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femmes-entre-elles

Mon père gueule "je te cause ! t'as donc pas marre de tes romans !", elle se défend "laisse-moi finir mon histoire !". Vivement que je sache lire, puis vivement que je comprenne ces longues histoires sans images qui la passionnent. Un jour vient où les mots de ses livres à elle perdent leur lourdeur ânonnante. Et le miracle a lieu, je ne lis plus des mots, je suis en Amérique, j'ai dix-huit ans, des serviteurs noirs, et je m'appelle Scarlett, les phrases se mettent à courir vers une fin que je voudrais retarder. Ça s'appelle "Autant en emporte le vent". Elle s'exclamait devant les clientes, "pensez qu'elle a seulement neuf ans et demi" et à moi elle disait "c'est bien hein ?". Je répondais "oui" Rien d'autre. Elle n'a jamais su s'expliquer merveilleusement. Mais on se comprenait. A partir de ce moment il y a eu entre nous ces existences imaginaires que mon père ignore ou méprise suivant les jours "perdre son temps à des menteries, tout de même". Elle rétorquait qu'il était jaloux. Je lui prête ma Bibliothèque verte, Jane Eyre et Le Petit Chose, elle me file La Veillée des chaumières et je lui vole dans l'armoire ceux qu'elle m'interdit, Une vie ou Les dieux ont soif. On regardait ensemble la devanture du libraire de la place des Belges, parfois elle proposait "veux-tu que je t'en achète un ?". Pareil qu'à la pâtisserie, devant les meringues et les nougatines, le même appétit, la même impression aussi que c'était pas très raisonnable. "Dis, ça te ferait plaisir ?"

Auteur: Ernaux Annie

Info: La femme gelée, pp 24-25, Folio, 2018

[ lectrices ]

 

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race problématique

On se fait un fromage depuis des millénaires quant à la "conscience humaine", comme s'il y avait là un miracle inimaginable. Une fois encore l'arrogance anthropomorphe... Alors qu'on ne parle que d'une espèce qui semble être seule sur sa planète à avoir développé un système de signes permettant de communiquer de cerveau à cerveau, tant bien que mal et de manière abstraite, via marques, livres et langages. Ce qui lui aura permis de développer par accumulation une sorte de mémoire externe, qui tient principalement de l'accumulation de listes. De ce fatras anthropocentré, stockage de concepts qui ne sont qu'une manière de codage du réel sous forme de marques/empreintes/mots/phrases développés horizontalement avec des continuités bien souvent douteuses, l'homme glose donc ad infinitum sur sa conscience. Conscience de sa mort et de l'éphémère des choses, au motif qu'il serait la seule bestiole à gamberger dessus. Vraiment ? Et même si, qu'est-ce que ça change ? Qu'il se frustre de son impuissance intellectuelle quant à sa condition de mortel ne fait aucun doute, mais pour le reste...

Il n'empêche que l'efficacité de cet embryon d'intelligence collective est grande. Trop grande à voir. Ainsi il semble que l'humain s'éloigne et se différencie de la source-sagesse biologique dont il est issu, comme un singe devenu trop gros pour la branche sur laquelle il est juché. Ou comme un enfant gâté dont on ne sait plus quoi faire pour qu'il se maitrise lui-même, sauf à lui laisser se casser la figure pour qu'il acquiert un minimum de sagesse. Ainsi, peut-être, de l'humanité.

Auteur: Mg

Info: 18 septembre 2020

[ singes dominants ]

 
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manie de l'ordre

Nous nous comportons tous comme le démon de Maxwell. Les organismes s'organisent. C'est dans l'expérience quotidienne que réside la raison pour laquelle les physiciens sérieux ont maintenu en vie cette fantaisie de bande dessinée plus de deux siècles. Nous trions le courrier, construisons des châteaux de sable, résolvons des puzzles, séparons le bon grain de l'ivraie, réarrangeons les pièces d'un jeu d'échecs, collectionnons les timbres, classons les livres par ordre alphabétique, créons des symétries, composons des sonnets et des sonates, et mettons de l'ordre dans nos chambres, et tout cela ne demande pas une grande énergie, pour autant que nous puissions faire preuve d'intelligence. Nous propageons de la structure (pas seulement nous, les humains, mais tous les êtres vivants). Nous perturbons la tendance à l'équilibre. Il serait absurde de tenter une comptabilité thermodynamique de ces processus, mais il n'est pas absurde de dire que nous réduisons l'entropie, morceau par morceau. Petit à petit. Le démon originel, qui perçoit une molécule à la fois, distingue le rapide du lent et actionne son petit portail, est parfois qualifié de "superintelligent", mais comparé à un organisme réel, il est un savant idiot. Non seulement les êtres vivants réduisent le désordre dans leur environnement, mais ils sont en eux-mêmes, avec leur squelette et leur chair, leurs vésicules et leurs membranes, leurs coquilles et leurs carapaces, leurs feuilles et leurs fleurs, leurs systèmes circulatoires et leurs voies métaboliques, des miracles de modèles et de structures. On a parfois l'impression que la lutte contre l'entropie constitue notre chimérique (quixotic)* objectif dans cet univers.

Auteur: Gleick James

Info: L'information : Une histoire, une théorie, un déluge, *vient de Don Quichotte

[ organisation ] [ obsession ] [ cycles éphémères ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

lectures

Lovelace, dans le roman de Clarisse, écrit a son ami : Si vous avez intérêt de connaître une jeune personne, commencez par connaître les livres qu’elle lit. Il n'y a rien de si incontestable ; mais celte vérité est d'un ordre bien plus général qu'elle ne se présentoit à l'esprit de Richardson. Elle se rapporte à la science autant qu'au caractère, et il est certain qu'en parcourant les livres rassemblés par un homme, on conçoit en peu de temps ce qu'il sait et ce qu'il aime. C'est sous ce point de vue que la bibliothèque de Voltaire est particulièrement curieuse.

On ne revient pas de son étonnement en considérant l'extrême médiocrité des ouvrages qui suffirent jadis au patriarche de Ferney. On y chercheroit en vain ce qu'on appelle les grands livres et les éditions recherchées, surtout des classiques. Le tout ensemble donne l'idée d'une bibliothèque formée pour amuser les soirées d'un campagnard. Il faut encore y remarquer une armoire remplie de livres dépareillés dont les marges sont chargées de notes écrites de la main de Voltaire, et presque toutes marquées au coin de la médiocrité et du mauvais ton. La collection entière est une démonstration que Voltaire fut étranger à toute espèce de connoissances approfondies, mais surtout à la littérature classique. S'il manquoit quelque chose à cette démonstration, elle seroit complétée par des traits d'ignorance sans exemple qui échappent à Voltaire en cent endroits de ses œuvres, malgré toutes ses précautions. Un jour peut-être il sera bon d'en présenter un recueil choisi, afin d'en finir avec cet homme. 

Auteur: Maistre Joseph de

Info: A propos de Voltaire dans "Les soirées de Saint Petersbourg", Quatrième entretien, 1836, pages 232-233

[ philosophe ] [ vacherie ]

 

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anecdote

Tenez, vous vous souvenez peut-être du fameux apologue à Lacan, oh vous me pardonnerez, je ne lʼai lu quʼen anglais... Lʼ "apologue des sardines", cʼest au début de lʼun de ses 4 concepts fondamentaux... Non pas, Kollega ? Alors voilà, Jacquot étudiant en a marre des livres, il veut faire des expériences, il prend le train pour Brest, le soir au port il convainc un pêcheur de lʼemmener, et donc le lendemain radieux au large, filets pleins, casse-croûtant, Petit-Jean poursuit l'initiation à Jacquot, lui dit de se lever, lui désigne un point brillant qui vous aveugle sur les flots, à vingt mètres, le couvercle dentelé dʼune boîte de sardines : "– Tu la vois, dis Jacquot, tu la vois ? Eh bien, elle, elle ne te voit pas !" Dans sa barque, Jacquot sidéré. Et Lacan interrompt là cette marine où décidément il faisait tache... Puisque diaphanement cʼétaient lʼindustrie hauturière, les chalutiers, les usines de conditionnement et la grosse distribution quʼannonçait dʼores et déjà réalisées cette boîte ouverte une fois becquetée, jetée à la mer ! Sa communauté nʼy survivrait pas, au pêcheur artisanal, quand même la tuberculose, elle, venait par chance de lʼépargner... Accroché à jamais à sa coquille de noix, cʼétait sa propre mort que Petit-Jean ne voulait pas voir le regarder de là-bas, à travers son éclat métallique... Mais ça ! cette maligne synecdoque, la petite déjection randomatique valant pour le grand Anéantissant, le "vois !" du refoulant, sa voix, trois fois sa vwaaa ! ainsi que son index se rebroussant bientôt planté dans lʼœil, devaient encore longtemps le lui masquer...

Auteur: Montavon Stéphane

Info: Le Bouge, L'Âge d'Homme, Lausanne, à paraître en 2019

[ signe annonciateur ] [ présage ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

pensée-de-femme

Le maternage intensif est l'ultime Olympiade féminine: nous sommes toutes confrontées à une concurrence féroce, en danger constant d'être trompées par la mère d'en bas de la rue ou dans le magazine que nous lisons. La compétition n'est pas seulement de savoir qui est une bonne mère, c'est de savoir qui est la meilleure. Nous sommes en concurrence les unes avec les autres; en concurrence avec nous-mêmes. Les meilleures mères placent toujours les besoins de leurs enfants avant les leurs, un point c'est tout. Les meilleures mères sont les principales dispensatrices de soins. Pour les meilleures mères, leurs enfants sont le centre de l'univers. Les meilleures mères sourient toujours. Elles comprennent toujours. Elles ne sont jamais fatiguées. Elles ne perdent jamais leur sang-froid. Elles ne disent jamais:"Va jouer chez le voisin pendant que maman boit une bière." L'amour pour leurs enfants est sans limite, inépuisable, impeccable, total. Les mères d'aujourd'hui ne peuvent pas seulement répondre aux besoins de leurs enfants, elles doivent les prévoir - et avec la précision télépathique d'Houdini. Elles doivent mémoriser textuellement les livres de tous les experts en garde d'enfants et savoir quelles approches sont appropriées au développement à différents âges. Elles sont censées traiter leurs gniards de deux ans avec respect. Si les mères se trompent et manquent à ceci un jour donné elles sont supposées s'excuser auprès de leurs gamins parce que tout faux pas entraîne des dommages psychologiques et/ou physiques permanents. Quiconque se demande si c'est bien ainsi la meilleure façon d'élever des enfants est une brute insensible et ignorante. C'est du bon sens, non ?

Auteur: Douglas Susan J.

Info:

[ femmes-par-femmes ] [ responsabilité ]

 

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révolution sexuelle

Maintenant, pour en revenir à cette solitude sexuelle d’Homo festivus [...], elle ne peut être comprise que comme l’aboutissement de la prétendue libération sexuelle d’il y a trente ans, laquelle n’a servi qu’à faire monter en puissance le pouvoir féminin et à révéler ce que personne au fond n’ignorait (notamment grâce aux romans du passé), à savoir que la plupart des femmes ne voulaient pas du sexuel, n’en avaient jamais voulu, mais qu’elles en voulaient dès lors que le sexuel devenait objet d’exhibition, donc de social, donc d’anti-sexuel. Nous en sommes à ce stade. Dans une société maternifiée à mort (et où, pour être bien vu, il faut toujours continuer à radoter que le féminin n’a pas sa place, est persécuté, écrasé, etc.), l’exhibitionnisme où triomphent les jouissances prégénitales, devient l’arme fatale employée contre le sexuel, je veux dire le sexuel en tant que division ou différence des sexes (qualifiée de source d’inégalités ou d’asymétries), et en tant que vie privée. [...]

C’est pour cela que je peux diagnostiquer, à partir des avalanches de parties de jambes en l’air qu’on nous montre ou qu’on nous raconte dans des livres, à la fois un désir forcé d’intégration sociale [...] et une volonté plus forcenée encore de mort du sexuel adulte. Il n’y a aucune contradiction entre la pornographie de caserne qui s’étale partout et l’étranglement des dernières libertés par des "lois antisexistes" ou réprimant l’ "homophobie" comme il nous en pend au nez et qui seront, lorsqu’elles seront promulguées, de brillantes victoires de la Police moderne de la Pensée.

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Exorcismes spirituels, tome 4", Les Belles Lettres, Paris, 2010, page 1647

[ hommes-femmes ] [ désexualisation ] [ conséquences ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

littérature

- Pardonnez-moi, mais j'ai beaucoup de mal à adhérer à ce truc. Pour moi, un livre c'est une couverture, des pages en papier, de l'encre, une odeur. Certainement pas ça.
- Vous avez essayé de partir en voyage avec votre bibliothèque ? Moi je peux, et j'ai en plus des dictionnaires, une vidéothèque bien pourvue, de la musique pour des centaines d'heures et un accès illimité au monde. Essayez d'en faire autant avec un bouquin.
Alexandra tourna encore l'objet dans ses mains pendant quelques instants et se demanda quelle serait la réaction du policier si elle le laissait tomber par terre, juste pour comparer avec un livre papier, puis le rendit à son propriétaire.
- Je pense que mon bouquin papier n'a pas besoin d'être rechargé et ne risque pas de se refermer tout seul au milieu d'un passage palpitant, faute de pile.
- C'est bien possible, mais je suis pour le progrès et vouloir ignorer le progrès conduit à l'obscurantisme. Avec ce type de joujou, n'importe qui a accès à la plus grande bibliothèque du monde sans se déplacer. L'évolution de l'espèce humaine est dans l'ordre des choses.
- Je pense que le jour où ces machins remplaceront les livres papier, nous entrerons dans une phase de déclin. Une toute petite part de l'humanité aura accès à la connaissance et les autres n'auront même plus le choix de s'instruire avec un livre. Parce qu'à mon avis, on ne trouve pas ce gadget au milieu du désert. Par ailleurs, aux endroits où la culture et la connaissance n'arrivent pas encore, il n'y a pas d'électricité.

Auteur: Olivaux Christian

Info: Piège Numérique

[ informatique ] [ support ]

 

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lecture

Je suis d'accord avec Proust, disait-il, sur le fait que les livres créent leur propre silence d'une manière que l'on atteint rarement avec des amis. Et le silence qui devient palpable quand on a terminé un Chant de Dante, disait-il, est tout à fait différent du silence qui devient palpable quand on a atteint la fin d’Oedipe à Colonne. Ce qui est arrivé de plus terrible aux gens aujourd'hui est qu'ils ont pris peur du silence. Au lieu de le rechercher comme un ami et une source de renouveau, ils essayent de toutes les façons possibles de le faire taire. Jusqu'il y a quelques années, disait-il, les gens avaient encore la possibilité de redécouvrir la valeur du silence lorsqu'ils qu'ils quittaient l'enceinte de leur maison. Même si leur première réaction instinctive en rentrant chez eux était d'allumer la radio ou la télévision, lorsqu'ils ouvraient leur porte pour sortir ils devaient laisser ces bruits derrière eux. Mais maintenant, disait-il, ils peuvent emporter leur Walkmans et les brancher dans leurs oreilles et ils n'ont plus jamais besoin de vivre sans leur horrible musique. C'est un drogue, disait-il, et elle doit être traitée comme une drogue. Elle est plus dangereuse que le cannabis et crée une dépendance comme l'héroïne. A la source, disait-il, se trouve l'habitude et la peur et le désespoir, la peur du silence est la peur de la solitude. Les gens ont peur du silence, disait-il, parce qu'ils ont perdu la capacité à faire confiance au monde pour leur accorder le renouveau. Pour eux le silence ne signifie que la reconnaissance d'avoir été abandonnés.

Auteur: Josipovici Gabriel David

Info: Moo Pak

[ calme ] [ solitude ]

 

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objectivité diachronique

Les cultures opèrent leur filtrage en nous disant ce qu'il faut conserver et ce qu'il faut oublier. Dans ce sens-là, elles nous offrent un terrain commun d'entente, y compris à l'égard des erreurs.Vous pouvez comprendre la révolution qu'opère Galilée seulement à partir des théories de Ptolémée. Il nous faut partager l'étape Ptolémée pour accéder à l'étape Galilée et nous rendre compte que le premier s'était trompé. Toute discussion entre nous ne peut se faire que sur la base d'une encyclopédie commune. Je peux même vous démontrer que Napoléon n'a jamais existé - mais seulement parce que nous avons appris tous les trois qu'il a existé. C'est là la garantie de la continuité du dialogue. Ce sont des grégarismes qui autorisent le dialogue, la création et la liberté. Avec Internet, qui vous donne tout et vous condamne, comme vous venez de le dire, à opérer un filtrage non plus par la médiation de la culture mais de votre propre chef, nous courrons le risque de disposer désormais de six milliards d'encyclopédies. Ce qui empêchera toute entente. C'est un peu de la science fiction, car il y aura toujours des forces qui pousseront les gens à adhérer aux même croyances, je veux dire qu'il y aura toujours l'autorité reconnue de ce qu'on appelle la communauté scientifique internationale, à laquelle nous faisons confiance parce que nous voyons qu'elle est capable de revoir et corriger de façon publique ses conclusions, et cela chaque jour. C'est à cause de notre confiance dans la communauté scientifique que nous croyons dur comme fer que la racine carrée de 2 est 1,4142135... etc.

Auteur: Eco Umberto

Info: N'espérez pas vous débarrasser des livres, P. 88-89

[ tri ] [ mémoire collective ] [ évolution ] [ historique ]

 

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