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s'ennuyer

Quand j’étais enfant surtout, l’ennui assumait des formes tout à fait obscures pour moi et pour les autres, formes que j’étais incapable d’expliquer. En ces années-là, il m’arrivait de cesser brusquement de jouer et de rester des heures entières immobile, comme engourdi, accablé en réalité par le malaise que m’inspirait ce que j’ai appelé la flétrissure des objets, c’est-à-dire par l’obscure conscience qu’entre moi et les choses, il n’existait aucun rapport. Si, en de tels moments, ma mère entrait dans la chambre et me voyant muet, inerte et pâle de souffrance, me demandait ce que j’avais, je répondais invariablement: "je m’ennuie" expliquant ainsi, par un mot de sens clair et étroit, un état d’âme vaste et obscur.

Auteur: Moravia Alberto

Info: L'ennui

[ désintérêt ]

 

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homme-animal

Dans l'histoire de l'Eglise catholique, si l'on excepte quelques mystiques comme saint François d'Assise, on assiste à un désintérêt profond pour la condition animale. Quand on sacrifiait des animaux au temple, la bête était unie à l'homme et à Dieu dans une relation triangulaire très porteuse de sens. On immolait les animaux, mais ils étaient l'objet de respect... Or, à partir du moment où le Christ s'offre comme la brebis du sacrifice, il n'y a plus lieu de se soucier des animaux en chair et en os, ils n'existent plus que sur le mode de l'allégorie. Saint Augustin assurait même que les animaux ne peuvent pas souffrir puisqu'ils n'ont pas commis le péché originel. Les animaux machines de Descartes s'inscrivent dans cette trace.

Auteur: Fontenay Élisabeth de

Info:

[ interaction ] [ religion ] [ historique ]

 

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laisser-aller

Qui n'a jamais tué une heure ? Pas par hasard ou sans réfléchir, mais avec soin :  prémédité meurtre du temps. Violence issue d'une combinaison d'abandon, de désintérêt et de résignation : passer outre est tout ce qu'on peut espérer accomplir. Alors on tue l'heure. Sans travailler, sans lire, ni rêvasser. Si on dort, ce n'est pas par besoin de dormir. Et quand tout est enfin terminé, ne reste aucune preuve : ni arme, ni sang, ni corps. Le seul indice pourrait être une ombre sous les yeux ou cette ligne si fine près du coin de la bouche, qui indiquent que quelque chose a été enduré, que dans l'intimité de cette vie on a perdu quelque chose et que cette perte est bien trop creuse pour être partagée.

Auteur: Danielewski Mark Z.

Info: House of Leaves

[ abandon ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

démagogie

Un enfant revenant de l'école me donne des nouvelles de son travail. Il sort de son cartable un "torchon" censé être un exercice de français. À ma question: "Qu'est-ce que c'est?", il répond "La maîtresse a dit: parle dans ton langage à toi." J'ai souvent réfléchi à la formule rapportée par un enfant du primaire. Que dit-elle? Derrière le propos bénin et bienveillant, j'entends une autre musique: "Parle dans ton langage à toi, car de toute façon ça ne porte à aucune conséquence, les autres peuvent n'y rien comprendre, tout le monde s'en fout, tu n'as rien à dire." J'appelle ça désapprendre à communiquer, fermer la porte de la civilisation. Transposez ça dans l'éducation des enfants de la misère ou des enfants de l'immigration, ça donne l'inévitable: on les enfonce. J'appelle cette position une forme de mépris inavouable.

Auteur: Legendre Pierre

Info: Sur la question dogmatique en Occident, II, Fayard 2006

[ laxisme ] [ dénigrement implicite ] [ désintérêt ] [ devoirs scolaires ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

temporalité

Notre expérience du temps et de notre existence dans le temps est centrée sur le présent. En quoi est-ce nouveau ? Que le présent soit le centre et les deux autres dimensions, passé et avenir, la périphérie, c’est une image qui n’est pas d’aujourd’hui. Lorsqu’il veut opposer le "maintenant" à ces deux autres dimensions, Aristote les appelle "le temps qui entoure" (perix). Par ailleurs, que le présent soit le temps de l’action, le seul dont nous disposions, c’est aussi une constatation qui remonte à l’Antiquité. Un célèbre fragment d’Aristippe de Cyrène le rappelait déjà : "Seul le présent est à nous, et non pas ce qui nous devance, ni non plus ce qui est attendu : l’un a disparu, et de l’autre, il est incertain s’il sera". Des stoïciens comme Sénèque et Marc-Aurèle nous ont laissé des observations analogues. Cependant, il s’agissait pour les Anciens de museler l’intérêt excessif pour le passé et l’avenir, objets de nostalgie ou d’anticipation, pour ramener à l’exigence d’agir. Notre problème à nous est au contraire un désintérêt pour le passé comme pour l’avenir.

Auteur: Brague Rémi

Info: Modérément moderne, éditions Flammarion, 2014

[ inconséquence ] [ attitudes ] [ historique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

nature

(...) il existe, à l'égard de l'animal, ce que l'on peut nommer une "éthique en cercles concentriques", axée sur l'homme, et organisée en couronnes successives correspondant à des obligations morales de degrés décroissants. (...) En s'éloignant du centre, les cercles d'attention se transforment en cercles de désintérêt, puis de répulsion. Le sentiment d'obligation morale s'amenuise peu à peu : il se traduit notamment dans la distinction arbitraire établie entre animaux dits "supérieurs" et animaux "inférieurs", entre animaux dits "méchants" ou "gentils", "beaux" ou "laids", ou "sales", "nuisibles" ou "utiles". (...) Les animaux passent ainsi du statut d'être vivant sensible, proche, digne de compassion, d'assistance, de respect, à celui d'objet, voire à celui d'ennemi.
Cette éthique en quelque sorte sélective et manquant de rationalité conduit à des attitudes paradoxales et presque incohérentes. Tel homme qui combattra la consommation de la viande de cheval ("Moi j'aime les chevaux, j'en mange pas !"), pourra aller se délecter d'une tranche de gigot d'agneau après avoir distribué ses tracts militants. Tel autre, qui ne supporte pas que l'on bouscule son chien qu'il aime, ira à coups de fusil tuer des oiseaux en plein vol, ou farcir un lièvre de plomb. Tel autre est révolté par l'expérimentation conduite sur un chat, ou un singe, mais reste indifférent au sort de dizaines de millions de souris et de rats.
C'est précisément à cette éthique sélective et irrationnelle que s'opposent les "droits" de l'animal, dont le respect conduit l'homme à manifester à l'égard des autres animaux empathie, compréhension, ou au moins tolérance, et à bannir toute contrainte, toute violence et toute cruauté.

Auteur: Coulon Jean-Marie

Info: Les droits de l'animal

[ anthropocentrisme ] [ végétarien ]

 

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critique philosophique

En premier lieu, il est reproché [par Antoine Faivre] à R. Guénon son désintérêt pour les "courants théosophiques" qu’il aurait ignorés de même que ses lecteurs, ce qui manifestement n’est pas exact puisque, non seulement, R. Guénon a reconnu la valeur initiatique d’une œuvre comme celle de J. Bœhme mais certains à sa suite ont écrit qu’il s’agissait d’une "métaphysique complète", recevant "son inspiration directement du Saint Esprit". D’autre part, les guénoniens sont accusés de manquer de curiosité à l’égard des "divers modes d’émergence de la Tradition ou des traditions", ce qui semble être en totale opposition avec l’esprit d’universalité rare qui pénètre tout l’enseignement de R. Guénon, même si celui-ci a privilégié certaines formes orientales en raison de l’absolue rigueur de leur expression doctrinale, sans parler des structures initiatiques institutionnelles dont elles sont encore porteuses et qui véhiculent un fonds traditionnel ancestral difficilement comparable du point de vue de sa richesse. Après une mise en cause implicite de l’adhésion à la théorie hindoue des cycles, présentée à tort comme pessimiste, l’attitude de R. Guénon est qualifiée de "dualiste", compte tenu de sa dimension "identitaire" et par trop "métaphysique". Le refus de son objectif, défini comme "fusion dans le Même", fait dire à A. Faivre, en des termes particulièrement impropres et péjoratifs, qu’il s’agit de déboucher "comme dans la tradition védique, sur une vision atonique, plate, amorphe du Monde", ce qui, du seul point de vue scientifique, semble insoutenable. Le souci de discréditer cette première voie se termine enfin par la critique de la position guénonienne relative à l’Art Royal. Comme le dit justement A. Faivre, il est vrai que pour celui-ci, la tradition hermétique ne dépasse pas le domaine cosmologique et l’initiation aux petits mystères, de telle sorte qu’ils se placent au second plan à l’égard des grands mystères et de l’Art Sacerdotal. Cela dit, bien loin d’être une invention de R. Guénon, cette réalité hiérarchique correspond jusque dans la terminologie utilisée à un fait traditionnel que seul un préjugé anti-métaphysique pourrait remettre en question.

Auteur: Geay Patrick

Info: Dans "Hermès trahi", page 80

[ objections ] [ réfutations ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson