Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 34
Temps de recherche: 0.0447s

communication

Dans notre langage, pour établir un dialogue un peu pointu avec autrui, il n'est pas possible d'utiliser autre chose que des idées et des concepts, déjà en vigueur et intégrés par le plus grand nombre depuis longtemps. Sinon, il faudrait d'abord se mettre d'accord sur un vocabulaire et ce qu'il représente dans le concret. Cela donne déjà une idée de l'inertie du système. Il ne fait donc aucun doute que ces questions de communicabilité sont extrêmement complexes, certainement plus ardues pour le petit, l'inférieur, ou le moins évolué. Nous par exemple. Prenons le problème à l'inverse, les choses ne s'arrangent guère.

Sommes-nous capables de confabuler avec un dauphin ?... Pas vraiment.  Alors que nous leur reconnaissons une qualité grégaire et une intelligence, même si elles sont extrêmement différentes. Notre intelligence obscure nous permet pourtant de saisir les différences fondamentales entre eux et nous. Deux biotopes difficilement compatibles et deux perceptions du monde différentes ; nous, plutôt dans le visuel et les dauphins, plutôt dans l'auditif. Mais, malgré cette proximité et les efforts que nous fournissons dans cette direction, nous n'avons pas une idée claire de leur représentation du monde. Donc les systèmes de compréhension et de conceptualisation de la réalité sont issus fondamentalement des sens, du biotope et de l'histoire de l'espèce. Bien. Restons dans des limites convenables et ne faisons que saupoudrer ceci avec le paramètre qui inclurait une différence de niveaux d'évolutions. Tout le monde y est ?.... Imaginons maintenant combien étrangères risquent d'être les manières de voir les choses des parties en question. Leur appréhension. Je n'ose pas même parler ici de leur modes de conceptualisation.

Auteur: MG

Info: 2002

[ extraterrestre ]

 

Commentaires: 0

citation s'appliquant à ce logiciel

Voyons FLP comme une sorte de "bibliothèque des idées". Mais, une bibliothèque, pour paraphraser Michel Melot, devrait être "une symphonie, pas un vacarme".

Pas ici. Dans les "Fils de la pensée" sont intégrés des concepts courts et des extraits plus longs, tous choisis et tagués avec une bonne dose de subjectivité.

Donc point d'ordre au-sens du livre avec un début et une fin. Encore moins du "chef-d'oeuvre arrêté", mais un agencement différent, correspondant à une quête - ou des quêtes -, croisées, comme dans une immense forêt des idées où, à force de passages du promeneur chercheur compilateur, commenceraient à se dessiner des pistes. Certaines rebattues donc bien marquées, parce que correspondants à des évidences de la pensée humaine (prenez les sentiers "mort" et "définitif" ou "mourir" et "libération"...) d'autres à peine marquées parce que plus orientées et définies (au hasard de ces percées forestières : "confort" et "abrutissement" ou "langage" et "limitation").

Quelques vieux sages, (certains jamais nés, d'autres peut-être morts temporairement) experts des ballades dans cette infinie sylve, fille des mots, phrases, paragraphes, chapitres... certains engloutis à jamais, comme avalés et assimilés par ces touffeurs végétale de syllabes, d'autres réfugiés dans des clairières qui n'existent plus, s'accordent cependant sur ce constat : "Trois sortes de quêtes sont possibles dans ces entrelacs". Par ordre d'importance : celle de la beauté qu'on déguste, celle de l'objet que l'on recherche pour un usage. Et la plus hasardeuse : celle de la vérité.

Les créateurs de ce monde de lettres préfèrent quand à eux les intoxiqués de formules et de littérature, explorateurs désintéressés, absorbés-distraits, au point qu'ils abandonneront quelques vivres, comme par mégarde, quelque part dans ce site jungle. Propositions ou appréciations... Tant ludiques que nutritives , comme autant d'indices nourriciers qui pourront étancher au passage quelque visiteur égaré sur les même sentes. Et l'aideront à vivre.

Auteur: Mg

Info: 10 mai 2015. En hommage admiratif à "Le jardins aux sentiers qui bifurquent" de JL Borges.

[ web ] [ présentation ]

 
Commentaires: 2

anonymat de masse

Supposons que la bombe ait été utilisée.

Il serait déplacé de parler encore ici d’ "acte". Le processus qui aboutirait à un tel fait compterait en fin de compte tant de médiations, il serait si peu transparent, il se composerait de tant d’étapes intermédiaires et ferait intervenir tant d’instances – sans qu’aucune ne soit plus décisive que les autres – que pour finir tout le monde aurait fait quelque chose mais personne n’aurait "fait" cela. En fin de compte, personne n’aurait rien fait.

Pour écarter tout risque d’un ultime sursaut de la conscience, on a construit des êtres sur lesquels rejeter la responsabilité, c’est-à-dire des machines à oracles, des consciences-automates électroniques [...]. [...]

Quand bien même il n’y aurait pas de robots, la complexité de l’organisation moderne à elle seule, le fait que cette chose monstrueuse soit le résultat d’un travail mille fois divisé et médiatisé, suffirait à en faciliter l’exécution. Cela semble paradoxal. Ce n’est pourtant pas un paradoxe parce que les innombrables procédures organisationnelles, en consommant beaucoup d’énergie, affaiblissent ou épuisent les énergies morales contraires, et remplissent ainsi une fonction analogue à celle des résistances électriques.

En outre, lorsqu’une organisation est au travail, l’idée d’une moralité de l’action est automatiquement remplacée par celle d’un parfait fonctionnement. [...] Chacun des innombrables travailleurs spécialisés intégrés au processus considérant exclusivement la tâche qu’il doit accomplir et n’étant lui-même considéré comme consciencieux que dans la mesure où il accomplit consciencieusement la tâche dont il est chargé, il n’y a pas pour lui matière à la moindre considération morale. Autrement dit, s’il n’y a pas là pour lui la moindre perspective d’immoralité, c’est parce qu’il n’a pas de "perspective" du tout. [...]

Et comme il ne sait pas comment sa tâche se combine avec celle des autres, il ne peut prendre conscience du fait que la somme des tâches spécialisées et consciencieusement accomplies pourrait se révéler une monstrueuse absence de conscience morale. [...]

Rien ne peut donc contrecarrer la production et l’utilisation de la bombe : ce sont le grand nombre des participants et la complexité de l’appareil qui empêchent d’empêcher.

Auteur: Anders Günther Stern

Info: Dans "L'obsolescence de l'homme", trad. de l'allemand par Christophe David, éditions Ivrea, Paris, 2002, pp. 272-274

[ responsabilité diluée ] [ ignorance ] [ totalitarisme ] [ pions ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

onirisme

Promenade dans les bois. Chemin dégagé et rocailleux.

Bon, me voilà face à un truc insolite.

Ce n'est pas apparent.

Mais je le sais.

Certes, si elle était vraiment inconnue, je ne pourrai la voir, cette chose... La distinguer. Puisqu'elle ne ferait pas partie des objets déjà intégrés dans une case pré établie...

Néanmoins JE LE SAIS.

Elle est devant mes yeux.

La décrire ? Comment créer une nouvelle case ?

Une pierre, grossier parallélépipède grisâtre d'environ 15 centimètres sur le petit côté...

Avec des bords trop bien définis, telles les bordures d'un dessin de Hergé.

Et maintenant voilà que ce machin est autre, mais sans que j'aie pu m'apercevoir du changement. Effet d'une transmutation visuelle magique, fondu-enchaîné parfait dans sa lenteur, mais produit instantanément ?

La chose bouge un peu. Elle a modifié sa couleur, du gris incertain nous sommes passé à ce que je nommerai : bleu terne.

Un bleu épais qui semble scintiller de l'intérieur.

Je suis à genoux devant elle.

L'objet s'est élargi, de telle sorte qu'il fait désormais penser à une demi-étoile de mer,  avec des contours imprécis, vaporeux...

Et. Et...

Et le revoilà caillou. Pardonnez les pauvres analogies pour tenter de définir ce truc mais je n'en puis trouver de meilleures.

Maintenant je me transforme. Comme si la pierre restait parfaite, immobilisée dans un espace absolument figé.

... Et mézigue, observateur, votre serviteur envoyé spécial... qui rapetisse...

Ma vision passe désormais par les oreilles.

...

Au pied d'une falaise bleue. De grands nuages tanguent, volutes vertes au-dela de l'horizon.

Feuillus qui bordent le chemin ?

Je peux bouger.

Mais la falaise reste intangible. Je passe au travers.

Sens tactiles floutés par on ne sait quoi.

...

Pas d'exotisme ici.

De paradoxe... Rien. 

Tout est évidence.

Simple

Le bizarre est derrière. 

Curieuses les sensations d'une vie ? Insolites... Singulières. Surprenantes. Normales ? 

Of course not

J'ai quitté notre monde ésotérique, inexplicable... désorientant.

Pour entrer dans le réel.

Auteur: Mg

Info: 5 fév. 2013

[ dernières paroles ] [ poème ]

 

Commentaires: 0

normalisation

Le non-conformisme et la libre expression classés comme maladie mentale ?
Vous êtes non conformiste et vous êtes pour la libre expression ? Eh merde ! Cela signifie que vous êtes un malade mental ! Oui, oui, ces deux symptômes viennent désormais d'être intégrés dans le DSM-IV (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders).
Cette nouvelle maladie porte le joli nom d'ODD (Oppositionnal Defiant Disorder). La personne qui en souffre remet l'autorité en question en permanence. Les symptômes sont la négativité, la remise en question de sa hiérarchie et une tendance à argumenter sur tous les sujets.
Le DSM IV peut être comparé au Vidal de la médecine. C'est un manuel qui permet aux psys de diagnostiquer de nouvelles maladies mentales. Et cette 4e version amène une pléthore de maladie lié à la désobéissance envers l'autorité. Les psys estiment que nous devenons de plus en plus psychologiquement instables tandis que d'autres estiment que les psys ont beaucoup trop de temps libre et qu'ils le passent à dire des conneries.
D'autres symptômes de l'ODD inclut le narcissisme, une créativité au dessus de la normale (vous lisez bien) et un comportement anti-social. Autrefois, ces traits faisaient partie de la personnalité, mais maintenant, ils sont classés comme des troubles mentaux.
Ce magnifique manuel DSM IV est passé de 130 à plus de 357 maladies mentales en quelques années. Beaucoup de nouvelles maladies concernent les enfants et c'est pourquoi, de plus en plus de gamins suivent une thérapie forcée parce qu'ils sont classés comme des malades mentaux selon ce manuel. Le Washington Post a trouvé la réplique parfaite sur ce manuel : Si Mozart était né aujourd'hui, il serait diagnostiqué comme ayant un ODD (parce qu'il nous a montré quelques bricoles en terme de créativité...)
En son temps le Communisme avait défini une maladie mentale qui justifiait la répression politique. Tout ceux qui remetaient en cause le communisme étaient écartés de la société. On les mettait dans des camps, avec thérapies pour les ramener sur le droit chemin.
Bien entendu les psy se défendent en affirmant que ce ne sont que les symptômes d'une maladie. Une maladie qui va faire le bonheur de tous les gouvernements du monde puisque le combat contre le pouvoir (inique, dictatorial, absurde...) devient une maladie mentale.
A moins que ce ne soit la psychiatrie dans son entier qui doive être considérée comme une maladie mentale.

Auteur: Internet

Info: novembre 2013

[ pouvoir ] [ coercition ]

 

Commentaires: 0

cénacle

Au fil des journées Emma devenait toujours plus critique, surtout avec ses amis locaux, principalement la bande d'André, un musicien, ami de Miguel, pivot d'une clique d'artistes quadragénaires, tous issus de la bourgeoisie. Elle les analysait, les jaugeant maintenant comme de tristes êtres, qui se croyaient métamorphosés parce qu'après avoir vécu ces expériences - par lesquelles ils avaient eu l'impression de se faire peur - ils étaient simplement intégrés. Des petits bourgeois, ridicules par cette mise en place progressive et étudiée de façades plus ou moins réussies, plus ou moins souriantes, assorties de quelques petites excentricités d'habillement, de tournures verbales supposément originales. Elle voyait à présent des cadres moyens du fin tissu social helvétique, un de ces rassemblement de gens qui craignent toute forme de marginalité. Sérail dérisoire ou l'on se fait la bise comme les stars de la télévision pour marquer sa différence, pour montrer son appartenance à un cercle qui serait plus humain, plus averti, éclairé, mais qui, quand il existe, elle ne le savait que trop, n'a que le fonctionnement d'un groupe de pression. Elle riait presque en se remémorant qu'ils avaient créé une structure à but artistique baptisée "Les gars sympas " c'était à n'y pas croire.

Telle était donc l'intelligentsia, les révoltés de cet endroit ?... en était-ce de même pour la culture occidentale en général ?... Etaient-ce eux les artistes ?... Emma se surprenait à fulminer intérieurement. Traumatisée par l'enfant elle ne voyait plus chez eux qu'une forme d'élitisme atroce, imbécile, soumis aux conventions, aux diplômes, loin de la vie, la vraie, celle avec des excréments, des bleus, du sang, des cris. Elle aurait préféré ne pas les juger mais c'était impossible, elle les voyait si distants, si étriqués, prenant brusquement conscience qu'elle n'en n'avait jamais vu un plaisanter ou simplement discuter avec une caissière édentée ou un clodo en pleine cuite. Oui, c'était ça, égoïstes : lors des fêtes qui réunissaient les familles, elle voyait bien que leurs enfants leur cassaient les pieds, comme s'ils ne les avaient pondus que par convention, par simple peur de la mort, ou pire, par ennui. Pas comme dans son pays où la jeunesse était synonyme de joie, de plaisir... de folie qui se développe.

Elle les dépréciait, ils étaient froids, pédants. Elle analysait leurs postures, leurs attitudes - vues par elle comme un mélange de classe et de réserve étudiées - des limitations quoi, y voyant pour preuve que l'humour grossier, même sciemment provocateur, les faisaient se raidir immédiatement. Comprenant aussi qu'il fallait bien qu'ils conservent la cohérence de leur statut social. Ils étaient carrément bridés, oui, c'était ça : sans ouverture... s'auto bombardaient non racistes... tolérants... ne semblaient pas supporter par ailleurs qu'on fasse part de la moindre forme de non allégeance à leur endroit, empêtrés dans leurs représentations, leur foutu confort. Mais stop. Il fallait revenir sur terre, être positive. Qu'avaient-ils de différents des autres humains, somme toute ?... N'était-elle pas comme eux ?.

Auteur: MG

Info: In Jean-Sébastien, 1999

[ sociologie ] [ suisse ]

 

Commentaires: 0

prospective

On ne se lasse pas, chez FLP, de découvrir, décrypter, traduire et analyser tous types d'écrits dont les extraits considérés comme intéressants et/ou significatifs sont ensuite intégrés dans la base de données. Les langages humains, centrés/rassemblés ici en français, sont d'une immense diversité.

Nous constatons en parallèle que le langage est, pour ce que nous pouvons constater, une émergence assez miraculeuse et étonnante puisqu'elle constitue un importante particularité de l'humain en tant qu'espèce. On constate aussi que les signes écrits sont une apparition très très tardive au regard de l'évolution terrestre et même de celle des mammifères hominidés. 

Ce développement récent, cette ouverture sémantique, est très probablement propice aux outrecuidances ; L'homme se met au centre de l'univers, développe des religions et voilà qu'arrivent ceux qui, avec force contorsions linguistiques, viennent nous expliquer l'être, le non-être, l'infini... toutes choses ma foi fort intéressantes en termes de développement des idiomes et des approches syntaxiques, mais qui semblent de bien pâles et simplistes explications si on veut bien comparer ces développement onomasiologiques et sémasiologiques avec l'incroyable et semble-t'il infini développement que le vivant (où est la frontière avec le non vivant ?) présente devant nos yeux ébahis.

FLP, outil lexicographique d'une certaines complexité, voudrait sans cesse remettre cette idée sur le tapis : les langages humains actuels, de par leurs  simplicités conceptuelles et donc les limites qu'elles imposent, sont porteurs d'extraordinaires développements futurs, développements potentiels qu'il faut stimuler sans se refuser, comme ici, à l'utilisation de la technologie informatique. Ainsi sera-t'il peut-être possible de se libérer de carcans idiomatiques tels que le binarisme, un certain mécanisme grammatical ou autres manies analogiques. 

Avec "Les Fils de La Pensée" nous voulons aussi nous positionner sur une voie pragmatique, en prolongement des fondements sémiotiques logiques apportés par C.S. Peirce, c'est à dire en tentant de rester en contact avec un réel dit scientifique, à l'image, par exemple, des développements de l'épigénétique. Avec cette phrase de Bruce H. Lipton au passage : "Il faut que les gens réalisent que leurs pensées sont plus primaires que leurs gènes, car l'environnement, qui est influencé par nos pensées, contrôle les gènes." Voilà probablement une piste pour éviter le langage pulsionnel simpliste et ses effets, par comparaison avec une sagesse de la matière vivante, progressivement développée dans le temps via d'itératives résonances que nous commençons à découvrir..

Le langage n'est que consensus grégaire provisoire pour communiquer, conserver et développer le savoir. Nous croyons donc que ce consensus s'appuiera de manière plus heureuse sur le réél (priméité) tel que délivré par nos sens et les outils mis à leur disposition, qu'en prenant pour acquis on ne sait quels raisonnements métaphysiques abstraits ou religieux qui, avec l'inertie et les routines du temps, ont pris des positions sémantiques bien trop importantes au regard de leurs réalités démontrées. Les mondes astraux, la télépathie ou les Ovnis, si on veut s'amuser avec d'autres concepts ésotériques et/ou proches de la simple croyance religieuse, ne semblent pas avoir moins de consistance que les diverses traditions spirituelles humaines, en termes de témoignages rapportés en tous les cas.

Auteur: Mg

Info: 30 août 2020

[ citation s'appliquant à ce logiciel ]

 
Commentaires: 9
Ajouté à la BD par miguel

emplacement

La configuration du mobilier est une image fidèle des structures familiales et sociales d'une époque. L'intérieur bourgeois type est d'ordre patriarcal : c'est l'ensemble salle à manger chambre à coucher. Les meubles, divers dans leur fonction, mais fortement intégrés, gravitent autour du buffet ou du lit de milieu. Il y a tendance à l'accumulation et à l'occupation de l'espace, à sa clôture. Unifonctionnalité, inamovibilité, présence imposante et étiquette hiérarchique. Chaque pièce a une destination stricte qui correspond aux diverses fonctions de la cellule familiale, et plus loin renvoie à une conception de la personne comme d'un assemblage équilibré de facultés distinctes. Les meubles se regardent, se gênent, s'impliquent dans une unité qui est moins spatiale que d'ordre moral. Ils s'ordonnent autour d'un axe qui assure la chronologie régulière des conduites : la présence toujours symbolisée de la famille à elle-même. Dans cet espace privé, chaque meuble, chaque pièce à son tour intériorise sa fonction et en revêt la dignité symbolique, la maison entière parachevant l'intégration des relations personnelles dans le groupe semi-clos de la famille. Tout ceci compose un organisme dont la structure est la relation patriarcale de tradition et d'autorité, et dont le cœur est la relation affective complexe qui lie tous ses membres. Ce foyer est un espace spécifique qui tient peu compte d'un aménagement objectif, car les meubles et les objets y ont d’abord pour fonction de personnifier les relations humaines, de peupler l’espace qu’ils partagent et d’avoir une âme. La dimension réelle où ils vivent est captive de la dimension morale qu’ils ont à signifier. Ils ont aussi peu d’autonomie dans cet espace que les divers membres de la famille en ont que les divers membres de la famille en ont dans la société. Êtres et objets sont d’ailleurs liés, les objets prenant dans cette collusion une densité, une valeur affective qu’on est convenu d’appeler leur "présence". Ce qui fait la profondeur des maisons d’enfance, leur prégnance dans le souvenir, est évidemment cette structure complexe d’intériorité où les objets dépeignent à nos yeux les bornes d'une configuration symbolique appelée demeure. La césure entre intérieur et extérieur, leur opposition formelle sous le signe social de la propriété et sous le signe psychologique de l’immanence de la famille fait de cet espace traditionnel une transcendance close. Anthropomorphiques, ces dieux lares que sont les objets se font, incarnant dans l’espace les liens affectifs et la permanence, du groupe, doucement immortel, jusqu’à ce qu’une génération moderne les relègue ou les disperse ou parfois les réinstaure dans une actualité nostalgique de vieux objets. Comme les dieux souvent, les meubles aussi ont parfois la chance d’une existence seconde, passant de l’usage naïf au baroque culturel. L’ordre de la salle à manger et de la chambre à coucher, cette structure mobilière liée à la structure immobilière de la maison est encore celle que propage la publicité dans un vaste public. Lévitan et les galeries Barbès proposent toujours au goût collectif les normes de l’ensemble "décoratif", même si les lignes se sont "stylisées", même si le décor a perdu de son affection. Si ces meubles se vendent, ce n’est pas qu’ils soient moins chers, c’est qu’ils soient moins chers, c’est qu’ils portent en eux la certitude officielle du groupe et la sanction bourgeoise. C’est aussi que ces meubles monuments (buffet, lit, armoire) et leur agencement réciproque répondant à une persistance des structures familiales traditionnelles dans de très larges couches de la société moderne.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Le système des objets (1968, Gallimard, 288 p., p.21, 22, 23)

[ formes ] [ signes ] [ évolution ] [ esthétique ]

 
Commentaires: 2

citation s'appliquant à ce logiciel

Attention ce texte implique plusieurs pensées croisées.

Comme chacun sait, nous sommes formatés par notre éducation, l'environnement et ainsi de suite. Un peu comme les phrases, chapitres... livres...  peuvent être les niveaux d'échelles qui structurent les mots et la pensée de nos langages et de la littérature.

Comment en sortir ? Ensemble peut-être.

En termes de "réflexion personnelle commune" il semble que l'humain est, de manière générale, limité au niveau de la phrase ou de la formule. Tout simplement parce que la survie le demande. Dans l'action animale le cause-effet de la situation se passe vite, trop vite pour que l'individu isolé puisse développer sa réflexion.

Maintenant les hommes, touchons du bois, sont semble-t'il passés au-delà de l'individu et de sa survie immédiate. Ils ont pris le temps de réfléchir, ils développent ; voilà les philosophes et... le langage. Et, grâce à Internet, il est devenu possible de le faire de manière collective. Même si d'aucuns avancent que le langage, forcément anthropocentrique, nous éloigne de fait de la nature matrice source, ce que nous pensons aussi.

Qu'est-ce alors qu'une intelligence ensemble ? Carl Friedrich von Weizsäcker donne un début de réponse.

"La raison pratique sert la perception de ses propres intérêts, La raison théorique profonde celle de l'intérêt général."

Au départ de cette compilation FLP nous nous intéressions aux formules courtes (disons 5 mots en moyenne). Ensuite sont venus des extraits plus longs plus "littéraires", un peu comme l'a écrit Claudio Magris :

"L'Histoire dit les événements, la sociologie décrit les processus, la statistique fournit les chiffres, mais c'est la littérature qui les fait toucher du doigt, là où ils prennent corps et sang dans l'existence des hommes."

C'est ainsi que le langage écrit, témoignage par les mots de la réalité humaine, est maintenant mis en "réflexivité collective" via les "likes" et autres remarques que proposent d'innombrables web spots. Avec ce site nous tentons donc d'aller un peu plus loin puisque nous faisons en sorte qu'il se nourrisse de citations (étiquetées) par les surfeurs, ajouts modérés avant leur publication.

Aussi, développement supplémentaire, les participants inscrits peuvent lier certaines citations, ce qui permet souvent de comparer différentes formulations de la même idée (équation ?) et de ses varations.

Plus avant FLP offre la possibilité de développer des "chaines", ("Oh les beaux enfants") et même des chaines collectives. Voilà comment les choses avancent depuis plusieurs années.

Résultat évident à ce stade de cette expérience collective : "Plus une pensée courte est populaire, plus elle tient de l'axiome. Plus elle est longue, plus elle témoigne de la singularité de son auteur." 

Récapitulons :

Les formules/extraits sont tagués sur deux niveaux :

1) tag-chapitre, "catégorie" supposé être le plus généraliste, ce qui est déjà délicat à définir ! Il y a déjà ici une piste que nous allons développer pour le tag chapitre "catégorie" : établir sa pertinence via une auto-modération des participants. Nous y reviendrons.

2) tag simple, qui précise et oriente.

Ici aussi tout un chacun peut demander à modifier un étiquetage dont la pertinence pourra être discutée via une modération pyramidale.

3) les auteurs sont intégrés à la base de donnée avec 6 paramètres séparés (qui rendent "plus intelligente" la BD" et permettent de préciser une recherche)

A ce stade des "Fils de la pensée" on incitera le participant a déjà s'amuser à faire des recherches en combinant tags, auteurs, longueurs, périodes historiques, etc., ce qui est déjà énorme et complexe, mais surtout lui donnera une idée de comment "répond" le système.

Il faut aussi savoir qu'il y eut rapidement besoin d'améliorer l'indexage, ce qui amena à créer des tags/concepts moins imprécis : fond-forme, causes-effets, homme-machine, femmes-hommes, théorie-pratique, etc. Et aussi ensuite d'utiliser des mots/tags qui n'existent pas en français, nommés et recensés ici comme "intraduisibles".

Malgré tout, même précisé, un mot-tag reste porteur de plusieurs sens (terme-carrefour, métonymie) et peut signifier tout et son contraire en fonction du contexte et de l'agencement des phrases.

Apparraissent alors ce que nous nommons "méta-tags", une troisième catégorie, un peu à l'image du terme "Livre" dans la hiérarchie d'une bibliothèque, apparitions répétées de certaines combinaisons de tags. Combinaisons qui délimitent mieux une réflexion dont le champ est précisé, s'affinant, quand tout va bien, au sens philosophique du terme, avec les collaborations des participants.

Ainsi s'est établie une liste de doublons ou de triplettes de tags-mots-concepts, pistes qui se sont dessinées par répétition des passages (sont-ils des équations ) . En voici quelques exemples.

mort - omniprésence

conclure - illusion

amour - temps

mauvaise nouvelle - efficacité

survie - éthique

musique - langage

réconfort - ordre

enfance - imagination

protéger - affaiblir

être humain - quête

lecture - miroir

non-voyant - témoignage

femmes-par-femmes - amour etc., etc...

Exemples de triplettes :

complexité - vie - bouillonnement

humain - animal - particulier

réveil - naitre - réintégration

mentir - fuite - beaux-arts

motivation - transgression - jeunesse etc., etc...

On pourra bien évidemment complexifier à loisir tout ce qui précède mais il vaut mieux faire ici une pause. Il semble que c'est d'abord en se mettant d'accord via une modération (des participants actuellement, pyramidale bientôt ?) sur la moins mauvaise pertinence des mots-tags-chapitres d'une formule-citation, que nous établirons une base commune, un peu plus solide et moins aléatoire, pour avancer.

Pour l'instant ce sont les chaines et, dans une moindre mesure, les citations liées, qui clarifient un peu plus un mot-idée-concept - ou une phrase.

Ensuite, une fois ce groupe de réflexion collective mis en place, pourra peut-être venir le temps d'établir des "méta-tags" selon des critères à définir. Mais là nous sommes dans de la musique d'avenir. Concluons par trois questions dont les réponses, possibles sujets-chaines au sein même d'un telle tentative de réflexion collective, nous semblent importantes.

- Peut-on mélanger et structurer nos pensées et nos échelles de pensées "ensemble" sans faire ressortir de froides et imbéciles statistiques d'une société de consommation productiviste ?

- Comment éviter que la technologie ne conduise l'homme à se spécialiser dans l'humain, mais au contraire à l'aider à développer sa sagesse-tolérance et son ouverture aux autres espèces vivantes pour qu'il tente de trouver une plus juste place dans la réalité ?

- Avec la disparition du travail, comment conserver une motivation forte chez les individus si la problématique de survie immédiate disparaît ?

Auteur: Mg

Info: 2012, 2013, 2014, 2015, 2016, 2017, 2021, 2022

[ quête ] [ classification ] [ structuration ] [ taxinomie ] [ ranger ] [ taxonomie ] [ langage consensus vs singularités biologiques ] [ objectivités vs subjectivités ]

 

Commentaires: 0

citation s'appliquant à ce logiciel

Toute émergence "qui réfléchit" ne peut être que consensuelle. 

Le moi, je, ego incarné, de même que la race (espèce) auquel il appartient, doivent nécessairement développer un univers "accepté" dans ses grandes lignes. Pour l'espèce ça semble aller de soi ; sans cela pas de signes entre les sexes pour la reproduction. Et, pour les races-communautés plus complexes (évoluées?) comme la nôtre : pas de langages communs, musique, mathématiques, beaux-arts, codes informatique, sciences... 

Pour l'individu, l'idée semble moins aisée à comprendre. Parce qu'intuitivement la "singularité" qu'il représente apparait via certains détails (variantes) qui semblent - et ne sont - pas décisifs pour la survie de l'espèce. Ainsi des graines des arbres. Mais il y a bien un consensus individuel, intime, destiné à la survie personnelle et à la reproduction, qui est recherche d'un équilibre, autant interne qu'avec les autres. 

Ces moyens termes, collectifs et singuliers (qui tendent vers la complexité) semblent indiquer quelques pistes, si on veut bien user du recul de notre mémoire collective. 

Primo, rien de temporellement fixe (terme à la mode : durable) à quoi s'accrocher. Sauf si un "équilibre solide" est installé entre biotope et individus-espèce (pensons aux requins, entre autres exemples). 

Secundo, existent une adaptabilité et une curiosité incessantes chez l'homme, qui avec le temps semblent occuper toujours plus les activités cérébrales de l'individu, lui-même infime et singulière émergence - initiatico-spirituelle souvent -, qui "ouvre" le monde tout en le perpétuant. 

Tertio. De ce continu phénomène d'évolutions/adaptations, on pourra constater, et probablement modéliser, toutes sortes de décalages évidents, nécessaires, à plein d'échelles et de niveaux. Dissonnances fines qui peuvent aller jusqu'à des ruptures de compréhension-communication entre : générations, époques, genres/sexes, habitudes, manières de voir, etc. De là beaucoup de malentendus et conflits, et donc une grande nécessité de tolérance et d'amour. 

Alors, pour faire marcher ensemble les consensualités intriquées du grand univers objectif avec les singularités subjectives, autrement dit concilier nos indéniables solipsismes avec le plus de niveaux possible que présente le cosmos matrice insondable, on entrevoit un principe orgonomique de l'ordre de l'adaptation pragmatique. Stephen Wolfram va jusqu'à affirmer que quelques règles simples (un code source) pourraient sous-tendre tout ceci. Pourquoi pas.

En termes linguistiques on pourra tenter d'affiner la définition de ce principe orgonomique par l'ajouts de vocables comme effort, collaboration solidaire, amour, chance/hasard, curiosité, survie, etc. 

Et puis, en tout dernier, se pointe le mot "esprit". On ne peut entrevoir ce concept qu'en fin de chaine. En effet l'esprit - ou réflexion un peu continue -, s'articule lui-même sur le maniement de mots/concepts (quasi-esprits de Peirce), eux-mêmes péniblement émergés d'une évolution lexicologique somme toute très récente et souvent retraçable. Analyses, pensées, élaborations abstraites... souvent aussi appuyées sur d'autres idiomes comme les mathématiques.  

Au-delà des listes et autres inventaires, l'écriture et les signes permettent donc - finalement - de raisonner et réfléchir... et  "commencer à" s'extraire, à s'élever un tout petit peu pour tenter de mieux voir. 

On se demande dès lors comment et pourquoi certains penseurs, gourous et autres religieux, qui "moulinent à la parole", décrétent que l'Esprit est à la source de tout, alors qu'il ressemble plus à une conquête pour ce qui nous concerne. Infinitésimale.

En rappelant par honnêteté qu'il y a belle lurette que les grecs anciens ont établi que le langage (logos) était l'instrument de la raison. Et puis : issue de l'invraisemblable fatras du kabbalisme et des traditions sumériennes, vient la théologie chrétienne où, d'un coup d'un seul le "Logos" est employé pour désigner la deuxième personne de la Trinité chrétienne. En bref Jésus, le Christ, prend le même sens que "verbe, parole". L'origine de cette désignation étant formalisée bien a postériori ainsi dans la Bible : "Au commencement était la Parole, et la Parole (logos) était avec Dieu, et la Parole était Dieu. Toutes choses ont été faites par elle, etc". (Évangile selon Jean, chapitre 1). Cet Évangile de Jean affirme donc que Dieu parle, sa parole est son hypostase, sa Parole créatrice est aussi puissante que Lui-même : Il est Sa Parole, etc... Ce concept de la parole de Dieu comme hypostase de Dieu même est commun à plusieurs religions, mais pour l'auteur de l'évangile, ce qui est original et unique à la chrétienté est que cette parole, hypostase, qui est Dieu même, est devenue homme et a habité parmi les hommes : "Et la parole a été faite chair, et elle a habité parmi nous, pleine de grâce et de vérité ; et nous avons contemplé sa gloire, une gloire comme la gloire du Fils unique venu du Père." (Évangile selon Jean, chapitre 1, 14)

Arrêtons là et contentons-nous de prendre ce paragraphe comme une extraordinaire démonstration de langage performatif. Très très très performatif, au vu de la puissance et de la place prise par le judéo-christianisme en début de 3e millénaire. 

Mais assez : revenons à notre idée de départ, celle de l'invraisemblable mélange de consensus/échelles/êtres/univers/etc. que nous pouvons constater et de sa préhension par notre entendement. Entendement développé via nos signes/écrits, mémorisés et intégrés dans notre mémoire collective. Ce qui amène beaucoup de gens à vouloir croire que l'humain est "au-dessus", élu... Supérieur... Il bénéficierait d'un esprit d'ordre surnaturel, divin, astralement dessiné. Essence orgonomique que d'autres imaginent comme quelque chose de l'ordre du fluide vital, énergie subtile issue d'un autre espace (dimension), dotée pour le coup de capacités/pouvoirs au-delà de nos possibilités de modélisation, etc.

Avançons-nous un peu pour affirmer que ce fameux Esprit, à la lumière de nos faibles connaissances, ressemble beaucoup plus à la version "manipulation de signes" par des cerveaux tardivement accouché de l'évolution, qu'à une émergence extraordinaire, divine et miraculeuse. Surtout si on s'amuse à comparer ces manipulations aux merveilleuses complexités et aux presqu'insondables développements de la vie biologique.

Ici FLP pointe le bout de son nez et, avec l'aide de C.S. Peirce - unique penseur ayant développé une approche solide et cohérente en ce domaine -, propose un outil, souple, puissant et collectif qui permet (en français, humblement et à sa manière) d'explorer-rechercher-bidouiller langage et sémantique, ces dispositifs de signes aptes à traiter tout et son contraire, aptes à passer du mirage absolu au plus cru des réalisme - en mélangeant les deux. Mais aussi inaptes, de par leur nature immobile (un fois une pensée écrite, et donc arrêtée - et si on veut bien nous excuser cette énorme lapalissade) à véritablement traiter notre support réel, la vie, ce mouvant embrouillamini qui se permet de mélanger sans discontinuer les échelles, vitesses, sentiments, etc. 

Pour revenir sur terre on dirait bien que les résultats de ce magnifique entendement humain nous amènent plutôt, en ces années de pandémie Co-vid,  vers un abrutissement drastique de forces de vie humaines de moins en moins sollicitées à cause des "progrès" techniques et médicaux. Sans parler du genre de biocratie sanitaire qui en découle. Pensez : tout récemment encore l'occident se battait contre l'acharnement thérapeuthique, affolé par la poussée démographique et le vieillissement des populations. Aujourd'hui on dirait qu'il s'auto-asphyxie pour sauver les personnes âgées. 

Mais soyons positifs et rassurons-nous. Ce ralentissement aura permis à la planète de respirer, et aussi de s'unifier - contre le covid. Unification qui pourrait mettre en parallèle biologie et communications humaines à l'échelle de la planète et ainsi procéder à un développement-consolidation de signes communautaires, càd de mêmes terrestres.

Contemplons la suite et restont bien zens goguenards. 

Vigilants.

Auteur: Mg

Info: 10 janv. 2021

[ sémiotique ] [ pré-mémétique ] [ systèmes intelligents ]

 
Mis dans la chaine
Commentaires: 5
Ajouté à la BD par miguel