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fable zen

Dans la fourmillière d'un vaste monastère, il y avait un vieux moine discret, humble, un sans-grade, un obscur parmi les obscurs, un rien farfelu. Ses confrères le tenait pour un ignare, doublé d'un illuminé dans le sens commun, et non boudhiste, de simple d'esprit. Il faut dire que malgré toutes les années passées à l'ombre des murs du monastère, il ne brillait pas par son érudition. Le vétéran boudait en effet la lecture des textes sacrés et, à la belle saison, passait le plus clair de son temps au bord d'un étang constellé de lotus, bercé par le murmure du vent, la psalmodie des insectes et le chant des oiseaux. Il y méditait distraitement assis sur un rocher, sous le monumental parasol d'un vieil arbre.

Par un bel après-midi d'été inondé de soleil, un groupe de jeunes moines partit faire le tour de l'étang. C'est alors qu'ils purent observer avec stupéfaction, la manière fort découssue que l'ancien avait de méditer. Il ne se passait pas cinq minutes sans qu'il se penche pour troubler le miroir liquide avec une brindille. Il allait même parfois jusqu'à se lever pour faire quelques pas une branche à la main, avec laquelle il tirait une feuille d'arbre hors de l'eau. Son curieux manège fit rire ses cadets qui entreprirent de lui donner une leçon sur la méditation.

- Ne serait-il pas préférable de vous recueillir les yeux fermés afin de ne pas être distrait par le spectacle du monde ?

- Comment espérer atteindre une haute réalisation spirituelle si vous bougez sans cesse ? Vous ne pouvez pas stabiliser votre esprit ni laisser le prana circuler harmonieusement dans les canaux subtils.

- C'est vrai, prenez exemple sur le Boudha qui a obtenu l'Éveil suprême en demeurant immobile sous l'arbre de l'illumination.

Le vieux moine s'inclina pour les remercier de leurs conseils et, tout en leur montrant un insecte qu'il venait de repêcher avec une brindille, il leur dit, un sourire désarmant aux lèvres :

- Vous avez sans doute raison, mes jeunes frères. Mais comment pourrai-je méditer sereinement s'il y a autour de moi des êtres vivants en train de se noyer ?

La bande des cadets resta interloquée. Il y eut un long silence puis l'un d'eux, rompu aux joutes métaphysiques et voulant à tout prix sauver la face, répliqua :

- Vous devriez vous retirer dans une grotte pour vous consacrer à votre propre salut. Ne vous souciez pas trop du destin des autres. Laissez faire l'ordre naturel du monde. Chacun récolte le résultat de ses actes antérieurs. Telle est la loi du karma.

Et, sur ces paroles sentencieuses, les donneurs de leçons se drapèrent dans leurs toges monastiques et s'éloignèrent. Ils gagnèrent une passerelle qui enjambait l'étang. C'est alors qu'au beau milieu de la traversée, l'un d'eux glissa sur une planche moussue et tomba à l'eau. Le malheureux, qui n'était autre que le discoureur karmique, pataugeait parmi les nénuphars, visiblement en train de se noyer. L'étang était profond à cet endroit. Ce fut l'affolement général, aucun moine ne savait nager.

Le vieil original, son infatigable sourire aux lèvres, se leva d'un bond, prit une branche et, comme elle n'était pas assez longue, il se mit à marcher sur l'eau. Sous le regard médusé des jeunes moines, il crocheta le candidat à la noyade et le tira jusq'à la berge sans même mouiller les pans de sa robe rapiécée.

L'histoire miraculeuse fit le tour du monastère. On tenait désormais le vieux pour un saint, un bodhisattiva caché, un Boudha vivant. Il en prit ombrage car il ne supportait pas d'être un objet de dévotion. Il gagna une autre province où il se cacha dans la fourmillière d'un vaste monastère.

Auteur: Anonyme Tibet

Info: Au bord d'un étang - Conte tibétain. In Contes des sages du Tibet de Pascal Fauliot

[ discrète existence ]

 
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sciences

La pratique de la méditation modifie l'organisation du cerveau
Les adeptes de la méditation de pleine conscience apprennent dans leur pratique à accueillir les sensations, les émotions et les états d'esprit sans leur résister ni les juger. Ils cherchent simplement à être dans le moment présent.
Plusieurs études ont démontré que ce type de méditation pouvait avoir des effets bénéfiques à long terme sur la stabilité émotionnelle et, par conséquent, sur des désordres comme l'anxiété et la dépression majeure. Une nouvelle recherche révèle que cet entrainement de l'esprit aurait une influence sur le réseau cérébral par défaut chez des personnes ayant une longue expérience de la méditation quand elles sont au repos. Les différences sur le plan cérébral indiqueraient que la méditation favorise la concentration et la réflexion de manière plus objective par rapport à soi.
"Nous avons étudié le cerveau de 13 adeptes de méditation ayant plus de 1000 heures d'entrainement et celui de 11 débutants à l'aide d'analyses de connectivité fonctionnelle", dit Véronique Taylor, première auteure de cette recherche publiée dans la revue Social Cognitive and Affective Neuroscience Advance Access en mars dernier et réalisée dans le laboratoire du professeur Mario Beauregard, de l'Université de Montréal.
La connectivité fonctionnelle fait référence à la synchronisation entre deux ou plusieurs régions cérébrales qui changent dans le temps, soit pendant une tâche concrète ou au repos. Cette méthode d'analyse peut s'appliquer à des données d'imagerie par résonance magnétique fonctionnelle. "Les participants demeuraient quelques minutes dans le scanner et on leur demandait de ne rien faire", explique Mme Taylor, qui termine actuellement son doctorat en psychologie sous la direction du professeur Pierre Rainville.
Ces analyses ont permis aux chercheurs de repérer le réseau cérébral par défaut des sujets, c'est-à-dire un ensemble de régions s'activant au repos, lorsque la personne n'effectue aucune activité particulière.
"Nous voulions ainsi vérifier si les effets de la méditation de pleine conscience persistaient au-delà de la pratique, poursuit la doctorante. Selon notre hypothèse, le réseau cérébral par défaut des adeptes de la méditation serait structuré autrement. Le réseau par défaut est associé à la rêverie, aux pensées relatives à soi quand nous ne faisons "rien". En fait, nous pensions y trouver une organisation différente parce que ces individus sont habitués à être dans le moment présent et leurs pensées ne partent donc pas dans tous les sens lorsqu'ils sont au repos."
Effectivement, les résultats obtenus font voir une plus faible synchronisation entre les cortex préfrontaux ventro-médian et dorso-médian. "La partie dorsale est engagée dans les processus cognitifs associés au soi et la partie ventrale concerne plutôt l'évaluation émotive du soi, mentionne Véronique Taylor. Le fait que ces zones sont moins inter reliées montre que ces personnes réfléchiraient sur elles-mêmes de façon plus objective." Elle ajoute que plus les participants avaient de l'expérience en méditation, plus cette connexion était faible, ce qui, selon elle, "donne du poids à ces résultats".
Fait curieux et intéressant: ces mêmes sujets présentaient une plus forte synchronisation entre certaines zones qui convergent toutes vers le lobe pariétal droit. "Cette région est reconnue pour avoir un rôle déterminant dans l'attention, ce qui indiquerait peut-être un effet bénéfique à long terme de la méditation, mais qui reste à être prouvé par des recherches étudiant spécifiquement les processus attentionnels", signale l'étudiante.
Bien que les sujets aient été testés au repos, Véronique Taylor constate par elle-même les retombées tangibles de la méditation de pleine conscience au quotidien. "Je pratique la méditation depuis quelques années et je remarque que mon attention est plus soutenue, plus suivie lorsque je me concentre."
Il y a encore beaucoup à découvrir sur le pouvoir de la méditation, croit-elle. En attendant, elle suggère à tous de s'y mettre. "Cela ne coute rien et on peut méditer n'importe où et n'importe quand... et les avantages sont réels!"

Auteur: Internet

Info:

[ méditation ] [ zen ] [ parapsychologie ]

 

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partisanerie

Il y a [...] l'intellectuel de gauche et l'intellectuel de droite.

Je voudrais vous donner des formules qui, pour tranchantes qu'elles puissent paraître au premier abord, peuvent tout de même nous servir à éclairer le chemin.

Le terme de sot, de demeuré, qui est un terme assez joli pour lequel j'ai quelques penchants, tout ceci n'exprime qu'approximativement un certain quelque chose pour lequel je dois dire assurément la langue et la tradition, l'élaboration de la littérature anglaise, me paraît nous fournir un signifiant infiniment plus précieux.

Une tradition qui commence à Chaucer, mais qui s'épanouit pleinement dans le théâtre du temps d'Elisabeth ; qu'une tradition dis-je nous permette de centrer autour du terme de fool -- le fool est effectivement un innocent, un demeuré, mais par sa bouche sortent des vérités qui ne sont pas seulement tolérées, que parce que ce fool est quelquefois revêtu, désigné, imparti, des fonctions du bouffon.

Cette sorte d'ombre heureuse, de foolery fondamentale, voilà ce qui fait à mes yeux le prix de l'intellectuel de gauche.

À quoi j'opposerai [...] un terme employé d'une façon conjuguée [...] c'est le terme de knave.

Le knave, c'est-à-dire quelque chose qui se traduit à un certain niveau de son emploi par le valet, est quelque chose qui va plus loin.

Ce n'est pas non plus le cynique, avec ce que cette position comporte d'héroïque.

C'est à proprement parler ce que Stendhal appelle le coquin fieffé, c'est-à-dire après tout Monsieur Tout-le-Monde, mais Monsieur Tout-le-Monde avec plus ou moins de décision.

Et chacun sait qu'une certaine façon même de se présenter qui fait partie de l'idéologie de l'intellectuel de droite est très précisément de se poser pour ce qu'il est effectivement, un knave.

Autrement dit, à ne pas reculer devant les conséquences de ce qu'on appelle le réalisme, c'est-à-dire, quand il le faut, de s'avouer être une canaille.

Le résultat de ceci n'a d'intérêt que si l'on considère les choses au résultat.

Après tout, une canaille vaut bien un sot, au moins pour l'amusement, si le résultat de la constitution des canailles en troupe n'aboutissait infailliblement à une sottise collective.

C'est ce qui rend si désespérante en politique l'idéologie de droite.

Observons que nous sommes sur le plan de l'analyse de l'intellectuel et des groupes articulés comme tels.

Mais ce qu'on ne voit pas assez, c'est que par un curieux effet de chiasme, la foolery, autrement dit ce côté d'ombre heureuse qui donne le style individuel de l'intellectuel de gauche, aboutit elle fort bien à une knavery de groupe, autrement dit, à une canaillerie collective. [...]

Ce qui me fait le plus jouir, je l'avoue, c'est la face de la canaillerie collective.

Autrement dit, cette rouerie innocente, voire cette tranquille impudence qui leur fait exprimer tant de vérités héroïques sans vouloir en payer le prix.

Grâce à quoi ce qui est affirmé comme l'horreur de Mammon à la première page se finit à la dernière dans les ronronnements de tendresse pour le même Mammon.

Ce que j'ai voulu ici souligner, c'est que Freud n'est peut-être point un bon père, mais en tous cas, il n'était ni une canaille, ni un imbécile.

C'est pourquoi nous nous trouvons devant lui devant cette position déconcertante qu'on puisse en dire également ces deux choses déconcertantes dans leur lien et leur opposition : il était humanitaire, qui le contestera à pointer ses écrits, il l'était et il le reste, et nous devons en tenir compte, si discrédité que soit par la canaille de droite ce terme.

Mais d'un autre côté, il n'était point un demeuré, de sorte qu'on peut dire également, et ici nous avons les textes, qu'il n'était pas progressiste.

Auteur: Lacan Jacques

Info: L’éthique de la psychanalyse - 23 mars 1960

[ retour du refoulé ] [ hommage ] [ gauche-droite ] [ bêtise réductrice ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

théologie

Préambule pour la chaîne "Considérations sur le Temps".

Je pensais jusque là que te temps n'existe pas en dehors de la race. Et qu'il n'a aucune importance puisque sa durée est illimitée... Même si dans l'absolu c'est une contre vérité. Les requins ont 400 millions d'années au compteur, il semble que leur univers soit immédiat, inchangé... Ils ont atteint une certaine forme de perfection par rapport à leur milieu, plutôt stable lui aussi : l'océan. Belle homéostasie ma foi. Mais pour faire quoi ?

L'humain a lui émergé il a quelques centaines de milliers d'années. Autant dire que son parcours en tant qu'espèce est étonnamment rapide. Ou dérisoire ? Cousin du requin parce qu'issu lui aussi de l'extraordinaire machine Gaïa, l'homme est un parent instable, jamais adapté ni satisfait... On le dirait perdu dans sa croissance, dans l'accélération de son avidité même. Il est curieux, il veut savoir... Il veut plus. Et la culture consumériste le pousse de plusieurs crans dans cette direction. Moustique qui se rue dans la flamme de la bougie.

Parallèlement, au bénéfice d'une mémoire externalisée donc collective, l'humain ne cesse d'agrandir sa conscience, l'idée de sa place dans le cosmos, parmi les autres vivants, son Moi, etc. Sans parler de son efficacité létale (et peut-être très éphémère) par rapport au reste de la vie bactérielle. Le temps n'existe pas hors notre espèce pour l'unique raison que, n'ayant jamais trouvé moyen de communiquer sur le sujet avec une autre entité vivante, nous n'avons pas d'autre point de vue sur la question. Il est de fait anthropomorphique. Et cette toute petite focale (la notre), qui constate sans cesse ce non "partage du présent" avec les autres entités de cette réalité, isolés les uns des autres en tant qu'espèces, nous ramène aux monades de Leibniz.

Il se trouve cependant que notre monade de primates dépoilés eut un jour ce coup de génie (folie?), qui consista à associer des signes écrits avec des éléments de sa réalité. Signes qui firent - et font désormais - consensus général quant à leurs définitions communes. Notre monde de sapiens transposé dans le langage. Transmutation qui, de par l'ouverture qu'elle apporte et la paresse physique qu'elle permet, a rapidement correspondu à une sorte de drogue. Plus grands accros à cette came, les ci-nommés intellos, philosophes... et autres grandes lectrices.

L'univers de l'animal, plus immédiat parce que non transcodé et différé par le langage, ressemble à un cosmos vierge et pur, qui vit l'instant, sans tous ces paramètres passés mémorisés, distractions, envies d'être ailleurs... pour le polluer. Que se racontent les oiseaux d'ailleurs ? L'homme vit dans les commentaires de ce qu'il vit. Dans un monde conceptuel, notionnel. Est-ce suicidaire ? Peut-être... Qui sait ?... On verra... On s'en fout.

Disons que non.

Tout ceci laisse à penser que si des arbres du vivant se sont développés sur d'autres planètes - et que l'humanité perdure pour se retrouver en position de les explorer - il faudra évidemment rechercher des races qui ont développé langage et mémoire externes. Histoire de rester à notre niveau... et surtout d'avancer en essayant de tirer leçon de ces échanges. Alors un patient travail de traduction pourra être entamé. On aimerait tous en être j'en suis sûr.

Le temps a immense importance. Sans lui tout se passerait simultanément (ah ah ah...). Il est apparemment inépuisable, donc aucunement stressé par quelque survie immédiate, ou autre "objectif à atteindre", à l'instar de notre monde incarné, empli de compétition marchande et avide. Il laisse place aux innombrables développements d'infinies variantes qui, pour le grand bonheur du contemplatif, ne cesseront jamais de le désennuyer.

Il existe certainement quelque part une théorie qui démontre que le Dieu (ou ce que certains tentent d'imaginer sous ce symbole) ne peut qu'être dans cette position paradoxale. Un Créateur impuissant. S'il ne l'était pas il enlèverait sa liberté au vivant, donc à l'homme.

Terminons ce petit essai en soulignant les deux pensées opposées qui débutent cette chaîne de citations. Éternel débat entre créationnistes et non créationnistes.

Auteur: Mg

Info: juillet 2019

[ interrogations ] [ xénolinguistique ]

 
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FLP par soi-même

Nous-Je, humains bipèdes de la 3e planète, sommes issus d'une tribu qui a développé des signes puis des langages - améliorés ensuite via diverses fixations sur supports - débuts d'une mémorisation externe, avec ensuite des processus de traductions - au final un corpus extra-communautaire qui se prolonge dans le temps. Corpus qui n'est qu'un simple codage consensuel des représentations de notre réel humain, une réalité consensuelle anthropocentrique.

Vient la machine FLP.

En plus des règles incontournables d'insertions, d'une nécessaire compréhension du sens, alliée aux désambiguations sémantiques et étymologiques que permet le web, la méthodologie de FLP s'appuie sur quelques idées-fondations. Et un apriori audacieux. 

Les deux premières idées émanent de notre principal mentor, CS Peirce :

a) Un mot est quasi-esprit 

b) La triade priméité, secondéité, tiercité est incontournable. Elle permettra une approche pragmatique en cas de rencontre xénolinguistique (sous-entendu un langage alien, éventuellement auto-décrit et fixé sur support externe lui aussi.)

c) Notre apriori aventuré : la dualité du fonctionnement humain (principe du tiers exclus et autres développements boléens) atteint ses limites et conséquemment le fonctionnement tétravalent de l'atome du carbone (majeure ossature du développement de la vie telle que nous la connaissons) mérite une certaine attention quant aux possibilités logiques (sur base 4), et la souplesse des combinaisons qu'il propose. Une simple mise en parallèle des développements biologiques et leurs inouïes complexités taxonomiques entrelacées - par comparaison avec le langage et les idées humaines mélangées - nous donne idée de la pauvreté et de la simplicité de nos mots, idiomes et concepts... au regard, par exemple, des développements de l'arbre du vivant. Sans parler des incessantes avancées de l'épigénétique quantique - et autre trouvailles biophysiques, qui tendent à montrer que la frontière matériel-immatériel n'est pas "marquée", duale... formatés que nous sommes par des habitudes de catégorisations/classifications.

d) Les points précédents n'empêchent pas - et conduisent peut-être - vers une remise en question du rationalisme triomphant au regard de toutes les impuissances que ce dernier montre face à beaucoup de phénomènes classés dans les rubriques paranormales, parapsychique, voire pour dingo-lunatiques. Citons en vrac les placeb et nocebo, les prémonitions, Ufos, voyages astraux, l'inconscient, la télépahie, migration des âmes...  et autres phénomènes insaisissables que la science en pantoufle, bien installée dans des constructions longuement développées, a bien évidemment de la peine à aborder sereinement, c'est à dire sans se remettre profondément en question. 

e) Considérant que d'une certaine manière "tout est dans tout" et que l'unique approche communautaire humaine pour tenter de "mieux comprendre" son monde et qui nous sommes, se situe dans le langage. Considérant aussi que les divers idiomes des hommes - ici ramenés au français - apparaissent comme les meilleurs outils pour formuler et coder nos représentations de singes dépoilés (à l'instar des maths ou de la musique qui ne peuvent parler du langage) FLP, par les vertus de la technologie, se propose de sortir des taxinomies habituelles pour, à partir du mot simple et, dans un premiers temps, des combinaisons à deux ou trois items (mais on peut ici aller beaucoup plus loin),  proposer ce que nous nommons un "dictionnaire analogique intriqué".

Viennent alors les lectures exploratoires réflexives, personnelles, subjectives, dans ce nouveau biotope. Et puis une éventuelle participation, via l'insertion d'extraits, les discussions et propositions/modifications de tags-étiquettes... 

Enfin, avec un peu de pratique, s'offrent les possibilités de liaisons et de création de chaines pour les participants curieux, sujets quêteurs, joueurs... Qui, avec ces deux actions, pourront explorer certaines marottes personnelles, et commenceront non seulement à développer leurs propres Fils de pensées mais aussi, en précisant leur idée-intuition de départ, la contextualiseront mieux dans le corpus des mots et du langage en général. 

FLP est une forêt, avec une topologie multidimensionnelle. Beaucoup de ses sentiers s'y avéreront ardus, souvent trop longs, propices aux égarements, mais permettront parfois d'atteindre parfois certaine hauteurs bien agréables... Sans parler des chances de s'y retrouver coincé, arrêté par un cul-de-sac.

Auteur: Mg

Info: 4 août 2022

[ auto-arborescence ]

 

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rêve

Sitôt après avoir bien déjeuné, le père Anselme rejoignit son potager. Il faisait encore trop chaud pour arroser. Il s'installa confortablement sur un banc, à l'ombre du figuier.

Les poireaux qui la veille étaient rangés comme de vaillants petits soldats, se mirent à se tordre dans tous les sens. Ils répétaient en chœur: Nous voulons marcher, courir, gambader et sauter dans les flaques quand il pleut.

— C'est impossible, vous n'avez qu'un seul pied, vous ne pourriez avancer qu'à cloche-pied, et croyez-moi, c'est très fatigant. Contentez-vous de grandir.

C'est alors qu'éclata un joyeux tumulte dans le carré des choux : Nous voulons qu'Anselme nous chante la chanson.

— Calmez-vous voyons, je ne sais pas chanter, et je ne connais aucune chanson.

— Tout le monde connaît cette chanson, elle est à la mode de chez nous. Tu dois savoir la chanter avec ton doigt, ton coude, ton genou, ton pied et ton nez.

— Bon, c'est d'accord, je m'en vais vous satisfaire, en essayant de ne point me rompre les os !

Le père Anselme se pencha, s'agenouilla et gesticula tant et si bien, que l'on crut voir dans le jardin, tourner le manège enchanté.

Le râteau enlaça la pelle en souriant de toutes ses dents, et l'entraîna dans un irrésistible pas de danse, tandis que la bêche marquait le tempo.

Les arrosoirs très excités, se prirent par la anse, faisant s'entrechoquer leurs corps d'acier, qui faillirent perdre leurs pommes!

Une sauterelle qui sautait dans l'herbette, s'écria: C'est jour de fête, faisons des galipettes, des bonds et des courbettes, de jolies pirouettes, sans pour autant perdre la tête !

Lili la tortue qui venait quémander une feuille de salade, fut tellement surprise de voir Anselme vagabonder à quatre pattes, qu'elle faillit tomber à la renverse.

Quand Anselme se releva, il crut naïvement avoir ramené la sérénité dans le potager.

C'était compter sans les carottes et les navets, qui se chamaillaient pour des broutilles sans intérêt, tandis que la terre bâillait d'ennui et se lamentait: Comment les faire taire, quelle galère ! Fort heureusement, il me reste mes chères pommes de terre qui se contentent de peu, et ne cessent de se multiplier sans rien demander.

Les carottes acceptaient les navets qui tournaient rond, mais détestaient ceux qui poussaient en long. De quel droit osez-t-ils imiter leur si gracieuse silhouette, alors qu'ils avaient cette peau blême, triste à pleurer !

Les navets accusaient les carottes de frivolité: Des coquettes dépourvues de jugeote, qui passaient la majeure partie de leur temps à peaufiner la beauté de leur teint, des prétentieuses ne songeant qu'à paraître afin d'occuper le devant de la scène !

Face à ces querelles de voisinage, Anselme se sentait impuissant et cela le rendait un peu triste. Mais une gentille coccinelle vint lui murmurer à l'oreille: Soyez sans crainte père Anselme, tout va bien, ce n'est pas la fin des haricots !

Justement, parlons-en des haricots ! C'est quoi cette manie qui les pousse à grimper toujours plus haut ! Impossible d'attraper les gousses qui pendent au sommet. Anselme aimerait voir ses bras s'allonger, devenir des rames capables d'accrocher les nuages.

Cela fit rire Zoé qui se balançait sur sa toile: Que tu es drôle père Anselme, que ferais-tu d'un nuage, cette chose molle, froide et mouillée ?

— Tu n'es qu'une minuscule araignée Zoé, qui ne voit pas plus loin que le bout de son fil !

— Peut-être, mais sur mon fil, je deviens funambule, tandis que toi sur tes deux pieds, tu es souvent bien ridicule ! Pourtant j'aime le bruit de ton pas, le son de ta voix, l'habileté de tes mains, et surtout ton regard quand il se perd dans les nuages.

— Je vais t‘expliquer pourquoi petite sorcière ? Quand je regarde les nuages, j'attrape des milliers de rêves qui me font la vie plus belle !

—Tu as parfois des idées bizarres père Anselme, si tu veux rêver, commence par dormir.

— C'est exactement ce que je vais faire. Rien de tel qu'une bonne sieste pour réconforter un vieux jardinier, dont les os commencent à rouiller.

Un bourdon curieux vint tournoyer autour du banc sur lequel Anselme s'était allongé, tandis qu'une fourmi intriguée lui chatouillait le menton, et qu'un lézard gris se promenait sur sa casquette.

Anselme sursauta, se redressa, se frotta les yeux et constata avec bonheur, que la paix régnait dans son jardin.

Auteur: Lacroix-Pesce Marie

Info: Chahut dans le potager !

[ conte ] [ historiette ] [ légumes ] [ comptine ]

 

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dressage

Imagine que tu vives sur une planète où l'espèce dominante est beaucoup plus sophistiquée que les êtres humains, mais conserve fréquemment des humains comme animaux de compagnie. On les appelle les Gorns. Ils communiquent entre eux grâce à une combinaison complexe de télépathie, de mouvements oculaires et de couinements aigus, tous totalement inintelligibles et inapprenables par les humains, dont le cerveau est uniquement préparé à l'acquisition du langage verbal.

Les humains apprennent parfois la signification de certains sons en les associant de manière répétée à des objets qui les intéressent. Les Gorns et les humains sont très liés, mais il existe de nombreuses règles Gorn que les humains doivent essayer d'assimiler avec des informations limitées et des enjeux généralement élevés. Tu es 'un des humains chanceux qui vit avec les Gorns dans leur demeure. Beaucoup d'autres humains sont enchaînés à de petites cabanes dans la cour ou gardés dans des enclos extérieurs de tailles variables. Ils sont si peu sociables qu'ils ne peuvent pas contrôler leurs émotions lorsqu'un Gorn s'approche d'eux. Les Gorns sont d'accord pour dire qu'ils ne pourront jamais être des humains de maison.

Le logement que tu partages avec ta famille Gorn est bourré de bols en porcelaine remplis d'eau. Chaque fois que tu essaies d'uriner dans l'un d'eux, les Gorns voisins t'attaquent. Tu apprends à n'utiliser les toilettes que lorsqu'il n'y a pas de Gorns présents. Parfois, ils rentrent à la maison et te fourrent la tête dans les toilettes sans raison apparente. Tu détestes cela et tu commences à faire de la lèche aux Gorns quand ils rentrent pour essayer d'éviter cela, mais ils considèrent cela comme une preuve de ta culpabilité. Tu es également puni pour avoir regardé des vidéos, lu des livres, parlé à d'autres êtres humains, mangé de la pizza ou du gâteau au fromage et écrit des lettres. Tout cela est considéré comme des problèmes de comportement par les Gorns.

Pour éviter de devenir fou, une fois encore, tu attends qu'ils ne soient pas là pour essayer de faire ce que tu veux. Pendant qu'ils sont là, tu t'assieds tranquillement, en regardant droit devant toi. Comme ils sont témoins de ce bon comportement dont tu es manifestement capable, ils considèrent que c'est par "dépit" que tu regardes des vidéos et que tu commets d'autres transgressions lorsque tu es seul. Ils pensent qu'il est évident que tu n'aimes pas être laissé seul. On te promène plusieurs fois par jour et on te laisse des livres de mots croisés à faire. Tu ne les as jamais utilisés car tu détestes les mots croisés ; les Gorns pensent que tu les ignores par vengeance. Le pire, c'est que tu les aimes bien. Après tout, ils sont souvent gentils avec toi. Mais lorsque tu leur souris, ils te punissent, tout comme pour une poignée de main. Si tu t'excuses, ils te punissent à nouveau.

Tu n'as pas vu d'autre humain depuis que tu es un petit enfant. Lorsque tu en vois un, tu es curieux, excité et effrayé. Tu ne sais pas vraiment comment agir. Alors, le Gorn avec qui tu vis te tient à l'écart des autres humains. Tes compétences sociales ne se développent jamais.

Finalement, tu es amené à l'école de "formation". Une grande partie de la formation consiste à avoir ton souffle brièvement coupé par une chaîne en métal autour de ton cou. Ils sont sûrs que tu comprends tous les couinements et les communications télépathiques qu'ils font, car parfois tu as raison. Tu devines et tu détestes l'entraînement. Tu te sens assez stressé la plupart du temps. Un jour, tu vois un Gorn s'approcher avec le collier d'entraînement à la main. Tu as le syndrome prémenstruel, tu as mal au cou et tu ne te sens pas à la hauteur de la coercition déconcertante qui va s'ensuivre. Tu leur dis de ta voix la plus sévère de te laisser tranquille et de s'en aller. Les Gorns sont choqués par ce comportement agressif non provoqué. Ils pensaient que tu avais un bon tempérament.

Ils te mettent dans l'un de leurs véhicules et t'emmènent faire un tour. Tu regardes le paysage planétaire attrayant qui défile et tu te demandes où tu vas. On te conduit dans un bâtiment où règne une odeur de sueur et d'excréments humains. Les hommes sont partout dans de petites cages. Certains sont nerveux, d'autres déprimés, la plupart regardent ce qui se passe depuis leur prison. Tes Gorns, avec qui tu as vécu toute ta vie, te remettent à des étrangers qui te traînent dans une petite pièce. Tu es terrifié et tu cries pour que ta famille Gorn t'aide. Ils se retournent et s'en vont. Te voilà aintenu au sol et on te fait une injection létale. C'est, après tout, la façon la plus humaine de procéder.

Auteur: Donaldson Jean

Info: The Culture Clash

[ extraterrestres ] [ analogie homme-chien ] [ xénolinguistique ] [ incompréhension ]

 

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ordre

J'ai toujours été frappé par l'équilibre qui se dégage du monde. Voyez comme les riches - on l'observe plus facilement en observant le mimétisme de leurs enfants - sont si souvent suffisants et antipathiques. Observez avec le temps comme la beauté chez les individus est éphémère voire destructrice, découvrez comme les couples qui marchent en réalité se complètent. Réalisez qu'un jeune musicien passionné commence invariablement son histoire d'amour avec les notes grâce à un instrument de mauvaise qualité, trouvé ou donné, alors que son contraire, pénible quidam lambda, aura été s'acheter le biniou clinquant, vite relégué au galetas ou revendu dans les semaines ou les mois suivants. Constatez, en tous domaines, que les plus talentueux se désintéressent rapidement de la question parce qu'ils ne se sentent aucun besoin de prouver quoi que ce soit, alors que les pénibles tâcherons répondront avec abnégation au défi ainsi posé par une nouvelle discipline. Equilibre, dans la danse du monde tu nous proposes cette balance impitoyable et juste qui nous indique, sans preuves scientifiques mais c'est indubitable, que la vie la plus vraie est proche de la misère et de la mort, que les pauvres veulent devenir riches que les riches deviennent feignants et donc, retournent en peu de temps à la pauvreté. Cher équilibre, c'est curieux, j'aurais envie de dire chère - mystère de la langue et des sons - me vient encore à la plume ce jour où, lors d'une rencontre, j'ai saisi qu'untel, si célèbre et adulé, émargeait à la catégorie des êtres de peu d'intérêt, ordinaire et décevant, peu heureux, inquiet, pressé donc désagréable, dépassé par une gloire factice qui lui en faisait mesurer la dérision, insatisfait.

Tu es, ma chère, allons-y puisque je te ressens ainsi, tu es, ma chère équilibre, la matérialisation de notre esprit et du monde dans leurs luttes avec les extrêmes, tu es la condition sine qua non de la continuité dans l'harmonie, tu es le chemin étroit - mais suffisamment large parce que la tolérance sera toujours indispensable entre les êtres.

Pourquoi ce flash back de première jeunesse ? : et moi... qui suis-je ?... qu'est-ce que moi ?... petit enfant dans son lit vespéral interrogeant les étoiles, questionnant l'immense vacuité du monde et de son âme... qui suis-je ?... Je n'avais, bien sûr, pas vraiment conscience d'être campé sur ce champ de bataille des contrastes. Yeux grand ouverts dans le noir, candide curiosité en total éveil, comme l'indien qui aurait collé ses oreilles au sol cosmique, écoutant, ressentant, devinant, imaginant, je ne sais pas, le souffle neutre et vide de mon moi résonnant dans le silence, l'atone bourdonnement du fond des âges... qui suis-je ?... comment se fait-il qu'il y ait un moi, ici et maintenant ?...

Plus curieux encore ; comment se fait-il que je me pose la question ?... ce souvenir si vif de mon esprit d'enfant défiant l'incommensurable, la grande question : MOI... moi c'est quoi, quoi est moi ?.. Gamberges si stables parce qu'enfant choyé dans un cadre protégé. N'étaient-ce que d'agréables vertiges de garçonnet curieux, douillet dans sa vie alors qu'aujourd'hui je penserai peut-être plus facilement aux petits humains qui crèvent de guerres, de famines, sont-ils concernés de la même façon, plus proches de ce feeling ?... plus lointains de ce souffle d'absolu ?... Savoir. Mon intime conviction est que nous avons tous vécu ces sentiments, de manière identique parce que nous sommes fils des atomes et des ondes, et, de manières différentes parce que le monde en a besoin et que nous sommes novices à chaque étape de la vie. Questions enfantines, interrogations solitaires et nocturnes d'ado, rêveries de jeune papa, gamberges d'époux aimé, etc... Pauvre énumération de mes petites expériences perso pour essayer d'expliquer cette immensité fine, cette balance présente à toutes les échelles de nos existences.

Cette sensation d'équilibre global m'a fréquemment rasséréné, tout en me plongeant dans ces abîmes insondables et indicibles de la réflexion méditative où tous les contre-exemples sont inutilisables puisque ils ne sont là que pour meubler les cases de l'absurde et de l'insensé, contrées nécessaires dans l'univers de nos questionnements, humus de notre humour, signalisations de nos limites, indicatrices du Mystère. Equilibre, je m'incline devant ta fantastique et interminable litanie. Et merci de me faire prendre conscience jour après jour de ma dimension d'avorton cosmique devant une simple symétrie, merci de me montrer, sans m'expliquer, mais pourquoi expliquer, que la vie est autonome, qu'elle a certainement un sens, que la misère se partage plus facilement que l'abondance... D'ailleurs, quand le doute s'insinue, quand les certitudes s'effondrent, tu resurgis à tous les coups, vieille amie, parce que les difficultés renforcent la survie, redorent le goût des choses, parce que le confort est trop facilement père de la vacuité, parce que mon pote handicapé compense si bien par ce rayonnement supérieur de son esprit. On t'oublie et te revoilà à nouveau ma chère équilibre, fidèle au poste, intégrée à ce nouveau décor ou défilent des gens respectables - donc casse-couilles. Tu diffuses tant de messages. Moi j'aime celui-ci. "Toute manifestation a sa compensation". Dommage que tu sois cataloguée dans les noms féminins.

Auteur: MG

Info: 2000

[ introspection ] [ mystère ] [ ego ] [ paix ] [ enfance ] [ harmonie ]

 

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historique

Dans la bibliothèque personnelle d'Hitler

Le journaliste américain Timothy Ryback a examiné les milliers de volumes du Führer.

Celui qui ordonna les autodafés de livres possédait 16.000 volumes, dont 1.200 ont survécu au pillage pour trouver refuge dans diverses universités américaines. En 1935, sa bibliothèque était si réputée qu'elle fit l'objet d'un reportage dans "The New Yorker". Comme toute bibliothèque, celle de Hitler - il en possédait en fait une dans chaque résidence - était constituée de couches successives.

A) Tout d'abord la bibliothèque de notaire, le fonds patrimonial, celui qui rassure et auquel on ne touche guère et qu'on lit peu. C'est là qu'on trouve "Don Quichotte", "les Voyages de Gulliver", "Robinson Crusoé", "la Case de l'oncle Tom", "Hamlet" ou les romans d'aventures de Karl May.

B) La bibliothèque active, la collection qui alimente le cerveau reptilien, les ouvrages auxquels on revient sans cesse, qu'on annote, qu'on fatigue, qu'on exploite à l'infini.

C) Ajoutons-y une troisième partie constituée des envois, des livres reçus et dédicacés, qui valent surtout par ce qu'ils nous disent des auteurs comme Jünger, qui envoie son "Feu et sang" "au Führer national Adolf Hitler". C'est bien évidemment la deuxième partie qui nous intéresse. C'est là que le crayon s'arrête, souligne, annote. Le simple inventaire des livres de la bibliothèque de Hitler n'aurait pas suffit à faire un livre de 450 pages. Timothy Ryback a donc entrecoupé l'examen du fonds Hitler par un examen de la pensée d'Hitler. Il montre en quoi certaines lectures ont pu alimenter des conversations ou déterminer des décisions. En considérant comme Walter Benjamin qu'un collectionneur est conservé par sa collection, il a cherché à suivre les obsessions et les évolutions d'Hitler :

"J'ai sélectionné les volumes existants qui recelaient un contenu émotionnel ou intellectuel significatif apportant quelque clarté sur le personnage, sur ses pensées dans la solitude et ses futurs discours ou actes publics." Dans ces rayons, on trouve quantité d'auteurs racistes et antisémites : l'industriel Henry Ford, l'émule de Gobineau Hans Günther, l'ultranationaliste Paul Lagarde, le rugueux bavarois Anton Drexler, le pangermaniste Heinrich Class, le professeur de gymnastique Otto Dickel ou le haineux Dietrich Eckart, qui mélangeait "Peer Gynt", l'occultisme et la mythologie germanique.

Tous ces fielleux délirants trouvent refuge dans la bibliothèque de Hitler. On ne sait pas s'il digère tout, mais il lit, crayon à la main. C'est un lecteur boulimique, vorace, fanatique. Un livre chaque nuit. Une lubie chaque jour. Le buste de Schopenhauer sur son bureau, cet autodidacte dévore Clausewitz, les biographies de Jules César et d'Alexandre le Grand, Emmanuel Kant, qu'on retrouve avec Machiavel dans son bunker après son suicide, et se nourrit de Fichte, qui, d'après Ryback, était "le philosophe le plus proche de Hitler et de son mouvement national-socialiste, dans son esprit comme dans sa dynamique". Hitler, qui déteste les intellectuels, surtout quand ils sont juifs, ingurgite également les ouvrages traitant de la spiritualité et de l'occultisme, qui se comptent par douzaines et sont peut-être les témoins les plus bavards des préoccupations profondes de leur propriétaire. "

Dans la biographie d'Heinrich Himmler parue en septembre dernier en Allemagne, Peter Longerich, grande autorité allemande sur l'histoire de "la solution finale", s'est brièvement intéressé aux lectures du grand ordonnateur de la Shoah. A côté des romans de gare, on trouve la médiocre littérature d'extrême droite, les traités racistes de Hans Günther, "le Manuel de la question juive" de Theodor Fritsch et tout un bric-à-brac de livres toc sur la télépathie, l'astrologie et ces sciences tellement parallèles qu'elles ne rencontrent jamais l'intelligence.

Dédicace de Leni Riefenstahl sur le premier volume des oeuvres complètes de Fichte : "A mon cher Führer, avec ma profonde admiration". Nous sommes là au coeur même du personnage d'Adolf Hitler, constate Timothy Ryback. Ce fut moins une distillation des philosophies de Schopenhauer et de Nietzsche qu'une théorie bon marché, puisée dans des livres de poche et des gros livres ésotériques, où l'on distingue la genèse d'un esprit mesquin, calculateur et prêt à cogner plus qu'à discuter.

Que peut-on conclure ? Que la lecture de Cervantès ou de Shakespeare ne préserve de rien, bien sûr. On le savait déjà. La culture n'est pas un rempart contre la barbarie. Elle se situe juste à côté. Il suffit de lire en ne voulant pas comprendre. Chez Hitler, ce ne sont pas les grands auteurs, les lourds classiques qui comptent, mais ce qu'il y a à côté. Le problème, c'est quand Goethe voisine avec des auteurs racistes. Les livres peuvent préserver de l'inhumanité, mais ils ne sont pas une condition suffisante. Tout dépend de l'usage qu'on en fait. Au fond, c'est la limite de l'investigation de Timothy Ryback. Il a cherché à comprendre ce qui se passait dans la tête d'Hitler en examinant a posteriori sa bibliothèque. Imaginons un seul instant qu'on ne sache rien de son propriétaire, que nous possédions juste une liste. On pourrait, en faisant l'inventaire, en déduire que l'homme sait choisir ses classiques, qu'il aime la guerre, qu'il est antisémite, qu'il apprécie l'occultisme, qu'il est curieux, bizarre, dérangé peut-être, mais rien ne nous dirait qu'il mit l'Europe à feu et à sang et qu'il extermina 6 millions de juifs. On peut faire dire beaucoup à une bibliothèque, mais sûrement pas ce que pensait vraiment son propriétaire.

Auteur: Internet

Info: Nouvel Obs. 18 mars 2009

[ bouquins ] [ nazisme ] [ dictateur ] [ littérature ] [ biais de confirmation ] [ biblio-reflet ]

 

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biophysique

La photosynthèse des plantes utilise un tour de passe-passe quantique

Des chercheurs ont observé des similitudes étonnantes entre la photosynthèse des plantes vertes et le fameux "cinquième état de la matière" en mettant le doigt sur un curieux phénomène; ils ont trouvé des liens entre le processus de photosynthèse, qui permet aux végétaux d’exploiter la lumière du soleil, et les condensats de Bose-Einstein, des matériaux dans un état très particulier qui fait intervenir la physique quantique.

"Pour autant que je sache, ces deux disciplines n’ont jamais été connectées auparavant, donc ce résultat nous a semblé très intrigant et excitant", explique David Mazziotti, co-auteur de l’étude.

Son laboratoire est spécialisé dans la modélisation des interactions complexes de la matière. Ces derniers temps, son équipe s’est intéressée aux mécanismes de la photosynthèse à l’échelle des atomes et des molécules. Plus précisément, les chercheurs se sont penchés sur le siège de cette réaction : les chloroplastes, les petites structures chlorophylliennes qui donnent leur couleur aux plantes vertes.

Lorsqu’un photon vient frapper une structure bien précise à la surface de ces chloroplastes (le photosystème II, ou PSII), cela a pour effet d’arracher un électron — une particule élémentaire chargée négativement. Ce dernier devient alors l’acteur principal d’une réaction en chaîne complexe. Le mécanisme est déjà relativement bien connu. Il a été étudié en profondeur par des tas de spécialistes, et c’est aujourd’hui l’une des pierres angulaires de la biologie végétale.

Mais le départ de cet électron laisse aussi ce que les physiciens appellent un trou. Il ne s’agit pas d’une particule à proprement parler. Mais cette structure chargée positivement est aussi capable se déplacer au sein d’un système. Elle peut donc se comporter comme un vecteur d’énergie.

Ensemble, l’électron éjecté et le trou qu’il laisse derrière lui forment un couple dynamique appelé exciton. Et si le rôle du premier est bien documenté, le comportement du second dans le cadre de la photosynthèse n’a quasiment pas été étudié.

C’est quoi, un condensat de Bose-Einstein ?

Pour combler cette lacune, Mazziotti et ses collègues ont réalisé des modélisations informatiques du phénomène. Et en observant les allées et venues de ces excitons, ces spécialistes des interactions de la matière ont rapidement remarqué quelques motifs qui leur ont semblé familiers ; ils rappelaient fortement un concept proposé par Einstein en 1925.

Imaginez un gaz où des particules se déplacent aléatoirement les uns par rapport aux autres, animées par leur énergie interne. En le refroidissant (ce qui revient à retirer de l’énergie au système), on force les atomes à s’agglutiner ; le gaz passe à l’état liquide, puis solide dans certains cas.

Lorsqu’on le refroidit encore davantage pour s’approcher du zéro absolu, les atomes arrivent dans un état où ils n’ont quasiment plus d’énergie à disposition ; ils sont presque entièrement figés dans un état ultra-condensé, séparés par une distance si minuscule que la physique newtonienne traditionnelle ne suffit plus à l’expliquer.

Sans rentrer dans le détail, dans ces conditions, les atomes (ou plus précisément les bosons) qui composent certains matériaux deviennent quasiment indiscernables. Au niveau quantique, ils forment un système unique, une sorte de super-particule où chaque constituant est exactement dans le même état (voir la notion de dualité onde-corpuscule pour plus de détails). On appelle cela un condensat de Bose-Einstein.

Ces objets ne suivent pas les règles de la physique traditionnelle. Ils affichent des propriétés très particulières qui n’existent pas dans les gaz, les liquides, les solides ou le plasma. Pour cette raison, ces condensats sont parfois considérés comme les représentants du "cinquième état de la matière". (après le solide, le liquide, le gaz et le plasma)

De la biologie végétale à la physique quantique

La plus remarquable de ces propriétés, c’est que les condensats de Bose-Einstein sont de vraies autoroutes à particules. D’après la physicienne américaine Louise Lerner, l’énergie s’y déplace librement, sans la moindre résistance. Même si les mécanismes physiques sous-jacents sont différents, on se retrouve dans une situation comparable à ce que l’on trouve dans les supraconducteurs.

Or, d’après les modèles informatiques créés par Mazziotti et ses collègues, les excitons générés par la photosynthèse peuvent parfois se lier comme dans les condensats de Bose-Einstein. C’est une observation particulièrement surprenante, car jusqu’à présent, cela n’a été documenté qu’à des températures proches du zéro absolu. Selon Louise Lerner, c’est aussi étonnant que de voir "des glaçons se former spontanément dans une tasse de café chaud".

Le phénomène n’est pas aussi marqué chez les plantes que dans les vrais condensats de Bose-Einstein. Mais d’après les auteurs de l’étude, cela aurait quand même pour effet de doubler l’efficacité des transferts énergétiques indispensables à la photosynthèse.

De la recherche fondamentale aux applications pratiques

Les implications de cette découverte ne sont pas encore parfaitement claires. Mais il y en a une qui met déjà l’eau à la bouche des chercheurs : ces travaux pourraient enfin permettre d’utiliser les formidables propriétés des condensats de Bose-Einstein dans des applications concrètes.

En effet, même si ces matériaux sont très intéressants sur le papier, le fait de devoir atteindre une température proche du zéro absolu limite grandement leur intérêt pratique. Aujourd’hui, ils sont utilisés exclusivement en recherche fondamentale. Mais puisqu’un phénomène comparable a désormais été modélisé à température ambiante, les chercheurs vont pouvoir essayer d’utiliser ces mécanismes pour concevoir de nouveaux matériaux aux propriétés très intéressantes.

"Un condensat d’excitons parfait est très sensible et nécessite des conditions très spécifiques", précise Mazziotti. "Mais pour les applications réalistes, c’est très excitant de voir que ce phénomène qui augmente l’efficacité du système peut survenir à température ambiante", se réjouit-il.

A long terme, cette découverte va sans doute contribuer à la recherche fondamentale, en biologie végétale mais aussi en physique quantique pure. Cela pourrait aussi faire émerger une nouvelle génération de composants électroniques très performants. Il sera donc très intéressant de suivre les retombées de ces travaux encore balbutiants, mais exceptionnellement prometteurs.

Auteur: Internet

Info: https://www.journaldugeek.com/, Antoine Gautherie le 05 mai 2023

[ recherche fondamentale ]

 

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