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secondéités - priméité

Les partisans d'un matérialisme émergeant fort soulignent les différences fondamentales entre réalité psychologique subjective et  réalité physique (ou neuronale) objective. La première comprend des expériences qualitatives qui sont ressenties/perçues comme formant un tout qui n'existe que du point de vue de la première personne ; la seconde consiste en des entités physiques et des mécanismes de causalité qui n'impliquent rien de subjectif ou de qualitatif et qui existent du point de vue de la troisième personne ou objectivement. Rien de ce que nous pouvons penser ou imaginer ne sera capable de faire qu'un processus réel objectif se transforme en, ou "génère", des "sensations" subjectives et/ou qualitatives. C'est comme essayer d'extraire du vin à partir de l'eau pure : ça n'existe simplement pas, et aucun mécanisme naturel (à part la magie) ne pourra transformer le premier à partir du second.

Auteur: Revonsuo Antti

Info: Consciousness: The Science of Subjectivity. Hove: Psychology Press, 2010, p. 30 In Phenomenal Consciousness and Emergence: Eliminating the Explanatory Gap de Todd E. Feinberg and Jon Mallatt

[ tiercités limitées ] [ langage seconde main ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

inspiration

Tu es la présence avec laquelle je parle
tout à coup, seul à seul.
Ce sont les mots qui te forment,
ceux qui sortent du silence
et de la mare de rêve dans laquelle je me noie
libre jusqu’au réveil.

Ta main métallique
durcit l’urgence de ma main
et conduit la plume
qui trace sur le papier son littoral.

Ta voix, lieu de l’écho,
est le rebondissement de ma voix sur le mur,
et sur ta peau en miroir
je me regarde me regardant parmi mille Argos
pendant de longues secondes.

Mais le moindre bruit te fait fuir
et je te vois sortir
par la porte du livre
ou par l’atlas du plafond,
par les planches du plancher,
ou la page du miroir,
et tu me laisses
sans vie sans voix et sans visage,
sans masque comme un homme nu
en pleine rue des regards.

Auteur: Xavier Villaurrutia y González

Info:

[ ange gardien ] [ poème ]

 

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commentateurs

On a souvent considéré le critique comme un pas-grand-chose, payé par les maisons d'édition, médiocre trameur d'intrigues, de complots, inventeur de valeurs inexistantes et d'idées futiles. Peut-être pense-t-on que les critiques sont devenus critiques par vocation naturelle à la servilité et au vice littéraire.

Il n'en est malheureusement pas ainsi ; il existe un nombre, pas énorme mais notable, de critiques comme il faut, qui font leur métier avec acharnement et patience. Ont-ils des idées ? Oui, souvent, malheureusement ; et même, jusqu'à il y a quelques années, on exigeait qu'ils en aient ; la critique dite militante était généralement faite par des critiques qui avaient des idées. Je me suis toujours méfié de l'homme de lettres doté d'idées ; ce n'est pas son métier ; il doit se contenter d'idées de seconde main, simplifiées et mal comprises ; et d'ailleurs inutiles.

Auteur: Manganelli Giorgio

Info: in "Le bruit subtil de la prose", éd. Le Promeneur, p. 126-127 - trad. Dominique Férault

[ intellectualisme ] [ profession méprisée ] [ ironie ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

colonialisme

[...] les Etats-Unis, [...] serviront bel et bien de modèle à la France, qui sort à genoux de la Seconde Guerre mondiale. Tout y est neuf, tout y est en ordre, la moindre ferme -en apparence en tout cas- crache des céréales et de la viande, au point de connaître, déjà, des crises de surproduction. Dans le face-à-face entre un pays mécanisé, qui vient de triompher sur le champ de bataille, et un autre totalement ruiné, la partie ne pouvait être égale. Les habitants du premier étaient grands, riches, bien portants. Ceux du second se sentaient pauvres, chétifs et souffreteux. Et l'étaient. Les premiers s'apprêtaient à déverser sur l'Europe en ruine les milliards de dollars du plan de reconstruction dit Marshall, qui diffuserait non seulement des films et une manière de vivre, mais aussi un mode de production, industriel comme agricole. Les seconds avaient déjà la sébile en main. Les jeux étaient faits avant que d'avoir commencé.

Auteur: Nicolino Fabrice

Info: Bidoche. L'industrie de la viande menace le monde

[ usa ] [ Europe ]

 

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indicible

Mais j'écartai simplement d'une caresse les mèches de son visage pour la regarder. Elle me rappelait ces anges qu'on voit sur les tombes, paupières closes, visage levé et mains jointes.
- Tu as chaud à nouveau, lui dis-je. Tu es sûre que tu te sens bien?
Grace n'ouvrit pas les yeux. Je fis courir un doigt autour de son visage comme pour en écarter encore quelques cheveux. Ma peau me paraissait froide contre la sienne, brûlante.
- Mmm hmm, murmura-t-elle.
Je poursuivis mon geste tout en songeant à lui dire qu'elle était belle, et qu'elle était mon ange, mais je savais ces mots plus lourds de sens pour moi que pour elle: elle y verrait de simples formules, des lieux communs qui la feraient sourire une seconde, avant de... disparaître, trop galvaudés pour être vrais. Pour elle, c'étaient ma main sur sa joue, mes lèvres sur sa bouche, tous ces contacts éphémères qui comptaient et lui prouvaient mon amour.

Auteur: Stiefvater Maggie

Info: Fièvre

[ homme-femmes ]

 

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seconde guerre mondiale

Et ce qui se produit aujourd’hui [en 1933] en Allemagne, c’est la même chose. Et les gens à l’étranger croient que l’Allemagne pense à la guerre. Peut-être avez-vous vu cette caricature anglaise dans Punch, un homme avec une lance à la main et des cornes sur la tête, une sorte de Teuton avec une torche et des yeux enflammés, et il fonce, il a déjà brisé l’une de ses chaînes. Mais il y a méprise ; c’est une immense fête de l’amour qui se joue dans les esprits, pas celle de la guerre. Et bien sûr quand les gens sont dans une telle ambiance, ils deviennent fous aussi, mais psychologiquement c’est d’importance secondaire. Pour les pays autour, la différence est évidemment colossale, mais si les voisins de l’Allemagne ne deviennent pas fous, cela ne conduira pas forcément à la guerre. Car tout ça a un caractère hochzitlich [nuptial], ce sont les réjouissances des noces de toute une nation. D’où ce déploiement extravagant de sentimentalisme et ces torrents émotionnels.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans "Analyse des visions", conférence du 10 mai 1933

[ minimisation ] [ collectif ] [ signes avant-coureurs ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

mémorialiste

J'écris les guerres d'Alexandre sur les Mémoires de Ptolémée et d'Aristobule : unanime, leur témoignage me présente le caractère de la vérité ; opposé, je le discute, et n'admets que les faits dignes de foi, dignes de l'histoire. D'autres ont rapporté d'autres gestes du fils de Philippe ; car nul n'occupa des écrivains plus nombreux et plus divisés. Ptolémée et Aristobule m'ont paru mériter le plus de créance ; Aristobule ne quitta point le prince durant cette expédition Ptolémée fut son compagnon d'armes ; et roi, il se fut plus avili qu'un autre par le mensonge ; tous deux enfin n'écrivirent qu'après la mort du conquérant, affranchis de cette contrainte et de cet intérêt qui auraient pu leur faire trahir la vérité. Quelques auteurs ont rassemblé des traits qui méritent, d'être cités, et que je n'ai pas jugé incroyables pour n'appartenir qu'au seul Alexandre ; je les ai recueillis. La surprise de voir un nouvel historien succéder à tant d'autres, cessera peut-être en comparant leurs écrits au sien.

Auteur: Arrien Lucius Flavius Arrianus

Info: Expéditions d'Alexandre, introduction

[ seconde main ]

 

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confusion

"J'ai besoin de rester occupé" et "J'ai besoin de boire" étaient au coude à coude. Bon, pensa-t-il, je ne peux pas être sûr à cent pour cent de celle qui est arrivé en premier, mais je peux au moins réfléchir pour savoir laquelle a le plus de poids, ou de vérité. "J'ai besoin de rester occupé." C'était vrai. Il avait toujours été quelqu'un de très occupé... La question, maintenant, consistait à savoir si "J'ai besoin de boire" arrivait avant "J'ai besoin de rester occupé" ou s'il pouvait en toute sincérité le placer en deuxième. Il griffonna sur une feuille à part : "J'ai besoin d'être occupé tous les jours", et, à côté : "J'ai besoin de boire tous les jours." Il n'y avait malheureusement pas de contestation possible. La seconde de ces affirmations était la plus vraie. Il écrivit "J'ai besoin de boire" tout en haut de sa liste de besoins. "Je veux être Premier ministre" faisait bizarrement face à "J'ai besoin de boire", mais les deux étaient vrais.

Auteur: Campbell Alastair

Info: Tout est dans la tête

[ psychiatrie ]

 

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transformation

Sur le fond de mon humeur très sombre, bien plutôt et même avant qu'elle ensoleillât la lande, il se fit tout à coup dans le plein sens du mot une embellie. La contrariété littérale qui avait été, je le sentais maintenant avec force, ma disposition de tout l’après-midi, disparaissait. Un poids de tristesse m’était enlevé. La pluie cessait – inexplicablement réchauffant, un rayon de soleil décoloré coulait à travers les branches : autour de moi, la rumeur fourmillante des bois sous l’averse se figeait goutte après goutte dans le suspens doucement épanoui d’une foule de théâtre, et tout à coup, faisant vibrer la lumière décapée par l’averse, un oiseau chanta sur deux notes transparentes et calmes, de la voix même de l’éclaircie. Tout était léger, ouvert, cristallin, facile – un autre monde – comme si le rideau de pluie brusquement levé m’eut été ce "fondu enchaîné" des films qui soude en une seconde les rues aux forêts et les minutes aux années. Quelques pas plus loin, la maison soudain fut là.

Auteur: Gracq Julien

Info: La maison

[ accalmie ] [ état d'esprit ] [ météo ] [ interne ] [ externe ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

séparation

A l'époque les passagers partant pour l'Amérique avaient coutume de monter sur le pont avec une pelote de coton. Ceux qui restaient à quai gardaient en main l'extrémité du fil. Tandis que le Giulia s'éloignait au son de sa corne de brume, une centaine de fils de coton se tendaient au-dessus de l'eau. Les gens criaient leurs adieux, agitaient frénétiquement les bras, tenaient à bout de bras des bébés pour qu'ils voient une dernière fois ceux dont ils ne garderaient pas le souvenir. Les hélices bouillonnaient ; les mouchoirs voletaient et, sur le pont, les pelotes de coton se mirent à se dévider. Rouge, jaune, bleu, vert, elles se déroulaient toutes les dix secondes, puis de plus en plus vite à mesure que le bateau prenait de la vitesse. Les passagers tenaient leur fil aussi longtemps que possible, conservant le contact avec les visages qui se faisaient de moins en moins discernables. Mais finalement, une par une, les pelotes arrivèrent à leur fin. Les fils de coton s'envolèrent, s'élevant dans la brise.

Auteur: Eugenides Jeffrey

Info: Middlesex

[ émigration ] [ adieux ]

 

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Ajouté à la BD par miguel