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auto-évaluation

A présent, il y a 50 ans que j'écris, alors forcément les murs de mes mots sont montés très haut tout autour de moi. Ils font de l'ombre, me font de l'ombre, j'écris depuis cette ombre profonde, cachette et refuge et plus j'écris et moins je suis visible. Plus j'écris et plus la reconnaissance qui ne viendra jamais, s'éloigne, s'éloigne encore... et moins je m'en offusque. Dans ce monde d'images frelatées et d'hommes sandwichs, dans ce monde d'usurpateurs chroniques et de fabriqués de toutes pièces, je serais passé sur la pointe des pieds, par la porte dérobée, elle même sur la pointe des pieds ; et de pointe en pointe, j'aurais atteint, avec une lenteur librement exquise, mon sommet : le sommet de quoi ? De mon ombre vive.

Auteur: Dor Jacques

Info: Wealth, War, and Wisdom

[ fatalisme ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

spiritualité

(L'auteur voyage dans les hauts cols du nord de l'Afghanistan:)

Pourtant il ne faut pas croire que l'Islam, dans ces hautes terres, soit tellement épris du terrestre et du succès. Il y a ici un appétit essentiel sans cesse entretenu par le spectacle d'une nature où l'homme apparaît comme un humble accident, par la finesse et la lenteur d'une vie ou le frugal tue le mesquin. Le Dieu de L'Hindoukouch n'est pas comme celui de Bethléem, amoureux de l'homme, il est son créateur miséricordieux et grand. C'est un crédo simple mais qui frappe. Les gens d'ici l'éprouvent avec plus de force et de verdeur que nous. L'Allah ou Akbar, tout tient à cela : ce nom dont la magie suffit à transformer notre vide intérieur en espace.

Auteur: Bouvier Nicolas

Info: L'usage du monde, Droz-Genève 1963 P. 357

[ montagnes ] [ judaïsme ] [ islam ]

 

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temps suspendu

Dans ce climat, dans le ciel, si on peut dire, de cette relation sans faille, entre tous et chacun, plus délicieuse paraît, en sa tendre chair blanche, la baudroie. Plus proche de vous et rayonnante et gaie, innocente même, la chère mayonnaise, remontée de notre enfance. Et ce vin blanc, qu'on a versé délicatement, brille lui aussi, dans les verres, d'un éclat particulier. Alors, tout en mangeant avec un très grand plaisir — un plaisir tout intérieur, infiniment subtil —, on mâche avec lenteur et retenue. Comme pour ne pas déranger l'ordre du silence qui se fait par moments. Ne pas perturber cette grâce, comment dire autrement, qui est venue, non s'installer — une grâce jamais ne s'installe — mais vous visite. Une présence. Qui, l'instant d'après, peut s'évanouir.

Auteur: Haldas Georges

Info: Le repas du soir

[ instant de grâce ] [ souper ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

existence

J'estime que vivre constitue en ce qui me concerne une chance, qui ne me sera pas accordée une seconde fois : une chance non point parce que la vie nous fait des cadeaux et que sur une balance idéale la somme des plaisirs excéderait celle des peines, mais parce que je mesure à chaque instant la chance que j'ai d'être un vivant, d'accéder chaque matin à la lumière et chaque soir aux ombres, que les choses n'aient pas perdu leur éclat naissant et que je perçoive aussitôt l'esquisse d'un sourire, le début d'une contrariété sur un visage, bref que le monde me parle. La vie elle-même comme ondoiement, comme déploiement, la vie à fines gouttelettes plutôt que comme une tornade ou un fleuve impétueux. Une lumière plutôt qu'une force.

Auteur: Sansot Pierre

Info: Du bon usage de la lenteur, p.14, Éd. Rivages poche n°313

[ cadeau ] [ positiver ]

 

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corps-esprit

Il y a un lien secret entre la lenteur et la mémoire, entre la vitesse et l’oubli. Évoquons une situation on ne peut plus banale : un homme marche dans la rue. Soudain, il veut se rappeler quelque chose, mais le souvenir lui échappe. À ce moment, machinalement, il ralentit son pas. Par contre, quelqu’un qui essaie d’oublier un incident pénible qu’il vient de vivre accélère à son insu l’allure de sa marche comme s’il voulait vite s’éloigner de ce qui se trouve, dans le temps, encore trop proche de lui. Dans la mathématique existentielle cette expérience prend la forme de deux équations élémentaires : le degré de la lenteur est directement proportionnel à l’intensité de la mémoire ; le degré de la vitesse est directement proportionnel à l’intensité de l’oubli.

Auteur: Kundera Milan

Info: La lenteur

[ mécanisme mnémonique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

projet de vie

Et voilà, à 65 ans passés, je me retrouvais à la recherche de ma première maison. Je me rappelais que mon père avait pratiquement hypothéqué sa vie entière pour l’achat d’une maison. Il me disait : "Tu vois, je paie pendant toute mon existence pour avoir une maison et quand je mourrai, elle te reviendra. Toi, tu feras pareil, et quand tu mourras, tu légueras ta maison à ton fils. Ce qui fera deux maisons. Et puis ton fils…"
Le processus me paraissait d’une extrême lenteur : maison par maison, mort par mort. Dix générations, dix maisons. Et ensuite, il suffirait d’une seule personne pour les perdre au jeu, ou y foutre le feu avec une allumette avant de se précipiter dans la rue les couilles dans un panier de fruits.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Hollywood", trad. Michel Lederer, Le livre de poche, page 57

[ absurde ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

obèse

Donna Toscana était devenue une femme imposante... Ses chevilles enflées ressemblaient à des goitres. Ses minuscules chaussures semblaient prêtes à éclater sous la pression de ses cent-vingt-cinq kilos. Une douzaine de seins superposés semblaient s'écraser sur sa poitrine. Elle était bâtie comme une pyramide, sans hanches. Ses bras étaient si charnus qu'ils ne tombaient pas à la verticale, mais faisaient un angle avec son corps ; ses doigts enrobés de graisse évoquaient des saucisses. Elle n'avait quasiment pas de cou. Quand elle tournait la tête, les bourrelets de chair se déplaçaient avec la lenteur mélancolique de la cire molle. On voyait son crâne rose à travers ses cheveux blancs clairsemés. Son nez était mince et exquis, mais ses yeux évoquaient deux raisins noirs écrasés. Dès qu'elle parlait, ses fausses dents jacassaient dans l'idiome qui leur était propre.

Auteur: Fante John

Info: Bandini

[ littérature ]

 

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mère-fille

Maman adorait faire des achats. Elle n'avait pas beaucoup d'argent, mais elle se cramponnait à ce menu plaisir. Une boîte à musique avec un carrousel et une poupée occidentale avec son ombrelle, qu'une ancienne camarade de classe avait achetée pour elle au magasin d'export en gros ; un vase arraché de haute lutte à la sortie de la verrerie où l'on bradait les pièces défectueuses ; un vieux poste de radio aphone rapporté d'une brocante... Elle était comme une hirondelle qui construit son nid en rapportant des petites choses dans son bec. Toutes ces babioles inutiles étaient disposées bien en évidence dans la maison, tandis que les objets usuels, qui ne procuraient aucun plaisir esthétique, étaient soigneusement cachés. Nous vivions reclus dans une boîte de conserve hermétiquement fermée, nous avions repoussé le temps à l'extérieur, si bien que cette période de ma vie s'est écoulée avec une lenteur toute particulière.

Auteur: Yueran Zhang

Info: Le clou

[ foyer ] [ refuge ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

hiver

Si vous regardez la neige par la fenêtre, et même si vous regardez plus loin, en vous efforçant de distinguer, à travers les flocons, les bois de l'autre côté de la prairie, elle donne l'impression de tomber très vite, et votre vie, si vous lui permettez de vous jouer le même tour, peut vous sembler tout aussi précipitée et frénétique. Mais si vous prenez soin de regarder la neige avec le yeux d'un enfant ou d'un Texan ― le nez en l'air, en essayant de comprendre d'où elle sort ― alors la lenteur avec laquelle elle tombe, la paralysie de son voyage vous feront aussitôt choir dans un état plus bas, plus lent, où vous serez assuré de vivre deux fois plus longtemps et de voir deux fois plus de choses, et d'être pour finir deux fois plus heureux. La neige est plus merveilleuse que la pluie, plus merveilleuse que tout.

Auteur: Bass Rick

Info: Winter

[ ciel ]

 

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crépuscule

L'orbe d'or du soleil tombé des cieux sans bornes
S'enfonce avec lenteur dans l'immobile mer,
Et pour suprême adieu baigne d'un rose éclair
Le givre qui pétille à la cime des mornes.

En un mélancolique et languissant soupir,
Le vent des hauts, le long des ravins emplis d'ombres,
Agite doucement les tamariniers sombres
Où les oiseaux siffleurs viennent de s'assoupir.

Parmi les caféiers et les cannes mûries,
Les effluves du sol, comme d'un encensoir,
S'exhalent en mêlant dans le souffle du soir
A l’arôme des bois l'odeur des sucreries.

Une étoile jaillit du bleu noir de la nuit,
Toute vive, et palpite en sa blancheur de perle ;
Puis la mer des soleils et des mondes déferle
Et flambe sur les flots que sa gloire éblouit.

Et l'âme, qui contemple, et soi-même s'oublie
Dans la splendide paix du silence divin,
Sans regrets ni désirs, sachant que tout est vain,
En un rêve éternel s'abîme ensevelie.

Auteur: Leconte de Lisle Charles-Marie

Info: L'orbe d'or

[ couchant ] [ poème ]

 

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Ajouté à la BD par miguel