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sorcellerie

C'est le propre de Noël que d'imposer un rythme collectif, qui pourrait passer pour une vexation bénigne ; mais l'on attribue à ce rythme une vertu, comme l'on disait jadis, médicamenteuse ; Noël tente de s'offrir comme une gigantesque et universelle incantation, une fascination, je dirais même un sabbat pudique ; mais c'est précisément ici que s'opèrent les deux sortilèges : celui du sabbat, aussi désordonné et charmeur que déchirant, et celui de la pudicité ; une pudeur qui envahit l'obscénité du monde, comme une immortalité s'entremêlant aux tombes, quelque chose qui tient du maléfice dans sa furie, et du miracle dans son obscure gesticulation. Pestiférés, prêtres, fossoyeurs : nul autre dénouement n'est apparemment offert ; mais qu'il s'agisse d'une épidémie, cela ne fait aucun doute.

Auteur: Manganelli Giorgio

Info: In "La crèche", éd. Trente-trois morceaux, p. 21

[ fêtes ] [ christianisme ] [ dualité ] [ dévoiement ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

femmes-par-hommes

Qu'avez-vous appris si ce n'est à manoeuvrer votre queue dans un trou en tout point semblable à celui dont vous êtes issu, avec toujours le même résultat, plus ou moins divertissant, et toujours dans l'illusion que l'applaudissement des muqueuses d'autrui va à votre seule personne, que les cris de jouissance vous sont adressés à vous, alors que vous n'êtes que le véhicule inanimé de la jouissance de la femme qui vous utilise, indifférent et tout à fait interchangeable, bouffon dérisoire de sa création. Vous le savez bien, pour une femme tout homme est un homme qui fait défaut. Et vous savez également ceci, Valmont: bien assez tôt le destin vous enjoindra de n'être même plus cela, un homme qui fait défaut. Au fossoyeur de trouver ensuite sa satisfaction.

Auteur: Müller Heiner

Info: Quartett, Précédé de La mission, Prométhée, Vie de Gundling...

[ supérieures ] [ sexe ]

 

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recyclage

Dès l’âge de dix ans, ils s’activent autour des bûchers. L’odeur imprègne leur peau, qui devient grise à force de vivre parmi les cendres. Ils manipulent tous les cadavres, jeunes, vieux, malades, amputés, en morceaux, décapités, ou si parfaits qu’on a du mal à croire qu’ils sont morts. Avec le temps, ils ne les voient plus. Enveloppés de leur suaire blanc, les défunts sont tous pareils, tous voués à la désintégration. Une fois les corps brûlés, les enfants sont chargés de retrouver ce que le feu n’a pas détruit. Ils marchent parmi les cendres à la recherche de bijoux, de pièces ou d’ustensiles, et pataugent dans la boue du Gange pour récupérer ce qui pourrait être vendu. Ils ramassent les morceaux de bois qui n’ont pas été brûlés pour les ramener à la maison, où ils seront utilisés pour cuisiner. Tout dans cette industrie est récupérable. Grande leçon, pour notre époque !

Auteur: Nirsimloo Ananda Devi

Info: Le rire des déesses

[ récupération ] [ fossoyeurs ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

progrès

- Je tiens la civilisation pour le grand fossoyeur de l'humanité, déclara-t-il avec emphase. Le civilisé vit certes plus longtemps qu'auparavant, mais dans quel état ! Coupé de la nature et de ses instincts, il a perdu son énergie vitale et végète dans les villes pestilentielles et bruyantes, névrosé, faible, débile, aveuglé de lumière électrique, décérébré d'informatique, abruti de viande, de vin, de chimie, de travail absurde et de loisirs infantilisants, bercé par le rythme infernal de l'accumulation sans fin, baignant dans une orgie de science dont il se délecte sans même savoir pourquoi, et tout cela pour le plus grand profit des exploiteurs et des vandales gouvernementaux ! L'Etat est une prison, camarades ! La société, un asile de fous où la police monte la garde au profit des capitalistes ! La civilisation est consubstantielle à la terreur !
Il reprit son petit panier et se remit à tresser ses lianes de chèvrefeuille.

Auteur: Maulin Olivier

Info: Le bocage à la nage, p. 76

[ dénigrement ]

 

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alimentation

La place est devenue un problème dans plusieurs cimetières allemands.
Une quarantaine de cimetières ont ainsi annoncé qu'ils ne pouvaient plus accepter de nouvelles inhumations. C'était à Cologne, à Munich, à Kiel, et dans d'autres villes allemandes. Le problème se présentait également dans plusieurs villes d'Autriche et de Suisse.
La raison ? Les cimetières étaient déjà remplis de cadavres non totalement décomposés !
Il faut savoir que le principe des cimetières est assez simple : on rouvre d'anciennes sépultures pour y placer de nouveaux cercueils, les bières précédentes ayant tendance à s'enfoncer avec leurs contenus désagrégés. Les corps suivent.
Pendant des siècles, les fossoyeurs procédaient donc ainsi, jusqu'à s'apercevoir que pour les corps les plus récents, la décomposition ne se faisait plus aussi bien. Comprenez par là que la décomposition se faisait bien, mais beaucoup plus lentement.
Les corps se décomposaient en huit à dix ans. Le processus de décomposition durait autrefois huit à dix ans. Il est à présent beaucoup plus long. Entendez par là vraiment beaucoup plus longtemps : un tiers des corps enterrés il y a quarante ans en Allemagne ne seraient pas encore totalement décomposés....

Auteur: Internet

Info: 30 octobre 2015

[ évolution ] [ surpopulation ]

 
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philosophe-sur-philosophe

C'était dans l'intimité une compagne charmante et pleine d'esprit : elle maniait la plaisanterie sans mauvais goût et l'ironie sans méchanceté. Son érudition extraordinaire et si profondément assimilée qu'on la distinguait à peine de l'expression de sa vie intérieure donnait à sa conversation un attrait inoubliable. Elle avait cependant un grave défaut (ou une rare qualité, suivant le plan où on se place) : c'était de refuser toute concession aux nécessités ou aux convenances de la vie sociale. Elle disait toujours toute sa pensée à tout le monde en toutes circonstances. Cette sincérité, qui procédait avant tout d'un profond respect des âmes, lui valut bien des mésaventures, amusante pour la plupart, mais dont certaines faillirent tourner au tragique à une époque où toute vérité n'était pas bonne à crier sur les toits. 

Il n'est pas question d'établir ici le bilan des sources historiques de sa pensée et des influences qu'elle a pu subir. Indépendamment de l'Evangile dont elle se nourrissait tous les jours, elle avait une profonde vénération pour les grands textes hindous et taoïstes, pour Homère, les tragiques grecs, et surtout Platon qu'elle interprétait dans un sens foncièrement chrétien. Elle haïssait par contre Aristote en qui elle voyait le premier fossoyeur de la grande tradition mystique. Saint Jean de la Croix dans l'ordre religieux, Shakespeare, certains poètes mystiques anglais et Racine dans l'ordre littéraire marquèrent également son esprit. Parmi les contemporains, je ne vois guère que Paul Valéry et Koestler dans le Testament espagnol dont elle m’ait parlé avec une admiration sans mélange. Ses préférences comme ses exclusions, étaient abruptes et sans appel. Elle croyait fermement que la création vraiment géniale exigeait un niveau supérieur de spiritualité et qu'il n'était pas possible d'atteindre à l'expression parfaite sans avoir traversé de sévères purifications intérieures. Ce souci de pureté, d'authenticité intimes la rendait impitoyable pour tous les auteurs en qui elle croyait déceler la moindre recherche de l'effet, le plus léger élément d'insincérité ou de boursouflure : Corneille, Hugo, Nietzsche. Seul comptait pour elle le style parfaitement dépouillé, traduction de la nudité de l'âme.

Auteur: Thibon Gustave

Info: Préface à "La pesanteur et la grâce" de Simone Weil, Librairie Plon, 1988, pages 9-10

[ description ] [ portrait ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

régression linguistique

Baisse du QI, appauvrissement du langage et ruine de la pensée

L’effet de Flynn du nom de son concepteur, a prévalu jusque dans les année 1960. Son principe est que le Quotient Intellectuel (QI) moyen ne cesse d’augmenter dans la population. Or depuis les années 1980, les chercheurs en sciences cognitives semblent partager le constat d’une inversion de l’effet Flynn, et d’une baisse du QI moyen.

La thèse est encore discutée et de nombreuses études sont en cours depuis près de quarante ans sans parvenir à apaiser le débat. Il semble bien que le niveau d’intelligence mesuré par les tests de QI diminue dans les pays les plus développés, et qu’une multitude de facteurs puissent en être la cause.

A cette baisse même contestée du niveau moyen d’intelligence s’ajoute l’appauvrissement du langage. Les études sont nombreuses qui démontrent le rétrécissement du champ lexical et un appauvrissement de la langue. Il ne s’agit pas seulement de la diminution du vocabulaire utilisé, mais aussi des subtilités de la langue qui permettent d’élaborer et de formuler une pensée complexe.

La disparition progressive des temps (subjonctif, passé simple, imparfait, formes composées du futur, participe passé…) donne lieu à une pensée au présent, limitée à l’instant, incapable de projections dans le temps. La généralisation du tutoiement, la disparition des majuscules et de la ponctuation sont autant de coups mortels portés à la subtilité de l’expression. Supprimer le mot "mademoiselle" est non seulement renoncer à l’esthétique d’un mot, mais également promouvoir l’idée qu’entre une petite fille et une femme il n’y a rien.

Moins de mots et moins de verbes conjugués c’est moins de capacités à exprimer les émotions et moins de possibilité d’élaborer une pensée.

Des études ont montré qu’une partie de la violence dans la sphère publique et privée provient directement de l’incapacité à mettre des mots sur les émotions.

Sans mots pour construire un raisonnement la pensée complexe chère à Edgar Morin est entravée, rendue impossible. Plus le langage est pauvre, moins la pensée existe.

L’histoire est riche d’exemples et les écrits sont nombreux de Georges Orwell dans 1984 à Ray Bradbury dans Fahrenheit 451 qui ont relaté comment les dictatures de toutes obédiences entravaient la pensée en réduisant et tordant le nombre et le sens des mots. Il n’y a pas de pensée critique sans pensée. Et il n’y a pas de pensée sans mots. Comment construire une pensée hypothético-déductive sans maîtrise du conditionnel? Comment envisager l’avenir sans conjugaison au futur? Comment appréhender une temporalité, une succession d’éléments dans le temps, qu’ils soient passés ou à venir, ainsi que leur durée relative, sans une langue qui fait la différence entre ce qui aurait pu être, ce qui a été, ce qui est, ce qui pourrait advenir, et ce qui sera après que ce qui pourrait advenir soit advenu? Si un cri de ralliement devait se faire entendre aujourd’hui, ce serait celui, adressé aux parents et aux enseignants: faites parler, lire et écrire vos enfants, vos élèves, vos étudiants.

Enseignez et pratiquez la langue dans ses formes les plus variées, même si elle semble compliquée, surtout si elle est compliquée. Parce que dans cet effort se trouve la liberté. Ceux qui expliquent à longueur de temps qu’il faut simplifier l’orthographe, purger la langue de ses "défauts", abolir les genres, les temps, les nuances, tout ce qui crée de la complexité sont les fossoyeurs de l’esprit humain. Il n’est pas de liberté sans exigences. Il n’est pas de beauté sans la pensée de la beauté.

Auteur: Clavé Christophe

Info: 17.11.2019, l'Agefi

[ décadence culturelle ] [ mutation numérique ] [ simplification ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

cité imaginaire

Chaque ville, comme Laudomia, a à ses côtés une autre ville dont les habitants portent les mêmes noms : c'est la Laudomia des morts, le cimetière. Mais la dotation spéciale de Laudomia doit être au-delà de cette dualité, triple, c'est-à-dire qu'elle inclut une troisième Laudomia qui est celle de l'enfant à naître. Les propriétés de la ville double sont bien connues. Plus la Laudomia des vivants afflue et s'étend, plus l'étendue des tombes à l'extérieur des murs s'accroît. Les rues de la Laudomia des morts sont juste assez larges pour que le chariot du fossoyeur puisse y tourner, avec des bâtiments sans fenêtres les bordent ; mais le tracé des rues et l'ordre des habitations reprennent ceux de la Laudomia des vivants, et comme dans celle-ci les familles sont de plus en plus serrées dans des niches denses et superposées. Les après-midi de beau temps, la population vivante rend visite aux morts et déchiffre leurs noms sur leurs dalles de pierre : comme la ville des vivants, celle-ci communique une histoire de difficultés, de colère, d'illusions, de sentiments, sauf qu'ici tout est devenu une nécessité, sorti de l'écrin, encastré, mis en ordre. Et pour se sentir en sécurité, la Laudomia vivante a besoin de chercher une explication d'elle-même dans la Laudomia des morts, même au risque de trouver plus ou moins : des explications pour plus d'une Laudomia, pour différentes villes qui auraient pu être et n'ont pas été, ou des raisons partielles, contradictoires, décevantes.

C'est à juste titre que Laudomia attribue une résidence tout aussi importante à ceux qui ne sont pas encore nés ; Bien sûr, l'espace n'est pas proportionnel à leur nombre, qui est censé être infini, mais comme il s'agit d'un lieu vide, entouré d'une architecture toute de niches, de renfoncements et de rainures, et que l'on peut attribuer aux enfants à naître la taille que l'on veut, les imaginer aussi gros que des souris ou des vers à soie ou des fourmis ou des œufs de fourmis, rien n'empêche de les imaginer debout ou accroupis sur chaque surplomb ou étagère qui dépasse des murs, sur chaque chapiteau ou plinthe, en rang ou éparpillés, et contempler dans une tache de marbre toute la Laudomia dans cent ou mille ans, peuplée de multitudes habillées de façon inédite, toutes par exemple en barracanes aubergines, ou toutes avec des plumes de dinde sur leurs turbans, et reconnaissent leurs propres descendants et ceux des familles alliées et ennemies, des débiteurs et des créanciers, qui vont et viennent perpétuant trafics, vengeances, engagements amoureux ou d'intérêt. Les vivants de Laudomia fréquentent la maison des non-nés, les interrogent ; les pas résonnent sous les voûtes vides ; les questions sont formulées en silence : et c'est toujours d'eux-mêmes que les vivants s'enquièrent, et non de ceux qui vont venir ; les uns se soucient de laisser d'illustres souvenirs d'eux-mêmes, les autres de faire oublier leur honte ; tous voudraient suivre le fil des conséquences de leurs actes ; mais plus ils aiguisent leur regard, moins ils reconnaissent une trace continue ; les non-nés de Laudomia apparaissent ponctuels comme des grains de poussière, détachés de l'avant et de l'après. La Laudomia des enfants à naître n'apporte, comme celle des morts, aucune sécurité aux habitants de la Laudomia vivante, mais seulement de la consternation. Aux pensées des visiteurs, deux routes finissent par s'ouvrir, et l'on ne sait laquelle recèle le plus d'angoisse : Soit ils pensent que le nombre des enfants à naître dépasse de loin celui de tous les vivants et de tous les morts, et alors dans chaque pore de la pierre il y a des foules invisibles, entassées sur les pentes d'un entonnoir comme sur les marches d'un stade, et comme à chaque génération les descendants de Laudomia se multiplient, dans chaque entonnoir s'ouvrent des centaines d'autrese entonnoirs, chacun avec des millions de personnes qui doivent naître et tendre le cou et ouvrir la bouche pour ne pas suffoquer ; ou bien ils pensent que Laudomia disparaîtra elle aussi, personne ne sait quand, et tous ses citoyens avec elle, c'est-à-dire que les générations se succéderont jusqu'à ce qu'elles atteignent un chiffre et n'iront pas plus loin, et alors la Laudomia des morts et celle des non-nés sont comme les deux ampoules d'un sablier qui ne se retourne pas, chaque passage entre la naissance et la mort est un grain de sable qui passe par le goulot d'étranglement, et il y aura un dernier habitant de Laudomia à naître, un dernier grain à tomber qui est maintenant là à attendre au sommet du tas.

Auteur: Calvino Italo

Info: Les villes invisibles

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Ajouté à la BD par miguel