous le titre du Conseil. L'Inca y est représenté en fils du Soleil, ceint de sa couronne écarlate, offrant son meilleur profil (l'artiste ayant pris soin de dissimuler son oreille abîmée pendant la guerre civile avec son frère), un perroquet bleu sur le bras, un bracelet d'or au poignet gauche. Il se tient debout devant une fontaine, sur le rebord de laquelle sont posés des paniers d'oranges et d'avocats. Un chat roux dort à ses pieds. Un serpent est enroulé autour de sa jambe. À l'arrière-plan, des palmiers montent vers le ciel où brillent ensemble le soleil et la lune, cerclés d'or et d'argent. Sur sa tunique d'alpaga, l'empereur a fait broder ses armoiries en fils d'or : on y reconnaît le château de la Castille, les bandes rouge et jaune d'Aragon, un faucon entre deux arbres, ainsi qu'une caravelle mauve découpée dans un soleil couchant, figurant son voyage depuis Cuba. Au centre, cinq têtes de puma sous un arc-en-ciel encadrent un fruit jaune aux pépins rouges, symbole de Grenade et de l'Andalousie.

Auteur: Binet Laurent

Info: Civilizations, pp 203-204, Grasset, 2019

[ verbalisé ]

 
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dictature

Au cours du XXe siècle, on a pu assister à un phénomène paradoxal qui a été judicieusement défini comme une "guerre civile légale".

Prenons le cas de l'État nazi.

Dès que Hitler eût pris le pouvoir (ou, comme on devrait peut-être le dire plus exactement, dès que le pouvoir lui fut livré), il promulgua le 28 Février 1933 un "Décret pour la protection du peuple et de l'État", qui suspendait les articles de la constitution de Weimar relatifs aux libertés personnelles.

Le décret ne fut jamais révoqué, si bien que le Troisième Reich peut être considéré, du point de vue juridique, comme un état d'exception qui a duré douze ans.

Le totalitarisme moderne peut être défini, en ce sens, comme l'instauration, par l'état d'exception, d'une guerre civile légale, qui permet l'élimination physique non seulement des adversaire politiques, mais des catégories entières de citoyens qui, pour une raison ou une autre, semblent non intégrables dans le système politique.

Dès lors, la création volontaire d'un état d'urgence permanent (même s'il n'est pas déclaré au sens technique) est devenue l'une des pratiques essentielles des États contemporains, y compris de ceux que l'on appelle démocratiques.

Auteur: Agamben Giorgio

Info: État d'exception (2003)

[ élimination de l'opposition ] [ pensée unique ] [ prétexte ]

 
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