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évolution

Loin de considérer le passé comme un fardeau inutile, je vois en lui un trésor politique et psychique d'où nous tirons les richesses (pas nécessairement sous forme de "leçons") nécessaires pour faire face au futur. L'indifférence de notre culture envers ce qui nous a précédés - qui se mue facilement en refus ou hostilité militante - constitue la preuve la plus flagrante de la faillite de cette culture. L'attitude qui prévaut aujourd'hui, aussi enjouée et dynamique qu'elle paraisse, tire son origine d'un appauvrissement narcissique du psychisme, ainsi que d'une incapacité à distinguer nos désirs selon la satisfaction qu'ils nous donnent. Au lieu d'en juger par notre propre expérience, nous laissons les experts définir nos besoins à notre place ; après quoi nous nous étonnons que ceux-ci semblent incapables de jamais nous assouvir.

Auteur: Lasch Christopher

Info: La Culture du Narcissisme : La vie américaine à un âge de déclin des espérances

[ déséquilibre ] [ progrès ]

 

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réel sans parole

Il y a autour des mots comme une sorte de contour vide, que nous ressentons parfaitement quand nous ne les trouvons pas et dont peut-être, pour ce qui est de l'écriture, la fameuse et angoissante page blanche serait la figure emblématique. Ce que nous apercevons dans ces moments resserrés, si nous nous laissons entraîner, c'est l'antériorité absolue où le langage a dû puiser pour être et pour devenir, c'est le monde muet auquel il renvoie et d'où il provient. Insituable dans le temps mais rappelée à chaque fois que le silence suspend le phrasé, cette provenance n'a ni la consistance d'un monde que nous pourrions atteindre, ni l'obscurité d'une origine déclarée - ou perdue -, mais elle étend sous le langage l'équivalent d'une sorte de nappe phréatique, qui est aussi le songe où il puise.

Auteur: Bailly Jean-Christophe

Info: in "Naissance de la phrase", éd. Nous, p.14

[ hantise ] [ source ] [ indicible ] [ manque terminologique ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

dernières paroles

On retrouva les trois corps, avec un journal intime à côté des corps gelés: "Nous avons pris des risques. Nous savions quand nous les avons pris. Les choses se sont retournées contre nous. Nous n'avons aucune raison de nous plaindre". Suivi de ce message au public: "Si nous avions survécu j'aurai pu raconter la hardiesse, la résistance, et le courage de mes compagnons. Ce qui aurait remué le coeur de chaque Anglais. Ces notes approximatives et nos corps morts en raconteront l'histoire." Les dernières phrases des lettres de Scott montrent la volonté surhumaine dont il fit preuve jusqu'au bout, écrivant, les doigts gelés, jusqu'à ce que le crayon lui glisse des doigts. D'abord: "Pour l'amour de Dieu, occupez-vous de ceux que nous laissons!" Puis: "Envoyez ce journal à ma femme". Dans cette dernière phrase le mot femme, biffé, est remplacé au-dessus par "veuve".

Auteur: Scott Robert Falcon

Info:

[ antarctique ]

 

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songes

En dormant nous laissons la gravité nous retenir, permettant à la Terre - notre grand corps - de recalibrer nos neurones, en compostant les vives rencontres de nos heures d'éveil (tensions et terreurs de nos journées individuelles), en les remuant, sous forme de rêves, dans la substance endormie de nos muscles. Nous nous abandonnons à l'influence de la terre qui respire. Le sommeil est l'ombre de la terre qui s'infiltre dans notre peau et se répand dans nos membres, dissolvant notre volonté individuelle dans les mille et un moi qui la composent - les cellules, les tissus et les organes tirant désormais leurs principales directives de la gravité et du vent - tandis que des résidus de lumière solaire, pris dans le long enchevêtrement des nerfs, errent dans le paysage à la dérive de nos corps portés par la terre comme des cerfs se déplaçant dans les vallées boisées.

Auteur: Abram David

Info: Becoming Animal: An Earthly Cosmology

[ rééquilibrants ] [ récupération ]

 

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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

dernières paroles

Laissons le mal arriver rapidement vers ceux qui nous ont injustement condamnés. Dieu nous vengera. Pape Clément! Roi Philippe! Avant un an, je vous cite à paraître au tribunal de Dieu pour y recevoir votre juste châtiment! Maudits! Maudits! Tous maudits jusqu'à la treizième génération de vos races!... Malédictions qui s'avérèrent: Clément V mourut peu après d'étouffement et Philippe le Bel décéda sept mois plus tard d'un ictus cérébral. Les trois fils de ce dernier mourront dans les douze années qui suivirent, sans laisser de descendance mâle, mettant ainsi fin à la lignée des Capétiens, ce qui allait induire la guerre de Cent ans. Mais il semble bien que cette histoire de malédiction ne soit que pure invention, de Molay aurait seulement tenté de réconforter de Charney, hurlant dans les flammes, par ces mots : - Frère, frère.. Avant de mourir dans la sérénité et de simplement recommander son âme à Dieu disant : -Dieu vengera ma mort.

Auteur: De Molay Jacques

Info:

[ exécution ]

 

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marginalité

Aujourd'hui, "utopie", pour moi, ça veut dire aussi hors de l'histoire. L'histoire, aujourd'hui, c'est l'Europe, la mondialisation, la centralisation. Mon utopie, c'est de dire: laissons les gens vivre au niveau du sol, comme disait Fernand Braudel. La cour [filmée dans Marius et Jeannette], c'est le niveau du sol. Je pense qu'il faut que soient préservés des pans entiers du monde à l'écart du mouvement précipité de l'histoire. Que des gens vivent en marge, dans le bon sens du terme. Je me souviens que Braudel disait que l'écart entre les chiffres officiels de la production de chaussures à Milan et les chiffres réels prouvait la bonne santé de la société italienne. Pour lui, c'était la preuve que le niveau du sol fonctionnait, et au niveau du sol les gens sont heureux. Contrairement au discours misérabiliste qui se lamente sur "ceux que la prospérité économique laisse au bord du chemin", je pense qu'on peut être très heureux au bord du chemin. A condition de n'y être pas seul et de faire bloc.

Auteur: Guédiguian Robert

Info: Première, décembre 1997

 

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voir

Le tissu de l'histoire contemporaine, songeait Eigenvalue, doit être tout en fronces, si bien que pour les gens qui, comme Stencil, se trouve au creux d'une de ces fronces, il est impossible de discerner la chaîne, la trame ou le motif de l'ensemble. Néanmoins, le seul fait d'exister au creux d'une fronce fait supposer d'autres fronces semblables, chacunes enfermanée dans un cycle sinueux, et l'on en vient à prêter à ces cycles une importance plus grande encore qu'au tissage proprement dit et l'on abolit toute idée d'unité. C'est ainsi que nous sommes charmés par ces automobiles si drôles des années trente, par la mode si curieuse des années vingt, par les étranges pratiques morales de nos grands-parents. Nous sommes producteurs et spectateurs de comédies musicales, dont ils sont les héros, et nous nous laissons embringuer dans une fausse représentation et une nostalgie bidon de ce qu'ils ont été. Et, conséquement, nous somme fermés à toute notion de tradition continue. Si nous avions vécu sur la crête de la vague, il en aurais été autrement. Au moins, nous aurions pu comprendre.

Auteur: Pynchon Thomas

Info: V

[ distanciation ] [ recul ] [ cycles ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

oser

Il faut prendre des risques, disait-il. Nous ne comprenons vraiment le miracle de la vie que lorsque nous laissons arriver l’inattendu. Chaque jour, Dieu nous donne, avec le soleil, un moment où il est possible de changer tout ce qui nous rend malheureux. Chaque jour, nous feignons de ne pas nous rendre compte que ce moment existe, nous faisons semblant de croire qu’aujourd’hui est semblable à hier et sera semblable à demain. Mais l’être qui fait attention au jour qu’il est en train de vivre découvre l’instant magique. Celui-ci peut être caché dans la minute où, le matin, nous mettons la clé dans la serrure, dans l’intervalle de silence qui suit le repas du soir, dans les mille et une choses qui nous paraissent toutes semblables. Mais cet instant existe, un instant où toute la force des étoiles passe par nous et nous permet d’accomplir des miracles. Le bonheur est parfois une bénédiction – mais, le plus souvent, c’est une conquête. L’instant magique de la journée nous aide à changer, nous pousse à partir en quête de nos rêves. Nous allons souffrir, nous allons traverser de mauvaises passes, mais ce sont là des périodes transitoires, qui ne laissent pas de traces. Et plus tard, nous pourrons regarder en arrière avec fierté et avec foi.

Auteur: Coelho Paulo

Info: Sur le bord la rivière piedra, je me suis assise et j’ai pleuré

[ éveil ]

 

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rapports humains

V-A : Aveugle, j’imagine que l’on doit souvent devoir s’en remettre à l’Autre (avec un A majuscule). Comment s’est passé votre rapport à l’Autre, cet étranger croisé en voyage à qui on demande sa route ou un service. Quelle image avez-vous des hommes que vous avez croisés ?

J-P B : L’Autre a longtemps été ma peur ; ma peur projetée à l’extérieur. A 13 ans, lorsque j’ai entendu ma mère affirmer dans la pièce à côté : "Jean-Pierre va devenir aveugle. Il ne trouvera jamais de femme plus tard", j’ai vécu "l’Autre" comme un enfer. Puis, j’ai découvert que l’autre était aussi un miroir, une projection de mes peurs et c’était déjà bien plus intéressant. J’ai beaucoup travaillé là-dessus. Aujourd’hui, l’autre est de plus en plus un prolongement ; il est à la fois moi-même et autre chose. Il reste un miroir mais devient surtout une aventure. Mais “l’Autre” africain par exemple n’est pas le même que l’Autre européen. En Europe, les gens sont gênés par la différence, en Afrique, les personnes différentes sont naturellement intégrées dans les communautés, de véritables communautés qui se demandent toujours : pourquoi ? Pourquoi un aveugle ? Quel est le sens caché ? Plutôt que de se dire : cela n’a rien à voir avec nous, c’est juste une question d’ADN, de spécialiste, laissons cela.

Auteur: Brouillaud Jean-Pierre

Info: http://www.voyageons-autrement.com/jean-pierre-brouillaud-l-illusion-du-handicap. Interview de Jerome Bourgine

[ handicap ] [ non-voyant ] [ nord-sud ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

psychanalyse

L’analyse n’est pas une simple reconstitution du passé, l’analyse n’est pas non plus une réduction à des normes préformées, l’analyse n’est pas un épos, l’analyse n’est pas un éthos. Si je devais la comparer à quelque chose, ce serait à un récit qui serait lui-même le lieu de la rencontre dont il s’agit dans le récit.

Le problème de l’analyse réside dans la situation paradoxale où se trouve le désir de l’Autre que le sujet a à rencontrer, notre désir, qui n’est que trop présent dans ce que le sujet suppose que nous lui demandons. En effet, le désir de l’Autre qu’est pour nous le désir du sujet, nous ne devons pas le guider vers notre désir, mais vers un autre. Nous mûrissons le désir du sujet pour un autre que nous. Nous nous trouvons dans la position paradoxale d’être les entremetteurs du désir, ou ses accoucheurs, ceux qui président à son avènement. [...]

Sans doute l’analyse est-elle une situation où l’analyste s’offre comme support à toutes les demandes et ne répond à aucune, mais est-ce seulement dans cette non-réponse – qui est bien loin d’être une non-réponse absolue – que se trouve le ressort de notre présence ? Ne faut-il pas faire une part essentielle à un élément qui est immanent à la situation, et qui se reproduit à la fin de chaque séance ? J’entends, ce vide auquel notre désir doit se limiter, cette place que nous laissons au désir pour qu’il s’y situe – bref, la coupure.

Auteur: Lacan Jacques

Info: Dans le "Séminaire, Livre VI : Le désir et son interprétation", éditions de La Martinière et Le Champ Freudien éditeur, 2013, page 572

[ difficulté ] [ distanciation ] [ sans mémoire sans désir ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson