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indicible

Un matin, tandis que du haut de la terrasse, je parcourais des yeux la Marina, ses eaux m’apparurent plus profondes et plus lumineuses, comme si pour la première fois, j’eusse posé sur elles un regard non troublé. J’eus en cet instant même le sentiment presque douloureux du mot se séparant des choses, comme se brise la corde trop tendue d’un arc. J’avais surpris un lambeau du voile d’Isis de ce monde, et le langage à partir de cet instant me fut un imparfait serviteur. 

Auteur: Jünger Ernst

Info: Sur les falaises de marbre (Auf den Marmorklippen) 1939, trad. Henri Thomas, éditions Gallimard 1942, coll. L’Imaginaire, 2017

[ inexprimable ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

torture

Le diable me trompait souvent par un petit agrément que j’avais aux agitations et autres choses extraordinaires qu’il faisait dans mon corps. Je prenais un extrême plaisir d’en entendre parler et j’étais bien aise de paraître plus travaillée que les autres, ce qui donnait de grandes forces à ces esprits maudits, car ils sont bien aise de nous pouvoir amuser à regarder leurs opérations, et, par-là, ils s’insinuent peu un peu dans les âmes et prennent de grands avantages sur elles

Auteur: Certeau Michel de

Info: Récit de Jeanne des Anges après la mort de Grangier sous la torture (La possession de Loudun, p 63)

[ victime ] [ meurtre sacrificiel ] [ possession ]

 
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Ajouté à la BD par Plouin

pompette

L’air frais du dehors ne chassa pas mon ivresse. La rue, pleine de monde, était floue comme quand on essaie les lunettes de quelqu’un. Les têtes des gens ressemblaient à des masques. Les phares des automobiles passaient à la hauteur de mon ventre. J’avais du coton dans les oreilles. Les moteurs de taxis avaient un air de ferraille chaude, sans valeur. Le trottoir bougeait sous mes pieds, comme quand on se pèse. On eût dit une rue de rêve, avec des lumières n’importe où.

Auteur: Bove Emmanuel Bobovnikoff Dugast Vallois

Info: Mes amis

[ bourré ] [ alcool ] [ vision du monde ] [ description ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

question

J'eus un jour ce dialogue étrange avec moi même
- Dans quel mythe l’homme vit-il de nos jours ? Vis-tu toi-même "Dans le mythe chrétien ?"
Etant honnête avec moi, la réponse fut "non". Pour moi, ce n’est pas dans cela que je vis.
- Alors n’avons-nous plus de mythe, demanda mon moi-intérieur ?
"Non", répondit-je, "évidemment pas".
- Alors, de quoi est-ce que tu vis, interrogea mon moi-intérieur ?
À ce stade, le dialogue avec moi-même est devenu inconfortable. J’ai arrêté de penser. J’avais atteint une impasse.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Un moment de clarté inhabituelle. Remodelé par Alastair Crooke

[ source ] [ soliloque ] [ introspection ]

 

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famille

Assise en tailleur, j’ai écrit pour l’oncle dont j’avais été privée. Je le voyais telle une feuille détachée de l’arbre, mais qui avait lutté jusqu’au dernier moment pour tomber près de ses racines. J’ai écrit pour grand-mère, qui avait tant attendu que s’éteignent les flammes de la guerre, mais qui restait perpétuellement brûlée par ses charbons ardents. J’ai écrit pour mes oncles, mes tantes et mes parents, impuissants dans cette lutte fratricide, et dont le combat continuait, qu’ils soient vivants ou morts.


Auteur: Nguyen Phan Qué Mai

Info: Pour que chantent les montagnes, p 424

[ motivation ] [ ascendants ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

poésie

Je sortis de ma poche mon petit Dante, le "compagnon de voyage". J’allumai ma pipe, m’adossai au mur et m’installai confortablement. Mon envie un instant balança : d’où puiser les vers ? De la poix brûlante de l’Enfer, de la flamme rafraîchissante du Purgatoire, ou bien allais-je m’élancer tout droit à l’étage le plus élevé de l’Espérance humaine ? J’avais le choix. Je tenais mon minuscule Dante, je savourais ma liberté. Les vers que j’allais choisir de si bon matin allaient donner le rythme à ma journée tout entière.

Auteur: Kazantzakis Nikos

Info: "Alexis Zorba", traduit du grec par Yvonne Gauthier avec la collaboration de Gisèle Prassinos et Pierre Fridas, Le livre de poche, 1965, page 18

[ inspiration ] [ lecture dégustation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

accoutumance

J’avais travaillé ma mémoire au corps pour parvenir tous les jours à tout oublier. L’habitude m’avait aidé à anesthésier toutes les images de la démence et de la déchéance. L’habitude et le quotidien m’avaient aidé à ne plus y prêter attention. Parce qu’on s’habitue à tout. Je m’étais habitué à ce paysage. Onze ans après la guerre civile. Onze ans, c’est long. On s’adapte. La rétine et le cerveau classent les images dans la case de ce qui est connu. Et ce qui est connu devient banal.

Auteur: Abdallah Dima

Info: Mauvaises herbes, p 81

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

adaptation

On dit couramment que la cécité accroît les perceptions auditives. Je ne crois pas que cela soit vrai. Ce n’étaient pas mes oreilles qui entendaient mieux qu’autrefois, c’était moi qui me servais mieux d’elles. (…) J’avais besoin d’entendre et d’entendre encore. Je multipliais les bruits à plaisir. Je secouais des clochettes, je donnais du doigt contre tous les murs, j’essayais la résonance des portes, des meubles, des troncs d’arbres, je chantais dans les pièces vides, je jetais des galets au loin sur les entendre siffler dans l’air puis s’ébouler.

Auteur: Lusseyran Jacques

Info: Et la lumière fut, p. 33

[ non-voyant ] [ monde sonore ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

inflation psychologique

Salomé m’enlaça, et ainsi je devins prophète, car j’avais trouvé plaisir au primordial, à la forêt et aux animaux sauvages. Je fus trop tenté de m’identifier à ce que j’ai contemplé pour pouvoir me réjouir de ce spectacle. Je suis en danger de croire que je suis moi-même d’une grande importance parce que je contemple ce qui est important. Cela nous fait encore et toujours perdre la tête, et nous transformons ce que nous contemplons en folie et illusion grotesque, parce que nous ne pouvons renoncer à l’imitation. 

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: Dans le "Livre Rouge", trad. Béatrice Dunner, La Compagnie du Livre rouge, Paris, 2012 page 219

[ dissolution du moi ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

hyperperception

J’ai éprouvé la même sensation qu’à l’âge de huit ans, quand j’avais eu 40.5°C de fièvre et que tous mes sens étaient si atrocement aigus que les crêtes papillaires de mes doigts ressemblaient à des montagnes et qu’il me semblait sentir le grain de la réalité, chacune de ses particules rugueuses. J’ai eu l’impression que ma vie entière n’avait été jusqu’alors qu’un rêve terne, et je venais juste de m’éveiller – en entendant le cri qui était en moi depuis toujours, un courant souterrain d’horreur s’écoulant jour après jour.

Auteur: Hegland Jean

Info: Dans "Dans la forêt", pages 120-121

[ maladie ] [ état de conscience non ordinaire ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson