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abdiquer

Quand tu entendras, à l’heure de minuit, une troupe invisible passer avec des musiques exquises et des voix, ne pleure pas vainement ta Fortune qui déserte enfin, tes œuvres échouées, tes projets qui tous s’avérèrent illusoires. Comme un homme courageux qui serait prêt depuis longtemps, salue Alexandrie qui s’en va. Surtout ne commets pas cette faute : ne dis pas que ton ouïe t’a trompé ou que ce n’était qu’un songe. Dédaigne cette vaine espérance… Approche-toi de la fenêtre d’un pas ferme, comme un homme courageux qui serait prêt depuis longtemps ; tu te le dois, ayant été jugé digne d’une telle ville… Ému, mais sans t’abandonner aux prières et aux supplications des lâches, prends un dernier plaisir à écouter les sons des instruments exquis de la troupe divine, et salue Alexandrie que tu perds.

Auteur: Cavafis Constantin

Info: Dans "Les dieux désertent Antoine", traduction de Yourcenar in Poèmes, Gallimard

[ humilité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

transmission

On se plaint que les jeunes ne respectent plus leurs aînés. Mais est-il beaucoup de ces aînés qui se respectent eux-mêmes, c’est-à-dire qui répondent aux exigences de leur âge ? Le vieillissement est ressenti comme une injure imméritée de la destinée ; on étire, on singe la jeunesse au-delà de limites du bon sens et du bon goût ; on la met en conserve comme ces petits pois extra-fins qu’on cueille avant l’heure pour les consommer en tout temps. [...]

Les âges de la vie, phases d’un même cycle, ne s’opposent pas, ils se complètent. Ce que, sans le savoir peut-être, les jeunes attendent de nous, ce sont les présents et les exemples de l’arrière-saison : la saveur des fruits mûrs et la transparence des feuilles et non le masque d’un printemps factice sur le visage d’un stérile automne.

Auteur: Thibon Gustave

Info: Dans "L'équilibre et l'harmonie", Librairie Arthème, Fayard, 1976, pages 182-183

[ vieux ] [ complémentarité ] [ expérience ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

solitude

Le dimanche, beaucoup d’hommes sont perdus dans les rues, et Karl avec eux. New York ne sait que faire des heures libres, la ville et ses habitants deviennent des choses creuses, des yeux vides, des pieds qui marchent parce qu’ils ne savent rien faire d’autre.
La famille épargne l’ennui a beaucoup de gens, dans une famille, toutes les heures ont un nom : l’heure de manger, l’heure de se promener, l’heure de rentrer, l’heure de manger encore. Le dimanche, les appartements de New York se remplissent de familles et de lumière, ils se transforment en phares pour celui qui a perdu sa route.
Pendant les heures vides du dimanche, des questions sont posées qui n’ont pas de réponse et il est des hommes qui se tuent. Il y a beaucoup d’hommes qui meurent le dimanche dans la ville.

Auteur: Camarneiro Nuno

Info: Les hommes n'appartiennent pas au ciel

[ week-end ] [ ennui ]

 
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femmes-par-homme

Je lui dis encore : "Tu es bien, habillée comme ça. Tu es déjà allée à Monticello ?"
Elle riait : "Tu ne sais pas l’heure qu’il est ? J’ai déjà mis l’eau pour la polenta.
- Aujourd’hui, polenta ?" que je lui fais, et je lui prends la main. Alors elle vient tout contre moi, pour que je l’enlace, et elle me regardait fixement, comme si sa bouche n’était pas à elle et qu’elle veuille voir comment je faisais pour l’embrasser.
Moi, les femmes, à ce moment-là, elles me font pitié. Je ne sais pas pourquoi, mais elles me font pitié. Gisèle comme les autres, je comprenais bien que si je lui avais dit "fous-moi la paix" elle m’aurait vite ri au nez et répondu du tac au tac. Mais elle aussi, on voyait bien qu’elle avait peur que je ne veuille plus d’elle.

Auteur: Pavèse Césare

Info: Dans "Avant que le coq chante", Par chez nous, trad. Nino Frank, éd. Gallilmard, 1953, page 87

[ jeune couple ] [ mépris ] [ vulnérabilité ] [ passivité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

humour

Lee Lightouch et Pato Conchi franchirent la frontière à l’aube. Lightouch était habillé de cuir, Conchi de lin. Le premier portait un couvre-chef gras de sueur, le deuxième allait boucles au vent. L’un était grand, l’autre rond. Le grand maigre, arborant moustache et barbiche, marchait mains dans les poches, le gros glabre avait glissé une machette dans sa ceinture. Leur mule les suivait comme une ombre. Ils voyagèrent cinq jours d’affilée. Le soir, ils mangèrent du lard : une couenne était attachée au bat. Ils firent de petits feux sans fumée. Le matin, ils burent une infusion de chicorée. Les nuages à l’horizon ne changeaient ni de taille ni de couleur, quelle que soit l’heure, quel que soit le jour. Sauf le soir, quand ils viraient au rouge, comme d’ailleurs le reste du monde.
– C’est magnifique, dit Lightouch.
– Bof, dit Conchi.

Auteur: Biermann Mika

Info: Booming

[ western ] [ décalage ]

 

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réclusion

Difficile de ne pas m’avouer que ce confinement est ma vraie nature et que, les inconvénients anecdotiques mis à part, je me plais dans cette sidération qui ressemble à un retour à la réalité après l’excès d’illusions. Loin de moi les prophéties et les superstitions, c’est le lot de ceux qui, à trouver leur vie trop ordinaire, attendent de l’extérieur le salut à leur ennui profond. Quelque chose s’ajuste discrètement. La civilisation tout entière a subitement pénétré dans un cloître à l’heure de la prière, laissant derrière elle ses précipitations et le souvenir récent de ses abus. Est-elle prête à s’appauvrir pour retrouver la raison ? Rien n’est moins sûr. Au contraire, l’épidémie éteinte, on la retrouvera à sa frénésie et à son agitation mais, au moins pendant quelques semaines, on aura respiré de l’air pur, on aura profité des siens et éventuellement de soi.

Auteur: Dugain Marc

Info: La volonté

[ covid 19 ]

 

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langage

Chez mes parents, nous ne dînions pas, nous mangions. La plupart du temps, même, nous utilisions le verbe bouffer. L’appel quotidien de mon père C’est l’heure de bouffer. Quand des années plus tard je dirai dîner devant mes parents, ils se moqueront de moi Comment il parle l’autre, pour qui il se prend. Ca y est il va à la grande école il se la joue au monsieur, il nous sort sa philosophie.
Parler philosophie, c’était parler comme la classe ennemie, ceux qui ont les moyens, les riches. Parler comme ceux-là qui ont la chance de faire des études secondaires et supérieures et, donc d’étudier la philosophie. Les autres enfants, ceux qui dînent, c’est vrai, boivent des bières parfois, regardent la télévision et jouent au football. Mais ceux qui jouent au football, boivent des bières et regardent la télévision ne vont pas au théâtre.

Auteur: Édouard Louis

Info: En finir avec Eddy Bellegueule

[ ségrégatif ] [ sociologie ] [ paroles ] [ discriminatoires ]

 

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cérémonie chrétienne

Ce n’est pourtant pas la première fois qu’elle assiste à un baptême, mais il lui semble qu’elle comprend aujourd’hui seulement, les paroles latines du prêtre. Au fur et à mesure que la cérémonie se déroule, elle prend pleinement conscience de ce que le baptême chrétien est en fait un véritable exorcisme. L’officiant s’adresse au diable qui est censé habiter Gripotard depuis l’heure de sa naissance. Il lui ordonne, avec menaces, de l’évacuer à l’instant même, et de ne jamais avoir l’audace d’y revenir. Au moment où l’eau purificatrice coule sur la tête de son fiancé, Verte regarde de tous ses yeux, comme si elle s’attendait à voir le démon lui sortir par la bouche avec flammes, rugissements et fumée... Il ne se passe rien de tel. Verte n’est pas surprise – elle ne croit pas en Dieu – mais elle est quelque peu déçue.

Auteur: Gripari Pierre

Info: Dans "La vie, la mort et la résurrection de Socrate-Marie-Gripotard", éditions de la Table Ronde, 1968, page 351

[ sens ] [ ablution ]

 

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propagande

A l’heure où 50% de la population mondiale vit en ville, l’idéologie métropolitaine n’est plus uniquement et trivialement économique, elle nous sauve du dérèglement climatique. Au milieu des transports collectifs en "site propre" - empruntant une voie qui leur est "propre" -, des couloirs de bus, des pistes cyclables et des logements "passifs", une nature écologiquement domestiquée rend des "services gratuits" au citadin. Les hectares d’ "espaces verts" à "gestion différenciée" - anciennement parcs et jardins – garantissent une bonne "qualité de l’air" - de l’air frais, quoi. Les "trames" verts, bleues ou noires (pour les animaux nocturnes) comme les "corridors écologiques", les poétiques "coulées vertes", les "connexions biologiques» et les "ceintures vertes" assurent une grande "diversité végétale", font paraître de très beaux "potentiels de nature", comme autant de "niches de biodiversité". Tout est pensé, planifié, contrôlé jusqu’à notre "qualité de vie" et celle des "générations futures". C’est merveilleux.

Auteur: Tomjo

Info: Dans "L'enfer vert", page 36

[ artificiel ] [ manipulation du langage ] [ novlangue ] [ ironie ]

 
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écrivain-sur-écrivain

L’auteur de la Vie de Jésus [Ernest Renan] est, en effet, une outre de félicité parfaite. Gonflé des dons de la fortune qui ne s’interrompit jamais de le remplir, il offre à l’observation le cas exceptionnel d’une hydropisie de bonheur. Réputé grand écrivain sans avoir jamais écrit autrement que le premier cuistre venu, renommé philosophe pour avoir ressassé de centenaires dubitations et critique vanté dans tous les conciles du mensonge, — on l’adore dans les salons et on le sert à genoux dans les antichambres. Il est le Dieu des esprits lâches, le souverain Seigneur des âmes naturellement esclaves, et le psychologue Dulaurier* se liquéfie devant ce soleil du dilettantisme, dont il raconte la "sensibilité". Si l’histoire du xixe siècle est jamais écrite, ce mot inouï sera recueilli comme une gemme documentaire d’un inestimable prix. On s’en contentera pour nous juger tous, hélas ! Mais, qu’importe cet avenir à l’heureux Bouddha du Collège de France dont le ventre plein de délices est caressé par de tels Eliacins ?

Auteur: Bloy Léon

Info: *Pseudonyme pour Paul Bourget, dans "Le Désespéré", Livre de poche, 1962, page 346

[ vacheries ] [ réputation surfaite ] [ gloire imméritée ]

 

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