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extraits littéraires

Pour autant que le passé est transmis comme tradition, il fait autorité. Pour autant que l'autorité se présente historiquement, elle devient tradition. Walter Benjamin savait que la rupture de la tradition et la perte de l'autorité survenues à son époque étaient irréparables, et il concluait qu'il lui fallait découvrir un style nouveau de rapport au passé. En cela, il devint maître le jour où il découvrit qu'à la transmissibilité du passé, s'était substituée sa "citabilité", à son autorité cette force inquiétante de s'installer par bribes dans le présent et de l'arracher à cette 'fausse paix' qu'il devait à une complaisance béate. "Les citations, dans mon travail, sont comme des voleurs de grands chemins qui surgissent en armes et dépouillent le promeneur de ses convictions" (Schriften, I, 571). Cette découverte de la fonction moderne de la citation selon Benjamin ... était née ... d'un désespoir relatif au présent et d'un désir de détruire le présent. Par conséquent, la force de la citation "n'est pas de conserver, mais de purifier, d'arracher du contexte, de détruire" (Schriften, II, 192).

Auteur: Arendt Hannah

Info: Walter Benjamin 1892-1940, pp. 82-83. Force de la citation quand toute tradition et autorité sont perdues

[ idées ] [ réflexion transgénérationnelle ] [ citation s'appliquant à ce logiciel ] [ philosophie ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

irrationnel

Prenez ma propre expérience du nombre 62. Accessoirement j’en rends compte dans mon article. Je l’ai vu partout, adresses, billets de train, chambres d’hôtel – ce nombre me poursuivait à tel point que je me suis persuadé que c’était une prémonition de l’âge auquel j’allais mourir. La vraie question n’est pas celle de la justesse ou de la fausseté de la prémonition, mais bien de comprendre d’où vient la certitude obsessionnelle qu’elle est vraie. Pourquoi la raison renonce-t-elle à son empire, chez une personne superstitieuse, et laisse-t-elle ce délire s’enraciner au plus profond ? Pourquoi certains d’entre nous ont la conviction d’avoir un double, un Doppelgänger ? Qu’est-ce que l’imagination ? Où est la réalité ? Pourquoi avons-nous l’impression que ces choses sont étranges et inquiétantes ? Dans mon papier, j’émets l’hypothèse que ces questions sont les échos de répressions infantiles. J’établis aussi un lien avec l’animisme latent que j’ai analysé dans mon Totem. Il est rare que le sentiment d’étrangeté, une fois éveillé, se dissipe complètement. En général, il ne vous abandonne jamais ; la raison n’a pas prise sur lui.

Auteur: Keve Tom

Info: Dans "Trois explications du monde", pages 282-283, discours fictif de Freud

[ synchronicités ] [ intentionnalité magique ] [ questions ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

terreur

La 'crainte' que Giordano Bruno avait attribuée à ses juges prenait son origine dans 'l'horror infini' ; la peur de l'infini. La représentation de quelque chose qui dépasse toute mesure a toujours été inquiétante pour l'homme. ''La simple pensée de se retrouver à errer dans cet Univers incommensurable", reconnaissait Johannes Kepler, qui était profondément religieux, lui donnait 'un sombre frisson'. Pour lui, seule la grandeur divine était infinie, mais pas le nombre des étoiles et certainement pas l'espace vide. Au XVIIe siècle, le philosophe français Blaise Pascal le reconnut : ''Le silence éternel de ces espaces infinis m'effraie''. Et en 1948, le philosophe juif Martin Buber eut des pensées suicidaires lorsqu'il tenta de se représenter 'le bord de l'espace ou son absence de bord' :
- ''Les deux étaient aussi impossibles, aussi dénués d'espoir, et pourtant seul le choix entre l'une ou l'autre absurdité semblait possible. Sous une contrainte irrésistible, je titubais de l'une à l'autre, menacé de temps à autre de si près par le danger de devenir fou, que je caressai sérieusement la pensée d'y échapper en me suicidant à temps''

Auteur: Hürter Tobias

Info: Les Univers parallèles : Du géocentrisme au multivers

[ éternel ] [ incommensurable ]

 

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cauchemar

Une brume d’un bleu pastel délicat stagne, accumulée au fond des vertigineuses tranchées qui s’ouvrent entre les parois verticales et parallèles des hautes façades, comme coupées au couteau dans une unique matière d’un brun noir. Elle enveloppe dans une transparence veloutée le flot docile des voitures semblable à quelque migration d’insectes. Précédées par les pinceaux de leurs phares, eux-mêmes veloutés, elles viennent s’accumuler aux croisements, s’immobilisent, repartent, s’égrènent, s’immobilisent de nouveau dans une sorte d’irréel silence, comme si le grondement qui s’élève de l’énorme ville, uniforme, étale pour ainsi dire, recouvrait ou plutôt absorbait indistinctement les millions de bruits confondus dans une unique et formidable rumeur, vaguement inquiétante, déchirée de loin en loin par le sporadique hululement de sirènes (police, ambulances, pompiers ?), croissant, s’exaspérant, strident, décroissant, mourant. Comme des cris de folles, d’oiseaux exotiques, ou les cornes de navires en perdition. Comme si la ville elle-même criait. Comme si, par intervalles, l’étincelant et orgueilleux amoncellement de cubes et de tours agonisait sans fin dans une sorte de diamantine apothéose, relançait de moment en moment vers le ciel opaque de longs signaux d’alarme, d’angoisse.

Auteur: Simon Claude

Info: Le jardin des plantes

[ irréalité ] [ léviathan ] [ sonorité ] [ trafic ] [ obscurité ]

 
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Ajouté à la BD par Plouin

éléments bêta

Le neuropsychologue américain Karl H. Pribram rapporte un fait survenu voilà plusieurs années dans la Bowery, une zone périphérique de New York. Pendant plusieurs nuits, la police, les pompiers, l’hôpital du quartier reçurent des appels à l’aide téléphoniques de la part de nombreuses personnes, lesquelles disaient qu’il était en train de se passer quelque chose d’étrange et d’indéfinissable. Les premières recherches révèlent que ces impressions n’avaient aucune "consistance". On remarqua ensuite que les coups de téléphone étaient tous concentrés autour de certaines heures de la nuit ; c’est seulement dans un second temps qu’il fut possible de reconstruire que les appels avaient commencé précisément la nuit qui avait suivi la fermeture de la voie ferrée surélevée. Pendant de nombreuses années, sur la Third Avenue, était passés sur voie ferrée surélevée des trains de nuit qui faisaient grand bruit ; la voie ferrée avait été supprimée le jour précédent le début de ces appels. "Les appels correspondaient aux horaires des trains qui autrefois faisaient tant de vacarme. Les faits étranges n’étaient rien d’autre […] que le silence "assourdissant" qui, désormais, avait pris la place du bruit prévu" [Pribram, 1971].

Auteur: Fadda Paola

Info: Dans "Lire Bion", page 217

[ inquiétante étrangeté ] [ décor sonore manquant ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

statistiques

Ainsi donc, un sondage commandé par la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH) révélerait une progression du racisme et de l'antisémitisme en France. Voyons un peu. Seulement 29% des sondés ont déclaré ne pas être racistes du tout. Pour le reste, 63% ont affirmé qu'il y avait trop d'Arabes dans leur entourage, 38% qu'il y avait trop de Noirs et 31% estiment que les Juifs auraient trop de pouvoir sur leurs vies de merde. Belle fourchette, messieurs! Mais quelle sorte de Français a-t-on interrogé pour arriver à de tels résultats? Il n'y aurait donc pas de Juifs français, ni d'Arabes français, ni de Noirs français dignes d'être sondés dans notre exemplaire pays de cocagne? A moins que les 29% ayant déclaré ne pas être racistes du tout représentent effectivement ces Noirs, ces Arabes et ces Juifs, ce qui en effet projetterait une progression inquiétante de leur présence sur "notre" territoire! En vérité, ce n'est pas en faisant un sondage raciste que l'on arrivera à dénoncer au mieux le racisme, lequel demeure, hélas, une des tares les mieux partagées de l'humanité. Ce qui d'ailleurs ne doit absolument pas rester une fatalité, fût-elle exotique. Venceremos!"

Auteur: Toulouse la Rose

Info: courrier des lecteurs des Inrockuptibles, 21 mars 2000

 

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décharné

Impossible, quoi qu'il en soit, de comprendre l'objet de ces stigmatisations du "gros" sans mesurer la vision tout aussi redoutée du "maigre". L'obligation affirmée d'un "équilibre". [...] Le danger de cette maigreur serait de faire disparaître ce qu'une graisse "normale" est censée promouvoir : volume et modulation de formes. D'où la description fortement alarmée de la maigreur elle-même : "exténuation extrême" du corps, reconnaissable à "la lâcheté de la peau lorsque, étant attirée haut avec le bout des doigts, se sépare facilement d'avec la chair". D'où encore la sanction sociale possible de cette maigreur : le renvoi brutal de Hosse Clichtove comme "confesseur royal" en 1517 pour "excès de maigreur", ou l'ironie de Brantôme sur ces femmes "si décharnées que le plaisir et la tentation en sont bientôt passés" ; voire celle de l'Arétin, sur la "garce du couvent", femme jugée "revêche et sans grâce" que la maigreur transformerait en "figure de possédée". La maigreur alarme, rappelle la famine, la peste, les décharnements. Elle est dessèchement, aspérité, faiblesse, ce qui, dans l'imaginaire ancien, s'oppose aux ressorts de la vie. Elle profile l'inéluctable, le chemin de la vieillesse, celui de la mort : "Il n'y a rien qui dessèche comme l'âge bien que ce soit lentement."

Auteur: Vigarello Georges

Info: Les métamorphoses du gras : Histoire de l'obésité du Moyen Age au XXe siècle

[ inquiétante ] [ mince ] [ émacié ]

 

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inquiétante étrangeté

Lacan considérait le "moi" comme un symptôme - chacun d’entre nous jouant, et le plus souvent surjouant! - son propre rôle jusqu'à ce que toute vie véritable (garantie par le seul sujet de l'énonciation) disparaisse de la scène, ne laissant place qu'à des automatismes vides...

Précisons également que dans l’enseignement lacanien du rapport du moi à ses symptômes, il ne suffit pas de dire que le moi forme ses symptômes dans le but d'établir un équilibre précaire avec les forces du ça, Lacan fait là un pas de plus que Freud: le moi lui-même est, dans son essence, un symptôme, une formation de compromis, un instrument qui permet au sujet d'essayer de compromettre son désir.

Par exemple, si je me laisse aller aux larmes pour un mélodrame sur un écran, la vérité est que je ne suis pas ému de manière "immédiate", il aura fallu au préalable que je me sois laissé aller à m'identifier avec le spectateur "naïf" que ce spectacle émeut aux larmes; autrement dit lorsque je désire quelque chose, je m'identifie toujours d'abord avec une certaine idée de moi (moi-idéal) en train de désirer ce "quelque chose" que je désire.

En ce sens, mon image du "moi-idéal" est mon symptôme, l'instrument avec lequel j'organise mon désir: le sujet désire au moyen de son moi-symptôme...

Auteur: Dubuis Santini Christian

Info: Publication facebook du 15.03.2021

[ intermédiaire ] [ castration symbolique ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

oeuvre d'art

Celle que j'ai choisie s'intitule 11.03, un hommage, m'a dit l'Aleph, au tremblement de terre qui a touché le Japon, suivi du tsunami et de la catastrophe nucléaire de Fukushima. A l'intérieur de la boule est enfermé une sorte de poisson-chat qui porte sur sa tête un rocher bien plus gros que lui, qui a la forme du Japon. Il y a longtemps, m'a-t-elle expliqué, les gens là-bas croyaient que les tremblements de terre étaient provoqués par des poissons-chats géants. L'eau, quant à elle, est vert fluorescent - du Gatorade. Cette couleur, censée évoquer des algues radioactives, se veut inquiétante, même si l'Aleph m'a confié que, dans la réalité, de l'eau radioactive aurait exactement la même teinte que de l'eau normale. Lorsqu'on attrape la boule, on ne voit d'abord que le poisson-chat et le rocher au milieu de l'eau verte mais, une fois secouée, une foule de minuscules objets se mettent à tourbillonner. Un pneu de voiture, une bouteille de Coca, un téléphone portable, un ordinateur portable, le tout emmêlé dans un morceau de filet de pêche. Il y a aussi une basket Nike, un canard en plastique, un sac à dos Hello Kitty et quelques morceaux de corps humains, des bras, des pieds coupés. Et puis des trucs plus gros - une moto, un camion, quelques maisons, tout cela dérivant au milieu de ce vert fluide.

Auteur: Ozeki Ruth L.

Info: Le fardeau tranquille des choses

[ boule à neige ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

signe divin

- Je me suis trompé ! cria encore Lévi d’une voix presque complètement éteinte. Tu es le Dieu du mal ! Ou bien tes yeux ont été aveuglés par la fumée des encensoirs du Temple, ou bien tes oreilles ont cessé d’entendre quoi que ce soit, sauf les trompettes de tes prêtres ! Tu n’es pas le Dieu tout-puissant ! Tu es un dieu vil et vulgaire ! Je te maudis, dieu des brigands, leur protecteur et leur âme !
A ce moment, un souffle passa sur le visage de l’ancien percepteur, et quelque chose bruissa sous ses pieds. Puis un souffle, de nouveau, effleura sa figure. Lévi ouvrit alors les yeux : était-ce sous l’influence de ses malédictions, ou pour quelque autre cause inconnue, mais tout, alentour, avait soudainement changé. Le soleil avait disparu, mais sans avoir atteint la mer dans laquelle il s’enfonçait chaque soir. Il avait été avalé par un nuage qui montait de l’occident, un nuage redoutable qui portait en lui l’inéluctable menace d’une tempête. Une frange blanche écumait à son pourtour, et les épaisses volutes noires qui formaient son ventre jetaient des reflets jaunes. Un grondement continu sortait du nuage, et de temps à autre, des traits de feu jaillissaient de ses flancs. Le long de la route de Jaffa, le long de la maigre vallée de la Géhenne, au-dessus des tentes des pèlerins, volaient des tourbillons de poussière, chassés par le vent soudain levé.

Auteur: Boulgakov Mikhaïl

Info: Lors de la crucifixion du Christ, dans "Le Maître et Marguerite", trad. Claude Ligny, Editions Laffont, Paris, 1968, page 260

[ atmosphère inquiétante ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson