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postérité

Parfois je songe, avec une volupté triste, que si un jour, dans un avenir auquel je n'appartiendrai plus, des louanges viennent prolonger la vie de ces pages, j'aurai enfin quelqu'un qui me "comprenne", une vraie famille où je puisse naître et être aimé. Mais, bien loin d'y naître, je serai mort depuis longtemps. Je ne serai compris qu'en effigie, quand l'affection ne pourra plus compenser, pour le mort, la désaffection qu'il aura seule connue de son vivant.
Un jour peut-être on comprendra que j'ai accompli, comme nul autre, mon devoir - de naissance, dirai-je - d'interprète d'une bonne part de notre siècle ; et quand on le comprendra, on écrira qu'à mon époque j'ai été incompris, que j'ai malheureusement vécu au milieu de l'indifférence et de la froideur générales, et qu'il est bien dommage que cela me soit arrivé. Et celui qui écrira tout cela péchera, à l'époque où il l'écrira, par incompréhension envers mon homologue de cette époque future, tout comme ceux qui m'entourent aujourd'hui.

Auteur: Pessoa Fernando

Info: Le livre de l'intranquillité, Texte 191

[ cycle ] [ décalage ] [ littérature ]

 

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libéralisme

S’il m’est permis d’illustrer ces réflexions générales par un exemple personnel, je vous dirai que j’ai eu, dès ma première jeunesse, un goût passionné pour la médecine. Mais que, la pauvreté de ma famille et mon éloignement des centres universitaires m’ayant empêché de réaliser ma vocation, j’ai tout bonnement, avant de devenir écrivain, cultivé la terre comme mon père – et cela sans me considérer le moins du monde comme une victime de la société. Beaucoup moins en tout cas que si, ayant eu toutes les facilités à ma disposition, j’étais aujourd’hui un médecin fonctionnarisé sous un régime totalitaire...

La cité idéale ne pouvant pas exister, quelle est donc, par rapport aux besoins profonds de l’être humain, la forme de société la meilleure ? – ou la moins mauvaise ? Je m’obstine à répéter que c’est la société pluraliste, décentralisée, concurrentielle, bref la société libérale, mais à condition que l’Etat y soit, au double sens du mot, le gardien des libertés, c’est-à-dire prévienne leurs abus sans paralyser leur exercice.

Auteur: Thibon Gustave

Info: Dans "L'équilibre et l'harmonie", Librairie Arthème, Fayard, 1976, page 234

[ éléments biographiques ] [ idéaux politiques ] [ fierté ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

dialectologie

La matière de la linguistique est constituée d’abord par toutes les manifestations du langage humain, qu’il s’agisse des peuples sauvages ou des nations civilisées, des époques archaïques, classiques ou de décadence, en tenant compte, dans chaque période, non seulement du langage correct et du "beau langage", mais de toutes les formes d’expression. Ce n’est pas tout : le langage échappant le plus souvent à l’observation, le linguiste devra tenir compte des textes écrits, puisque seuls ils lui font connaître les idiomes passés ou distants : La tâche de la linguistique sera : a) de faire la description et l’histoire de toutes les langues qu’elle pourra atteindre, ce qui revient à faire l’histoire des familles de langues et à reconstituer dans la mesure du possible les langues mères de chaque famille ; b) de chercher les forces qui sont en jeu d’une manière permanente et universelle dans toutes les langues, et de dégager les lois générales auxquelles on peut ramener tous les phénomènes particuliers de l’histoire ; c) de se délimiter et de se définir elle-même.

Auteur: Saussure Ferdinand de

Info: Cours de linguistique générale, Chapitre II - Matière et tâche de la linguistique ; ses rapports avec les sciences connexes

[ philologie ] [ définie ]

 

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lois universelles

Il y a dans la philosophie générale deux espèces de principes. Les uns ne sont que des idées générales mais vagues, plus propres à satisfaire l'esprit qu'à le conduire dans la recherche de la vérité, et qu'on croit le plus souvent plutôt parce qu'ils présentent un résultat piquant que parce qu'ils sont prouvés. Tels sont les principes que dans les individus d'une même espèce il n'y en a pas deux d'absolument semblables, qu'il n'y a point de saut dans la nature et que les êtres forment entre eux une chaîne non interrompue, que tout se produit dans la nature par une même force, ou vient d'un même principe, que partout elle agit en suivant un certain plan, et qu'elle suit toujours les voies les plus simples. Ces principes inféconds sont d'une haute antiquité, par ce qu'ils se présentent naturellement à l'esprit du philosophe qui jette un coup d'oeil sur ce qui l'environne et que par cela même qu'ils sont plus généraux et plus vagues, ils se peuvent découvrir sans qu'on ait eu besoin d'approfondir la nature.

Auteur: Condorcet Jean Antoine Nicolas de Caritat

Info: in "Tableau historique des progrès de l'esprit humain - Projets, esquisse, fragments et notes", A l'Institut National d'études démographiques, p. 143

[ sciences ] [ imprécision ] [ progrès ] [ poncifs ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

commune de Paris

Le projet était de construire une république démocratique et sociale à partir de l’organisation des communes dans tout le pays, cellule de base de la vie sociale, économique et politique.

Les attributions de ces communes reprennent ce que le mouvement populaire avait construit pendant la Révolution de 1789 jusqu’au renversement du 9 thermidor an II - 27 juillet 1794.

Les assemblées générales communales de citoyens des deux sexes élisaient alors les membres du conseil général, ainsi que les membres des différents comités chargés des attributions de la commune : on retrouve bien sûr la fonction de garde nationale et de police, mais aussi celles des comités des subsistances, de l’instruction publique, des finances, de l’assistance.

Les élus étaient sous le contrôle permanent des citoyens, qui se réunissaient plusieurs fois par semaine en assemblées générales. Le système électoral, pratiqué par le mouvement populaire révolutionnaire dans la période 1789 - 1794, était celui que les communautés villageoises avaient hérité du Moyen Âge et pratiqué jusque-là, tandis que les villes avaient perdu, depuis le XVIe siècle, leurs libertés et franchises.

Auteur: Gauthier Florence

Info:

[ gouvernement ] [ contrôle du pouvoir ] [ utopie française ] [ démocratie directe ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

sciences

Question : Y a-t-il quoi que ce soit de prévisible dans l'évolution ?
S. J. Gould : Oui, mais ces prédictions sont très générales. Ainsi, compte tenu des conditions qui existaient sur la Terre, j'aurais certainement prédit l'apparition de la vie. La vie est probablement la conséquence fondamentale de processus chimiques et de la physique des systèmes qui s'auto-organisent. Je pourrais également prédire qu'il y aura toujours davantage de proies que de prédateurs, car un écosystème ne peut fonctionner autrement. La symétrie bilatérale était elle aussi prévisible parce que c'est un mode d'organisation efficace. Je vous dirais que si des créatures volantes devaient apparaître, elles auraient probablement des ailes parce qu'il n'y a pas d'autres façon de se mouvoir dans les airs. Ainsi, la vie présente certaines caractéristiques très générales qu'on peut prévoir. Cependant, ce que la plupart des gens veulent savoir lorsqu'ils posent des questions sur l'évolution de la vie, ce ne sont pas des réponses générales et abstraites. Ce qui nous intéresse habituellement, c'est pourquoi l'Humain existe. Pourquoi les Dinosaures ont-ils dominé ? Pourquoi les Mammifères ont-ils pris la relève ? Ces questions ont toutes à voir avec l'imprévu.

Auteur: Gould Stephen Jay

Info: Entretien avec Neil Campbell dans son : Biologie, en début de cinquième partie

[ hasard ] [ évolution ]

 

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discours de la méthode

[...] (1) "ne recevoir jamais aucune chose pour vraie, que je ne la connusse évidemment être telle", et 'ne comprendre rien de plus en mes jugements que ce qui se présenterait si clairement et si distinctement à mon esprit, que je n’eusse aucune occasion de le mettre en doute" ; (2) "diviser chacune des difficultés que j’examinerais en autant de parcelles qu’il se pourrait…" ; (3) "conduire par ordre mes pensées" et "monter peu à peu comme par degrés" de la connaissance des objets les plus simples à celle des "plus composés" ; (4) enfin, "faire partout […] des revues si générales, que je fusse assuré de ne rien omettre".

[…] Quant à leur substance, ces préceptes sont présentés de but en blanc, sans aucune forme de déduction. Sans doute s’avancent-ils en atmosphère d’évidence, comme étant assez clairs par eux-mêmes. A la question de savoir d’où cette qualité peut leur venir, il faut sans doute répondre : de ce qu’ils résultent tous de la démultiplication d’un certain impératif de circonspection, lequel trouve son application (1) dans le jugement ; (2) dans la détermination des démarches de l’esprit ; (3) dans l’accomplissement d’un certain chemin de pensée ; enfin (4) dans la vérification de toutes choses.

Auteur: Kambouchner Denis

Info: La question Descartes, éditions Gallimard, 2023, page 27

[ résumé ] [ étapes ] [ philosophie ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

médium

Le mari traça quelques lignes en l’air, jusqu’à ce qu’elle se mette à trembler et que ses yeux se ferment. Puis il ressortit. Elle se saisit immédiatement de ma main droite et commença à parler, sans attendre mes questions, d’une voix tremblante, mais l’élocution étonnamment fluide. Je ne pus malheureusement pas retenir grand-chose, ni rien noter. Elle dit, que j’avais beaucoup à lutter, que souvent le sol se dérobait sous mes pieds, que bien des gens se mettaient en travers de mes projets ; que j’étais trop bon, trop désintéressé. Mais que je devais rester ferme et continuer comme j’avais commencé ; qu’il y avait des gens qui m’aidaient, pas avec de l’argent, mais avec des mots. Qu’à la fin, je me frayerais un passage, comme un héros, "pas tout à fait dans ce domaine", "quelques changements seront encore nécessaires". Que tout ce que je pourrais, c’est subvenir à mes besoins, "me maintenir à flot", mais que je ne deviendrais pas riche ; la satisfaction de la reconnaissance ne se ferait pas attendre longtemps, etc. Puis elle s’arrêta soudain de parler.

Ces phrases beaucoup trop générales semblent toutefois avoir éveillé en moi certains affects (de nature infantile) ; je ressentais une sorte de saisissement auquel, du reste, je me laissai aller ensuite, intentionnellement, voulant ainsi favoriser l’expérience. 

Auteur: Ferenczi Sándor

Info: Dans "Correspondance Freud-Ferenczi 1908-1914", trad. par le groupe de traduction du Coq-Héron, composé de Suzanne Achache-Wiznitzer, Judith Dupont, Suzanne Hommel, Christine Knoll-Froissart, Pierre Sabourin, Françoise Samson, Pierre Thèves, Bernard This, Calmann-Lévy, 1992, lettre du 20 novembre 1909

[ prophétie ] [ avenir ] [ analyse ]

 
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vérités générales

Je vois l'homme d'autant plus inquiet qu'il a perdu le goût des fables, du fabuleux, des Légendes, inquiet à hurler, qu'il adule, vénère le précis, le prosaïque, le chronomètre, le pondérable. Ça va pas avec sa nature. Il devient fou, il reste aussi con. [...] On l'éberlue de mécanique autant que les moines de mômeries nos pères les crasseux, il fonce le moderne, il charge, du moment qu'on lui cause atomes, réfractions cosmiques ou "quanta", il croit que c'est arrivé dur comme fer. Il est en or pour tous panneaux. Il donne dans le prestige des savants comme autrefois aux astrologues, il s'est pas encore rendu compte que d'additionner des pommes ou de mettre en colonnes des atomes, c'est exactement semblable, c'est pas plus sorcier, c'est pas plus transcendant l'un que l'autre, ça demande pas plus d'intelligence. Tout ça c'est de la vaste escroquerie pour bluffer le bonhomme, l'appauvrir, le dégoûter de son âme, de sa petite chanson, qu'il aye honte, lui couper son plaisir de rêve, l'ensorceler de manigances, dans le genre Mesmer, le tripoter, le conditionner trépied de machine, qu'il renonce à son cœur, à ses goûts, muet d'usine, moment de fabrication, la seule bête au monde qu'ose plus du tout sauter de joie, à son caprice, d'une patte sur l'autre, d'une espièglerie qui lui passe, d'un petit rythme de son espèce, d'une fredaine des ondes.

Auteur: Céline Louis-Ferdinand

Info: Dans "Bagatelles pour un massacre"

[ savoirs uniformisants ] [ esbroufe ] [ sujets supposés savoirs ]

 

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intuition

Le langage n'est pas un produit culturel qui s'apprend comme on apprend comment dire l'heure ou comment fonctionne le gouvernement de son pays. Au contraire, c'est une partie distincte de la structure biologique de notre cerveau. Le langage est un savoir-faire complexe et spécifique qui se développe spontanément chez l'enfant, sans effort conscient et sans apprentissage formel, qui s'articule sans qu'il en connaisse la logique sous-jacente, qui est qualitativement la même chez tous les individus et qui est distinct d'aptitudes plus générales pour traiter les informations ou se comporter avec intelligence. C'est ainsi que certains spécialistes de sciences cognitives ont décrit le langage comme une faculté psychologique, un organe mental, un système de neurones et un module de traitement de données, mais je préfère le terme, - archaïque je l'admets -, d'instinct. Il rend l'idée que les gens savent parler plus ou moins dans le sens où les araignées savent tisser leur toile. Le tissage de la toile d'araignée n'a pas été inventé par quelque araignée géniale et restée inconnue. Il ne dépend pas d'un enseignement approprié ni d'un talent en architecture ou d'un savoir-faire en matière de construction. Bien plutôt, les araignées construisent des toiles parce qu'elles ont des cerveaux d'araignées qui les poussent å tisser et leur donnent la compétence pour y réussir. Bien qu'il existe des différences entre les toiles d'araignées et les mots, vous devriez considérer le langage de cette manière.

Auteur: Pinker Steven

Info: L'instinct du langage, p. 16

[ idiome ]

 

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