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après-guerre

Nos maîtres sont morts et nous sommes seuls. Il faut compter que l'incohérence de notre époque vient de ce vide accidentel des talents, des intelligences supprimées par la mort. Notre génération n'est plus une génération, mais ce qui reste, le rebut et le coupon d'une génération qui promettait, hélas, plus qu'aucune autre. Tout au monde est désaxé, tout. Rien n'échappe à cette loi de folie, à ce malaise qui précède une aube que nous ne verrons même point. [...] Et nous, enfants gâtés nés pour le plaisir du soir, la douceur des lampes, le crépuscule qui fond les contours, nous voici en pleine apocalypse. Nous n'aimons pas fonder, construire, résoudre. Nous aimons tout ce qui finit et tout ce qui meurt. Voilà pourquoi, sans doute, tous nos amis sont morts. Notre faute est d'y survivre.

Auteur: Havet Mireille

Info: Journal 1919-1924 : Aller droità l'enfer, par le chemin même qui le fait oublier

 

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Ajouté à la BD par miguel

menace

Il se reprit, lâcha la poignée et se retourna avec précaution. Ses articulations craquaient, il avait des jambes de plomb. Lentement, il revint sur ses pas jusqu'à la porte de la salle de bains.
Le rideau de douche, qu'il avait repoussé pour examiner la baignoire, était de nouveau tiré. C'étaient les anneaux qui en glissant sur la tringle d'acier avaient provoqué ce bruit métallique qui avait résonné à ses oreilles comme des ossements se tassant dans un caveau. Il regarda le rideau, bouche bée.
Quelque chose se dissimulait derrière, dans la baignoire.
C'était une forme indistincte, aux contours flous, qu'il devinait à travers le plastique. Ça pouvait être n'importe quoi. Peut-être n'était-ce qu'une illusion d'optique, provoquée par un jeu de lumière, ou l'ombre de la pomme de douche. Ou même une femme morte depuis longtemps, étendue dans son bain, une savonnette Lowila dans une de ses mains raidies, attendant la visite de son prochain amant.

Auteur: King Stephen

Info: Shining

[ rencontre ] [ peur ]

 

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nature

Plus le soleil s'élevait dans le ciel, plus ses contours devenaient flous. On eût dit qu'il se liquéfiait. Il répandait une lueur d'incendie qui gagnait peu à peu les cieux tout entiers. Telles des gouttes de soleil, tels de minuscules éclats de l'astre, les fleurs s'étaient tournées vers lui. Elles étaient à présent immobiles, comme engourdies, et l'on croyait entendre un soupir en prêtant l'oreille au murmure des montagnes, des forêts et du fleuve. N'était-ce pas le soupir des fleurs qui s'étaient redressées le matin même avec ardeur, s'offrant joyeusement au soleil, et qui attendaient maintenant leur déclin ? N'était-ce pas celui des herbes dont la vie consistait à croître en dépit du bétail, des fraîches nuits de gelée et des orages incessants ? Celui des forêts encore présentes ? Des pierres inertes, apparemment éparpillées au hasard, et pourtant animées en réalité d'une vie exigeante et haute en couleur ? Cette plainte n'émanait-elle pas de tout ce qui vivait ou semblait ne pas vivre, engagé cependant dans une âpre lutte pour l'existence ?

Auteur: Galsan Tschinag

Info: La Fin du chant

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verge

L'homme semble éprouver le besoin d'attirer l'attention sur ses parties génitales, souvent en laissant entendre que le contenu vaut le contenant. S'il ne s'agit pas d'une idée fixe, il s'agit au moins d'un thème récurrent. Les collants couleur chair ne suffisaient pas à certains dandys du XVIIIe siècle : ils leur ajoutaient des rembourrages (et portaient également des faux mollets). De la même façon, les chanteurs pop du XXe siècle firent de leurs testicules un formidable argument de vente, fourrant un mouchoir roulé en boule ou une paire de chaussettes au bon endroit, la palme de l'inventivité revenant au duo Wham ! qui utilisait, pour sa part, des volants de badminton. Certains mannequins ont reconnu avoir recouru à des stratagèmes similaires, technique de leurre qu'ils partagent avec bon nombre d'hommes - qui, eux, taisent la chose. Les sex-shops commercialisent des "packs augmentatifs", et depuis 2010 Marks & Spencer, ce bastion du conservatisme vestimentaire, propose des slips à "accroissement facial", un "emballage intégral" offrant une "augmentation garantie de 38 % des contours".

Auteur: Hickman Tom

Info: Le bidule de Dieu

[ consumérisme ]

 

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science-fiction

Telle une immense lésion purulente, la jungle gisait exposée sous l’hélicoptère à cabine ouverte. De massifs bouquets de gymnospermes géants s'étendaient sur les toits des bâtiments submergés dont ils gommaient les contours blancs rectangulaires. Çà et là, un vieux château d'eau en béton jaillissait du bourbier, les restes d'une jetée de fortune flottaient près d'un immeuble de bureaux en ruines, envahis d'acacias au feuillage touffu et de tamaris fleuris. D'étroits cours d'eau, changés en tunnels de lumière verte par des voûtes végétales, s'écartaient en sinuant des grandes lagunes et finissaient par rejoindre les chenaux larges de six cents mètres qui parcouraient les anciennes banlieues. La vase recouvrait tout, s'agglomérait en de gigantesques bancs contre un viaduc de chemin de fer ou une suite d'immeubles en arc de cercle, se déversait à travers une arcade engloutie tel le contenu fétide de quelque moderne Cloaca Maxima. La plupart des petits lacs en étaient désormais emplis, disques de boue jaune recouverts de moisissures d'où émergeait un enchevêtrement touffu de formes végétales rivales - jardins murés d'un Éden aliéné.

Auteur: Ballard James Graham

Info: Le monde englouti

[ réchauffement ]

 

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déclarations d'amour

Que tes pieds sont beaux dans ta chaussure, fille de prince ! Les contours de tes hanches sont comme des joyaux, ouvrage des mains d'un artiste. Ton nombril est une coupe arrondie, où le vin aromatique ne manque pas ; ton ventre, un tas de froment, entouré de lis. Tes deux seins sont comme deux faons jumeaux d'une gazelle. Ton cou est comme une tour d'ivoire ; tes yeux sont comme les étangs [qui sont] à Hesbon, vers la porte de Bath-Rabbim ; ton nez est comme la tour du Liban, qui regarde vers Damas ; ta tête, sur toi, comme le Carmel, et les cheveux de ta tête comme la pourpre. Un roi est enchaîné par [tes] boucles. Que tu es belle, et que tu es agréable, mon amour, dans tes délices ! Ta taille ressemble à un palmier, et tes seins à des grappes. J'ai dit : Je monterai sur le palmier, je saisirai ses rameaux ; et que tes seins soient comme les grappes de la vigne, et le parfum de ton nez comme des pommes.

Auteur: La Bible

Info: Cantique des Cantiques, Extraits du Chapitre 7, 1 à 8

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musique

Le matin, avant de préparer le café, il aimait à installer un décor différent selon les hasards du jour. Un décor projeté par une des nombreuses chaines radio qu'il avait à disposition. Parfois de grandes fresques new-age, vagues sans rugosités, avec de longues réverbérations, se développaient comme de grandes enceintes aux teintes claires. Au contraire des infos, qui venaient agresser son esprit par leurs répétitions de nouvelles négatives, ici la cuisine se zébrait d'un gris agité qui ramenait au concret de la vie des hommes. L'interview intimiste d'un anthropologue proposa un jour une ornementation aux teintes brunnes et solides, tons et contours générés par l'évocation du gouffre originel des ancêtres évoqués ? La pop anglaise quant à elle illuminait fréquemment les pièces par l'efficacité de sons puissamment tissés au sein d'une énergie positive, il sentait alors son corps emporté par les pulsions rythmiques. De temps en temps un concerto classique recouvrait tout de cascades de perles, multicolores, aux reflets ondoyants... alors que la musique contemporaine ou le free jazz avaient pour effet de tracer de petits gribouillis qu'il avait envie d'effacer d'un coup d'éponge.

Auteur: Mg

Info: 6 juin 2013, Trio B, tome 3

[ écoute ] [ styles ] [ synesthésie ]

 

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couchant

Les beaux jours sont rares, mais de quelle magie ils parent la blanche banquise ! La plaine, comme poudrée de diamants, étincelle sous le clair soleil ; les icebergs et les hummocks dressent leurs arêtes d'argent et projettent derrière eux des ombres diaphanes, d'un bleu si pur qu'elles semblent un lambeau détaché du ciel. Les chenaux décrivent des méandres de lapis-lazuli, et, sur leurs bords, la jeune glace prend des teintes d'aigue-marine. Vers le soir, insensiblement, les ombres changent, tournent au rose tendre, au mauve pâle, et, derrière chaque iceberg, il semble qu'une fée, en passant, ait laissé accroché son voile de gaze. Lentement, l'horizon se colore en rose, puis en jaune orange, et, lorsque le soleil a disparu, longtemps encore une lueur crépusculaire persiste, s'estompant délicieusement sur le fond bleu sombre du ciel où scintillent, innombrables, les étoiles. Plus souvent, hélas ! la brume noie tout ce qui nous entoure dans de blancs floconnement ; les nuages bas se confondent avec les dos arrondis des hummocks ; les ombres ont disparu avec les contours des choses, et c'est à tâtons qu'il faut marcher dans ces blancheurs opaques.

Auteur: Gerlache de Gomery Adrien De baron

Info: Quinze mois dans l'Antarctique : L'Expédition de la Belgica 1897-1899, pp. 158-159, Chapitre 9, Le premier hivernage dans la banquise australe

[ pôle sud ]

 

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philosophe-sur-philosophe

Je ne suis pas un marchand d'espérance ni de mensonges. Et je déteste les positiveurs, que je trouve bien plus désespérants que moi. Je ne m'appelle pas Onfray-Sponville, ni Comte-Spongieux, ni Maffesoli-Spontex. On me reproche souvent d'être "négatif", mais ce qui pourrait m'affliger, moi, ce sont les camelots de l'espoir qui écrivent que tout va bien dans leur style d'enterrement. La face en celluloïd d'un Alain Duhamel, par exemple, et les propos optimistes qui en sortent, seraient propres à donner l'immédiate envie de se trancher les veines, si on n'y opposait justement une espérance d'airain. C'est ce monde qui est désespérant, pas moi, et ce qui est encore plus désespérant c'est de nier qu'il le soit. Tout, absolument tout est foutu, et d'innombrables salauds s'engraissent en racontant que l'aurore point. Que faire, me demandez-vous ? Si je ne peux pas répondre pour les autres, je peux dire ce que, moi, je fais. Quand un monde humain s'approche du précipice au-delà duquel plus rien ne va avoir de sens ni de contours, le seul moyen de le faire connaître, d'en faire ressortir le ridicule infernal et d'en inspirer le dégoût est de le mettre entre guillemets.

Auteur: Muray Philippe

Info: Festivus Festivus, p. 54

[ vacheries ] [ niaiseries ] [ philosophes ]

 
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Ajouté à la BD par Bandini

pensée unique

[...] durant la campagne du référendum, j’ai composé pour La Montagne quelques articles : "Le Parti du oui", "Oui-Oui au pays du oui" et "On a marché sur le oui", qui ne dissimulent pas grand-chose de ce que je pense du monde parfait, sans dualité, sans conflit comme sans contours, que proposait cette Constitution. Comme tous les phénomènes contemporains les plus significatifs, le oui se présentait là sans contradiction possible, sans opposition, sans antagoniste, sans altérité et pour ainsi dire sans sexe opposé. Le oui était un monde sans non, il était donc insupportable. Mais vous remarquerez aussi que le non, maintenant, est sans conséquence, comme s’il s’agissait d’une sorte de malentendu insubstantiel. On franchit là, il me semble, un palier nouveau. Cette fois, il ne s’agit même plus de faire revoter le peuple jusqu’à ce qu’il dise enfin oui ; on préfère l’ignorer, comme s’il n’était même plus représentatif de lui-même. La vieille question de la non-représentation des élites ou des élus est ainsi remplacée par une question plus neuve et plus insolite qui concerne la non-représentativité du peuple lui-même, lequel peut ainsi être superbement ignoré, ce qui est tout de même moins fatigant que de le dissoudre.

Auteur: Muray Philippe

Info: Entretien avec la Revue "Médias" (n° 8) à propos du référendum de 2005 sur la constitution européenne, https://maxencecaron.fr/2011/04/entretien-de-philippe-muray-avec-la-revue-medias/

[ totalitarisme idéologique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson