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climat

On ne va pas instaurer un écofascisme ou un stalinisme vert ! Personne ne veut ça. Mais il ne faut pas se mentir : si l’on consomme moins, il y aura une petite incidence sur un certain type de confort. A l’instant, trois voitures viennent de passer, avec une seule personne dans chacune. Il ne s’agit pas de l’interdire mais il faut que cela devienne rare. Un billet d’avion coûte souvent moins cher qu’un billet de train, c’est incompréhensible. On réplique parfois que la liberté n’est pas négociable. C’est idiot, toute notre vie est conditionnée par des privations de liberté : je ne suis heureusement pas libre d’agresser un passant, ni de ne pas payer mes impôts ou de ne pas scolariser mes enfants. Des tas d’actes sont interdits ou obligatoires, pour le bien commun. Ne doit-on pas considérer la planète - la vie - comme un bien commun ? Dans quelques années, des épisodes caniculaires empêcheront de sortir de chez soi. Le corps ne peut pas rester longtemps à 55 °C. Le réchauffement nous privera de la liberté de sortir, ce n’est pas rien ! Il faut s’imposer de petites restrictions pour éviter une catastrophe in fine bien plus liberticide.

Auteur: Barrau Aurélien

Info: Interview à "Libération", 02.10.18

[ long terme ] [ conséquence ] [ responsabilité ] [ écologie ] [ sobriété ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

rapports humains

"Tu me le paieras !" disait une fille à son père qui l'avait empêchée de se marier à un soupirant trop bien peigné. Et elle se tua. Mais le père n'a rien payé du tout. Il adorait la pêche au lancer. Trois dimanches après, il retournait à la rivière, pour oublier, disait-il. Le calcul était juste, il oublia. A vrai dire, c'est le contraire qui eût surpris. On croit mourir pour punir sa femme, et on lui rend la liberté. Autant ne pas voir ça. Sans compter qu'on risquerait d'entendre les raisons qu'ils donnent de votre geste. Pour ce qui me concerne, je les entends déjà : "Il s'est tué parce qu'il n'a pu supporter de..." Ah ! cher ami, que les hommes sont pauvres en invention. Ils croient toujours qu'on se suicide pour une raison. Mais on peut très bien se suicider pour deux raisons. Non, ça ne leur entre pas dans la tête. Alors, à quoi bon mourir volontairement, se sacrifier à l'idée qu'on veut donner de soi ? Vous mort, ils en profiteront pour donner à votre geste des motifs idiots, ou vulgaires. Les martyrs, cher ami, doivent choisir d'être oubliés, raillés ou utilisés. Quant à être compris, jamais.

Auteur: Camus Albert

Info: La Chute

[ relatifs ] [ projections ] [ autodestruction ] [ malentendus ] [ méprises ] [ idées fausses ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

culture

L'appauvrissement du vocabulaire et de la pensée qui a démarré il y a une cinquantaine d'années, et ne reviendra sans doute pas en arrière avant des lustres, est entériné par la simplification quand ce n'est pas la vulgarité des médias naguère les plus respectés. L'absence d'humour et de distance faisant partie de la règle éditoriale un peu partout, de même que cette légèreté intellectuelle que procurait une bibliothèque mentale bien garnie, un François Mauriac aurait aujourd'hui un mal fou à placer son "Bloc-Notes", pour ne prendre qu'un exemple en France, oecuménique de surcroît. La vraie vie va-t-elle se réfugier dans les revues académiques ? Il y a dans l'air comme une organisation mondiale de l'insignifiance, à laquelle chacun est ravi d'apporter chaque matin sa petite collaboration en travaillant à se montrer le moins profond, le moins subtil et le moins savant possible. Tout à l'heure on avait Donald, voici maintenant Simplet. Cette orchestration de l'existence par l'importance donnée à la marchandise idiote et au relationnel basique ne pouvait évidemment que faciliter l'entrée en scène de ce qui a toujours été en coulisses prêt à remplir le vide des esprits : la religion, elle aussi gadgétisée en ses signes extérieurs et rebaptisée "spiritualités" par le marketing...

Auteur: Polastron Lucien Xavier

Info: Livres en feu : Histoire de la destruction sans fin des bibliothèques, p. 321, Les nouveaux biblioclastes

[ décadence ]

 

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beaux-arts

Tout comme son sentimentalisme est profondément bourgeois et plébéien, mais son irrationalisme réactionnaire, sa philosophie morale contient également une contradiction interne : d'une part, elle est saturée de caractéristiques fortement plébéiennes, mais d'autre part, elle contient le germe d'un nouvel aristocratisme. Le concept de "belle âme" présuppose la dissolution complète de la kalokagathia* et implique la spiritualisation parfaite de toutes les valeurs humaines, mais il implique également l'application de critères esthétiques à la morale et est lié à l'idée que les valeurs morales sont un don de la nature. Elle signifie la reconnaissance d'une noblesse d'âme à laquelle chacun a droit par nature, mais dans laquelle les droits de naissance irrationnels sont remplacés par une qualité tout aussi irrationnelle de génie moral. La voie de la "beauté spirituelle" de Rousseau conduit, d'une part, à des personnages comme le Mychkine de Dostoïevski, qui est un saint sous les traits d'un épileptique et d'un idiot, d'autre part, à l'idéal d'une perfection morale individuelle qui ne connaît pas la responsabilité sociale et n'aspire pas à être utile à la société. Goethe, l'Olympien, qui ne pense qu'à sa propre perfection spirituelle, est un disciple de Rousseau au même titre que le jeune libre penseur qui a écrit Werther. 


Auteur: Hauser Arnold

Info: Histoire sociale de l'art, volume 3 : Rococo, classicisme et romantisme *dans la littérature grecque antique, forme abrégée de kalos kai agathos qui signifie littéralement "bel et bon"

[ post-lumières ] [ littérature ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

harmonie cosmique

Il était allé un jour dans la montagne, c’était une journée claire, ensoleillée. Il avait rôdé pendant longtemps, tourmenté par une pensée qui n’arrivait pas à prendre forme. Il voyait devant lui un ciel éclatant, un lac tout en bas, et tout autour un horizon clair, sans limite. Il avait contemplé tout cela avec souffrance. Il se rappela maintenant comment il avait tendu ses mains en pleurant vers ces espaces azurés. Il se tourmentait de se sentir étranger à tout cela. Qu’était-ce donc que ce festin, immense et éternel, qui ne se termine jamais, et vers lequel il se sentait attiré depuis son enfance, sans réussir à y prendre part : chaque matin, on voit se lever un soleil tout aussi éblouissant ; chaque matin, on aperçoit un arc-en-ciel au-dessus de la chute d’eau ; chaque soir, une montagne, la plus haute de toutes, couverte de neige, située très loin, là-bas, aux confins du ciel et de la terre, prend des reflets pourpres ; chaque "mouche qui bourdonne autour de lui dans un chaud rayon de soleil prend part à ce chœur, connaît sa place, l’aime et se sent heureuse". Chaque brin d’herbe pousse et trouve son bonheur. Et tous, tous connaissent leur chemin, tous viennent et repartent en chantant. Lui seul ne sait rien, ne comprend rien, ni aux hommes, ni aux sons, étranger pour tous, pauvre avorton qu’il est !

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: "L'idiot", traduit par Nicolas Poltavtzev Presses de la renaissance, Paris, 1974, page 346

[ ordre naturel ] [ exclusion ] [ souffrance ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

insomnie

Quand on n'arrive pas à s'endormir, on essaye d'abord de ne penser à rien; on se met à compter - ou à prier. Soudain, il nous vient à l'esprit : "Bon sang, j'ai oublié de faire telle ou telle chose, hier ! " Et ensuite, on se rend compte qu'on s'est sûrement fait avoir à la caisse du magasin au moment de payer. Puis on se souvient que l'autre jour, notre femme ou notre ami nous a répondu d'une drôle de manière. Plus tard, un meuble craque, on se dit qu'il y a un voleur et on commence à brûler de peur, ou de honte. Et une fois qu'on est affolé, on réfléchit à son état physique, et, couvert de sueur, terrifié, on essaie de se rappeler tout ce qu'on sait sur la néphrite ou le cancer. Et tout à coup, on repense à une idiotie embarrassante qu'on a commise vingt ans plus tôt, qui nous donne à nouveau des sueurs froides. Petit à petit, on est confronté à soi-même, cet être étrange, obstiné et détestable; à ses faiblesses, à ses bassesses, à sa mauvaise conduite, ses limites, sa partialité, ses bêtises, ses humiliations et ses souffrances depuis longtemps passées. Toutes les choses gênantes, douloureuses et vexantes qu'on a vécues nous reviennent, comme au premier jour. Rien ne nous est épargné, quand on ne parvient pas à dormir.


Auteur: Capek Karel

Info: Contes d'une poche et d'une autre poche

[ gamberge ] [ introspection ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

visionnaire

L'intelligence peut être mesurée et définie d'après des analogies, mais on ne peut pas dire de quoi elle se compose. Nous ne pouvons l'expliquer chimiquement, nous ne pouvons l'expliquer électriquement : si nous étudions le cerveau d'un génie, il présente un aspect identique à celui d'un idiot. (...) La faculté d'association, qui constitue certainement l'un des grands pouvoirs de l'intelligence, appartient aux fonctions matérielles du cerveau. Cependant, il en est autrement de la puissance créatrice appelée génie, inspiration, talent et autres synonymes se rapportant à sa nature supérieure et provenant d'une dimension spirituelle avec laquelle le cerveau est en relations. (...) C'est à partir de la télépathie et, plus directement, de l'étude de l'aura et de ses rapports avec l'univers que l'on démontrera que le cerveau est seulement une grande antenne et non l'organe d'où émanent la pensée et la personnalité. (...)
Quelque chose, que nous désignerons seulement actuellement sous le terme de "destin ", constitue la force qui active plus ou moins l'une ou l'autre partie du cerveau de chaque individu, lui imprimant une clé qui le différencie du reste des individus. L'une des grandes vérités énoncées par Karl Marx, sans que lui-même comprenne l'importance de ses implications, consista à signaler qu' "aucun philosophe ne présente, par rapport à un portefaix et en ce qui concerne les dons naturel et l'esprit, la moitié de la différence qui existe entre un bâtard et un lévrier".

Auteur: Nitos Laure

Info: Savoir lire l'aura

[ hasard ] [ métaphysique ]

 

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trouble mental

Entre autres, il songea qu’avant ses crises d’épilepsie, il y avait toujours eu un moment (dans le cas où la crise ne le surprenait pas à l’improviste) où son cerveau semblait s’enflammer au sein des ténèbres et de la tristesse, et où toutes ses forces vitales se tendaient soudain avec impétuosité. Pendant ces instants, rapides comme l’éclair, la sensation de la vie et l’auto-conscience semblaient se décupler. L’esprit et le cœur s’éclairaient intensément ; toutes les émotions, tous les doutes, toutes les inquiétudes semblaient soudain s’apaiser pour faire place à un repos sublime, harmonieux, rempli de joie et d’espoir. Mais ces instants, ces éclairs, ne constituaient qu’un préliminaire conduisant à cette seconde finale (jamais plus d’une seconde) qui déclenchait la crise. Cette seconde était, évidemment, insoutenable.

En y pensant par la suite, déjà guéri, il se disait bien souvent : "Tous ces mouvements fulgurants d’auto-connaissance sublime et par conséquent "d’un état sublime", ne sont autre chose qu’une maladie, une déviation de l’état normal. Donc, loin d’être un "état sublime", ils devraient se rattacher plutôt à un "état d’infériorité". Pourtant, il faisait cette déduction paradoxale : "Et même si c’était une maladie, peu importe que cette tension soit anormale, puisque son résultat, cette minute sensationnelle dont on se souvient et qu’on analyse plus tard, est harmonieuse et belle au plus haut point et permet de ressentir, à un degré jamais atteint, la plénitude, l’apaisement, l’équilibre et la communion mystique avec la plus haute synthèse de la vie".

Auteur: Dostoïevski Fédor Mikhaïlovitch

Info: "L'idiot", traduit par Nicolas Poltavtzev Presses de la renaissance, Paris, 1974, page 188

[ description de l'intérieur ] [ totalité ] [ expérience religieuse ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

construction

Je n’ai pas commencé [ce travail] comme philosophe, et je ne désire pas particulièrement écrire à propos de philosophie ou sur la nature des choses. Ce n’est pas mon métier. Une seule question m’intéresse par dessus tout - comment créer de beaux bâtiments. Je ne m’intéresse seulement qu’à la beauté réelle. Je n’ai jamais eu l’envie de concevoir du bâti lisse que les architectes de mon temps ont généralement conçu. Nombre d’entre eux ont abandonné le travail du beau, et par ricochet abandonné ce travail en tant qu’idéal atteignable. Cela est peut être compréhensible. Construire à un degré de beauté qui pouvait être commun aux XIIème ou XVème siècle en Europe et dans des centaines d’autres cultures à presque toutes les ères de l’histoire humaine à l’exception de la notre nous est très ardu. Cela était spécifiquement dur pour nous en cette fin de XXème siècle et continuera de l’être alors que nous entrons dans le vingt-et-unième. Pour différentes raison - pas entièrement claires pour moi il y a trente cinq ans - cette difficulté est telle que les architectes ont presque abandonné. Cela je ne l’ai jamais accepté. Je n’ai jamais accepté le pis-aller, ou l’idée idiote de la "bonne architecture" avec laquelle certains architectes du XXème baratinent le public. Je voulais être capable de réaliser le vrai et pour cela je devais comprendre quel était ce vrai. La raison n’était pas curiosité intellectuelle, mais une raison pratique, je voulais pouvoir le faire moi même.

Auteur: Christopher Alexander

Info:

[ ordre ] [ expérimentation pratique ]

 
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Ajouté à la BD par Patate

idiomes

Au fond de moi il était clair que Whorf avait raison. Je savais que je pensais différemment en turc et en anglais - non pas parce que la pensée et la langue sont identiques, mais parce que les langues différentes vous obligent à penser différemment aux choses. Le turc, par exemple, avait un suffixe, -mis, que l'on appondait aux verbes pour signaler tout ce dont on n'avait pas été personnellement témoin. Vous étiez toujours en train d'énoncer votre degré de subjectivité. Il fallait y penser chaque fois qu'on ouvrait la bouche.

Le suffixe -mis n'avait pas d'équivalent exact en anglais. On pouvait le traduire par "il semble que" ou "j'ai entendu dire" ou "apparemment". Je l'associais à Dilek, mon cousin du côté de mon père - Dilek, petit, maigre, au teint sombre, qui avait mon âge mais était tellement plus petit. "Tu t'es plaint-mis à ta mère", me disait Dilek de sa voix calme et précise. "Le chien t'a fait-mis peur." "Tu as dit-mis à tes parents que si tante Hulya venait en Amérique, elle pourrait vivre dans ton garage." Quand tu entendais -mis, tu savais que tu avais été invoquée en ton absence - pas seulement toi mais ton hypocrisie, ta lâcheté et ton manque de générosité. Chaque fois que j'entendais -mis, je me sentais prise au dépourvu. J'avais peur des chiens. Je me plaignais à ma mère, souvent. Le mode -mis était une des choses dont je me plaignais à ma mère. Ma mère trouvait ça marrant.

Auteur: Batuman Elif

Info: L'Idiote

[ spécificités ] [ filtres ]

 

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Ajouté à la BD par miguel