Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 284
Temps de recherche: 0.0493s

écriture

L'art d'écrire est un art très futile s'il n'implique pas avant tout l'art de voir le monde comme un potentiel de fiction. Le matériau de ce monde peut être bien réel (pour autant qu'il y ait une réalité), mais n'existe aucunement en tant qu'intégralité acceptée comme telle : c'est un chaos, et à ce chaos l'auteur dit : "Va !" et le monde vacille et entre en fusion. Et voilà que se recombinent non seulement ses éléments visibles et superficiels, mais ses atomes mêmes. L'écrivain est le premier homme à en dresser la carte et à donner des noms aux objets naturels qu'il contient. Ces baies-là sont comestibles. Cette créature mouchetée qui a bondi sur mon chemin peut être domestiquée. Ce lac entre les arbres s'appellera le lac d'Opale, ou, plus artistiquement, le lac Lavasse. Cette brume est une montagne et cette montagne doit être conquise. Le grand artiste gravit une pente vierge et, arrivé au sommet, au détour d'une corniche battue par les vents, qui croyez-vous qu'il rencontre ? Le lecteur haletant et heureux. Tous deux tombent spontanément dans les bras l'un de l'autre et demeurent unis à jamais si le livre vit à jamais.

Auteur: Nabokov Vladimir

Info: In Littératures (1980), (trad. Hélène Pasquier), éd. Robert Laffont, coll. " Bouquins ", 2010, partie Littératures I, Bons lecteurs et bons écrivains, p. 36

[ lecture ]

 

Commentaires: 0

grèce antique

Les œuvres d'Homère, de Platon et d'Euclide étaient écrites à la main sur des rouleaux faits ordinairement de roseaux de papyrus. De ces originaux, des copies furent établies, toujours à la main, sur papyrus et plus tard sur parchemin (vélin). Aucun de ces matériaux n'est indestructible. Ce qui survécut fut, en dehors de quelques exceptions, ce qui avait été jugé digne d'être copié et recopié pendant des siècles d'histoire grecque, puis pendant des siècles plus nombreux encore d'histoire byzantine, au cours desquels les valeurs et les mœurs s'étaient plus d'une fois transformées, souvent de façon radicale.
Il n'est pas difficile de montrer combien peu a survécu à ce processus de filtrage. Nous connaissons les noms de quelque cent cinquante auteurs grecs de tragédies, mais, en dehors de quelques fragments cités ça et là par des auteurs et anthologistes grecs ou romains de basse époque, il ne nous reste les pièces que de trois auteurs, des Athéniens du cinquième siècle avant J-C. Mais ce n'est pas tout. Eschyle a écrit quatre-vingt-deux pièces, nous n'en avons que sept complètes ; Sophocle en aurait écrit cent vingt-trois, dont il ne reste que sept ; et nous pouvons lire dix-huit ou dix-neuf des quatre-vingt-douze œuvres d'Euripide.

Auteur: Finley Moses I.

Info: Le monde d'Ulysse

[ lecture ] [ évolution ] [ conservation ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

examiner

J'ai longtemps cru que dans la vie on ne peut que juger ou comparer. Depuis le développement de FLP je pense qu'il y a une autre voie : celle qui consiste à réfléchir parce qu'il faut classer, étiqueter, ranger, indexer, etc... de manière multipolaire et intriquée. Alors bien sûr on juge et on compare un peu, mais on fait surtout comme si l'extrait était un objet à facettes irrégulières qu'on traiterait (en suivant les règles établies), afin de l'intégrer pertinemment à la base de données avec comme objectif principal de pouvoir le retrouver aisément. Un peu comme un algorithme collectif humain et organique dont le code serait la langue française et ses signifiés reconnus consensuellement (d'une époque donnée, la nôtre bien sûr), et correctement orthographiés.

La tentative de commercer, à plusieurs, sur le sens et l'usage des mots - de manière réflexive et donc subjective...

Une autre manière de passer le temps, de s'amuser, se délasser... désambiguer certaines choses... ou les emberlificoter... les relier, échanger avec d'autres autour de tel ou tel extrait, rigoler, etc. Pour plus de détails, voir ici.

Auteur: Mg

Info: 31 août 2018

[ lecture ] [ analyser ] [ citation s'appliquant à ce logiciel ] [ relativisme collaboratif ] [ réflexion ]

 

Commentaires: 0

réfléchir

L'écriture transforme la liste et la liste à son tour transforme la série et la classe. Elle "transforme la série" : je veux dire par là que, dans l'écrit, la perception du schème organisateur (pattern) est surtout (quoique pas exclusivement) d'ordre visuel. Dans certains domaines, quand il s'agit de nombres par exemple, il serait extrêmement difficile de formuler une série (une liste organisée) sans transposer les données auditives en données visuelles, simplement parce que, pour ce qui est de l'examen global des informations fournies, l'oeil opère très différemment de l'oreille. La liste transforme la classe, lui donne corps. Je veux dire par là que la liste implique nécessairement une limite, un commencement et une fin. Quand on ne se sert que du langage oral, il y a peu d'occasions, voire aucune, où l'on ait à faire la liste des légumes, des arbres ou des fruits. (…) Un problème du genre : la tomate est-elle un fruit ou un légume ? ne rime absolument à rien dans un contexte oral ; il est même d'un intérêt douteux pour la plupart d'entre nous, mais il peut se révéler décisif concernant la classification et l'évolution des espèces naturelles. C'est ce genre de problèmes qu'engendrent les listes écrites.

Auteur: Goody Jack

Info: La raison graphique, pp. 186/187

[ cataloguer ] [ recenser ] [ réflexion ] [ imaginer ] [ lecture ] [ citation s'appliquant à ce logiciel ]

 

Commentaires: 0

nom-du-père

[Totem et tabou de Freud] n’est rien d’autre qu’un mythe moderne, un mythe construit pour expliquer ce qui restait béant dans sa doctrine, à savoir – Où est le père ?

[...] Totem et tabou est fait pour nous dire que, pour qu’il subsiste des pères, il faut que le vrai père, le seul père, le père unique, soit avant l’entrée dans l’histoire, et que ce soit le père mort. Bien plus – que ce soit le père tué. Et vraiment, comment cela serait-il même pensé en dehors de la valeur mythique ? Car, que je sache, le père dont il s’agit n’est pas conçu par Freud, ni par personne, comme un être immortel. Pourquoi faut-il que les fils aient en quelque sorte avancé sa mort ? Et tout cela, pour quel résultat ? Pour en fin de compte s’interdire à eux-mêmes ce qu’il s’agissait de lui ravir. On ne l’a tué que pour montrer qu’il est intuable.

L’essence du drame majeur que Freud introduit repose sur une notion strictement mythique, en tant qu’elle est la catégorisation même d’une forme de l’impossible, voire de l’impensable, à savoir l’éternisation d’un seul père à l’origine, dont les caractéristiques sont qu’il aura été tué. Et pourquoi, sinon pour le conserver ?

Auteur: Lacan Jacques

Info: dans le "Séminaire, Livre IV", "La relation d'objet", éditions du Seuil, 1994, page 291-292

[ clé de lecture ] [ explication ] [ signification ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

imagination

La raison d’être fondamentale de la littérature romanesque, c’est que l’homme a en général un cerveau beaucoup trop compliqué, beaucoup trop riche pour l’existence qu’il est appelé à mener. La fiction, pour lui, n’est pas seulement un plaisir ; c’est un besoin. Il a besoin d’autres vies, différentes de la sienne, simplement parce que la sienne ne lui suffit pas. Ces autres vies n’ont pas forcément besoin d’être intéressantes ; elles peuvent être parfaitement mornes. Elles peuvent comporter beaucoup d’événements, de grande ampleur ; elles peuvent n’en comporter aucun. Elles n’ont pas forcément besoin d’être exotiques ; elles peuvent se dérouler il y a cinq siècles, dans un continent différent ; elles peuvent se dérouler dans l’immeuble d’à côté. La seule chose importante, c’est qu’elles soient autres.

Ce besoin d’autres vies est peut-être politique, au sens large ; mais aucune solution politique valable ne semble, jusqu’à présent, avoir été proposée. Je crois plus probable qu’il soit, avant tout, intime, physique, émotionnel ; mais, là non plus, aucune solution pertinente ne semble s’être dégagée. Je ne crois pas du tout qu’il passe par le virtuel ni les métavers ; tout ça, c’est du flan. La vérité est que la littérature reste la seule, jusqu’à présent, à faire le travail.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Discours prononcé le 15 juin 2022 à l’université Kore d’Enna (Sicile)

[ nécessaire ] [ curiosité ] [ mise en perspective ] [ éloge ] [ lecture ] [ ouverture ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par Coli Masson

extraterrestres

Je voudrais souligner ici un point fondamental : l’observation par des images radar n’apporte d’une manière générale rien de plus que l’observation visuelle directe pour prouver l’objectivité des Ovnis "vus" par des gens – elle est même d’une moins grande utilité car les images radar présentent presque toujours à côté des objets recherchés tout un tas d’objets "virtuels", par exemple des réflexions indésirables ou encore le niveau du bruit de fond provenant de la résistance du système, si bien qu’il est aisé de projeter quelque chose dans les images en question. L’interprétation d’images radar est donc souvent très peu fiable quand il s’agit d’objets se situant à la limite de ce qui est mesurable, et elle ressemble à un test de Rorschach dans lequel la structure de l’image est seulement le fruit du "hasard". […]

Lorsque nous nous sommes vus au début de l’année, Jung nous a également raconté que les radars avaient "prouvé" l’existence des Ovnis. Je lui ai aussitôt présenté les arguments que je viens de vous exposer. Il les a écoutés avec beaucoup d’attention à l’époque, mais les a visiblement déjà oubliés. Le 15 juin de cette même année, il est revenu sur le problème des Ovnis lorsque nous lui avons rendu visite, mais seulement par rapport à leur signification psychologique pour le processus d’individuation, ce en quoi je suis (tout comme vous) d’accord avec lui.

Auteur: Knoll Max

Info: Lettre à Wolfgang Pauli, 9 décembre 1957

[ preuves technologiques ] [ précautions de lecture ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

formatage éditorial

- Venons-en à votre dernier livre, "Déchristianisation de la littérature". Vous parlez de "post-littérature". Qu’entendez-vous par là ?

- C’est une littérature asservie à un modèle romanesque international, tout comme il y a un hamburger ou un kebab international. Un roman à dominante anglo-saxonne, dépourvu de style, même de langue, formaté pour sa version filmique, un lectorat "cool", forcément politiquement correct. Le roman étant devenu le genre hégémonique, tout ce qui n’en relève pas n’appartient plus, commercialement, à ce qu’on appelle encore la littérature. Il me semblait intéressant de trouver un terme un peu plus percutant pour désigner cette production qui est au-delà du postmoderne même : la post-littérature, comme il y a une post-histoire. On me l’a reproché, bien sûr. Dans "Langue fantôme", je nommais quelques grandes têtes molles, comme Le Clézio, en montrant notamment que la phrase de ce prix Nobel était du spaghetti tiédasse. On s’en est servi pour me faire payer ce que j’avais déjà dit, en 2010, dans "l’Enfer du roman", à savoir qu’il n’y a presque plus de littérature en France, et que ce qui se publie relève en général de la fausse monnaie. Je devenais un traître ; s’en est suivi ce que vous savez : idéologisation de mes remarques, tribune d’Annie Ernaux dans le Monde, accompagnée d’une pétition signée d’une centaine de noms, démission du comité de lecture de Gallimard, opprobre, mort sociale, etc.

Auteur: Millet Richard

Info: Entretien accordé à Artpress, 2018.

[ lecture fast-food ] [ consumérisme fédérateur ] [ dictature de la moyenne ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par miguel

première épître aux Corinthiens

Saint Paul déclare d’abord que l’amour serait encore là quand bien même nous posséderions la totalité du savoir. Dans la seconde partie de l’extrait, il déclare ensuite que l’amour n’existe que pour des êtres incomplets, c’est-à-dire pour des êtres qui disposent d’un savoir partiel. Lorsque je "le connaîtrai comme je suis moi-même connu de lui", y aura-t-il encore l’amour ? Bien que, contrairement au savoir, l’ "amour ne finira jamais", ce n’est que "maintenant" (alors que je suis encore incomplet) que "demeurent la foi, l’espérance et l’amour". Le seul moyen de sortir de cette impasse est de lire les deux propositions contradictoires selon la formule féminine de la sexuation chez Lacan : même en étant "totalisé" (achevé, sans exception), le champ du savoir demeure d’une certaine manière pas-tout, incomplet. L’amour n’est pas une exception au Tout du savoir, mais précisément ce "rien" qui rend incomplet tout champ du savoir achevé. [...] Seul un manque, un être vulnérable est capable d’amour : le mystère dernier de l’amour est donc que l’incomplétude, en un sens, est supérieur à la complétude. D’un côté, seul aime un être imparfait et soumis au manque : nous aimons parce que nous ne savons pas tout. De l’autre, même si nous savions tout, l’amour serait encore inexplicablement supérieur à la science de toutes choses. Peut-être que l’accomplissement réel du Christianisme consiste à élever un Être aimant (imparfait) au rang de Dieu, c’est-à-dire à l’ultime perfection.

Auteur: Zizek Slavoj

Info: Dans "Fragile absolu", éditions Flammarion, 2010, pages 210-211

[ lecture psychanalytique ]

 
Commentaires: 1
Ajouté à la BD par Coli Masson

philosophie

De fait, l’expérience de la lecture des Méditations peut largement être décrite comme celle d’un certain théâtre intellectuel, ce qui suppose à la fois que le décor soit soigneusement planté, et que l’on sache à peu près ce qu’on va y voir.

[…] Et sur ce théâtre, le lecteur cultivé appréhendera le Cogito lui-même moins comme une découverte que comme une scène rejouée, dans un déroulement inédit, mais qu’on peut comparer avec des modèles augustiniens. […]

Dans ce théâtre intellectuel, le sujet des Méditations peut faire un moment comme s’il était seul au monde, et il le peut parce que la certitude d’être au monde avec d’autres hommes est en fait fondée sur des raisons complexes et difficiles à préciser. Mais lorsqu’il formule ses pensées, il sait fort bien qu’elles ne sont pas purement à son propre usage, et qu’elles ont des destinataires. Le point essentiel, c’est peut-être ici que ces destinataires ne sont pas et n’ont jamais été des objets – entendons : de cette catégorie d’objets qu’il y a un sens à mettre en doute. […] Mais qu’autrui ne soit pas un objet veut dire aussi qu’il n’est pas un objet pour la métaphysique (dont les objets sont, d’une part, moi-même ou mon esprit, Dieu et le corps, et de l’autre, les formes de la connaissance et les conditions de la certitude). Aussi ne fallait-il pas s’étonner de ne pas l’y trouver.

Auteur: Kambouchner Denis

Info: La question Descartes, éditions Gallimard, 2023, pages 95-96

[ explication ] [ clé de lecture ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson