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récompense

La semaine des prix littéraires est, à mon avis, un phénomène de l’histoire des mœurs à notre époque, qui s’apparente au sweepstake ou au Tour de France cycliste. On en voit émerger des livres dont les rapports avec la littérature de qualité sont si fragiles qu’ils défient presque l’examen. Ce sont ces rapports-là qu’il nous faut rechercher cependant, puisque telle est la tâche à laquelle nous nous appliquons de notre mieux toutes les semaines. Il faut avouer que, de ce point de vue, la lecture des romans dont on parle ces jours-ci, dans le petit monde des coulisses de l’édition, inspire un peu de mélancolie, et de lassitude encore plus !

Auteur: Rousseaux André

Info: Cité par Bernard Grasset dans Lettre à André Gillon sur les conditions du succès en librairie, 1951

[ médiocrité ] [ critique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

critique littéraire

Ce que j’ai appelé ici le glissement du sens, est ce qui fait que nous ne savons littéralement pas où nous arrêter, à aucun moment de cette phrase telle que nous la recevons dans sa rigueur, pour lui donner son centre de gravité, son point d’équilibre. C’est précisément ce que j’appellerai leur décentrement. Il n’y a là aucune moralité. Tout ce qui pourrait avoir un caractère exemplaire, fait l’objet d’un soigneux effacement. C’est tout l’art de cette rédaction de ces Nouvelles en trois lignes, l’art de détachement de ce style. Néanmoins, ce qui est raconté est tout de même bien une suite d’événements, dont les coordonnées nous sont données de façon tout à fait rigoureuse. C’est l’autre mérite de ce style.

Auteur: Lacan Jacques

Info: A propos des "Nouvelles en trois lignes" de Félix Fénéon dans le "Séminaire, Livre V", "Les formations de l'inconscient (1957-1958)", éditions du Seuil, 1998, page 79

[ dissection stylistique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

subversion

Oublieux qu'il n'y a pas de discours littéraire sinon comme machination, le romancier s'est peu à peu persuadé que ce qu'il écrivait avait quelque chose à voir avec le monde dans lequel il vivait ; des critiques patients lui ont expliqué que, dans ce monde, le roman était tour à tour miroir, témoignage, interprétation ; poussé par ces suggestions insinuantes à se sous-estimer, le narrateur s'est engagé dans une désastreuse tâche idéologisante ; insatisfait du message, il a tenté la vision du monde. Corrompu par son propre sérieux et par celui des critiques, il a perdu la joie limpide du mensonge, l'irresponsabilité, la duplicité morale, l'arrogance hilare, qui sont, à mon avis, les vertus fondamentales de ceux qui s'appliquent à ce scandale perpétuel qu'est le travail littéraire.

Auteur: Manganelli Giorgio

Info: In "Le bruit subtil de la prose", éd. Le Promeneur, p. 62

[ anti-réalisme ] [ liberté ] [ ironie ] [ missions de l'écrivain ] [ tyrannie de la réalité ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

art pour l'art

On présente souvent le Parnasse comme un retour au classicisme après les excès du romantisme. En réalité, le Parnasse est une réaction d’un certain nombre d’auteurs aux massacres de 1848. Ils ont brisé l’idée que la diffusion de l’écrit allait civiliser l’humanité. Le Parnasse ne croit pas en cette idée de diffusion pour tous et entretient un culte de l’œuvre littéraire. Il pousse à l’excès le culte de la valeur de l’œuvre. Selon moi, toute la série des avant-gardes et des révolutions esthétiques jusqu’à aujourd’hui n’a pas réussi à vaincre le Parnasse. On cherche toujours une essence de la littérature dans les textes. On revient toujours à lui. La véritable esthétique qui domine, bien que ce soit le mouvement littéraire le plus méprisé, c’est l’esthétique parnassienne. 

Auteur: Dericquebourg Baptiste

Info: https://philitt.fr/2020/09/15/baptiste-dericquebourg-un-texte-litteraire-ne-doit-pas-etre-considere-comme-un-objet-que-lon-exhibe-dans-son-salon/

[ réification ] [ idolâtrie ] [ critique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

grammaire

PATIENCE.

"On voit aller des patiences

Plus loin que la sienne n'alla"  (Benserade *)

Corneille a une foule de ces pluriels inusités. "Nous estimons, dit M. François de Neufchâteau (**), que son exemple autorise à les employer, quand l'occasion s'en présente, sans avoir égard aux scrupules des puristes modernes."

On est tombé depuis quelques temps dans un excès tout-à-fait opposé à celui des écrivains méticuleux qui repoussoient (***) obstinément ces pluriels si propres à ajouter à la pompe du discours. Les prosateurs de ce temps-ci ont pluralisé tous les substantifs trop vulgaires, dans l'intention de leur donner un air de nouveauté. Le goût seul peut marquer une juste limite entre la parcimonieuse timidité des premiers, et la profusion indiscrète des seconds.

Auteur: Nodier Charles

Info: in "Examen critique des dictionnaires de la langue françoise", disponible en ligne sur Gallica. (*) Isaac de Benserade (1612 ou 1613 - 1691), écrivain. (**) François de Neufchâteau (1750-1828), écrivain. (***) "repoussoient" : ancienne orthographe utilisée avec insistance par Nodier, qui "repoussait" la forme moderne, prônée en particulier par Voltaire.

[ style ] [ citation ] [ référence littéraire ] [ évolution linguistique ] [ stoïcisme ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

étymologie

NAVIRE.s.m. Originairement féminin, comme navis, puis devenu masculin par esprit d'analogie avec d'autres mots françois de cette terminaison. Voyez ETUDES.

Malherbe a dit :

"Car aux flots de la peur sa navire qui tremble..."

Ce qu'il y a de remarquable, c'est que l'Académie approuvoit ce changement de genre quand il étoit question du vaisseau des Argonautes, comme dans cet autre vers de Malherbe :

"En la navire qui parloit"

Ménage qui n'étoit pas de l'Académie, et c'est un bien grand malheur, car le Dictionnaire vaudroit beaucoup mieux, trouve le féminin plus poétique. Il devoit être en effet plus poétique de son temps, puisque Malherbe l'avoit employé. Ce sont les poètes qui font les mots poétiques. Ce ne sont pas le grammairiens.

Auteur: Nodier Charles

Info: in "Examen critique des dictionnaires de la langue françoise" - consultable sur Gallica

[ critique littéraire ] [ critique institutionnelle ] [ citations ] [ transgenre ] [ bateau ]

 
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Ajouté à la BD par Benslama

sériosité

Les critiques littéraires jouent un rôle utile (sur lequel je reviendrai dans un moment), mais il me semble qu'une partie de la critique contemporaine (et je pense en particulier à une certaine école de théoriciens universitaires) souffre d'une assez redoutable infirmité.

A les lire, on soupçonnerait parfois que ces gens, au fond, n'aiment pas vraiment la littérature. On dirait que la lecture ne leur donne aucun bonheur ; ou, s'ils se mettaient à prendre du plaisir à la lecture d'un livre, ils l'accuseraient aussitôt de frivolité. Car, à leurs yeux, rien de ce qui est amusant ne saurait être important. Mais là ils commettent une lourde erreur ; en effet, quand une chose n'est pas amusante, cela ne veut pas nécessairement dire qu'elle est sérieuse, cela veut seulement dire qu'elle est ennuyeuse.

Auteur: Leys Simon Pierre Ryckmans

Info: Protée et autres essais

[ analystes ] [ belles-lettres ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

décadence

En elle-même, la surabondance des informations ne conduit pas à un embarras du choix qui empêcherait tout jugement, comme certains l'on avancé. C'est plutôt de ne pouvoir être replacée dans un ensemble sensible cohérent, qu'il n'est plus d'informations, futile ou importante, qui ne paraisse condamnée à se perdre dans le flux de toutes les autres. Davantage, leur défilé ininterrompu ferme une à une les perspectives qu'il était jusqu'alors naturel à l'imagination de projeter au-delà des simples données objectives pour appréhender un être, un événement, une situation... L'effondrement de la critique d'art comme de la critique littéraire ne s'explique pas autrement : faute de quelque adhésion sensible, peu importe à quoi l'on se réfère. D'où la pléthore de théories d'allure scientifique qui prospèrent de cette absence sensible, sans avoir d'autre raison d'être que de l'entretenir sous un semblant de sérieux.

Auteur: Le Brun Annie

Info: Du trop de réalité, p.186, Gallimard,Folio Essais n°444, 2004

[ beaux-arts ] [ analyse ] [ infobésité ] [ superficialité ]

 

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sciences

Notre XIXe siècle, à la différence du XVIIIe, n'est pas dogmatique ; il semble éviter de se prononcer, il n'est pas pressé de conclure ; il y a même de petites réactions superficielles qu'il a l'air de favoriser en craignant de les combattre. Mais, patience ! sur tous les points on est à l'oeuvre ; en physique, en chimie, en zoologie, en botanique, dans toutes les branches de l'histoire naturelle, en critique historique, philosophique, en études orientales, en archéologie, tout insensiblement change de face ; et le jour où le siècle prendra la peine de tirer ses conclusions, on verra qu'il est à cent lieues, à mille lieues de son point de départ. Le vaisseau est en pleine mer ; on file des noeuds sans compter ; le jour où l'on voudra relever le point, on sera tout étonné du chemin qu'on aura fait.

Auteur: Sainte-Beuve Charles-Augustin

Info: Portraits littéraires/Robert Laffont Bouquins 1993 <Pensées, p.1077>

[ transitoire ]

 

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commentateurs

On a souvent considéré le critique comme un pas-grand-chose, payé par les maisons d'édition, médiocre trameur d'intrigues, de complots, inventeur de valeurs inexistantes et d'idées futiles. Peut-être pense-t-on que les critiques sont devenus critiques par vocation naturelle à la servilité et au vice littéraire.

Il n'en est malheureusement pas ainsi ; il existe un nombre, pas énorme mais notable, de critiques comme il faut, qui font leur métier avec acharnement et patience. Ont-ils des idées ? Oui, souvent, malheureusement ; et même, jusqu'à il y a quelques années, on exigeait qu'ils en aient ; la critique dite militante était généralement faite par des critiques qui avaient des idées. Je me suis toujours méfié de l'homme de lettres doté d'idées ; ce n'est pas son métier ; il doit se contenter d'idées de seconde main, simplifiées et mal comprises ; et d'ailleurs inutiles.

Auteur: Manganelli Giorgio

Info: in "Le bruit subtil de la prose", éd. Le Promeneur, p. 126-127 - trad. Dominique Férault

[ intellectualisme ] [ profession méprisée ] [ ironie ]

 

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