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deuil
Arrêtez les horloges, coupez le téléphone,
Jetez un os au chien pour faire taire ses aboiements,
Faites taire les pianos et, au son d'un tambour voilé,
Sortez le cercueil, qu'avance le cortège endeuillé.
Que les avions tournoyant dans les airs gémissent
Et tracent sur le ciel le message : Il est mort.
Nouez des rubans de crêpe au cou blanc des pigeons des squares,
Et que les mains des gendarmes soient gantées de coton noir.
Il était mon Nord, mon Sud, mon Est et mon Ouest,
Ma semaine de labeur et mon dimanche de sieste,
Mon midi, mon minuit, ma langue, ma chanson;
Je croyais que l'amour durerait à jamais: je sais à présent que non.
Eteignez les étoiles; elles ne sont pas conviées à la veille.
Remballez la lune et démontez le soleil,
Videz l'océan et balayez les forêts;
Car plus rien de bon ne saura désormais advenir .
Auteur:
Auden Wystan Hugh
Années: 1907 - 1973
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: poète, dramaturge et critique littéraire
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
Funeral Blue
[
poème
]
[
déclamation
]
désobéissance
C’est là toute la difficulté de l’éducation de l’enfant de deux à quatre ans, à qui on veut inculquer, parce que c’est plus commode, qu’il ou elle ne doit pas désobéir aux injonctions prudentielles de l’instance tutélaire : lorsqu’il les transgresse, et qu’il ne lui arrive aucun dol, on doit dire : "Bravo. Je te l’avais défendu parce que je ne te croyais pas assez grand pour pouvoir le faire sans danger, mais puisque tu l’es, eh bien, je te félicite, dorénavant ceci t’est permis ; mais ne fait pas telle autre chose, dont tu ne serais pas capable, jusqu’au jour où tu t’en sentiras capable, parce qu’il pourrait t’arriver tel ou tel ennui. [...]"
Si, au contraire, à l’occasion de cette tentative de transgression ou d’une transgression accomplie, l’enfant a expérimenté son impuissance par un dol encouru pour lui, ou par une nuisance non désirée comme telle dans son projet d’agir, la castration anale doit lui être redonnée par des paroles, en même temps qu’un secours doit être apporté à son narcissisme, d’avoir échoué dans ce désir de transgression qui était un désir promotionnant d’identification à l’adulte.
Auteur:
Dolto Françoise
Années: 1908 - 1988
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: F
Profession et précisions: psychologue
Continent – Pays: Europe - France
Info:
"L'image inconsciente du corps", éditions du Seuil, 1983, pages 118-119
[
prise d'initiative
]
[
parents-enfants
]
écriture
Le papier blanc, miroir implacable
restitue seulement ce que tu étais.
Le papier blanc parle avec ta voix
ta propre voix
non pas celle qui te plaît ;
ta musique est la vie
celle que tu as gaspillée.
Tu peux la regagner si tu le veux
si tu te fixes cette chose indifférente
qui te jette en arrière
à ton point de départ.
Tu as voyagé, tu as vu
beaucoup de lunes, beaucoup de soleils.
Tu as touché morts et vivants
tu as ressenti la douleur de l'adolescent
et le gémissement de la femme,
l'amertume de la verte enfance -
tout ce que tu as ressenti s'écroule
si tu ne fais pas confiance à l'espace blanc.
Peut-être y trouveras-tu ce que tu croyais perdu,
l'éclosion de la jeunesse
le juste naufrage des ans.
Ta vie est ce que tu as donné
ce vide est ce que tu as donné
le papier blanc.
Auteur:
Séféris Georges Giorgos Seferiadis
Années: 1900 - 1971
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: poète
Continent – Pays: Europe - Grèce
Info:
Poèmes 1933-1955 - Trois poèmes secrets, Solstice d'été
[
poème
]
humour
Blinght : J'ai une amie institutrice qui vient de m'en raconter une pas mal ! Pouiii : vas-y, je suis tout ouïe pour te lire ! Blinght : Elle a donné comme punition à un élève de sa classe d'écrire 50 fois "je ne bavarderai pas en classe". Pouiii : Et ? Blinght : le lendemain elle reçoit la punition qui n'a pas été faite à la main mais imprimée avec un mot signé du père : "Bonjour, je confirme par la présente que Léo a bien accompli la punition. Toutes ces phrases ont été tapées lettre par lettre sur mon ordinateur, ce qui lui a permis d'apprendre le positionnement des touches sur un clavier et de joindre l'utile au désagréable. Enfin, ce n'est qu'une fois la punition finie que je lui ai montré l'existence de la fonction "copier/ coller". Je suis sûr que cela lui a été grandement bénéfique, tant du point de vue de l'apprentissage que de la capacité à comprendre que la vie est rude, surtout quand il embête des personnes pouvant avoir une forte capacité de nuisance, comme par exemple la maîtresse de l'école et son père. Cordialement, " Pouiii : Et moi qui croyais être un bon troll...
Auteur:
Internet
Années: 1985 -
Epoque – Courant religieux: Récent et libéralisme économique
Sexe: R
Profession et précisions: tous
Continent – Pays: Tous
Info:
[
pédagogie
]
[
éducation
]
[
dialogue-web
]
[
père-fils
]
états-limites
Sous forme de ce que je croyais alors n'être qu'une boutade, je disais, il y a quelques années, que décidément, il y a :
- les analysants freudiens : les enfants du sexuel. Comment se séparer du premier objet d'amour et de pulsions, comment faire avec l'objet perdu ?
- les analysants lacaniens : les enfants du langage, comment faire avec l'entrée traumatique dans le langage, avec la métonymie et la métaphore ?
Pour les uns et pour les autres, la présence d'un tiers.
Et puis, il y a les analysants de l'actuel, marqués de l'empêchement à la représentation psychique et de son lien avec une panne de la mémoire inconsciente et qui posent de façon aiguë la question : "Qu'est-ce qui est arrivé à la métaphore, à une possible métaphorisation ; qu'est-ce qui est arrivé à la langue ?". On peut se demander d'ailleurs s'il s'agit vraiment d'un pur hasard que Lacan ait tant insisté sur la parole, mais également sur la langue, le langage et le discours, au lendemain de la catastrophe qui a marqué la deuxième guerre mondiale de l'expérience inouïe de destructions réelles et aussi symboliques dont l'une des conséquences fut que les mots manquent à leur représentation. Peut-être même à la représentation.
Auteur:
Cherki Alice
Années: 1935 -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: F
Profession et précisions: psychiatre, psychanalyste
Continent – Pays: Algérie - France
Info:
"Rupture des liens, clinique des altérités" dans Psychologie Clinique n°16, décembre 2003
[
borderline
]
[
psychose blanche
]
[
inhumanité indicible
]
stipes
Nous habitons une semi-clairière dans un lieu nommé "Les Fougères", je ne vous explique pas le pourquoi du nom de l'endroit.
J'écris ces mots, installé dans un Club Med de prestige (ma femme à gagné un concours sinon jamais nous nous serions trouvés là), resort de luxe 5 étoiles, qui a coûtè très cher et se situe en pleine jungle, dans une zone protégée, sur une côte sud de la République dominicaine. Bref nous sommes dans les palmiers.
C'est ainsi que j'ai appris que fougères et palmiers ne sont pas de familles parentes, ce que je croyais. Ce sont simplement des végétaux avec des appendices capteurs de photons aux apparences proches (des feuilles ?.. Je ne sais). C'est ainsi que j'ai appris l'existence des faux-troncs, catégorie de végétaux terrestres où se retrouvent palmiers, yuccas, dragonniers, bananier et... fougères arborescentes. D'où le titre/catégorie de cette rubrique.
Il y a donc une simple convergence phénétique dans l'apparence de deux plantes que je pensais apparentées de façon cladistique. Reste à savoir si elle est du même ordre que celle qui préside à la forme des ailes de toutes sortes d'animaux terrestres. Comparer les contraintes moteurs qui ont conduit vers des convergences distinctes comme celles-ci pourrait s'avérer intéressant.
Auteur:
Mg
Années: 1958 - 20??
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: musicien, compilateur, sémioticien, directeur, guitariste, compositeur-chercheur, entrepreneur, astacologue, écrivain, imprimeur-éditeur-producteur, linguiste, père de famille, chansonnier, politicien très local, brocanteur, bûcheron, agent-couchettes...
Continent – Pays: Europe - Suisse
Info:
[
classification
]
poème
Ce jour-là, quand je t'ai vue,
j'étais comme quand on regarde le soleil;
j'avais un grand feu dans la tête,
je ne savais plus ce que je faisais,
j'allais tout de travers comme un qui à trop bu,
et mes mains tremblaient.
Je suis allé tout seul par le sentier des bois,
je croyais te voir marcher devant moi,
et je te parlais,
mais tu ne me répondais pas.
J'avais peur de te voir, j'avais peur de tentendre,
j'avais peur du bruit de tes pieds dans l'herbe,
j'avais peur de ton rire dans les branches;
et je me disais:" Tu es fou,
ah! si on te voyait, comme on se moquerait de toi!"
Ca ne servait à rien du tout.
Et, quand je suis rentré, c'était minuit passé,
mais je n'ai pas pu m'endormir.
Et le lendemain, en soignant mes bêtes,
je répétais ton nom, je disais:" Marianne..."
Les bêtes tournaient la tête pour entendre;
je me fâchais, je leur criais:" Ça vous regarde ?
allons, tranquilles, eh! Comtesse, eh l la Rousse."
et je les prenais par les cornes.
Ça a duré ainsi trois jours
et puis je n'ai plus eu la force.
Il a fallu que je la revoie.
Elle est venue, elle a passé,
elle n'a pas pris garde à moi.
Auteur:
Ramuz Charles-Ferdinand
Années: 1878 - 1947
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - Suisse
Info:
Le Petit Village
[
pensée-d'homme
]
[
femmes-hommes
]
homme-animal
oh, elle se plaignait pas, mais je voyais... elle avait plus de force... elle couchait à côté de mon lit... un moment, le matin, elle a voulu aller dehors... je voulais l'allonger sur la paille... juste après l'aube... elle voulait pas comme je l'allongeais... elle a pas voulu... elle voulait être un autre endroit... du côté le plus froid de la maison et sur les cailloux... elle s'est allongée joliment... elle a commencé à râler... c'était la fin... on me l'avait dit, je le croyais pas... mais c'était vrai, elle était dans le sens du souvenir, d'où elle était venue, du Nord, du Danemark, le museau au nord, tourné nord... la chienne bien fidèle d'une façon, fidèle aux bois où elle fuguait, Korsör ; là-haut... fidèle aussi à la vie atroce... les bois de Meudon lui disait rien... elle est morte sur deux... trois petits râles... oh, très discrets... sans du tout se plaindre... ainsi dire... et en position vraiment très belle, comme en plein élan, en fugue... mais sur le côté, abattue, finie... le nez vers ses forêts à fugue, là-haut d'où elle venait, où elle avait souffert... Dieu sait !
Oh, j'ai vu bien des agonies... ici... là... partout... mais de loin pas des si belles, discrètes... fidèles... ce qui nuit dans l'agonie des hommes c'est le tralala... l'homme est toujours quand même en scène... le plus simple...
Auteur:
Céline Louis-Ferdinand
Années: 1894 - 1961
Epoque – Courant religieux: Industriel
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
D'un château l'autre
[
littérature
]
[
animal domestique
]
[
mourir
]
médicaments
Au début, je prenais de la paroxétine et des benzodiazépines, pas plus de quinze milligrammes ; mais quinze milligrammes, pour moi, c'était comme un éternuement au coeur de l'ouragan, une quantité insignifiante et sans effet, autant vouloir cacher le soleil derrière sa main ou instaurer la justice au pays des réprouvés, voilà pourquoi les doses avaient augmenté, atteignant soixante milligrammes, à l'époque il n'y avait rien de plus fort sur le marché, à l'époque les médecins vous lançaient les mêmes regards que les éclaireurs conduisant les caravanes dans les westerns, quand ils déclarent qu'ils n'iront pas plus loin, car ils arrivent sur le territoire des Comanches, font demi-tour et éperonnent leur monture après un dernier regard pétri de honte et de pitié sur les gens de la caravane, sachant qu'ils ne les reverront plus. C'est là que je pris aussi des comprimés pour dormir ; je tombais alors dans un état proche de la mort et mon esprit était traversé par des mots comme "estomac", "lampe" ou "albinos", sans filiation logique. Je les notais parfois, le lendemain matin, si je m'en souvenais, mais en les relisant, j'avais l'impression de feuilleter un journal d'un pays plus triste que le Soudan ou l’Éthiopie, d'un pays pour lequel je n'avais pas de visa et ne voulais pas en avoir, et je croyais entendre un camion de pompiers qui filait éteindre ces putains de flammes de l'enfer, le réservoir plein de carburant.
Auteur:
Pron Patricio
Années: 1975 -
Epoque – Courant religieux: récent et libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Amérique du sud - Argentine
Info:
L'Esprit de mes pères
[
antidépresseurs
]
[
délire
]
credo
Le mot taoïsme (…) a toujours exercé sur moi la plus vive séduction, bien que, mis à part le grand poème qui est un peu leur Bible, je connaisse peu les taoïstes et leurs croyances, Mais du jour où mes yeux tombèrent sur le Tao-te king, œuvre d’une grande beauté et d’une merveilleuse précision qui renferme une énigmatique description du grand moteur de l’univers et de son fonctionnement, je m’aperçus que c’était là ce en quoi je croyais – ou choisirais de croire si je découvrais un jour que croire m’était devenu nécessaire.
Mais, attention : que signifie pour moi le verbe "croire" ? Voilà un mot qui ne souffre point qu’on le traite ainsi à la légère, sans au moins essayer d’en saisir le sens exact. A mes yeux, chaque croyance, quelle qu’elle soit, requiert un certain degré de circonspection car elle se fige bien vite en dogme si, de provisoire, elle devient absolue. Par contre, le mot Tao évoque pour moi différentes attitudes (toute vérité étant relative), un état de disponibilité totale et de total abandon, une conscience totale, exhaustive et sans réserve de cet instant où la certitude pointe le nez, tel un poisson au bout de l’hameçon. C’est alors que l’esprit est en parfait accord avec la grande métaphore du monde – celle du Tao.
La réalité, alors souveraine, se libère de l’encombrant appareil conceptuel de la pensée consciente. C’est le point crucial où l’esprit se fond dans la création tout entière. Cette poésie, c’est le Tao.
Auteur:
Durrell Lawrence
Années: 1912 - 1990
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: romancier et poète
Continent – Pays: Europe - Angleterre - Irlande
Info:
Le sourire du Tao
[
religion
]
[
Asie
]