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épopées source

Les aèdes (chanteurs) étaient capables à quelques années d'intervalles de reproduire, avec peu de variantes, des épopées purement orales. Le même phénomène a été observé en Afrique, en Océanie et dans d'autres sociétés, par exemple dans le Kurdistan. Cela dit, il est difficile de ne pas mettre en rapport la fixation des chants épiques et le développement de l'écriture alphabétique empruntée par les Grecs aux Phéniciens aux environs de 900 avant J.C.

Toute la question est de savoir quand les textes ont été fixés. Très tôt selon certains savants, pour d'autres pas avant 560 avant J.C. lorsque Pisistrate, "tyran", c'est-à-dire chef non élu d'Athènes, décida d'en donner une édition officielle. Ce sont là deux hypothèses extrêmes. Ce qui est certain est que ces textes, entre le moment où ils ont été fixés et l'année 1488 où ils ont été imprimés, ont peu varié. L'Iliade comme l'Odyssée portent la marque d'un compositeur "monumental" sachant ce qu'il va dire du début à la fin.

Auteur: Vidal-Naquet Pierre

Info: Le monde d'Homère, p. 23

 
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résumé

Nul artiste pourtant n'a été plus fidèle que lui, plus casanier. Il est né enraciné. Sans la tradition nourricière, sans l'héritage, sans Mozart bien-aimé, sans le siècle tel qu'il l'a pris, accepté et vécu (et vaincu, de cette seule victoire qu'on puisse avoir sur le siècle, tout artiste qu'on est : lui survivre), il eût peut-être été incapable de créer. Il conduit sa vie, et cette plus vivante vie, la fécondité créatrice, jusqu'à l'âge biblique de quatre-vingt-cinq ans. Et en famille. Pourtant il n'est mort ni patriarche ni prophète. Tout prédestinait cette existence à n'être qu'un parcours lisse. Elle a su traverser indemne tant de révolutions en art. Deux guerres mondiales ont quand même fini par la ruiner. La tourmente finale des années quarante l'obligeait à chercher son pain et son toit en exil. Qu'emmenait-il avec lui ? Presque rien, presque tout : ses quatre-vingts ans, sa femme, Pauline, et une capacité intacte de se laisser émouvoir par le monde, et de le dire au moyen de la musique.

Auteur: Tubeuf André

Info: Richard Strauss ou Le voyageur et son ombre

[ trajectoire ] [ compositeur classique ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

idées arrêtées

Au commencement, alors que le monde était jeune, il y avait beaucoup de pensées mais aucune vérité. L'homme faisait les vérités lui-même et chaque vérité était un composite de beaucoup de pensées vagues. Les vérités étaient partout dans le monde et elles étaient toutes belles. [...]

Il y avait la vérité de la virginité et la vérité de la passion, la vérité de la richesse et de la pauvreté, de l'économie et de la prodigalité, de l'insouciance et de l'abandon. Innombrables étaient les vérités et elles étaient toutes belles.

Et puis les gens sont arrivés. Chacun, au fur et à mesure de son arrivée, s'est emparé d'une de ces vérités et certains furent assez forts pour en saisir une douzaine.

Ce sont ces vérités qui rendaient les gens grotesques. Le vieil homme avait une théorie élaborée sur la question. Il pensait que dès que quelqu'un s'approprie une certitude, l'appele sa vérité et essaye de vivre sa vie en fonction d'elle, il devient grotesque et la certitude qu'il a adoptée devient un mensonge. 

Auteur: Anderson Sherwood

Info: Winesburg, Ohio

[ bêtise ] [ citation s'appliquant à ce logiciel ] [ principes ] [ intolérance ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

cinéma

A mes débuts, tout le monde faisait composer la bande sonore de ses films par un compositeur. (...) et puis j'ai commencé à m'apercevoir qu'au montage, j'utilisais des disques et que finalement, je préférais ça. J'aime bien la sonorité des disques. En plus je peux en faire ce que je veux : bref, faire ma musique moi-même dans la salle de montage. Vous voyez, tous mes disques sont là : parmi les plus grands morceaux, les meilleures chansons du monde, je n'ai qu'à choisir. (...) Je sais par avance quelles musiques j'utiliserai. Par exemple, pour Manhattan, je savais que j'allais utiliser Gershwin. Et j'ai tourné des scènes qui ne signifiaient pas grand chose en elles-mêmes, mais qui ont bien marché avec une musique qui collait parfaitement. (...)
Je ne fais pas de post-synchro. Jamais en auditorium en tout cas. Depuis que je fais des films, il m'est arrivé d'y avoir recours pour deux ou trois mots que je n'aurais pas pu récupérer sans ça, à cause de graves accidents techniques. Mais généralement, je ne fais pas de post-synchro.

Auteur: Allen Woody

Info:

[ image-son ]

 

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portrait

Le responsable kolkhozien chargé du ramassage et du stockage des baies était un homme que l'on eût dit fait d'éléments rapportés : une tête minuscule avec de petits yeux onctueux, mais conscients de leur propre dignité, sous un bonnet carré à l'ouzbèke, en tissu brodé noir argenté, le tout émergeant d'un long cou maigre surmontant, par ce qui ne pouvait être qu'une erreur de la nature, un corps massif ondulant comme de la pâte à tarte qu'il avait fait entrer avec les pires difficultés dans un veston de toile roussie, plein de taches, aux poches gonflées de factures. Sous la bedaine venaient des pattes étonnamment courtes, mais solidement accrochées et enfermées dans un pantalon bouffant de milicien. Par contre celui-ci ne s'insérait pas, comme aurait pu s'y attendre, dans des bottes d'allure martiale et les cordonnets qui auraient dû tirer le pantalon vers le bas se balançaient d'un air gaillard à la limite du cou-de-pied et des sandalettes beiges que son gros corps martyrisait. Tout cela réuni composait la personne de Tikhon Tikhonovitch Touguigkh, le responsable pour les baies de la coopérative kolkhozienne de l'arrondissement de Zima, la Station Hiver.

Auteur: Evtouchenko Evgueni Aleksandrovitch

Info: Les baies sauvages de Sibérie

[ vêtements ] [ composite ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

camouflage

Beaucoup pensent que le numérique a introduit le faux dans les images, puisque tout est modifiable à la palette graphique. La manipulation remonte aux débuts de la photographie au XIXe siècle : on altérait la courbe du visage des actrices, on effaçait le révolutionnaire russe tombé en disgrâce. Dès qu’il y a un intermédiaire entre le sujet et l’observateur, il y a tromperie. Non, ce que le numérique a modifié, ce n’est pas le moins (moins de vrai, moins de réalisme), mais le plus. À commencer par un ajout d’informations. Il est devenu possible d’inscrire la date, l’heure, l’ouverture, la vitesse d’obturation de l’appareil, l’ISO et le lieu, de manière automatique.

Chacun peut alors trier ses souvenirs de vacances selon ses propres critères, sans se préoccuper du sujet. Automatique.

Toutefois, dans la masse de bits composant la matière même de l’image, certains ont découvert que l’on pouvait ajouter des messages – ils ont puisé dans l’art ancien de la dissimulation, la stéganographie. Je suis capable de détecter ce procédé grâce à des algorithmes et de chercher si on a modifié le codage des pixels. Invisible à l’œil nu, mais mon cerveau a peut-être enregistré la perturbation, et mon état en serait le résultat.

Auteur: Paquet Olivier

Info: Composite

[ image subliminale ]

 

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concision

La conclusion du premier mouvement d’une symphonie de Dvorak (symphonie en fa majeur, assez rarement jouée) illustre bien cette sorte de mutisme, de "silence musical" ou de "musique qui se tait" comme dirait Federico Mompou (Musica callada). Dvorak a développé cet allegro initial autour d’un thème simplissime qui apparaît dès la première mesure de l’œuvre et consiste en une broderie en arpège du deuxième renversement de l’accord parfait de fa majeur : do fa ; do la do fa la fa. Il conclut son premier mouvement par ce même thème énoncé paisiblement en solo, sans le moindre soutien harmonique hormis la tenue de l’accord de fa majeur, aussitôt suivi d’un point final (c’est-à-dire sans la succession d’accords qui annoncent généralement, dans la symphonie romantique, la fin du morceau par une péroraison académique, parfois interminable et pompière). Cette fin peut prendre l’auditeur de court, comme surprirent en leur temps les fins abruptes de Ravel, bientôt suivi par les compositeurs qui héritèrent de lui l’art de savoir interrompre. – Quoi, c’est déjà fini ? – Oui, c’est fini, j’ai dit tout ce que je voulais dire. – Mais que vouliez-vous dire au juste ? – Eh bien, précisément cela : do fa ; do la do fa la fa. Le poumon, vous dis-je.

Auteur: Rosset Clément

Info: Dans "L'invisible" pages 23-24

[ interprétation ]

 
Mis dans la chaine
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sonorités

Il y a quelque ironie dans le fait d'écrire un livre sur ce que nos ancêtres connaissaient intuitivement, qui devait être un élément fondamental de la trame de leur vie et n'exigeait, aucune explication. Les premiers hommes entretenaient sans doute une relation intime avec leurs paysages sonores; ils avaient probablement appris à "lire" la biophonie pour en tirer des informations essentielles. Leur musique devait être une conversion complexe, sur plusieurs niveaux, des sons environnants, ceux de l'ensemble de la vie animale et du monde inanimé.

Notre musique reflète toujours les influences de notre milieu social, de notre éducation, de notre culture et des rapports à notre environnement physique. Pourtant, lorsque les compositeurs des trois derniers siècles ont fait valoir que leurs œuvres étaient inspirées par la nature, elles ne reflétaient en réalité que leur version idéalisée de celle-ci. Elle consistait pour l'essentiel en voix isolées, susceptibles d'être intégrées à leurs compositions de manière prédéterminée, mais ce n'étaient que de faibles échos de la nature. Comment notre musique a-t-elle pu se couper autant du monde naturel? Y a-t-il aujourd'hui quelqu'un capable de faire une musique traduisant nos liens ancestraux avec lui? À quoi notre musique ressemblerait-elle si nous pouvions exploiter toute l'expérience, toutes les techniques en notre possession et savions nous remettre en prise avec le règne animal, ne serait-ce que brièvement?

Auteur: Krause Bernie

Info: Le grand orchestre animal : Célébrer la symphonie de la nature

[ homme-animal ] [ question ] [ résonances ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

diachronie

Mais Rabelais et ses contemporains ?

Ils vivaient avant Descartes et se nourrissaient de scolastique et de théologie. C’est assez dire que l’homme, pour eux, n’était pas une pensée qui se pense. C’était l’union de deux éléments, d’origine, de nature, de destinée dissemblables : un corps matériel, et, dans ce corps, "comme hoste" une âme composite, plus qu’à demi matérielle, localement présente dans ce corps et coétendue à lui. [...] La mort, dès lors, c’est la rupture de cette union. Un phénomène "naturel", non pas. Une opération de Dieu. Un partage.

En d’autres termes, le corps, au moment fixé par la sagesse du Tout-Puissant, subit un anéantissement complet. Les hommes de ce temps n’ont pas encore l’idée qu’exprimera Voltaire deux cents ans plus tard dans le texte du Micromégas qui marque l’avènement de notre conception moderne, scientifique et naturelle, de la mort : "rendre son corps aux éléments et ranimer la nature sous une autre forme", c’est là, dit-il, "ce qu’il appelle mourir". Pour les contemporains de Rabelais qui ne savaient s’appuyer sur un ensemble constitué de doctrines chimiques, le corps était conçu comme s’anéantissant. Sa destruction libérait l’âme. Plus exactement, elle obligeait à s’en aller la partie la plus subtile et pour ainsi dire l’essence spirituelle de l’âme dont les autres parties suivaient le destin du corps. Et c’était là la mort : dissolution d’un composé, l’homme. Et une telle mort ne pouvait être que "totale".

Auteur: Febvre Lucien

Info: "Le problème de l'incroyance au 16e siècle", éditions Albin Michel, Paris, 1968, page 182

[ définition ] [ signification ] [ historique ] [ christianisme ]

 
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élitisme

La certitude d’être un destin implique d’être pour l’éternité. C’est-à-dire de souffrir dans l’étroitesse de l’instant présent. Elle installe dans le devenir et rend périlleuse la fixité des moments actuels. Sûr de son fait, il (Arnold) écrit à Rufer, en 1921 : "J’ai fait une découverte qui assurera la suprématie de la musique allemande pour les cent ans à venir." À savoir la composition à l’aide des douze sons. Nietzsche détruit le platonisme, l’enjambe et promeut son esthétique vitaliste ; Schönberg pulvérise la tonalité, la dépasse et fonde le dodécaphonisme. Fort de ces certitudes, le musicien, tout comme le philosophe, débouchent sur une éthique solaire et solitaire, radieuse et radicalement aristocratique. D'où une croyance indéfectible aux droits de la plus petite des minorités qui va avec une certaine morgue à l’endroit du plus grand nombre et des troupeaux attardés.

Formulant cette éthique qui assume ouvertement ce que Nietzsche appelait "le pathos de la distance", le compositeur écrit : "Si c’est de l’art, ce n’est pas pour les masses ; si c’est pour les masses, ce n’est pas de l’art." Il n’en démordra pas. Et peut-on lui donner tort ? Les régimes totalitaires, sous toutes leurs formes, pourvu qu’ils aspirent à l’homme unidimentionnel visent la musique populaire, pour les masses et pour des consommations qui ont moins à voir avec l’esthétique qu’avec l’idéologie ― de la révolution prolétarienne au grand Reich antisémite en passant par le marché généralisé.

Auteur: Onfray Michel

Info: Journal hédoniste : Tome 1, Le désir d'être un volcan. Arnold et Frédéric pp 370-371

[ beaux-arts ] [ dodécaphonisme ]

 

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