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reniement

Je ne trouvais pas vraiment ma place. Je me désintégrais devant les gens pour devenir ce qu'ils voulaient que je sois. Paradoxalement, je sentais tout le temps une intensité en moi. Je ne savais pas ce que c'était, mais elle continuait à s'accumuler, comme de l'eau derrière une digue. Plus tard, quand j'ai été vraiment dépressif et anxieux, la maladie m'a semblé être une accumulation de toute cette intensité ravalée. Une sorte de trop-plein. Comme si, lorsque vous ne parveniez pas à vous laisser être libre, votre moi entrait en force, envahissant votre esprit pour noyer toutes ces demi-versions ratées de vous-même.

Auteur: Haig Matt

Info: Dans "Rester en vie"

[ énergie ] [ reflux ] [ refoulement ] [ psychosomatique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

existence noviciat

Il n'existe aucun moyen de vérifier quelle décision est la bonne car il n'existe aucune comparaison. Tout est vécu tout de suite pour la première fois et sans préparation. Comme si un acteur entrait en scène sans avoir jamais répété. Mais que peut valoir la vie, si la première répétition de la vie est la vie même? C'est ce qui fait que la vie ressemble toujours à une esquisse. Mais même "esquisse" n'est pas le mot juste, car une esquisse est toujours l'ébauche de quelque chose, la préparation d'un tableau, tandis que l'esquisse qu'est notre vie est une esquisse de rien, une ébauche sans tableau.

Auteur: Kundera Milan

Info: L'insoutenable légèreté de l'être

[ instant ] [ grandir ] [ nouveauté ] [ vivre ] [ expérience ] [ question ]

 

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s'ennuyer

Quand j’étais enfant surtout, l’ennui assumait des formes tout à fait obscures pour moi et pour les autres, formes que j’étais incapable d’expliquer. En ces années-là, il m’arrivait de cesser brusquement de jouer et de rester des heures entières immobile, comme engourdi, accablé en réalité par le malaise que m’inspirait ce que j’ai appelé la flétrissure des objets, c’est-à-dire par l’obscure conscience qu’entre moi et les choses, il n’existait aucun rapport. Si, en de tels moments, ma mère entrait dans la chambre et me voyant muet, inerte et pâle de souffrance, me demandait ce que j’avais, je répondais invariablement: "je m’ennuie" expliquant ainsi, par un mot de sens clair et étroit, un état d’âme vaste et obscur.

Auteur: Moravia Alberto

Info: L'ennui

[ désintérêt ]

 

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messager

Tu connais l'histoire du vieux Soufi et du Sultan ?
Elle parle d'un vieux moine Soufi errant, très pauvre et très aimé du Sultan très puissant de la ville.
Ce moine ne désirait rien et ne demandait jamais rien à personne.
Et il entrait et sortait comme il voulait dans le palais interdit.
Il vivait dans une sorte d'état de plénitude qui lui donnait une aura particulière et une présence lumineuse grandement appréciée du Sultan.
Alors les gens qui avaient des demandes à faire au Sultan et qui ne pouvaient pas approcher le palais inscrivaient leurs souhaits sur de petits papiers qu'ils glissaient dans les poches du vieux moine.
Ainsi, lorsque le moine était endormi au palais, le sultan fouillait ses poches et en retirait les demandes qu'il exauçait pour être agréable au vieux Soufi.

Auteur: Bihel Frédéric

Info: Exauce-nous. Créé avec Pierre Makyo

[ réserve ] [ sagesse ] [ discrétion ] [ conte ]

 

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crépuscule

Ce soir-là, il entrait par la fenêtre une brise qui était déjà le vent de la nuit, alors que la lumière rouge tenait encore bon derrière la montagne. Le vent leur arrivait ténu et humide, pas une masse, mais une sorte de dentelle très fine qui se levait de la mer invisible à cette heure ; il avait la texture de la dentelle, de quelque chose de spongieux, troué de vides, la peau sentait le frais en certains endroits, comme à travers une passoire, car la masse atmosphérique était encore brûlante, contenait encore l'haleine du jour. Enfin un soupçon de brise perforait la masse poisseuse et brûlante. C'était une heure de beauté. Les restes du soleil flamboyant derrière la ligne des montagnes qui ressemblaient à un découpage dans les gris, un décor de théâtre, et qui, dans quelques minutes, seraient un découpage noir s'opacifiant devant le flamboiement.

Auteur: Chirbes Rafael

Info: Crémation, pp. 154 155

[ couchant ]

 

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grande distribution

[…] au coin de l’avenue des Gobelins, je ne manquais jamais de marquer un arrêt au Carrefour City. Ce magasin, j’en avais eu l’intuition dès ma première visite, allait être amené à jouer un rôle dans ma nouvelle vie. Le rayon oriental, sans atteindre la luxuriance du G20 proche de la tour Totem où j’avais mes habitudes encore quelques jours auparavant, alignait tout de même huit variétés différentes de houmous dont l’abugosh premium, le misadot, le zaatar et le rarissime mesabecha ; quant à l’espace sandwicherie, je me demande même s’il n’était pas supérieur. Je croyais jusque-là le segment du minimarket entièrement dominé, à Paris et dans la petite couronne, par les Daily Monop’ ; j’aurais dû me douter qu’une enseigne comme Carrefour, lorsqu’elle entrait sur un nouveau marché, "n’y entrait pas", comme le rappelait récemment son PDG dans une interview à Challenges, "pour faire de la figuration".

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Dans "Sérotonine", pages 89-90

[ variété de choix ] [ excitation consumériste ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

renaissance

D'abord, ce fut comme un étourdissement ; elle voyait les arbres, les chemins, les fossés, Rodolphe, et elle sentait encore l'étreinte de ses bras, tandis que le feuillage frémissait et que les joncs sifflaient.
Mais, en s'apercevant dans la glace, elle s'étonna de son visage. Jamais elle n'avait eu les yeux si grands, si noirs, ni d'une telle profondeur. Quelque chose de subtil épandu sur sa personne la transfigurait.
Elle se répétait : "J'ai un amant ! un amant !" se délectant de cette idée comme à celle d'une autre puberté qui lui serait survenue. Elle allait donc posséder enfin ces joies de l'amour, cette fièvre du bonheur dont elle avait désespéré. Elle entrait dans quelque chose de merveilleux où tout serait passion, extase, délire ; une immensité bleuâtre l'entourait, les sommets du sentiment étincelaient sous sa pensée, et l'existence ordinaire n'apparaissait qu'au loin, tout en bas, dans l'ombre, entre les intervalles de ces hauteurs.

Auteur: Flaubert Gustave

Info: Madame Bovary

[ aventure ] [ transfiguration ] [ adultère ] [ emportement ] [ éprise ]

 
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Ajouté à la BD par Neshouma

littérature

Elle est folle, se dit Pemberton, et il se rappela leur premier soir à Boston, le trajet à pied le long des rues pavées jusqu'à la demeure de Serena, le bruit creux de leurs pas. Il se rappela le moment où il était resté sur la marche la plus haute, la plus verglacée, pendant que Serena ouvrait la porte et entrait, allumant au passage la lumière dans la pièce de devant. Même après qu'elle se fut retournée en souriant, il avait hésité. Un trouble indistinct, presque viscéral, l'avait cloué là, sur le perron, dans le froid, du mauvais côté de la porte. Il se rappelait qu'il avait ôté ses gants, les fourrant dans la poche de son pardessus, qu'il avait brossé quelques traces de neige sur ses épaules et retardé son entrée d'encore quelques instants. Puis il était entré, avançant ainsi de quelques pas vers la pièce où il se trouvait maintenant, vers le moment qu'il vivait.

Auteur: Rash Ron

Info: Serena

[ rencontre ] [ femmes-hommes ]

 

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diction

[...] on vous apprend rarement à écouter la langue dans ses textes et ses poèmes. [...] Il est très important d'entendre et de lire les textes à voix haute. Les fables de La Fontaine ont ceci d'extraordinaire que nous sommes obligés de les lire avec le ton. Or le ton est ce qui vient des sons. Par exemple, Le chat, la belette et le petit lapin : "La dame au nez pointu répondit que la terre était au premier occupant. C'était un beau sujet de guerre qu'un logis où lui-même il n'entrait qu'en rampant". Ta ta ta ta, articulé martelé et en hauteur : péremptoire et pointue, voilà la belette. Et voici le chat : "C'était un chat vivant comme un dévot ermite. Un chat faisant la chattemite, un saint homme de chat, bien fourré, gros et gras, arbitre expert sur tous les cas". Vous l'entendez, gros et gras, plein de o et de a.

Auteur: Cassin Barbara

Info: Plus d'une langue

[ organique ] [ langage ] [ musique ] [ prosodie ]

 

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cas clinique abstrait

Selon lui [Jung], l’étude des délires involontaires était un parcours obligé pour réussir à guérir les psychoses, et, à l’époque où il s’intéressa au cas de Frank Miller, il était convaincu qu’elle entrait dans cette catégorie. Ce qu’il ignorait alors et qu’il semble n’avoir jamais su, c’est que les fantasmes de la jeune femme avaient été créés de toutes pièces. Il les décrivit comme des "fantasmes poétiques inconscients", mais il s’agissait du fruit de l’imagination romanesque et non pathologique de Miss Miller. Elle n’avait inventé ces histoires alléchantes que pour aider son cher professeur Flournoy, alors en butte aux attaques implacables des critiques qui avaient tourné en ridicule son dernier ouvrage. Les fantasmes de Frank Miller étaient solidement étayés par sa culture américaine : on y retrouvait diverses influences, de la poésie de Longfellow (Hiawatha) et de Poe (Le Corbeau) à la légende aztèque de Chiwantopel. Ils reflétaient aussi l’éducation qu’elle avait reçue à l’école secondaire, avec des référence à Shakespeare, Milton et Samuel Johnson. 

Auteur: Bair Deirdre

Info: A propos du cas étudié dans les "Métamorphoses de l'âme et ses symboles", dans "Jung", trad. de l’anglais par Martine Devillers-Argouarc’h, éd. Flammarion, Paris, 2007, page 325

[ interprétation premier degré ] [ confirmation faussée ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson