Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 5226
Temps de recherche: 0.0549s

fureur

Là je vois un homme qui se déconcerte !... d'un seul coup !... le piolet lui tombe des mains... une seconde, sa figure change tout pour tout... cette remarque !... il est comme hagard !... c'est de trop !... il était en plein enthousiasme... il regarde Abetz... il regarde la table... attrape une soucoupe... et vlang ! Y envoie ! Et encore une autre !... et une assiette !... et un plat !... c'est la fête foraine ! Plein la tête ! il est remonté ! Tout ça va éclater en face contre les étagères de vaisselles ! Parpille en miettes et vlaf !... ptaf !... partout ! Et encore ! C'est du jeu de massacre !... le coup de sang d'Alphonse ! que ce petit peigne-cul d'Abetz se permet que sa Walkyrie est pas juste ! L'arrogance de ce paltoquet ! Ah ! Célébration de la Victoire ! Salut !... ptaf ! vlang ! Balistique et têtes de pipes !... il leur en fout !... fureur, il se connaît plus ! Si ils planquent leurs têtes l'Abetz et Hoffmann ! L'autre bord ! Sous la table ! Sous la nappe ! Plaf ! Beng ! La vaisselle leur éclate partout ! Le service en prend !... je le reconnais plus du coup de sang ! Il est hérissé, positif ! Les cheveux la barbouse hérissée de colère ! Qu'ils y ont trouvé sa trompette fausse !...

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: D'un château l'autre

[ explosion ] [ colère ]

 

Commentaires: 0

attentats

Les attaques du 11 septembre 2001 ont été un formidable prétexte pour accélérer le développement de la dernière grande passion occidentale, la seule que les Occidentaux soient encore en état de s’offrir, et ce n’est nullement la guerre mais la petite manie maniaque de la sécurité ou de l’assurance tous risques. Et qu’en l’occurrence le troupeau abattu ne soit pas le bon (celui qui propage le virus du terrorisme international) n’a aucune importance. Ce qui compte c’est d’appliquer le principe préventif des abattages dissuasifs (les troupeaux voisins y regarderont à deux fois, maintenant, avant de nous emmerder). Mais ce principe, lui non plus, n’est pas historique. Il n’est que médical et prophylactique. Il relève de l’obsession de l’assurance-vie, c’est-à-dire du terrorisme de la survie, du contrôle de la mort par sa neutralisation. Et jamais, dans l’Histoire, aucune guerre n'a été décidée sur le modèle des traitements contraceptifs élevés au niveau de la géopolitique. Quand être protégé est la dernière preuve que l’on parvienne encore à s’administrer que l’on n’est pas mort, c’est la vie elle-même qui est pour ainsi dire dissuadée par sa protection même. Après l’Histoire, écrirait aujourd’hui Hegel, la vie protégée, c’est-à-dire la mort par anticipation, vit une longue vie humaine. Et fabriquer de la sécurité est la dernière activité, le dernier faire qui donne encore l’impression que l’on fait quelque chose. Le droit d’ingérence, dans ces conditions, devient aussi le droit du plus mort.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, pages 1537-1538

[ obsession sécuritaire ] [ orient-occident ] [ monopole de la violence ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

littérature

Les sillons encore frais ressemblaient aux lignes d'une pièce de velours côtelé toute neuve et donnaient à cette vaste étendue un aspect mesquinement utilitaire. Tous les accidents de terrain avaient disparu ; plus la moindre trace d'histoire : ne restait que celle des quelques derniers mois. Et pourtant à chaque motte de terre, à chaque pierre, s'attachaient des souvenirs innombrables - échos des chansons entendues lors des moissons passées, paroles échangées, faits et gestes audacieux. Sur chaque pouce de terrain, combien n'y avait-il pas eu de manifestations d'énergie et de gaieté, de jeux brutaux, de querelles ? Sur chaque mètre carré, des groupes de glaneurs s'étaient courbés au soleil. Les mariages d'amour qui avaient peuplé le hameau voisin s'étaient noués ici, après le dernier coup de faux et avant la rentrée des blés. Sous la haie qui bordait le champ, des filles s'étaient données à des amoureux qui n'avaient même plus tourné la tête pour leur accorder un regard à la moisson suivante ; dans les blés, plus d'un homme avait fait des serments d'amour à une femme : après le mariage, au temps des semailles le printemps suivant, la voix de cette même femme l'avait fait tressaillir par son ton aigre et autoritaire. Mais de tout cela, ni Jude, ni les corbeaux qui l'entouraient, n'avaient cure : ils ne voyaient là qu'un terrain dénudé, bon champ de travail pour l'un, bon grenier de provisions pour les autres.

Auteur: Hardy Thomas

Info: Jude l'obscur

[ campagne - ]

 

Commentaires: 0

neuro-psychologie

Le lithium régule les protéines qui contrôlent l'horloge interne du corps. Cette horloge fonctionne, bizarrement, sur l'ADN, à l'intérieur de neurones spéciaux au plus profond du cerveau. Des protéines spéciales s'attachent à l'ADN des gens chaque matin, et après un temps déterminé, elles se dégradent et disparaissent. La lumière du soleil réinitialise les protéines encore et encore, de sorte qu'elles tiennent beaucoup plus longtemps. En fait, les protéines ne disparaissent qu'à la tombée de la nuit, moment où le cerveau devrait "détecter" l'ADN mis à nu et arrêter de produire des stimulants. Ce processus se dérègle chez les maniaco-dépressifs parce que les protéines, malgré le manque de lumière du soleil, continuent à se fixer rapidement à leur ADN. Leur cerveau ne se rend pas compte qu'il devrait arrêter de tourner. Le lithium aide donc à séparer les protéines de l'ADN pour que les gens puissent se calmer. Remarquez que la lumière du soleil l'emporte toujours sur le lithium pendant la journée et réinitialise les protéines ; ce n'est que lorsque la lumière du soleil disparaît la nuit que le lithium aide l'ADN à se libérer. Loin d'être le soleil dans une pilule, le lithium agit donc comme un "anti-lumière du soleil". Sur le plan neurologique, il annule la lumière du soleil et ramène ainsi l'horloge circadienne à vingt-quatre heures, empêchant à la fois la formation d'une bulle maniaque et le plantage du mardi noir de la dépression.

Auteur: Kean Sam

Info: The Disappearing Spoon : And Other True Tales of Madness, Love, and the History of the World from the Periodic Table of the Elements.

[ médicament béquille ] [ cycle journalier ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par miguel

mythologie comparée

L’interprétation de Gilgamesh et d’Eabani (Enkidu) comme homme et sensualité grossière est indiscutée, on est pourtant frappé de ce que la constitution d’un tel couple, formé d’un élément plus distingué et d’un élément plus commun (le plus souvent des frères), est un motif constant de l’histoire des légendes et de la littérature. Le dernier grand rejeton de ce type est Don Quichotte avec Sancho Pança (littéralement : panse). Parmi les formations mythologiques, il faut classer ici d’un premier jet les Dioscures (l’un mortel, l’autre immortel), et tant de couples de frères ou de jumeaux, dont le modèle peut être Romulus et Rémus. Toujours l’un est plus faible et meurt plus tôt que l’autre. Ce si vieux motif du couple inégal de frères a donc servi dans le Gilgamesh à représenter la relation d’un homme à sa libido.

Ces vieux motifs sont constamment réinterprétés […] ; mais d’où proviennent-ils originairement ?

Pour le motif en question, ce n’est pas difficile à dire. Le frère jumeau plus faible, qui meurt plus tôt, est le placenta ; simplement du fait qu’il est régulièrement mis au monde par la même mère en même temps que l’enfant. […] Dans Frazer (Golden Bough, vol. 1) on peut lire chez combien de peuples primitifs le placenta est appelé aujourd’hui encore le frère (sœur) ou le jumeau, est traité en conséquence, nourri et conservé, ce qui ne dure naturellement pas longtemps.

Auteur: Freud Sigmund

Info: Dans la "Correspondance Jung-Freud, tome 2 : 1910-1914", trad. de l'allemand et de l'anglais par Ruth Fivaz-Silbermann, éd. Gallimard, 1975, lettre du 13 octobre 1911

[ psychanalyse ] [ tandems légendaires ] [ L'auguste et le clown ] [ paires proverbiales ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

persécution

[Au restaurant de l’Essighauss à Brême] Comme Freud avait commandé du vin, il eut la surprise et la "satisfaction" de voir que Jung buvait copieusement. C’était la première fois qu’il consommait de l’alcool depuis qu’il s’était engagé à faire abstinence en entrant au Burghölzli en 1901, comme Bleuler (et avant lui, Forel) l’exigeait de tous ses médecins assistants.

Tout à coup – le vin peut-être, ou l’énervement du voyage – Freud se mit à transpirer abondamment. Sur le point de s’évanouir, il s’arrêta de manger et dit à Jung qu’il lui faudrait boire tout seul. Freud mit son malaise sur le compte du saumon et du manque de sommeil de la nuit précédente, mais pour Jung cet état était directement lié à la conversation qu’il venait d’avoir sur les Moorleichen, les "cadavres des marais", des corps momifiés qu’on avait retrouvés dans la tourbe des marais du Nord de l’Allemagne et de la Suède. […]

Jung était persuadé que cet épisode de la matinée faisait un bon sujet de conversation pour le déjeuner, quand Freud l’interrompit soudain : "Que vous importent ces cadavres ? avait-il lancé. Ne vaudrait-il pas mieux que vous admettiez souhaiter ma mort ?" Là-dessus, il tomba en syncope. La même chose devait se produire à quelques années de là, et cette fois encore, il accuserait Jung d’avoir commis "un acte de résistance envers le père", de nourrir envers lui un "désir de mort". 

Auteur: Bair Deirdre

Info: Dans "Jung", trad. de l’anglais par Martine Devillers-Argouarc’h, éd. Flammarion, Paris, 2007, pages 248-249

[ insoutenable ] [ hors-circuit ] [ anecdote ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

Gaule

[…] il y a deux choses que j’ai découvertes en France. Ce que signifie manger. Et ce que signifie écrire. Avant de venir en France, je mangeais comme un animal. Parce que ma mère, jamais elle ne nous a expliqué : à midi, on va manger ça et ça. Jamais je n’ai entendu un commentaire disant : ça c’est bon, et ça c’est mauvais. On mangeait, c’est tout. (Rires.) Ma famille n’était absolument pas pauvre, loin de là, mais on considérait que l’acte de manger ne participait pas de la civilisation. Encore que je ne vienne pas d’un peuple civilisé, mais enfin, le problème n’est pas là. On n’en est pas là. Mais voilà ce qui se passait : quand je suis arrivé à Paris, j’ai débarqué dans un petit hôtel du quartier Latin. Et je descendais tous les matins pour téléphoner en bas, et je me rappelle, tout au début, j’entends la patronne, son mari et leur fil discuter : "Maman, qu’est-ce qu’on va manger à midi ?" C’est vrai, pendant une demi-heure ils élaborent tout un truc. Moi, je pensais qu’ils avaient des invités. Ça s’est répété deux ou trois fois, et finalement indéfiniment, puis je me suis dit : "Eh bien, manger, c’est donc un acte intellectuel. Ça fait partie vraiment de la civilisation." Et je commençais quand je mangeais, à faire des commentaires : "C’est bon." Je commençais à manger de façon consciente…

Auteur: Cioran Emil Michel

Info: Entretiens

[ culture ] [ spécificité ] [ écriture ] [ nourriture ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

intellos courtisans

Si Orwell insiste tant sur la décence ordinaire ("common decency") des petites gens, c'est aussi pour dénoncer, par contraste, l'indécence extraordinaire des élites politiques et intellectuelles. Il en veut tout particulièrement à une catégorie de personnes qui auraient dû, plus que toutes les autres, faire preuve d'un peu plus de décence dans ses prises de positions publiques : les intellectuels. Tout au long de son œuvre, Orwell n'a eu de cesse de critiquer les intellectuels toujours prêts à braver la morale élémentaire pour légitimer des régimes notoirement tyranniques : "La plupart des intellectuels, pour ne pas dire tous, se sont ralliés à une forme de totalitarisme ou à une autre". Le constat est brutal, mais juste, et nous n'avons pas encore mesuré toute l'indignité intellectuelle et morale qu'il souligne. 

Certes, Orwell considère que la richesse prodigieuse de l'aristocratie terrienne et le goût du pouvoir de la classe dirigeante sont en eux-mêmes également indécents, mais, par-dessus-tout, il ne peut supporter la trahison des intellectuels. Souvent issus des classes moyennes, voire du peuple, ils semblaient pourtant être les mieux placés pour préserver à tout le moins une once de moralité dans un monde voué à l'exploitation des masses : 

"Lorsqu'on voit des hommes hautement instruits se montrer indifférents à l'oppression et à la persécution, on se demande ce qui est le plus méprisable, leur cynisme ou leur aveuglement." (Essais, articles et Lettres vol IV).

Auteur: Bégout Bruce

Info: De la décence ordinaire

[ universitaires compromis ] [ arrivisme sociétal ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

thérapie

Chez les Grecs l'oniromancie, l'art d'interpréter les songes, était pratiquée par des prêtres dont c'était la principale étude. Asklépios, dont les Latins ont fait Esculape, était fils d'Apollon et de la princesse Coronis. Il présidait à la santé par l'entremise des songes. C'est pourquoi les temples à lui consacrés se doublaient de cliniques, de maisons de repos pour les gens angoissés et déprimés. J'ai vu l'Asklépieion de Pergame en Turquie. Ce qui en subsiste permet d'imaginer comment il se présentait au temps de sa splendeur : gymnases, piscines, théâtre, salles de musique et de danse. Par miracle existent encore intactes la galerie et la rotonde où se trouvait la statue du dieu guérisseur. La statue a disparu, mais non le socle où elle était dressée. C'est là que venaient dormir ceux qui souffraient. Ils passaient la nuit la tête appuyée sur le socle de l'effigie divine et rêvaient. Le lendemain ils confiaient aux prêtres ce qu'ils avaient vu en songe et ceux-ci interprétaient leurs rêves, en tiraient des diagnostics, prescrivaient des remèdes : cure d'eaux thermales, danses rituelles, actions théâtrales, sommeils prolongés, détente et repos... Freud et ses disciples n'ont eu qu'à restaurer leur système pour établir leurs méthodes curatives. Comme à travers les médecins de l'Islam, Joachim de Flore et Paracelse il existe une tradition ininterrompue depuis l'Antiquité, on peut dire que le traitement des troubles psychiques par l'interprétation des rêves n'a cessé d'être en vigueur.

Auteur: Schneider Marcel

Info: Le Labyrinthe de l'Arioste : Essai sur l'allégorique, le légendaire et le stupéfiant

[ historique ]

 

Commentaires: 0

nantis

Ce soir-là, sans y être préparé, je venais de pénétrer dans un territoire jusqu'alors inconnu qui me hanterait des années durant : celui des grands bourgeois. Ce maigre adjectif fait toute la différence, croyez-moi. Ce n'est pas une question d'argent. C'est une ques tion d'attitude. Ici, l'argent ne comptait pas : il n'était pas un moyen, encore moins un but. C'était presque un gros mot. Ils étaient riches, mais ils s'en fichaient complètement. D'ailleurs ils se fichaient d'à peu près tout. Ce n'était pas un principe réfléchi – ce qui aurait fait d'eux des snobs –, mais un état naturel. Tout ce qui jusqu'ici avait pour moi représenté l'ordre, l'apparence, le respect des conventions, volait subitement en éclats. Les petits-bourgeois – et mes parents en étaient, c'est certain – obéissaient à des règles. Les grands bourgeois n'en avaient aucune. Ils faisaient tout simplement ce qui leur plaisait au moment où cela leur plaisait. Ils n'avaient pas peur de déranger, cette idée ne les effleurait même pas. Comment auraient-ils pu déranger ? Ils étaient chez eux partout, en toutes circonstances. Ils ne voulaient rien puisqu'ils avaient déjà tout, Ils n'avaient rien à prouver, rien à gagner. Il leur suffisait simplement de laisser s'écouler le long fleuve de leur vie de la façon la plus paisible qui soit, en observant d'un air vague et détaché le peuple primitif qui s'agitait le long des rives qu'ils traversaient. Ils possédaient le monde.

Auteur: Roux François

Info: Le Bonheur National Brut

[ fortunés ] [ privilégiés ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel