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paradoxe

La mort de Dieu – comme la mort du Père – ne conduit pas à la levée de l’interdit, donc à la jouissance, mais justement à la mise en place de la loi, la surveillance du surmoi et la culpabilité qui en découle. […] Au lieu d’offrir plus de jouissance, la mort de Dieu en ferme l’accès. Elle forme une barrière infranchissable. Cette mort n’autorise pas l’être humain à prendre la place du disparu ; elle marque plutôt une place pour toujours, et depuis toujours, impossible à occuper ; elle fonde une loi à laquelle chacun est soumis : Il n’y a pas de dieu que je puisse être. Certes, cette loi fait aussi l’objet d’un constant refus ; elle est contournée de bien des manières, avec cette idée que si Dieu est mort, la place qu’il occupait est disponible, et l’on peut y accéder. C’est pourquoi notre temps est certainement marqué, contrairement à ce que l’on pourrait penser, par la négation de la mort de Dieu afin de maintenir le projet d’une jouissance sans limite. Il est aussi caractérisé par la résurgence du Père de la horde, qui annule tout rapport à la loi et aux interdits fondamentaux.

Auteur: Causse Jean-Daniel

Info: Dans "Lacan et le christianisme", pages 26-27

[ dénégation ] [ illusion ] [ toute puissance ] [ responsabilité ]

 

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grégarisme

Nous avons tous nos petites illusions solipsistes, effroyables intuitions d'une totale singularité : que nous sommes les seuls de la maison à remplir le bac à glaçons, à vider la machine à laver de sa vaisselle propre, à faire pipi sous la douche de temps en temps, à avoir tel battement de paupière lors d'un premier rendez-vous ; les seuls à prendre la désinvolture très au sérieux ; les seuls à transformer la supplication en courtoisie ;  les seuls à percevoir le pathos pleurnichard dans le bâillement d'un chien, ou un soupir intemporel à l'ouverture d'un bocal hermétique, le rire barbouillé de l'oeuf en train de frire, la complainte en ré mineur du bruit de l'aspirateur ;  seuls à ressentir la panique au coucher du soleil - comme on vit le départ de sa mère le premier jour de l'école maternelle. Qu'on est seuls à aimer ce moi si seul. Que nous avons besoin de ce nous unique. Le solipsisme qui nous lie, J.D. le sait. Qu'on se sentira seul dans une foule ; à l'arrêt pour ne pas s'attarder sur ce qui a amené la foule à exister. Que nous sommes, toujours, des visages dans une foule.

Auteur: Wallace David Foster

Info: Girl with Curious Hair

[ singulières généralités ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

moi

L'ampleur de ce qu'on est soi-même capable de ne pas voir est surprenante, surtout lorsqu'on s'entête dans un aveuglement d'autant plus implacable qu'il est volontaire. Personne ne vous attache les mains, ne vous pousse à l'intérieur d'une cellule, ne ferme ensuite du dehors la clef et le verrou, personne ne vous met de force un bandeau sur les yeux et ne vous le noue si serré derrière la tête que vous ne puissiez pas vous en débarrasser sans que vous ayez pour autant les mains attachées. On tisse soi-même son bandeau, on tresse sa propre corde, on tend délibérément les mains pour que le nœud soit bien serré, on construit soi-même les murs de la cellule en la fermant de l'intérieur et en s'assurant que le cadenas est bien en place. On fait les pas nécessaires, l'un après l'autre, et si quelqu'un attire votre attention pour vous avertir du danger, il ne parvient qu'à renforcer votre entêtement plus encore du désastre. Parfois on est soulagé de savoir qu'on n'a pas encore touché le fond, d'autres fois qu'il n'y a pas de retour en arrière possible. Le doute devient une trahison inavouable qu'au fond de soi on ne reconnaît même pas.

Auteur: Muñoz Molina Antonio

Info: Dans la grande nuit des temps, p 190

[ illusion ] [ construction défensive ] [ ego ] [ biais de confirmation ]

 
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inerties

J'ai toujours été insoumis, paresseux donc réfractaire actif... séditieux, fouteur de binz par fuite, refuge ou refus, et toutes autres justifications possibles pour conforter mon existence.

Ce matin je me suis trouvé une analogie avec le staphylocoque doré ; plus le système tente de me contrôler, me confiner, m'éliminer... plus je suis résistant, virulent et dangereux. Même conscient qu'au final je perdrai et disparaitai, comme tout système, mais bien plus rapidement. Avec cette "égoïste illusion" de faire partie de la minorité qui pose des questions moins superficielles, répétitives, casse-pieds et terre-à-terre que la plupart, insistant, plus je vieillis, sur la dangerosité de l'uniformisation, de la surpopulation et du vieillissement des hommes. Bref je ne crois pas à la déification d'un humain qui fonce avec allégresse dans le brouillard de la compétition et du progrès technologique, armé de bons sentiments anthropocentriques qui font de sa race une prédatrice stupide pusiqu'elle scie la branche sur laquelle elle est assise.

Disant ceci j'ai d'une part l'impression de parler comme tout le monde, et de l'autre, le sentiment être incapable d'adapter mon comportement. Les habitudes sont plus fortes que nous, ce ne sera que contraints et forcés que nous en changerons.

Auteur: Mg

Info: 8 oct. 2019. A l'orée 2022, influencé par mes lectures de Lynn Margulis, je m'identifie désormais encore mieux au spirochète.

[ sociologiques ] [ psychologiques ] [ sur son erre ] [ autoportrait ] [ confession ]

 
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serviteur de la pensée

Telle est la situation des systèmes philosophiques. Une pensée soi-disant délivrée de l'autorité d'une tradition spirituelle, c'est-à-dire privée de la lumière plus ou moins indirecte de l'intuition intellectuelle, se trouve soumise en fait au dogmatisme anarchique des opinions individuelles et des passions qu'elles présupposent. Le philosophe libéré de l'apparent dogmatisme d'une tradition spirituelle a l'illusion qu'il est libre pour la vérité: en fait, il n'utilise sa liberté que pour détruire les systèmes antérieurs dont il décèle souvent les tares mais non pour s'ouvrir à une expérience vraiment intégrale du réel, car toujours il retombe dans la prison de nouvelles limitations intellectuelles et passionnelles. Son refus massif des "dogmatismes" antérieurs n'est conditionné en fait que par un dogmatisme qui s'ignore.
La situation du "métaphysicien pur" est pour ainsi dire inverse : se maintenant dans les cadres d'une tradition spirituelle qui limite apparemment sa liberté et qui pratiquement contrôle et tempère son individualité psychique et mentale, il parvient à dépasser du dedans les limitations dogmatiques de cette tradition en approfondissant le contenu de son message. La soumission de ses puissances individuelles à l'extériorité d'une tradition limitée apparaît alors comme la condition paradoxale d'une parfaite disponibilité qui lui permet une saisie "libre" et "désintéressée" de vérités universelles.

Auteur: Vallin Georges

Info: Dans "Perspective métaphysique", page 83

[ cadre fondateur ] [ décadence ]

 

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vieillir

Qu'est-ce-que vous croyez, monsieur Mendez ? Que je l'ai fait par méchanceté ? Que je l'ai prémédité ? Que je l'ai voulu ? Peut-être, oui, peut-être que je l'ai voulu, monsieur Mendez, c'est la vérité ; mais ce n'est pas moi qui l'ai fait, c'est le temps. Vous l'ignorez, mais le temps fait aussi des choses, monsieur Mendez, il entre dans vos yeux, il les teint de cendre, il entre dans votre sang, il le teint de chrysanthème, il entre dans vos doigts, il les teint de la couleur de vos murs, de vos vêtements rangés dans les placards, de votre escalier mort. Et même de vos photos de petite fille. C'est le temps qui fait les choses, monsieur Mendez : tout à coup il est là et on sent qu'il vous pousse, qu'il dirige vos mains , qu'il ennuage vos pensées et brûle votre langue. C'est que vous, vous n'avez pas toujours vécu dans cet appartement. Ou dans un appartement comme celui-ci. Pas vrai, monsieur Mendez ? Alors, vous ne savez pas ce que sont d'abord les illusions, puis la résignation,et enfin le sentiment de ce qui ne sera plus, le sentiment de la vie qui passe devant une fenêtre où l'on découvre qu'on est toujours restée immobile.

Auteur: Ledesma Francisco González

Info: La Dame de cachemire

[ chronos ] [ effaceur ]

 

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pouvoir

Les universités d'élite méprisent le travail intellectuel rigoureux qui, par nature, se méfie de l’autorité, défend farouchement son indépendance et recèle un potentiel subversif. Elles fragmentent le savoir en disciplines hautement spécialisées, qui offrent des réponses pointues s'inscrivant dans des structures rigides. Économiques, politiques, ou sociales, les hiérarchies que servent ces institutions reposent sur des postulats univoques, telle la primauté d'un marché sans entraves, et un vocabulaire qui leur est propre. Ces terminologies par lesquelles les "spécialistes" se démarquent en tant qu'élite nuisent à l'acquisition d'une vision globale, dissuadent les néophytes de poser des questions embarrassantes, font obstacles à la recherche du bien commun, fragmentent les disciplines, divisent le corps professoral, les étudiants et les chercheurs, et incitent les universitaires à s'enfermer dans leur tour d'ivoire en négligeant les questions morales, politiques et culturelles les plus pressantes. Ceux qui savent faire preuve d'esprit critique - comme Noam Chomsky, Howard Zinn, Dennis Kucinich ou Ralph Nader - sont marginalisés, exclus des grands débats. Les universités d'élite ont renoncé à toute autocritique. Elles refusent de remettre en cause un système n'ayant que son propre maintien pour raison d'être. Dans ces institutions, il n'y a que l’organisation, la technologie, la promotion personnelle et les systèmes d'information qui comptent.

Auteur: Hedges Chris

Info: L'empire de l'illusion : La mort de la culture et le triomphe du spectacle

[ cénacles ] [ néolibéralisme ] [ conservation ]

 

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opinions politiques

Si je l’avais choisi comme analyste, c’était avec la conviction qu’il était d’extrême gauche, qu’il partageait les idéaux de la Révolution. Ses fréquentes allusions à Marx, la caution d’Althusser, ses relations avec les membres de la Gauche prolétarienne maoïste et avec celui devenu entre-temps son gendre, avaient renforcé cette illusion. Certes il lisait Le Figaro tous les matins. Mais je n’étais pas à une contradiction près. Les hommes d’envergure peuvent se compromettre avec le diable en gardant leur intégrité. En vérité, je n’avais pas saisi son projet d’après Mai 68, celui d’attirer à lui ces jeunes intellectuels fascinés par l’action violente et le terrorisme à la mode allemande des années de plomb, éviter que cette jeune élite intellectuelle ne s’égare dans les sables mouvants du terrorisme. C’est à lui, bien plus qu’à Sartre, dressé sur son tonneau, que l’on doit ce sauvetage de l’élite d’une génération. Mais avait-il prévu le revers de la médaille, à savoir que ces gauchistes analysés, voire devenus psychanalystes, sans faire le deuil de leur fascination totalitaire, allaient injecter dans le mouvement psychanalytique cette mortelle maladie de l’esprit qui frappera en premier lieu son propre enseignement et sa transmission. Du coup, l’institution analytique finira par ressembler à une association mafieuse ou sectaire.

Auteur: Haddad Gérard

Info: A propos de Jacques Lacan dans "Le jour où Lacan m'a adopté", éd. Grasset & Fasquelle, Paris, 2002, page 134

[ conséquences ] [ incompréhension ] [ cénacle ]

 

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égoïsme

Je me sens la tête, et quelquefois le cœur gonflés, mais je ne puis rien achever et pour ainsi dire rien entreprendre. Je trouve le soir que le devoir a pris tout mon temps : il faut s’endormir comme la veille sans avoir pu suivre aucune de mes vues... Le besoin de produire sans explosion possible ! Il y a de quoi crever. Jugez de la fermentation ! C’est tout juste la machine de Papin. Quelquefois, pour me tranquilliser, je pense (sincèrement, sur mon honneur !) que ces espèces d’inspirations qui m’agitent comme une pythonisse ne sont que des illusions, de sottes bouffées du pauvre orgueil humain, et que si j’avais toute ma liberté, il n’en résulterait à ma honte qu’un ridiculus meus. D’autres fois, j’ai beau m’exhorter aussi bien que je puis à la raison, à la modestie, à la tranquillité, une certaine force, un certain gaz indéfinissable m’enlèvent malgré moi comme un ballon. Je me perds dans les nues... je voudrais faire, je voudrais, je ne sais pas trop ce que je voudrais. Peut-être que les circonstances me feront vouloir, à la fin une seule chose. Tiraillé d’un côté par la philosophie et de l’autre par les lois, je crois que je m’échapperai par la diagonale...

Auteur: Maistre Joseph de

Info: Lettre du 24 juillet 1785, à son ami le marquis de Barol

[ contraintes ] [ confession ]

 

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grandir

"Les histoires ont changé, mon cher garçon", dit l'homme au costume gris, un fond de mélancolie dans la voix. "Il n'y a plus de batailles entre le bien et le mal, plus de monstres à tuer, plus de jeunes filles à sauver. Selon mon expérience, la plupart des jeunes filles sont parfaitement capables de se sauver elles-mêmes, du moins celles qui valent quelque chose. Oublie les contes simplistes avec des quêtes, des animaux et des fins heureuses. Les quêtes manquent de clarté quant au but ou au chemin. Les animaux y prennent des formes différentes et sont difficiles à reconnaître pour ce qu'ils sont. Et l'idée d'une fin, heureuse ou pas, est une illusion. Les choses ne cessent de se chevaucher et se confondre, ton histoire est une partie de l'histoire de ta sœur, et de beaucoup d'autres, et on ne sait où elles peuvent mener. Le bien et le mal sont bien plus complexes qu'une princesse et un dragon, ou qu'un loup et une petite fille vêtue de rouge. Le dragon n'est-il pas le héros de sa propre histoire finalement ? Et le loup, n'agit-il pas simplement comme un loup devrait agir ? Même s'il est un peu spécial puisque capable de se déguiser en grand-mère pour jouer avec sa proie".

Auteur: Morgenstern Erin

Info: The Night Circus

[ fables démystifiées ] [ désenchantement ]

 

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