humour
Au bout du chemin, un panneau en bois : "Chien lunatique."
– C’est quoi, un chien lunatique ? je demande à Gauthier.
– Un jour, il vous renifle l’entrejambe en remuant la queue, et le lendemain il vous mort dans les roubignoles.
– C’est une blague ?
– Non, une image. Il n’est pas méchant, mais il garde la ferme.
Allons bon ! Une fermière caractérielle, un chien lunatique ! Et ses vaches, elles sont schizophrènes ?!
Auteur:
Ledig Agnès
Années: 1972 - 20??
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: F
Profession et précisions: écrivain
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Marie d'en haut
[
homme-animal
]
texte-image
Au fond du tiroir traîne une photo de ses beaux-parents posant devant la ferme familiale juste avant de vendre leurs terres à Univerre.
On croirait le tableau de Grant Wood et sa fermière au visage sévère, figée au côté de son père encore plus sinistre, posant une fourche à la main devant la façade en bois d'une maison blanche, dressée derrière eux comme un cercueil, celui de l'Amérique tout entière ravagée par la Grande Dépression, un genou à terre, empoisonnée par les actifs toxiques. Le même aveuglement qu'aujourd'hui.
Auteur:
Manoukian Pascal
Années: 195? -
Epoque – Courant religieux: Récent et Libéralisme économique
Sexe: H
Profession et précisions: journaliste grand reporter
Continent – Pays: Europe - France
Info:
Le paradoxe d'Anderson, Page 183, Seuil, 2018
apprentissage
Une de mes voisines, au village,
Aime raconter qu'un matin de printemps,
Quand elle était jeune fille à la ferme,
Elle se conduisit comme une enfant.
Un jour elle demanda à son père
De lui donner un bout de jardin
Pour qu'elle sème, cultive et récolte elle-même,
Et elle l'obtint.
Prospectant alentour, il se souvint
D'une parcelle à l'abandon,
Entourée par le mur d'un ancien atelier,
Et il dit : "Bon."
Puis il dit : "Voilà qui devrait te faire,
Pour toi toute seule, une belle ferme,
Et te donnera l'occasion de rendre
Tes bras un peu plus fermes."
Il n'y avait pas assez de terrain
Pour passer la charrue, dit son père.
Aussi dut-elle tout faire à la main,
Mais elle ne s'en souciait guère.
Elle portait le fumier dans une brouette,
Le long d'une petite route,
Mais toujours elle partait, laissant
Ce chargement qui dégoûte,
Et se cachait de quiconque passait.
Puis elle demanda des semis.
Elle dit qu'elle pense qu'elle a planté
De chaque espèce, sauf l'ortie.
Un rang pour les pommes de terre,
Un pour les radis, les salades, les fraisiers,
Les tomates, les haricots, les citrouilles, le maïs,
Et même les arbres fruitiers.
Et, oui, elle a longtemps suspecté
Avoir aussi planté le pommier à cidre
Qu'on voit actuellement -
En tous cas, c'est possible.
Sa récolte fut un miscellanée,
Quand arriva la fin :
Un petit peu de tout,
Et beaucoup de rien.
Alors, quand elle voit, au village,
Comment vont les affaires,
Quand tout semble aller pour le mieux,
Elle dit : "Comme quand j'étais fermière,
Je sais bien !"
Oh, jamais pour donner un conseil -
Et elle ne commet jamais l'erreur, aux mêmes personnes,
De dire deux fois pareil.
Auteur:
Frost Robert
Années: 1874 - 1963
Epoque – Courant religieux: industriel
Sexe: H
Profession et précisions: poète pastoral
Continent – Pays: Amérique du nord - Usa
Info:
Ma traduction (assez libre) du poème "A girl's garden", in "The collected poems", éd. Vintage, p. 110-111
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