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déshabillée

Vive et soumise, elle enjamba tout le linge qui traînait par terre et resta nue, grise et mauve, avec ce corps si particulier aux femmes quand il est pris de frilosité nerveuse, qu'il se tend et devient frais sous l'effet de la chair de poule, et dans ses modestes bas gris, aux jarretelles toutes simples, et ses pauvres petites chaussures noires ; elle lui jeta un regard ivre et triomphant, les mains à ses cheveux pour en retirer les épingles. Glacé, il la suivait des yeux. Elle était mieux faite, plus jeune de corps qu'il n'avait pensé. La maigreur des côtes et des clavicules répondait à celle du visage et à la finesse des mollets. Mais les hanches étaient vraiment fortes. Dans le ventre légèrement creux, disparaissait un nombril minuscule, et plus bas, l'on retrouvait dans le relief soyeux d'un triangle noir la sombre richesse de ses cheveux. Quand elle eut retiré ses épingles, ils roulèrent en masse épaisse sur les vertèbres saillant dans le dos trop maigre. Elle perdait ses bas et, en se penchant pour les retenir, laissa voir deux petits seins transis aux pointes brunes et fripées qui pendaient comme deux petites poires chétives, adorables de pauvreté. Il la força à goûter à cette impudeur extrême qui allait si mal à son visage et qui éveillait en lui pitié et tendresse, et passion... On ne pouvait rien voir à travers les lames relevées du store, mais elle y jetait des coups d'oeil de terreur exultante, écoutant les voix tranquilles et les pas sur le pont juste sous la fenêtre, et cela augmentait avec encore plus de fureur les délices de sa débauche. Oh ! comme ils sont près ces gens qui parlent et qui marchent, et aucun d'eux n'a idée de ce qui se passe à deux pas dans cette cabine blanche.

Auteur: Bounine Ivan Alex

Info: Les Allées sombres

[ femme-par-homme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

unus mundus

La condition du trois correspond à l’intelligence intérieure, la réalisation de la conscience. C’est l’unité retrouvée du "un" à un niveau supérieur, bref à la gnose, la connaissance. Toutefois, le stade final n’est pas atteint pour autant. Il manque une dimension à cette pensée "trinitaire" qui reste plate, intellectuelle et favorise par conséquent un penchant aux affirmations absolues et intolérantes. En conférant une validité absolue à certaines connaissances dans le cadre de la forme de la pensée trinitaire, on néglige de voir que quelque chose, qui avait été montré comme "structure intemporelle par l’inconscient", a été reconstruit par la pensée discursive et, par suite, marqué d’une condition temporelle. C’est pourquoi le "trois" a si souvent à faire avec le temps dans la symbolique des nombres. Inutile de souligner plus avant que notre réflexion devient erronée quand elle attribue naïvement à ses connaissances conscientes une validité "éternelle". Elle n’est seulement qu’une reconstruction obtenue au moyen de la pensée "discursive" et uniquement située dans le temps. Si l’individu devient conscient de cette distinction, il se produit une modification radicale de la conscience. Le "moi" ne s’identifie plus à une vérité "éternelle" et devient capable de ne plus voir dans la connaissance "éternelle" qu’une des nombreuses révélations possibles de l’arrière-plan inconnu de l’âme et du monde. La proclamation de dogmes absolus fait alors place à une forme de pensée quaternaire. Le "quatre" cherche seulement à fournir des descriptions de la réalité dont elle espère que, du moment qu’elles seront fondées sur des prémisses archétypiques, elles pourront être comprises par d’autres individus. Ce faisant on demeure conscient du fait que, si les présupposés inconscients reflètent la réalité extérieure ou intérieure, leur passage dans une conscience liée au temps et leur expression dans un langage temporel leur fait perdre leur validité absolue et ne permet de les représenter que comme des modèles approximatifs.

Auteur: Franz Marie-Louise von

Info:

[ fonction d'onde ] [ singularité ] [ trinité-quaternité ] [ relativité linguistique ] [ idiomes consensus ] [ humaines tiercités ] [ intemporalité ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

parents-enfants

Par exemple, il est difficile pour des enfants dont les parents divorcent et sont en conflit officiel, un conflit qui doit se résoudre par la remise de la garde de l’enfant à l’un ou à l’autre, de se sentir en sécurité pour utiliser de façon créatrice leur libido en société. La distance affective qu’il est nécessaire de prendre vis-à-vis des deux parents devient impossible du fait soit de leur conflit, soit du mode de garde décidé en faveur de l’un ou de l’autre. [...] On retrouve, comme symptôme de leur souffrance, des altérations de la communication du sujet avec son schéma corporel, ou encore on retrouve des troubles de par l’invalidation de la sublimation des pulsions orales et anales qui avait été mise en route par les castrations de la petite enfance, avant l’Œdipe. Ces difficultés ainsi retrouvées d’une castration œdipienne non maintenue par le modèle parental coïncident avec les conflits familiaux, dévitalisent la libido engagée dans des sublimations antérieures. Ces sublimations qui donnent valeur à l’enfant en famille et en société en accord avec la sexuation, s’étaient construites à l’époque où le parent qui donnait la castration était crédible sans conteste. Mais la séparation des parents a modifié chez l’enfant en cours de structuration et de croissance la valeur de modèle et de crédibilité de l’adulte, en tant que valeureux.

Et puis, il y a aussi, en sus de la pudeur qui est apparue dès l’époque de la différence sexuelle, mais plus encore à la castration œdipienne, une pudeur symbolique, qui joue sur le fait de se montrer ou de ne pas se montrer heureux lorsqu’on sent les parents malheureux, ou de se voir obligé à réussir, dans le seul but de consoler père ou mère de leur échec conjugal. L’enfant régresse alors, ou reste piégé dans la relation duelle pré-œdipienne qui se prolonge.

Auteur: Dolto Françoise

Info: "L'image inconsciente du corps", éditions du Seuil, 1983, page 330

[ adaptation ] [ conséquences ] [ effets ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

globalisation

-  [...] Bien que personnellement, je pense que le cyberespace signifie la fin de notre espèce.

- Ah... Pourquoi ça ?

- Parce que ça signifie la fin de l'innovation, rétorqua Malcolm. Cette idée que le monde entier est connecté est une mort de masse. Tous les biologistes savent que les petits groupes isolés évoluent plus rapidement. Vous mettez un millier d'oiseaux sur une île océanique et ils évolueront très vite. Vous en mettez dix mille sur un grand continent, et leur évolution ralentit. Maintenant, pour notre propre espèce, l'évolution se fait surtout par notre comportement. Nous innovons de nouveaux comportements pour nous adapter. Et chacun sur terre sait que l'innovation ne se produit que par de petits groupes. Mettez trois personnes dans un comité et elles pourront peut-être faire quelque chose. Dix personnes, et ça devient plus difficile. Trente personnes, et rien ne se passe. Trente millions, ça devient impossible. C'est l'effet des médias de masse - ils neutralisent tout, ils engloutissent la diversité. Chaque endroit devient identique. Bangkok ou Tokyo ou Londres : il y a un McDonald's à un coin de rue, un Benetton à un autre, un Gap en face. Les différences régionales disparaissent. Toutes les différences disparaissent. Dans un monde de médias de masse, il y a moins de tout ; restent les dix meilleurs livres, disques, films, idées. Les gens s'inquiètent de la perte de la diversité des espèces dans la forêt tropicale. Mais qu'en est-il de la diversité intellectuelle - notre ressource la plus nécessaire ? Elle disparaît à plus grande vitesse que les arbres. Et comme nous n'avons pas encore compris tout ça, alors nous prévoyons maintenant de rassembler six milliards de personnes dans le cyberespace. Et cela va geler toute l'espèce. Tout s'arrêtera de soi-même. Tout le monde pensera la même chose en même temps. L'uniformité mondiale. [..]

Auteur: Crichton Michael

Info: The Lost World

[ mondialisation ] [ uniformisation ] [ pessimisme ] [ anti-Cnn ]

 
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réel-symbolique-imaginaire

[...] que se passe-t-il si l’agent symbolique, le terme essentiel de la relation de l’enfant à l’objet réel, la mère comme telle, ne répond plus ? Si à l’appel du sujet, elle ne répond plus ?

Donnons la réponse nous-mêmes. Elle déchoit. Alors qu’elle était inscrite dans la structuration symbolique qui la faisait objet présent-absent en fonction de l’appel – elle devient réelle. [...]

Lorsqu’elle ne répond plus, lorsque, en quelque sorte, elle ne répond plus qu’à son gré, elle sort de la structuration, et elle devient réelle, c’est-à-dire qu’elle devient une puissance. [...]

Corrélativement se produit un renversement de la position de l’objet. Tant qu’il s’agit d’une relation réelle, le sein – prenons-le comme exemple – on peut le faire aussi enveloppant que l’on veut. Par contre, à partir du moment où la mère devient puissance, et comme telle réelle, et que c’est d’elle que manifestement dépend pour l’enfant l’accès aux objets, que se passe-t-il ? Ces objets qui étaient jusque-là, purement et simplement, objets de satisfaction, deviennent de la part de cette puissance, objets de don. Et les voilà maintenant, de la même façon, ni plus ni moins, que la mère jusqu’à présent, susceptibles d’entrer dans la connotation présence-absence [ordre symbolique], comme dépendant de cet objet réel qu’est désormais la puissance maternelle. [...] les objets que l’enfant veut retenir auprès de lui, ne sont plus tellement des objets de satisfaction, mais ils sont la marque de la valeur de cette puissance qui peut ne pas répondre, et qui est la puissance de la mère.

En d’autres termes, la position s’est renversée – la mère est devenue réelle, et l’objet symbolique. [...] L’objet a dès lors deux ordres de propriété satisfaisante, il est deux fois objet possible de satisfaction – comme précédemment, il satisfait à un besoin, mais aussi il symbolise une puissance favorable.

Auteur: Lacan Jacques

Info: dans le "Séminaire, Livre IV", "La relation d'objet", éditions du Seuil, 1994, pages 91 à 93

[ toute-puissance maternelle ] [ mère-enfant ]

 

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pouvoir

- C'est seulement une arme. Un objet usuel.
- Oui, bien sûr. Et quand je te regarde le manier et l'utiliser, je vois bien qu'il ne possède pas de vie propre. C'est seulement ... une chose. Mais j'ai aussi constaté un changement en toi depuis que tu le portes. Sans lui, tu étais différent. Sans défense. Impuissant. En ce qui me concerne, je suis un vrai chasseur, et je me suis toujours servi d'un arc pour abattre les animaux. Dire que je suis un vrai chasseur signifie que j'ai conscience d'avoir à mériter la vie que je prends. Notre façon de chasser m'aide à en être digne. Mais si la chasse devient facile, alors peut-être, je commencerai à me croire en possession d'un pouvoir que je ne possède pas réellement. Voilà pourquoi mon père n'aime pas le fer sacré, et je le comprends...
De La Vérendrye acquiesça d'un signe de tête. "Tu as raison," admit-il, un peu honteux. "Lorsque vous avez pris Bruneaux [Blanc en fuite qui a tué une vieille femme de la tribu et qui est responsable de la blessure de De La Vérendrye] au piège sur cette crête, je ne pouvais rien faire d'autre que vous observer. Je me sentais passif parce que je n'étais pas armé d'un fer sacré. A présent, c'est différent. Quand j'aperçois des cerfs, je les regarde d'un autre oeil." Il haussa les épaules. "Peut-être est-ce parce que je sais que je peux les tuer, si j'en ai envie."
Walks High hocha énergiquement la tête. "Je pense que mon père perçoit quelque chose au sujet du fer sacré que les autres ne voient pas. Et ne veulent pas voir.
- Je crois que ton père est dans le vrai," répondit De La Vérendrye. "J'ai vu des hommes doux et craintifs devenir bruyants et tapageurs quand ils avaient un fer sacré dans les mains...

Auteur: Marshall Joseph

Info: L'hiver du fer sacré

[ colonialisme ] [ armes ] [ usa ]

 

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judaïsme

(L'auteur travaille comme enseignant d'histoire à Coire - Suisse canton des Grisons - dans les années 70)

La réaction des arabes au sionisme devient intelligible pour les élèves lorsque nous transposons les circonstances historiques dans leur patrie. : Comment les Grisons auraient-ils réagis si, au début du 19e siècle, des colons juifs avaient acquis des terres chez eux, créé de petits îlots juifs, reliés peu à peu ces îlots entre eux, puis s'étaient installés en masse en 1944 et avaient créé un état juif avec le judaïsme comme religion officielle, les Grisons devenant alors des citoyens de seconde zone ? ...

- La comparaison est boiteuse, répondit l'élèves M., car Israël a toujours été la patrie des juifs, d'où leur droit sur cette terre et non sur les Grisons. Je rétorque : - Dans ce cas les Grisons ont un droit sur la Valteline qu'ils ont possédée autrefois et qu'ils n'ont perdue qu'à l'époque de Napoléon, et pas à l'époque romaine. Mais M. est têtu (ce qui me plait) et réplique :

- Les juifs ont rendu Israël fertile, le pays était désert et vide avant eux. Il doit appartenir à celui qui le cultive ... Moi :

- Et les vallées grisonnes, n'y trouve-t-on pas des ferme de montagnes et des vallées abandonnées par les Grisons ? ... Et pourtant les indigènes ne toléraient pas une immigration juive ? Autrefois, les colporteurs juifs qui traversaient les Grisons de temps à autre étaient vus d'un mauvais oeil par les Grisons qui ne leur ont jamais accordé le droit d'établissement ....

Nous découvrons un texte historique du 16e siècle illustrant l'antisémitisme local. Les élèves sont frappés par d'étranges amalgames : autrefois les Grisons étaient antisémites ; aujourd'hui ils sont sionistes. L'antisémitisme classique souhaite éloigner les juifs des Grisons, le sionisme souhaite les voir en Israël : ainsi peut-être s'agit-il des deux faces d'une même médaille ? ...

Auteur: Meienberg Niklaus

Info: Jours tranquilles à Coire, Zoé édition

[ irrédentisme ]

 

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envie du pénal

Si nous étions authentiquement démocrates nous nous demanderions à quelles lois nous devons obéir.

Plus nous réclamons des lois, plus nous sommes coupables, car notre besoin de lois n'est qu'une défense, une manière de tenir à distance notre désir qui nous apparaît entaché d'innommables péchés...

Le péché, c'est le manque dans l'Autre, dont résulte la castration symbolique.

Si le sujet l'assume, il devient un désirant, s'il s'y soustrait, il restera un coupable.

Le point de départ d'une éthique du sujet de l’inconscient consiste à ne pas ignorer notre jouissance, car qu'on le veuille ou non, nous en sommes intégralement responsables. La jouissance n’est pas à confondre avec le plaisir, la jouissance c’est le plaisir du déplaisir. Pour Lacan, le désir est ce qui vient border la jouissance, l’accès au désir se paie d’un sacrifice de la jouissance, qui change alors de signe et devient un bien en permettant de payer le prix de l’accès au désir: "Le désir, ce qui s'appelle le désir suffit à faire que la vie n'ait pas de sens à faire un lâche. Et quand la loi est vraiment là, le désir ne tient pas, mais c'est pour la raison que la loi et le désir refoulé sont une seule et même chose, c'est même ce que Freud a découvert." (Kant avec Sade)

La loi ne saurait se concevoir sans son envers, l'instance obscène qui bombarde le sujet de ses commandements contradictoires: le surmoi.

Arrivé à une nouvelle porte de la Loi, K découvre que derrière le masque des apparences, il n'y a rien ...rien si ce n'est une répugnante substance visqueuse de jouissance palpitant dans la monstruosité obscène de son hors-sens ; loin de la visée traditionnelle où la Loi est présentée dans sa perspective d'universelle neutralité, chez Kafka la Loi doit assumer son statut de bricolage inconsistant, pénétré de bout en bout par la jouissance...

Auteur: Dubuis Santini Christian

Info: Publication facebook du 13.01.2021

[ culpabilité ] [ compensation ]

 

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dernières paroles

Je promets de se lever et de sortir de la maison tous les matins. Je vais aller voir mes parents puis faire une longue promenade. Je vais suivre les ordres du médecin pour les médicaments. Je promets de ne pas me blesser. Je promets de ne pas visiter des sites Web qui parlent de suicide. (1ère)
(...)
Lorsque vous croyez avoir un avenir, vous pensez en termes de générations et d'années. Si ce n'est pas le cas, vous vivez non pas au jour le jour, mais d'une minute à l'autre. Il est de loin préférable que vous vous souveniez de moi comme je le fus lors de mon apogée comme auteur de best-seller plutôt que de l'épave aux yeux fous revenue de Louisville... Chaque respiration devient difficile et pour moi faire face à l'anxiété peut être comparé une noyade en plein mer. Je sais que mes actions vont transférer une partie de cette douleur aux autres, ceux qui me aiment le plus. S'il vous plaît pardonnez-moi. (2ème)
(...)
Il y a des aspects de mon expérience à Louisville que je ne comprendrai jamais. Tout au fond, je soupçonne que aurez plus de réponses sur ceci que moi. Je ne suis jamais parvenue à dissiper cette conviction que j'ai été recrutée, et plus tard persécutée, par des forces plus puissantes que ce que je pouvais imaginer. Que ce soit la CIA ou une autre organisation, je ne le saurai jamais. Tant que je suis vivante, ces forces ne cesseront jamais de me harceler.
Quelques jours avant mon départ pour Louisville J'ai eu un profond pressentiment pour ma sécurité. J'ai senti tout à coup des menaces pour ma propre vie: le sentiment étrange que j'étais suivie dans les rues, la camionnette blanche garée devant ma maison, le courrier endommagé qui arrivait à ma boite postale. Je crois que mon séjour à l'hôpital Norton était une tentative du gouvernement pour me discréditer.(3e)

Auteur: Chang Iris

Info:

[ suicide ]

 

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pensée-de-femme

A la radio, un médecin soulignait que plus un individu fait l'amour, meilleur il devient dans tous les domaines. Et moi j'éclatai de rire. Mon air railleur n'empêchait nullement cet homme de persévérer dans son catéchisme. Il rappelait que le corps humain est une mécanique, et la comparait, cette machine, au métro de Taipei, à Taiwan. Il y a des années de ça, un vice de fabrication avait concerné le béton des piliers soutenant ce métro aérien, fraîchement construit. Eh bien, sans passagers, ce métro avait fonctionné, jour et nuit, sans quoi il aurait rouillé. Selon ce médecin, une prophétie similaire planait sur le corps sexuel. Si on n'en faisait pas usage, il se dégradait.
On pouvait téléphoner à l'émission pour apporter un témoignage. J'avais composé le numéro. Plus rapidement que prévu, j'étais tombée sur un standardiste qui demandait ce que le sujet du jour m'inspirait. J'avais dit que j'étais révoltée... J'avais dit que les redoutables et ultramodernes conventions de notre époque étaient partout mais que, naïve, je m'étonnais de les trouver ici, dans une bonne émission de radio. J'avais démontré que ce n'était pas vrai, cette histoire que plus on fait l'amour, meilleur on devient. Par exemple, St François d'Assise, mère Téresa, le dalaï-lama, Bouddha ? Et que penser du compagnon qui fut des heures exaspérant et hostile, il a négligé votre dévouement, il vous a humiliée devant les autres, il a maudit votre souffle et il entend la nuit se réconcilier à bon compte ? On se rapproche de lui par la force des choses, en le haïssant. Est-ce bon pour la santé, ça ? J'avais dit : "Pourquoi donner à la vie sexuelle une valeur en tant que telle ? Il y a une multitude de dispositions intérieures, de circonstances extérieures. Ce qui rendrait meilleur, ce serait de ne rien croire aux propos canoniques de ce médecin." J'avais proposé : "Laissez aux gens le trésor qu'ils possèdent. Leur équilibre indéfinissable." Indéfinissable, j'avais appuyé.

Auteur: Fontanel Sophie

Info: l'envie

[ couple ]

 

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