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être humain

Les mythes dit joliment Claude Mettra "sont nés des larmes des hommes". La création se révèle indifférente à nos malheurs comme à nos appels, une perversité fondamentale semble animer les choses, les hommes sont, pour chacun, comme une horde sauvage, nous sommes seuls, et abandonnés sous un ciel sans étoiles, pions désemparés d'un jeu dont nous ignorons les règles et les enjeux, la mal partout triomphe - ainsi une gravure de l'atelier de Dürer représente le cosmos en séparant l'homme de Dieu par un "cercle de feu obscur" : nous orienter à travers ce feu brûlant et ces ténèbres, sinon briser le cercle de la prison que nous tissent l'espace et le devenir, du moins tracer des lignes de fuite, ou de passage, oui, cela peut être dit l'aventure humaine...

Auteur: Le Bris Michel

Info: René Guénon, Dossiers H, 1984

[ perdu ] [ quête ]

 

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portrait

À moins que M. Winston Churchill ne soit réduit au silence, il l'emporte toujours en livrant une "guerre d'usure" dialectique ; il lasse ses adversaires par ses incessantes offensives verbales, par l'intensité de ses convictions, par la versatilité de ses arguments. C'est qu'il connait ses dossiers comme il connaît ses discours - par coeur et à la lettre ; il ne laisse rien au hasard, il travaille ses documents avec l'ardeur d'un terrassier, il apporte à ses péroraisons un labeur incessant, il s'entraîne sur tout le monde. Sa vie n'est qu'un long discours ; il ne parle pas, il déclame. […] Il ne veut pas connaître votre point de vue, qui risquerait de déranger la magnifique limpidité de sa pensée par quelque rappel fastidieux d'une objection incommode. Que lui importent les vues des autres, puisque lui seul est dans le vrai ?

Auteur: Gardiner Alfred George

Info:

[ leadership ] [ homme politique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

mystère

La règle selon laquelle les dossiers secrets ne doivent être composés que d'informations déjà connues est essentielle à la dynamique des services secrets, et pas seulement aujourd'hui. Par exemple : dans une librairie consacrée à l'ésotérisme, on s'aperçoit que chaque nouvel ouvrage redit (sur le Graal, le mystère de Rennes-le-Château, les Templiers ou les Rosé-Croix) exactement ce qui figurait dans les livres précédents. Et ce n'est pas que l'auteur de textes occultistes s'interdise de faire des recherches inédites (ou ignore comment chercher des informations sur l'inexistant), mais parce que les occultistes ne croient qu'à ce qu'ils savent déjà, et qui reconfirme ce qu'ils avaient déjà appris. C'est d'ailleurs là le mécanisme du succès de Dan Brown.
Idem pour les dossiers secrets. L'informateur est paresseux tout comme est paresseux, ou d'esprit limité, le chef des services secrets, qui ne croit que ce qu'il reconnaît.

Auteur: Eco Umberto

Info: Construire l'ennemi et autres écrits occasionnels

[ illusion ]

 

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police politique

La Stasi était l'armée interne qui permettait au gouvernement de garder le pouvoir. Son rôle était de tout savoir sur tout le monde, par tous les moyens. Elle savait qui vous avait rendu visite, qui vous téléphonait et si votre femme vous trompait. C'était une bureaucratie métastasiée dans la société est-allemande : ouvertement ou secrètement, des indicateurs renseignaient la Stasi sur leurs compagnons et amis dans toutes les écoles, toutes les usines, tous les immeubles résidentiels et tous les cafés. Obsédée par les détails, la Stasi n'a absolument pas vu venir l'effondrement du communisme, qui allait entraîner l'effondrement du pays. Entre 1989 et 1990, elle a été complètement retournée : unité d'espionnage staliniste un jour, musée le lendemain. En quarante années d'existence, la quantité de renseignements récoltés par la Stasi était aussi volumineuse que les archives historiques de toute l'Allemagne depuis le Moyen-Age. Disposés les uns à côté des autres, les dossiers de la Stasi seraient étendus sur cent quatre-vingts kilomètres. 

Auteur: Funder Anna

Info: Stasiland, page 16

[ pouvoir ] [ conservation ] [ état policier ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

texte-image

L'intérieur ? Un vide, une pièce nue comme une plateau de théâtre. Que font là les deux dossiers des chaises qu'on devine dos à la fenêtre ? On a jeté dessus des taies d'oreillers ou des housses de coussin. Pour les faire sécher au soleil ? Est-ce la trace qui demeure, dans cette photo débarrassée de toute anecdote, du travail domestique dont cette femme se repose peut-être, un instant, en regardant dehors ? Mais justement elle ne regarde pas vraiment dehors, ou alors avec cette torsion qu'on a déjà remarqué. Son visage se détourne, il évite la fenêtre, ne lui fait pas face et c'est ça qu'on regarde : sa posture et l'inquiétude qui sourd de là. Si cette photo possède un "sujet", c'est celui-ci. La lumière blanche, vive bien que tamisée, qui descend sur cette femme et découpe son ombre sur le mur. La vibration de l'air. Le tremblement de tout. L'affrontement résigné de cette femme et de cette radiation qui laisse ses mains désoeuvrées et inutiles.

Auteur: Engélibert Jean-Paul

Info: La lumière de Tchernobyl

[ contemplation ] [ dissection ] [ impuissance ]

 

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tourisme branché

Avril 1973. De retour d'un long voyage vers les Indes, Philippe Gloaguen, 22 ans, publie le tout premier 'Guide du Routard' au sein d'une maison d'édition confidentielle. Adresses de garages pour faire réparer sa 2CV, techniques de Sioux pour dormir dans du papier journal à l'abri des scorpions, vocabulaire de base pour demander à manger en Afghanistan ou au Népal et adresse de Loïc, un expat' qui fait des crêpes au sucre au fin fond du Sri Lanka : le petit bouquin donne des conseils de survie aux babas cool désargentés qui tentent le trip mythique vers Goa ou Katmandou.

Quarante-six ans plus tard, le 'Routard' est devenu une industrie. Hachette en vend 2.5 millions chaque année, soit un exemplaire toutes les douze secondes. Pas moins de 135 éditions sont proposées, qui répertorient près de 110 000 adresses. Et la moindre gargote conseillée au fin fond de l'Indonésie ou du Costa Rica se retrouve bondée de touristes français, tout penauds de se retrouver entre eux, 'Le Guide du routard' à la main… L'esprit d'aventure des origines se réduit au choix de la meilleure connexion WiFidans des auberges 'bed & breakfast' climatisées et standardisées, même au bout du monde.

Auteur: Le Canard enchaîné

Info: A la recherche de l'aventure perdue', in 'Les Dossiers du Canard' n° 152, juillet 2019, '1,4 milliard de touristes

[ périples ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

asservissement

Nous estimons que la dette s’analyse d’abord de par son origine. Les origines de la dette remontent aux origines du colonialisme. Ceux qui nous ont prêté de l’argent, ce sont eux qui nous ont colonisés. Ce sont les mêmes qui géraient nos économies. Ce sont les colonisateurs qui endettaient l’Afrique auprès des bailleurs de fond, leurs frères et cousins. Nous sommes étrangers à la dette. Nous ne pouvons donc pas la payer.

La dette c’est encore le néo-colonialisme ou les colonialistes qui se sont transformés en "assistants techniques". En fait, nous devrions dire en assassins techniques. Et ce sont eux qui nous ont proposé des sources de financement, des "bailleurs de fonds". Un terme que l’on emploie chaque jour comme s’il y avait des hommes dont le "bâillement" suffirait à créer le développement chez d’autres. Ces bailleurs de fonds nous ont été conseillés, recommandés. On nous a présenté des dossiers et des montages financiers alléchants. Nous nous sommes endettés pour cinquante ans, soixante ans et même plus. C’est-à-dire que l’on nous a amenés à compromettre nos peuples pendant cinquante ans et plus.

La dette sous sa forme actuelle est une reconquête savamment organisée de l’Afrique, pour que sa croissance et son développement obéissent à des paliers, à des normes, qui nous sont totalement étrangers. Faisant en sorte que chacun de nous devienne l’esclave financier, c’est-à-dire l’esclave tout court, de ceux qui ont eu l’opportunité, la ruse, la fourberie de placer des fonds chez nous avec l’obligation de rembourser.

Auteur: Sankara Thomas

Info: Anthologie des discours de T. S., 29 juillet 1987, pp. 166-167

[ mammon impérialiste ] [ machiavéliques créanciers ]

 

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portrait de Bonaparte

Du moment où il fut chef d'État, on connaît son emploi du temps au jour le jour, le nombre de chapeaux que lui confectionna Poupart (entre cent soixante et cent soixante-dix) ou de culottes qu'il emporta à Saint-Hélène (dix-neuf), la couleur de ses yeux (gris-bleu) et de ses cheveux (châtains), sa taille (entre 1m 68 et 1m 69) et mille autres détails encore. On sait que son sourire conquérait jusqu'à ceux qui ne l'aimaient pas ; que sa voix pouvait être douce puis impérieuse ; qu'il savait feindre la colère et pouvait se laisser parfois déborder par elle. Il mangeait vite, chantait faux, prenait des bains très chauds, montait moyennement à cheval, aimait l'opéra italien, ne fumait pas mais priait, dormait lorsqu'il le voulait (environ sept heures par jour), plaçait sa main droite dans son gilet (geste banal pour l'époque mais qu'il a immortalisé), jetait par la fenêtre les livres qui l'ennuyaient, préférait une tenue modeste aux chamarrures qui l'auraient mis au même niveau que ses subordonnés. Il écoutait parfois avant d'ordonner. Il finit par ordonner sans avoir entendu ceux qu'il ne considérait plus comme ses conseillers mais comme des exécutants. Il détestait les longs discours, aimait que ses décisions fussent exécutées sans perte de temps. Il travaillait beaucoup sur tous les sujets sans en négliger aucun, entrant souvent dans le détail des nombreux dossiers qui transitaient par son cabinet. Il calligraphiait mal, prenait parfois un mot pour un autre mais dictait bien ce qu'il voulait écrire, parfois à plusieurs secrétaires en même temps.

Auteur: Lentz Thierry

Info: Napoléon (1804-1814),  Prologue, page 9

 

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détachement

Dès le lendemain matin, je me mis à faire les petites annonces ; il fallait plutôt chercher dans les quartiers sud, pour le travail de Valérie. Une semaine plus tard, j’avais trouvé : c’était un grand quatre-pièces au trentième étage de la tour Opale, près de la porte de Choisy. Je n’avais jamais eu, auparavant, de belle vue sur Paris ; je ne l’avais jamais tellement recherché non plus, à vrai dire. Au moment du déménagement, je pris conscience que je ne tenais à rien de ce qui se trouvait dans mon appartement. J’aurais pu en tirer une certaine joie, ressentir quelque chose qui s’apparente à l’ivresse de l’indépendance ; j’en fus au contraire légèrement effrayé. Ainsi, j’avais pu vivre quarante ans sans établir le moindre contact un tant soi peu personnel avec un objet. J’avais en tout et pour tout deux costumes, que je portais à tour de rôle. Des livres, oui, j’avais des livres ; mais j’aurais pu facilement les racheter, aucun d’entre eux n’avait quoi que ce soit de précieux ni de rare. Plusieurs femmes avaient croisé mon chemin ; je n’en conservais aucune photo, ni aucune lettre. Je n’avais pas non plus de photos de moi : ce que j’avais pu être à quinze, vingt ou trente ans, je n’en gardais aucun souvenir. Pas non plus de papiers véritablement personnels : mon identité tenait en quelques dossiers, aisément contenus dans une chemise cartonnée de format usuel. Il est faux de prétendre que les êtres humains sont uniques, qu’ils portent en eux une singularité irremplaçable ; en ce qui me concerne, en tout cas, je ne percevais aucune trace de cette singularité. C’est en vain, le plus souvent, qu’on s’épuise à distinguer des destins individuels, des caractères. En somme, l’idée d’unicité de la personne humaine n’est qu’une pompeuse absurdité. On se souvient de sa propre vie, écrit quelque part Schopenhauer, un peu plus que d’un roman qu’on aurait lu par le passé. Oui, c’est cela : un peu plus seulement.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Plateforme

[ vie morne ] [ terne existence ]

 
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fable

Qu’il est difficile d’être honnête avec soi. En tout cas, je n’ai pas tellement d’indulgence pour ceux qui prêchent le sacrifice et l’oubli de soi. Tiens, je vais te raconter une histoire… Il était une fois un ermite qui vivait dans une grotte dans la montagne et qui méditait chaque jour, seul, détaché de tout désir humain. On venait de loin pour le voir et lui demander conseil. On le considérait comme un saint. Mais voilà qu’un jour une pute s’installe dans une autre grotte, un peu plus loin. Elle aussi reçoit beaucoup de visiteurs, mais pas pour les mêmes raisons ! Le saint est mortifié de devoir supporter quotidiennement le spectacle de la débauche. Tu penses bien, la putain démonétise sa sacro-sainte entreprise spirituelle, elle obscurcit le monde par le vice et le stupre. Bref, il n’y a pas un jour où il ne maudisse cette sale pute de s’être installée dans la grotte d’à côté !

Mais par l’un de ces hasards dont l’univers a le secret, l’ermite et la putain meurent le même jour. Les voilà à patienter dans la queue pour le paradis. L’ermite est en colère parce qu’il y a des tas d’âmes devant lui, des âmes de simples profanes, et il devient carrément furieux quand il voit que même la pute est plus avancée que lui dans la queue. Alors il sort du rang et va râler auprès des autorités compétentes. “Il y a une erreur dans votre liste, qu’il dit ; la preuve, c’est que la péripatéticienne là-bas, elle est devant moi.” Ni une ni deux, l’ange qui gère la file va consulter ses dossiers. En revenant il dit : “Cher ermite, tout est bien en ordre. Vois-tu, pendant les dix années qui viennent de s’écouler, tu as passé tes journées à maudire la prostituée qui vivait près de chez toi, parce qu’à cause d’elle, la montagne te semblait moins sacrée. Elle, pendant toutes ces années, qu’a-t-elle fait ? Tous les matins, elle priait pour toi, remerciant le ciel de t’avoir placé là, en face de son bordel, parce que la vue de ta sainteté l’aidait à supporter sa condition de pécheresse. Je te le demande : de vous deux, qui a l’âme la plus pure ?”

Auteur: Kalda Katrina

Info: La mélancolie du monde sauvage

[ religiosité ] [ théorie-pratique ] [ sagesse ]

 
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Ajouté à la BD par miguel