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vivre

De nos jours, il est fréquent que les individus considèrent que leur "véritable personnalité" s'exprime dans les activités auxquelles ils consacrent leur temps libre. Conformément à cette perception, un bon travail est un travail qui vous permet de maximiser les moyens de poursuivre ces autres activités à travers lesquelles la vie a enfin un sens. Le vendeur d'hypothèque travaille dur toute l'année avant de s'offrir des vacances au Népal pour escalader l'Everest. Au niveau psychique, la fixation hyperbolique sur cet objectif lui permet de tenir le coup pendant les mois d'automne, d'hiver et de printemps. Les sherpas semblent comprendre leur rôle dans ce drame intime et s'efforcent de faciliter avec discrétion son besoin de confrontation nue et solitaire avec le Réel. Il y a déconnexion totale entre son existence au travail et ses loisirs : dans la première, il accumule de l'argent ; dans le cadre des seconds, il engrange des nourritures psychiques. Les deux dimensions de son existence sont codépendantes et aucune ne serait possible sans l'autre, mais la forme que prend cette codépendance et celle d'une espèce de négociation entre deux subjectivités différentes plutôt que celle d'un tout cohérent et intelligible.

Auteur: Crawford Matthew B.

Info: Eloge du carburateur : Essai sur le sens et la valeur du travail

[ schizophrénie ] [ consumérisme ] [ contraste ]

 

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agonie

J'avais tout juste quatorze ans, et mon grand-père - pas le politique, l'autre - était en train de mourir. Il y avait un bruit qui venait de sa bouche et qui était différent toute autre chose. Pas même un gémissement parce que ce n'était pas de la douleur, pas comme mot qui pourrait avoir été difficile à énoncer, non. Il n'avait pas perdu la parole, mais, tout simplement, il n'avait rien à dire, rien à communiquer, aucun message réel, personne à qui parler, et n'était intéressé par quiconque, il était simplement seul avec le bruit qu'il émettait, un bruit, un "ahhhh" qui était seulement interrompu quand il devait prendre son souffle. Je l'observerais, hypnotisé, et je n'ai jamais oublié, parce que, bien que j'aie été seulement un enfant, quelque chose me sembla clair : c'était une existence en tant que telle, confrontée comme telle ; et cette confrontation, je l'ai compris, s'appelait ennui. L'ennui de mon grand-père s'exprimait par ce bruit, par ce "ahhhh", parce que sans cet "ahhhh" le temps sans fin l'aurait écrasé, et la seule arme que mon grand-père avait contre le temps était ce "ahhhh" faible qui n'en finissait pas.

Auteur: Kundera Milan

Info: identité, p. 74

[ dernière paroles ]

 

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sémantique expérimentale

Application francophone prévue pour l'accompagnement des changements d'habitudes de lecture apportées par le numérique, FLP développe un nouveau genre de classifiation lexicographique et permet aussi d'aller vers une lecture analytique approfondie, au sens sémantique du terme. Nous sommes ici dans le domaine des participants actifs au projet des Fils de La Pensée. 

C'est donc la proposition d'une nouvelle forme de slow slow thinking au sens où le logiciel, en dispensant un nuage de corrélats après tout résultat de recherche, aide le lecteur attentif et motivé, via la permutation intellectuelle des termes/concepts proposés par le nuage, à aller vers une lecture plus verticale, "arrêtée", puisque la grappe de corrélats "ouvre" la confrontation de sa propre réflexivité sémantique avec un corpus de termes plus étendu. Rencontre qui permettra, fortuitement, de comparer sa subjectivité avec une certaine objectivité du langage consensus. Ensuite l'usage de FLP en rétroaction aidera les plus assidus avec des investigations plus fouillées. Chacun sa sauce. 

On pourra aussi voir cette opération comme une confrontation/réflexion du factuel avec le téléologique, du contextuel avec le téléonomique voire même du performatif avec le constatif. Nous ne sommes pas très loin de l'idée de l'Heptapod B proposé par Ted Chiang.

Auteur: Mg

Info: 3 mars 2022

[ sérendipité ] [ citation s’appliquant à ce logiciel ] [ mode d'emploi ] [ non-séquentiel ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

capitalisme

Je parle de décadence, dit-il, jusqu'à quel point une société peut-elle être décadente ? Voyons les choses sous cet angle. Ce pays est probablement la capitale mondiale de la psychiatrie et de la psychanalyse. Le vieux Freud lui-même n'aurait jamais rêvé d'un groupe de disciples plus dévoués que la population des États-Unis - n'est-ce pas ? C'est la nouvelle religion, c'est le sucre d'orge intellectuel et spirituel de tout le monde. Et pourtant regarde ce qui se passe quand un homme devient vraiment dingue. On appelle les gendarmes, on le met vite hors de vue, on l'emmène et on l'enferme avant qu'il ne réveille les voisins. Pour l'amour de Dieu, dès qu'il ya confrontation on est encore au Moyen Âge. C'est comme si tout le monde avait passé un accord tacite pour vivre dans un état d'auto-illusion totale. Au diable la réalité ! Ayons tout un tas de jolies petites routes sinueuses et de jolies petites maisons peintes en blanc, rose et bleu bébé ; soyons tous de bons consommateurs, très solidaires, et élevons nos enfants dans un bain de sentimentalité - et si la vieille réalité surgit un jour et dit "Booouuuu", nous nous activerons tous un peu plus et ferons comme si rien ne s'était passé.

Auteur: Yates Richard

Info: Revolutionary Road

[ sur son erre ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

pratiques sexuelles

Plus personne ne sait très bien à quoi pouvait servir le sexe dans les temps historiques, et il est d’ores et déjà envisageable que l’on organise, pour tout ce qui relève de la sexualité, du désir, de l’orgasme, de la virilité, de la féminité, et aussi de l’éventail complet des anciennes "perversions", et même, dans un temps proche, de l’homosexualité à son tour normalisée, des journées "portes ouvertes", des semaines du patrimoine coïtal, comme on le fait déjà pour tant d’autres chefs-d’œuvre qui ne sont même plus, hélas, en péril ; et que le sexe, pour en finir une bonne fois avec ce tourment, soit reconstitué sous forme de parc d’attraction, d’Erosland ou de Baisepark. Il sera possible de venir s’y promener en famille afin d’y contempler sous vitrine les reliques d’un monde dépassé où régnaient encore des choses devenues impensables comme la division des sexes, les corps différenciés, le plaisir égoïste, le secret, les interdits, la conquête, l’immoralité, la trahison, la transgression, l’obscénité, la complicité, la complexité, l’opacité, la duplicité, la culpabilité, la lascivité et tant d’autres choses encore qui se nourrissaient non seulement de l’opposition entre femmes et hommes, mais aussi de la division entre public et privé, ou entre intime et collectif, et de toutes les séparations qui animèrent pendant des siècles la merveilleuse confrontation comique et dialectique d’Eros et de Thanatos.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 3", Les Belles Lettres, Paris, 2002, pages 23-24

[ banalisation ] [ désérotisation ] [ scénario science-fiction proche ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

autodestruction

Je ne veux pas me laisser aller à une sorte de dramatisation.

On aurait tort de croire que c’est très spécial à notre époque, toutes les époques se sont cru arrivées au maximum du point d’acuité de cette confrontation avec ce je ne sais quoi de terminal, d’au-delà du monde, où le monde - et dont le monde - en sentirait la menace.

Mais quand même aussi bien, puisque le bruit du monde et de la société, nous apporte l’ombre agitée d’une certaine arme incroyable, d’une certaine arme absolue, qui finit quand même par être maniée devant notre regard [1er essai nucléaire français le 13-02-1960], qui d’une façon, devient vraiment digne des Muses, ne croyez pas tellement que ce soit immédiatement pour demain, puisque déjà, au temps de Leibniz, on pouvait croire, sous des formes moins précises, que la fin du monde était là.

Tout de même, cette arme suspendue au-dessus de nos têtes, imaginez-la vraiment avec son caractère fonçant sur nous du fond des espaces, satellite porteur d’une arme encore cent mille fois plus destructrice que celle qui se mesure déjà à des centaines de mille fois plus destructrice que celles qui précédaient.

Et ce n’est pas moi qui invente puisque tous les jours on agite devant nous une arme qui pourrait vraiment mettre en cause la planète elle-même comme support de l’humanité.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans "L'éthique de la psychanalyse"

[ apocalypse ] [ fantasme appuyé par la technique ] [ bombe atomique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

éloge

Dans Mère Courage, la fatalité est sur la scène, la liberté est dans la salle, et le rôle de la dramaturgie, c’est bien de couper l’une de l’autre. Mère Courage, elle, est dans la fatalité, elle croit que la guerre est inévitable, nécessaire à son commerce, à sa vie, elle n’en fait même pas question. Mais ceci posé devant nous se passe hors de nous. Et au moment même où ce recul nous est donné, nous voyons, nous savons que la guerre n’est pas fatale : nous le savons, non par l’effet d’une prédication ou d’une démonstration, mais par cette espèce d’évidence viscérale qui naît de la confrontation du regardant et du regardé, et qui est la fonction constitutive du théâtre. ("C'est là le grand apport de Brecht, son théâtre fait l'économie d'un prêche et il est bien plus puissant." Arte, soirée Brecht, 23 mars 2019)
C’est ce dédoublement de la fatalité du spectacle et de la liberté du spectateur qui constitue la révolution théâtrale de Brecht.
Un nouveau style est né, celui d’une pure narration, où le spectateur lui-même apporte la dimension de sa liberté : il comprend qu’il a lui aussi ses innombrables guerres de Trente Ans, qu’il y est, comme Mère Courage, aveugle, conscient de perdre à chaque bataille un peu plus de ce qu’il aime ; mais il comprend aussi qu’il lui suffit de voir cette fatalité pour qu’il ne reste plus d’elle qu’un malheur remédiable.

Auteur: Barthes Roland

Info: France-Observateur, 8 juillet 1954, Admirables représentations de Mutter Courage par le Berliner Ensemble

 

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Ajouté à la BD par miguel

couple

Bordeaux, le 2 juillet 1933

Le mariage, mon cher ami, est un étrange état. On avait des amis : on les oublie ; des habitudes : on les abandonne. On avait avec la vie, avec les êtres, mille confrontations : on n'a plus pour se mirer que ce miroir sentimental qu'est l'épouse. Et ce n'est pas assez encore : il faut qu'on se plaise à cet agréable servage. On rencontre une femme ; on découvre qu'on l'aime ; qu'on est aimé. On juge la vie désormais, sans elle, bien médiocre. On se promet de lui consacrer tous ses jours. On se gorge d'égoïsmes. On croit avoir découvert le secret du bonheur. On s'en vante. On n'a plus de relations qu'avec l'absolu, de rapports qu'avec les rêves. Et cela dure des années... Puis un jour, sans avertissement, sans présage, soudainement on sent une résistance. Le destin jusqu'ici complice, se met à trahir. La maladie dissocie le couple. Et le malheur avec son aigre visage apparaissant, chasse un trop fragile bonheur. On voudrait alors avoir auprès de soi quelqu'un qui sût vous porter aide. Mais on a fait le vide. Rien de plus seul qu'un homme marié si sa femme vient à lui manquer. Que la solitude soit si décevante, certes, on ne le supposait pas. On ne se doutait pas à quel point préserve la vie à deux. Ma femme si du moins son état n'inspire plus aujourd'hui trop d'inquiétude, a été, sachez-le, très gravement malade.

Auteur: Guérin Raymond

Info: Zobain

[ pensée-d'homme ] [ isolement ] [ dépendance ]

 

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dialogue

Si tu viens me voir, pourquoi ne me souhaites-tu pas le bonjour, ex-percepteur d'impôts ? dit Woland d'un ton sévère.

- Parce que je ne veux rien te souhaiter de bon ! répliqua l'autre avec audace.

- Mais il y a une chose dont il faut que tu prennes ton parti, répondit Woland dont la bouche dessina un sourire ironique. A peine est-tu apparu sur ce toit que tu as commis une bourde, et je vais te dire laquelle. Le ton sur lequel tu as parlé semblait signifier que tu refusais les ombres, ainsi que le mal. Aie donc la bonté de réfléchir à cette question : à quoi servirait ton bien, si le mal n'existait pas, et à quoi ressemblerait la terre, si on en effaçait les ombres ? Les ombres ne sont-elles pas produites par les objets, et par les hommes ? Voici l'ombre de mon épée. Mais il y a aussi les ombres des arbres et des êtres vivants. Veux-tu donc dépouiller tout le globe terrestre, balayer de sa surface tous les arbres et tout ce qui vit, à cause de cette lubie que tu as de vouloir te délecter de pure lumière ? T'es bête.

- Je ne discuterai pas avec toi, vieux sophiste, répondit Matthieu Lévi.

- Et tu ne peux pas discuter avec moi, pour la raison que je viens d'indiquer : tu es bête, répondit Woland, puis il reprit : Bon, sois bref, car tu m'ennuies. Pourquoi est-tu venu ?

Auteur: Boulgakov Mikhaïl

Info: Le Maître et Marguerite

[ confrontation ] [ affrontement ]

 
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déception

Lorsque [Walter] Benjamin écrit ses souvenirs, en 1942, il a déjà quarante ans et un sens aigu de la dangerosité de l'époque et de sa propre finitude. Il a assisté à la naissance de l'état fasciste et de la prise du pouvoir par Hitler et les nazis et il s'est exilé. En France, à Berlin, à Ibiza aussi. Il ne lui reste à vivre qu'une poignée d'années et s'il ne le sait pas, il en a peut-être la prémonition, en tant que juif, en tant qu'être ultrasensible et animé par une conscience politique qui le propre d'écrivains et de philosophes de sa génération. En tout cas, il est suffisamment âgé et lucide pour savoir que la vie a été une promesse non tenue, un avenir non réalisé. Pas seulement pour lui. Pour comprendre que, déjà enfant, il se révoltait contre ses parents, contre l’école telle qu'il la vivait, contre les meubles encombrants et les armoires trop bien rangées. Contrairement à ce qu'on pourrait croire, Benjamin pensait que la faiblesse de l'enfant, son impuissance -voire celles de l'adulte- à leur niveau le plus extrême, étaient une chance de salut. Un pressentiment salutaire. Sa conception de l'Histoire est une seule et unique catastrophe qui ne cesse d'amonceler les ruines, les éternels vaincus, les humiliés de la faim et de la misère. Les promesses oubliées, les espérances brisées. L'enfant lui-même est victime d'une semblable catastrophe. Dans ces souvenirs, il y a déjà des conceptions mystiques et historiques qu'il exprimera dans ses Thèses sur la philosophie de l'histoire.

Auteur: Lacoste Jean

Info:

[ insoumission ] [ confrontation ] [ désir de fuite ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson