Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 167
Temps de recherche: 0.0587s

transport ferroviaire

Nous roulons protégés dans l'égale lumière

Au milieu de collines remodelées par l'homme

Et le train vient d'atteindre sa vitesse de croisière

Nous roulons dans le calme, dans un wagon Alsthom,



Dans la géométrie des parcelles de la Terre,

Nous roulons protégés par les cristaux liquides

Par les cloisons parfaites, par le métal, le verre,

Nous roulons lentement et nous rêvons du vide.



A chacun ses ennuis, à chacun ses affaires;

Une respiration dense et demi-sociale

Traverse le wagon; certains voisins se flairent,

Ils semblent écartelés par leur part animale.



Nous roulons protégés au milieu de la Terre

Et nos corps se resserrent dans les coquilles du vide

Au milieu du voyage nos corps sont solidaires,

Je veux me rapprocher de ta partie humide.



Des immeubles et des gens, un camion solitaire:

Nous entrons dans la ville et l'air devient plus vif;

Nous rejoignons enfin le mystère productif

Dans le calme apaisant d'usines célibataires.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Célibataires, https://www.youtube.com/watch?v=435UpN6eFf4

[ tgv ] [ cohabitation sociale ] [ tension latente ] [ urbanisation ] [ poème ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

fondu-enchaîné

Ici, la forêt s'étendait plus loin ; mais plus on avançait, plus les arbres étaient rudimentaires, pour finir par ne plus ressembler du tout à des arbres. Bientôt ils devinrent approximatifs, à peine une vague idée de ce que doit être un arbre : un tronc gris-brun en bas, et, en haut, un barbouillage verdâtre tenant lieu de feuilles. Peut-être que l'autre mère ne s'intéressait-elle pas beaucoup aux arbres ; ou alors, elle ne s'était pas donné la peine de façonner correctement cette partie de la propriété parce que personne ne s'était jamais aventuré aussi loin. Coraline continua à marcher. Alors la brume apparut. Ce n'était pas une brume humide, comme la brume ou le brouillard normaux. Et elle n'était ni tiède ni froide. En fait, Coraline avait la sensation d'avancer dans le néant. "Je suis une exploratrice, songea-t-elle. Et il faut que je m'en aille d'ici par tous les moyens. Alors je continue à avancer." Autour d'elle il n'y avait plus qu'un vaste rien du tout, comme une feuille de papier vierge ou une très, très grande pièce vide toute blanche. Ni température, ni odeur, ni texture, ni goût - rien.

Auteur: Gaiman Neil

Info: Coraline

[ rêve ] [ onirisme ] [ littérature ]

 

Commentaires: 0

avril

Il y a quelque chose dans le mot printemps qui suggère non seulement la fragilité des pousses nouvelles, mais aussi ce monde humide, glacé, terreux, odorant de mousse, que les brins d'herbe couleur d'émeraude, les fourreaux et les dagues transparentes ont percé pour émerger enfin à l'air libre.

Le mot printemps, empreint comme il l'est du vert même des tiges de jacinthes, du bleu des œufs de fauvette, du reflet des pétales de chélidoines, est chargé d'une signification à la fois nostalgique et humaine : il oblige l'esprit à se replier, par-delà la supplication de chaque son et de chaque paysage printaniers, jusque dans l'obscure terre primordiale saturée de pluie d'où toute chose sont issues, jusque dans des lieux humides et froids où les baguettes cinglantes du coudrier frappent la peau, où le sol dissimule traitreusement ses marécages, où de jeunes oiseaux et de jeunes lapins sont dévorés par les faucons, où les effluves provoquent de dangereuses accalmies et le retour de douloureux souvenirs, où de noirs liquides empoisonnés suintent du tronc des hêtres, où les bourgeons des prunelliers sont autant de présages du destin, du malheur et de la mort subite.

Auteur: Powys John Cowper

Info: Givre et sang

[ clair-obscur ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

érotisme

Lorsqu'il ne s'agit pas de la partie charnue de la paume de la main située entre la ligne de vie et la base du pouce, ce morceau de choix de la géographie du Tendre se nomme encore pubis en raison de la pilosité qui l'honore à partir de la puberté. Couvert d'une fourrure de martre fauve ou d'astrakan, d'un manteau de laine rousse ou d'un duvet blond aux fins poils électriques, le pubis possède idéalement la forme d'un triangle équilatéral bombé dont le galbe attire à la fois l'oeil et la main de l'homme bien né. Ainsi le Mont de Vénus cher aux chiromanciennes épouse-t-il le Mont de Vénus pelvien, moussu qui se courbe amoureusement tandis que le ventre se creuse. La lisière supérieure du triangle renversé sépare le ventre montrable du sexe tabou. C'est pourquoi le slip du bikini s'y ajuste très précisément. La main posée sur le renflement soyeux laisse naturellement le doigt inquisiteur se perdre dans la nuit intercrurale. Là, la pulpe du médius perçoit une chaleur d'autant plus exaltante qu'elle se révèle humide. Y plonger derechef et sans ambages serait une faute de goût. Il faudra espérer l'ouverture proche et imperceptible des cuisses qui sont comme le baromètre de la pudeur.

Auteur: Debray Michel

Info: Le mont de vénus

[ littérature ]

 

Commentaires: 0

ténèbres

La terreur, c'est surtout de l'imprévu ; et si la nervosité des peureux s'exaspère dans l'obscurité, c'est que cette nuit aveugle est peuplée pour eux de fantômes, auxquels ils ne peuvent donner de formes. Si, de tous temps, les enfants et les servantes ont craint de se hasarder, le soir, hors des chambres éclairées et closes, c'est que l'ombre impénétrable, l'ombre silencieuse et hostile recule tout l'infini dans le mystère et toute l'épouvante dans l'inconnu... Oh ! les grands arbres bruissants des fonds de parcs d'automne humides et solitaires, les interminables corridors des vieux logis de province à demi abandonnés, les greniers hauts comme des cathédrales, où s'entassent des vieilleries, des paperasses et des malles velues, immobiles depuis des années, et qui ne voyageront jamais plus, les chambres inhabitées des maisons de campagne des grands-parents aujourd'hui morts, la chambre qu'on n'ouvrait jamais parce qu'il s'y était passé quelque chose...
Oh ! Tous ces châteaux d'épouvante effrités aujourd'hui dans nos âmes sceptiques, mais qui tenaient jadis une si formidable place dans notre enfance effarée et inquiète, de quelle atmosphère frissonnante et glacée ils s'emplissaient pour nous à la tombée de la nuit, surtout au retour de l'automne, dans ces mois brumeux et pourris d'incessantes ondées, de torrentielles pluies.

Auteur: Lorrain Jean

Info: Histoires de Masques

[ peur ] [ imagination ]

 

Commentaires: 0

culpabilité teutonne

Il y a en effet en Allemagne un nombre non négligeable d'antinazis sincères qui sont plus déçus, plus apatrides et plus vaincus que les sympathisants nazis ne l'ont jamais été. Déçus parce que la libération n'a pas été aussi complète qu'ils se l'étaient imaginé, apatrides parce qu'ils ne veulent se solidariser ni avec le mécontentement allemand – dans la composition duquel ils croient reconnaître un peu trop de nazisme camouflé – ni avec la politique alliée – dont ils contemplent avec consternation l'indulgence envers les anciens nazis – et enfin vaincus parce que, d'un côté, ils se demandent si, en tant qu'Allemands, ils peuvent avoir une part quelconque à la victoire finale des alliés et, de l'autre, ils ne sont pas absolument persuadés qu'en tant qu'antinazis ils n'ont pas une part de responsabilité dans la défaite allemande. Ils se sont condamnés à une passivité totale parce que l'activité impliquait la collaboration avec des individus douteux qu'ils ont appris à haïr pendant douze années d'oppression.

Ces gens-là sont les plus belles ruines de l'Allemagne mais, pour l'instant, elles sont aussi inhabitables que toutes ces maisons démolies entre Hasselbrook et Landwehr qui dégagent une odeur âcre et amère d'incendies éteints dans le crépuscule humide de cet automne.

Auteur: Dagerman Stig

Info: Automne allemand, p. 40

[ après-guerre ] [ ww2 ] [ psycho-sociologie ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

souk

Pour arriver chez moi, il fallait monter des rues et des rues mauresques, tortueuses, coupées de couloirs sombres sous la forêt des porte-à-faux moisis.
Devant les boutiques inégales, on côtoyait des tas de légumes aux couleurs tendres, des mannes d’oranges éclatantes, de pâles citrons et de tomates sanglantes. On passait dans la senteur des guirlandes légères de fleurs d’oranger ou de jasmin d’Arabie lavé de rose avec, au bout, des petits bouquets de fleurs rouges.
Il y avait des cafés maures avec des pots de romarin et des poissons rouges flottant dans des bocaux ronds sous des lanternes en papier, des gargoulettes où trempaient des bottes de lentisque.
À côté, c’étaient des gargotes saures avec des salades humides et des olives luisantes, des étalages de confiseurs arabes avec des sucres d’orge et des pâtisseries poivrées, des fumeries de kif où on jouait du flageolet.
On frôlait des Mauresques en pantalons lâches et en foulards gorge-de-pigeon ou vert Nil, des Espagnoles avec des roses de papier piquées dans leurs crinières noires.
On pouvait acheter de tout, on entendait tous les langages, tous les cris de la vie méditerranéenne, bruyante, toute en dehors, mêlée aux réticences et aux chuchotements de la vie maure.
Enfin, au fond d’une impasse, par une porte branlante, on entrait dans un patio frais, plein d’une ombre séculaire.

Auteur: Eberhardt Isabelle

Info: Pages d'Islam, Le mage

[ marché ] [ foire ]

 

Commentaires: 0

pensée-de-femme

J'ignore ce qu'il veut dire, jusqu'à ce que je sente quelque chose de chaud, humide et collant sur mes seins. Puis le doigt de Damien revient dans ma bouche et je lèche de nouveau le chocolat. Mais cette fois, il en fait autant. Sa bouche s'acharne sur mon sein enduit de chocolat. Il lèche, il suce, mon téton se raidit et mon aréole frissonne. Mon sexe se crispe aussi, brûlant et suppliant, cruellement stimulé par la cordelette avec laquelle Damien joue, tirant dessus au même rythme qu'il joue de ses lèvres sur mes seins. La cordelette glisse et frotte inlassablement, menaçant de me faire perdre la tête. Et tout aussi inlassablement, sa bouche m'agace et me taquine. Elle suce, tire et mordille délicatement, suffisamment pour que je la sente, assez pour que cette vive et suave sensation me parcoure de la tête aux pieds, jusqu'à la cordelette qui continue de me tourmenter si délicieusement.
Inlassablement, jusqu'à ce que les frissons qui me parcourent forment une vague qui me secoue tout entière.
Je me laisse emporter, ondulant des hanches pour glisser sur la cordelette tout en me concentrant sur la sensation de la bouche de Damien qui se referme sur mon sein. C'est une explosion brutale, et je pousse un cri avant de retomber, épuisée, quand l'orgasme décroît, me laissant hébétée et enivrée.

Auteur: Kenner Julie

Info: Possède-moi

[ sexe ] [ érotisme ]

 

Commentaires: 0

résilience

LE TARDIGRADE. [...] les phénomènes d'anabiose ne manquent pas de surprendre: il s'agit d'une sorte de "résurrection" succédant à la disparition apparente de tout métabolisme. Le cas le plus célèbre est celui des tardigrades, petits animaux noirâtres, lesquels, vivant dans les mousses sur les toits, n'ont rien de bien remarquable à première vue, sauf leur emplacement incertain dans la classification, puisqu'ils tiennent des insectes et des araignées, sans être ni l'un ni l'autre. En revanche, du point de vue physiologique, ils présentent une particularité considérable; lorsqu'on les laisse se dessécher dans une atmosphère rigoureusement privée d'humidité, ils se transforment en peu de temps en une minuscule paillette noirâtre où même le microscope ne reconnaît plus aucune texture cellulaire. On peut les conserver dans cet état pendant une année et plus. Si alors on les place sur une feuille de papier humide, il ne faut que quelques minutes aux tardigrades pour réabsorber l'eau et s'enfuir. Mais Rahm est allé plus loin. Il a placé ces animaux desséchés dans un tube hermétiquement clos rempli d'un gaz inerte, ou encore dans le vide. Après plusieurs années, les tardigrades, remis en présence d'eau, se regonflent et reviennent à la vie. Rahm plaça alors ses sujets dans l'air liquide à moins 190 pendant 25 heures et enfin à moins 272, à un degré du zéro absolu, pendant 3 heures et sans les tuer.

Auteur: Thomas Louis Vincent

Info: L'anthropologie de la mort, Payot, Paris, 1975 p. 72 L'Agora, vol 7, no 1, 1999

[ robustesse ]

 

Commentaires: 0

poème

Je suis née de la mer et ne le savais plus

Trop de pavots avaient maculé mes pieds nus

Les soirs où les bergers m'appelaient dans la ronde

Pour passer le furet de ma main dans leurs mains

Furet des bois jolis furet des vieux jardins.

Je suis née de la mer et ne le savais plus

Trop de chênes avaient appris à mon corps nu

Cette haute caresse où l'écorce connaît

La façon d'arracher aux jeunes filles blondes

Des gouttes de bonheur de quelque sainte plaie.

Je suis née de la mer et ne le savais plus

Trop de bêtes avaient partagé mon cœur nu

Dans les hautes futaies habitées par la lune

Trop de sangliers forts à renifler l'oronge

Trop de biches mes sœurs effrayées par leurs songes

Trop de martins-pêcheurs gonflés d'humides chants

Délivrés par leurs becs en baisers trop savants.

Je suis née de la mer et ne le savais plus

Mais l'homme au bras marin me parla de l'écume

Et l'humus des forêts fut le sable des dunes

Et les bergers laissant leurs troupeaux de moutons

Au premier loup venu gardèrent des poissons

Le nez du sanglier fouilla le goémon

La biche apprivoisa chaque lame de fond

Et les désirs des fûts chantèrent un navire

Que les oiseaux pêcheurs voilèrent sans rien dire

De leurs ailes tendues à des ciels inconnus.

Je suis née de la mer et ne l'ai reconnu

Qu'au bras de mon amour et ne l'oublierai plus.

Auteur: Vannier Angèle

Info: Choix de poèmes, Seghers Editeur, 1961

[ océanique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel