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individuation

Lorsque l’enfant réussit à se cuirasser contre la douleur et à faire preuve de rebond vital, de résilience, il va souvent suivre la pente du héros. Le héros dans tous les mythes a une origine princière, mais il est blessé, voire abandonné d’une façon ou d’une autre, et doit trouver un moyen de compenser son extrême fragilité en découvrant sa destinée qui est toujours en partie différente de celle de son groupe familial. Quitte à le retrouver bien des années plus tard lorsqu’il rentrera de ses épopées porteur du trésor, ou du remède, dont sa communauté a besoin. Le conte que mes analysants m’ont rappelé le plus souvent est bien sûr celui du "vilain petit canard" du poète danois Andersen. Une mère cane découvre parmi ses œufs un œuf d’allure bizarre. Puis c’est le caneton qui lui aussi paraît bizarre et, en tout cas, différent du reste de la couvée. Le pauvre oiseau grandit sans jamais se sentir à sa place, systématiquement les autres canards, les canards BCBG le snobent. Mais un jour, il aperçoit près d’un lac un groupe de magnifiques oiseaux blancs. Fasciné par la famille cygnes, il s’approche timidement, et pendant qu’il se penche sur la berge pour boire il rencontre dans l’eau son image. Lui aussi est devenu maintenant un bel oiseau lumineux.
En analyse on commence par rencontrer tous les aspects de soi-même par lesquels on s’est senti isolé, différent, incompris, inacceptable, récusé, humilié, vilain petit canard. Puis peu à peu en suivant le fil de l’âme et en découvrant un sens à sa vie, on résonne au diapason d’êtres de plus en plus nombreux, ornés des mêmes plumes scintillantes acquises dans la traversée de chaque épreuve. On ne naît pas cygne, on le devient…
Mais cet enfant héros, cet enfant cygne, s’il est souvent précoce, voire surdoué, dans certains domaines de la vie – arts, carrière, fortune, notoriété naissent souvent sous ses pas –, reste marqué par la fêlure des carences oubliées. Et c’est dans le domaine de l’engagement affectif qu’il est le plus fragile, soit qu’il tombe dans la passion amoureuse avec la force compulsive de l’addiction, soit qu’il se protège et se mure derrière une haie d’épines digne de la plus endormie des belles au bois dormant. Les sentiments oscillent entre la dépendance affective et l’anesthésie. Les scénarios de désillusion se répètent et ce n’est parfois que tard dans l’existence que notre héros/héroïne acceptera, à la faveur d’une rencontre, de se décongeler, de sortir son cœur du freezer pour que la vie maternelle le réchauffe doucement. [...]
Guérir de son passé, s’individuer, cela revient finalement à retrouver le grand souffle heureux de l’âme du monde. Celui qui habite le nouveau-né avant que les épreuves de la vie ne commencent. C’est trouver son propre souffle. Commencer, ou recommencer à aimer, quel que soit l’âge, quels que soient les hauts et bas de la vie. Redevenir enfant, renouer avec la confiance de l’enfant, mais chargé de toute la maturité conquise au travers de ces seuils initiatiques que sont les épreuves que chacun traversera à coup sûr. Ce n’est pas un hasard si toutes les voies de sagesse enseignent que l’éveillé est comme un petit enfant, simple et presque naïf, rien ne le distingue dans la rue des autres hommes, mais, comme dit joliment la tradition zen, partout où il va, autour de lui les cerisiers fleurissent.

Auteur: Colonna Marie-Laure

Info: Dans "Réenchanter l’Occident, vers un éveil de la conscience individuelle et collective"

[ symbolique ] [ révolution personnelle ] [ amor fati ] [ symptôme-sinthome ] [ psychanalyse ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

limite épistémique

[...] même si la course à l’IA [Intelligence Artificielle] s’est beaucoup amplifiée et renchérie, l’avènement d’une IAG [Intelligence Artificielle Générale ou Forte] n’est pas pour demain. Dans les années 1940, les premiers visionnaires nous le promettaient pour la génération suivante. Sondé en 2017, un cercle d’experts en IA s’est accordé sur la date de 2047. Ce qui complique un peu ce calendrier, c’est la façon dont surviendra la "singularité" – le ­moment où la technologie aura tellement progressé qu’elle prendra le dessus pour de bon. S’agira-t-il d’un décollage en douceur, dû aux avancées progressives de l’IA faible, qui prendra la forme d’un explorateur de données doublé d’un dispositif de réalité virtuelle et d’un traducteur du langage naturel, le tout chargé dans un aspirateur-­robot ? Ou bien d’un décol­lage brutal, un ­algorithme qui reste encore à imaginer se trouvant soudain incarné dans un ­robot tout-puissant ? Les enthousiastes de l’IAG ont beau avoir eu des décennies pour réfléchir à cet avenir, le résultat reste bien nébuleux : nous n’aurons plus à travailler car les ordinateurs se chargeront de toutes les activités courantes, nos cerveaux seront stockés en ligne et se fondront dans la conscience brumeuse du nuage, ce genre de chose. En ­revanche, les craintes des éternels angois­sés, fondées sur le fait que l’intelligence et le pouvoir cherchent toujours à se renforcer, sont concrètes et glaçantes : une fois que l’IA nous aura surpassés, il n’y a pas de raison de penser qu’elle nous sera reconnaissante de l’avoir inventée – surtout si nous n’avons pas su la doter d’empathie. Pourquoi une entité susceptible d’être présente dans mille lieux à la fois et possédant une conscience à la Starbucks éprouverait-elle une quelconque tendresse pour des êtres qui, les mauvais jours, peuvent à peine s’arracher du lit ? Curieusement, les auteurs de science-fiction, nos Cassandre les plus dignes de confiance, se sont abstenus d’envisager une apocalypse due à l’IAG, dans laquelle les machines domi­neraient au point de faire disparaître l’espèce humaine. Même leurs cyborgs et supercalculateurs, malgré leurs yeux rouges ­(les Terminators) ou leur accent cana­dien (HAL 9000 dans 2001 : l’odyssée de l’espace) ont un air de famille. Ce sont des versions actualisées du Turc ­mécanique, l’automate joueur d’échecs du XVIIIe siècle dont le mécanisme dissimulait un ­humain. Neuromancien, le ­roman fondateur de William Gibson paru en 1984, met en scène une IAG nommée Muet­dhiver ; elle ­décide de se ­libérer des chaînes humaines, mais, quand elle finit par s’échapper, elle ­entreprend de rechercher des IAG d’autres systèmes solaires, et la vie sur Terre reprend exactement comme avant. Dans la ­série Carbone modifié, les IA méprisent les humains, qu’ils traitent de "forme infé­rieure de vie", mais utilisent leurs super­pouvoirs pour jouer au poker dans un bar. Nous ne sommes pas pressés d’envisager la perspective de notre insignifiance. Aussi, en profitant des derniers rayons de notre souveraineté, nous nous délectons des ratés de l’IA. Comme lorsque le ­robot conversationnel Tay de Microsoft a répété des insanités racistes proférées par des utilisateurs de Twitter. Ou le jour où M, l’assistant virtuel de Facebook, ­remarquant que deux amis échangeaient sur un roman où il était question de cadavres vidés de leur sang, proposa de leur réserver un restaurant. Ou encore la fois où Google, incapable d’empêcher l’outil de reconnaissance des visages de Google Photos de confondre des Noirs et des gorilles, dut désactiver la reconnaissance des gorilles. La suffisance n’est sans doute pas la ­réaction la plus intelligente face à ce genre de ratés.

Auteur: Friend Tad

Info: Dans "Books", https://www.books.fr/nous-avons-convoque-diable/

[ humain-robot ] [ prise d'autonomie ]

 
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vieillir

Tu sais, je crois en la magie. Je suis né et j'ai grandi à une époque magique, dans une ville magique, parmi des magiciens. Oh, la plupart des autres ne réalisaient pas que nous vivions dans cette toile féérique, reliés par les filaments d'argent du hasard et des circonstances. Mais je l'ai toujours su. Quand j'avais douze ans, le monde était ma lanterne magique, et à la lueur de cette âme vive, je voyais le passé, le présent et l'avenir. Tu l'as sans doute vécu aussi, mais tu ne t'en souviens pas. Telle est mon opinion : nous commençons tous par connaître la magie. Nous sommes nés avec des tourbillons, des feux de forêt et des comètes en nous. Nous sommes nés capables de chanter aux oiseaux, de lire dans les nuages et de voir notre destin dans les grains de sable. Mais ensuite, la magie est extirpée de nos âmes par l'éducation. On nous l'enlève par l'église, la fessée, le lavage et le peignage. On nous met sur le droit chemin et on nous dit d'être responsables. On nous dit d'agir selon notre âge. On nous dit de grandir, pour l'amour de Dieu. Et tu sais pourquoi on nous dit ça ? Parce que les gens qui nous le disaient avaient peur de notre sauvagerie et de notre jeunesse, et parce que la magie que nous connaissions les rendait honteux et tristes de ce qu'ils avaient laissé dépérir en eux.

Mais une fois qu'on s'en est éloigné, on ne peut plus vraiment la retrouver, ça peut arriver pour quelques secondes. Simplees moments de conscience et de souvenir. Quand les gens pleurent au cinéma, c'est parce que dans cette salle obscure, la source dorée de la magie est effleurée, juste brièvement. Puis ils ressortent sous le dur soleil de la logique et de la raison et ça s'assèche, et ils se retrouvent le coeur brisé sans savoir pourquoi. Lorsqu'une chanson éveille un souvenir, lorsque des grains de poussière tournant dans un rayon de lumière détournent ton attention du monde, lorsque tu écoutes un train passer sur une voie ferrée la nuit au loin et que tu te demande où il peut bien aller, tu dépasse qui tu es et où tu es. Pendant le plus bref des instants, tu as pénétré dans le royaume magique.

C'est ce que je crois.

La vérité de la vie est que, année après année, nous nous éloignons de l'essence qui nous anime depuis le départ. Nous sommes accablés de fardeaux, certains bons, d'autres moins. Des choses nous arrivent. Des êtres chers meurent. Des gens sont victimes d'accidents et deviennent infirmes. Certains s'égarent, pour une raison ou une autre. Ce qui peut facilement arriver, dans ce monde de labyrinthes fous. La vie elle-même fait de son mieux pour nous retirer cette magie initiale. On ne s'en rend pas compte, jusqu'au jour où on sent qu'on a perdu quelque chose, sans savoir trop ce que c'est. C'est comme sourire à une jolie fille et qu'elle t'appelle "monsieur". Voilà comment ça se passe.

Ces souvenirs de qui j'étais et où je vivais sont importants pour moi. Ils constituent une grande partie de ce que je serai à la fin du voyage. J'ai besoin du souvenir de la magie si je dois un jour l'invoquer à nouveau. J'ai besoin de savoir et de me souvenir, et tiens à te le dire.

 

Auteur: McCammon Robert

Info: Boy's Life

[ désillusion ] [ enfance ] [ nostalgie ]

 

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homme-machine

Enfin, même si on découvrait des phénomènes quantiques dans le cerveau, leur caractère strictement imprévisible ne permettrait pas d'expliquer notre conception du libre arbitre. Comme l'a bien montré le philosophe Daniel Dennett, l'aléatoire pur ne confère à nos cerveaux "aucune forme valable de liberté" ("any kind of freedom worth having"). Souhaitons-nous vraiment que nos corps soient secoués de mouvements aléatoires et incontrôlables engendrés au niveau subatomique, qui rapprocheraient nos décisions des convulsions et des tics des patients souffrants du syndrome de Gilles de La Tourette, la fameuse "Danse de Saint-Guy" ? Rien n'est plus éloigné de notre conception de la liberté. La maladie de Tourette ne rend pas libre, bien au contraire. Jamais un coup de dés n'engendrera d'esprit libre.
Lorsque nous parlons du "libre arbitre", nous pensons à une forme beaucoup plus intéressante de liberté. Notre croyance en un libre arbitre résulte d'une observation élémentaire : dans des circonstances normales, nous prenons nos décisions en toute indépendance, en nous laissant seulement guider par nos idées, nos croyances et notre expérience passée, et en contrôlant nos pulsions indésirables. Nous exerçons notre libre arbitre chaque fois que nous avons la possibilité d'examiner les choix qui s'offrent à nous, d'y réfléchir posément et d'opter pour celui qui nous parait le meilleur. Une part de hasard entre dans nos choix volontaires, mais elle n'en constitue pas un élément indispensable. La plupart du temps, nos actions volontaires n'ont rien d'aléatoire : elles résultent d'un examen attentif des options disponibles, suivi du choix délibéré de celle qui emporte notre préférence.
Cette conception du libre arbitre n'a nul besoin de la physique quantique - elle pourrait être simulée par un ordinateur standard. Elle exige simplement un espace de travail qui recueille les informations en provenance des sens et de la mémoire, en fasse la synthèse, évalue les conséquences de chaque option, y consacre autant de temps que nécessaire et utilise cette réflexion pour guider notre choix. Voilà ce que nous appelons une décision volontaire, délibérée, prise "en toute conscience". En bref, l'intuition du libre arbitre doit être décomposée.
Elle recouvre, d'une part, l'idée que nos décisions sont fondamentalement indéterminées, non contraintes par la physique (une idée fausse) ; et d'autre part, celle que nous les prenons en toute autonomie (une idée respectable). Nos états cérébraux sont nécessairement déterminés par des causes physiques, car rien de ce qui est matériel n'échappe aux lois de la nature. Mais cela n'exclut pas que nos décisions soient réellement libres, si l'on entend par là qu'elles s'appuient sur une délibération consciente, autonome, qui ne rencontre aucun obstacle et qui dispose du temps suffisant pour évaluer le pour et le contre avant de s'engager. Quand toutes ces conditions sont remplies, nous avons raison de dire que nous avons exercé notre libre arbitre et pris une décision volontaire - même si celle-ci est toujours, en dernière analyse, déterminée par nos gènes, notre histoire et les fonctions de valeurs qui sont inscrites dans nos circuits neuronaux. Les fluctuations de l'activité spontanée de ces réseaux rendent nos décisions imprévisibles, y compris à nos propres yeux. Cependant, ce caractère imprévisible ne devrait pas être retenu comme l'un des critères essentiels du libre arbitre, ni ne devrait être confondu avec l'indétermination fondamentale de la physique quantique. Ce qui compte pour qu'une décision soit libre, c'est l'autonomie de la délibération.
Une machine pourvue d'un libre arbitre n'est absolument pas une contradiction dans les termes, juste une définition de ce que nous sommes.

Auteur: Dehaene Stanislas

Info: Le code de la conscience

[ miroir ]

 

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rupture

Lorsque mon mari eut une liaison avec quelqu'un d'autre, je remarquais ses yeux moins tendre lorsque nous dînions ensemble. Je l'entendais aussi chanter seul, lorsqu'il entretenait le jardin, ce n'était pas pour moi.

Il était courtois et poli ; il aimait être à la maison, mais dans la fantaisie de sa maison, ce n'était pas moi qui étais assise en face de lui et qui riait de ses blagues. Il ne voulait rien changer, il aimait sa vie. La seule chose qu'il voulait changer, c'était moi.

Il aurait mieux valu qu'il me déteste, ou qu'il me maltraite, ou qu'il fasse ses valises et parte.

En fait, il continuait de mettre son bras sur ma taille tout en parlant d'un nouveau mur pour remplacer la clôture pourrie qui séparait notre jardin de son potager. Je savais qu'il ne quitterait jamais notre maison. Il avait travaillé pour cela.

Jour après jour, je me sentais disparaître. Pour mon mari, je n'étais plus une réalité, j'étais une des choses qui l'entouraient. J'étais la clôture qu'il fallait remplacer. Je me suis regardée dans le miroir et me suis vue moins vivante et excitante. J'étais usée et grise comme un vieux pull qu'on ne peut pas jeter mais qu'on ne veut pas mettre.

Il a reconnu être amoureux d'elle, mais a dit qu'il m'aimait.

Traduit en clair ça voulait dire : je veux tout. Ca voulait dire, je ne veux pas encore te faire de mal. Ca voulait dire : je ne sais pas quoi faire, donne-moi du temps.

Pourquoi, pourquoi devrais-je te donner du temps ? Quel est celui que tu me donnes ? Je suis dans une cellule à attendre d'être appelée pour l'exécution.

Je l'aimais et étais amoureuse de lui. Je n'ai pas utilisé le langage qui aurait pu faire de mon coeur une zone de guerre.

"Tu es si simple et si bonne", a-t-il dit en me passant la main dans les cheveux.

Il voulait dire : "Tes émotions ne sont pas aussi complexes que les miennes". Mon dilemme est poétique.

Mais il n'y avait pas de dilemme. Il ne voulait plus de moi, mais il voulait notre vie.

Finalement, après qu'il soit parti avec elle pendant quelques jours pour revenir frétillant et conciliant, j'ai décidé de ne plus attendre dans ma cellule. Je suis allée où il dormait dans une autre pièce et lui ai demandé de partir. Très patiemment il m'a prié de me rappeler que la maison était sa maison, qu'on ne pouvait pas s'attendre à ce qu'il se retrouve sans abri parce qu'il était amoureux.

"Médée l'a fait", ai-je dit, "et Roméo et Juliette et Cressida, et Ruth dans la Bible".

Il m'a dit de me taire. Il n'était pas un héros.

Alors pourquoi devrais-je être une héroïne ?

Il n'a pas répondu, il a arraché la couverture.

J'ai réfléchi à mes choix.

Je pouvais rester et être malheureuse et humiliée.

Je pouvais partir et être malheureuse et digne.

Je pouvais le supplier de me toucher à nouveau.

Je pouvais vivre dans l'espoir et mourir d'amertume.

J'ai pris des affaires et suis partie. Ce n'était pas facile, c'était ma maison aussi.

J'ai entendu dire qu'il avait remplacé la clôture du potager.

Auteur: Winterson Jeanette

Info: Sexing the Cherry. Trad Mg

[ séparation ] [ couple ] [ homme-par-femme ]

 

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étatisme

D'abord Hitler a proclamé la guerre totale ; d'autre part, massacre total. Et l'on sait les lois de sa guerre ... Tout le monde a dû s'aligner sur lui - et faire la guerre totale, c'est à dire la guerre d'extermination des populations civiles (fort bien réussie !) et l'utilisation illimitée de toutes les forces et ressources des nations aux fins de la guerre. On ne pouvait faire autrement pour vaincre. Évidemment. Mais est-ce si certain que cela que l'on puisse vaincre le mal par le mal ? Ce qui est en tout cas incontestable, c'est qu'en nous conduisant à la nécessité des massacres des populations civiles, Hitler nous a prodigieusement engagé dans la voie du mal. Il n'est pas certain que l'on puisse en sortir si vite. Et, dans les projets de réorganisation du monde actuel, à voir la façon dont on dispose des minorités, dont on prévoit les transferts de populations, etc., on peut se demander si l'influence en ce qui concerne le mépris de la vie humaine (malgré de belles déclarations sur la vie humaine ! ) n'a pas été plus profonde qu'on ne le croirait.

D'autre part, la mobilisation totale a eu des conséquences parallèles. Non seulement le fait que les forces mobilisées accomplissent une tâche pour laquelle elle ne sont pas faites, mais surtout, le fait que l'Etat est couronné de la toute-puissance absolue.

Bien sûr ! On ne pouvait pas faire autrement. Mais il est assez remarquable de constater que là encore nous avons dû suivre les traces d'Hitler. Pour réaliser la mobilisation totale de la nation, tout l'Etat doit avoir en mains tous les ressorts financiers économiques, vitaux, et placer à la tête de tout des techniciens qui deviennent les premiers dans la nation. Suppression de la liberté, suppression de l'égalité, suppression de la disposition des biens, suppression de la culture pour elle même, suppression des choses, et bientôt suppression des gens inutiles à la défense nationale. L'Etat prend tout, l'Etat utilise tout par le moyen des techniciens. Qu'est ce donc sinon la dictature ? C'est pourtant ce que l'Angleterre aussi bien que les Etats-Unis ont mis sur pied ... et ne parlons pas de la Russie. Absolutisme de l'Etat. Primauté des techniciens. Sans doute nous ignorons le mythe anti-juif, mais ignorons nous le mythe anti-nazi ou anti-communiste ? Sans doute ignorons nous le mythe de la race, mais ignorons nous le mythe de la liberté ? Car on peut parler de mythe lorsque dans tout les discours il n'est question que de liberté alors qu'elle est pratiquement supprimée partout.

Mais dira-t-on, ce n'est que pour un temps, il le fallait pour la guerre, dans la paix on reviendra à la liberté. sans doute pendant quelques temps après la guerre, il est possible que dans certains pays favorisés on retrouve une certaine liberté, mais soyons rassuré que ce sera de courte durée. Après 1918, on a aussi prétendu que les mesures de guerre allaient disparaître ... Nous avons ce qu'il en a été ... D'ailleurs, deux choses sont à retenir ; d'abord les quelques plans économiques dont nous pouvons avoir connaissance (le plan Beveridge, le Plan du Full Employment, le plan financier américain) démontrent abondamment que l'Emprise de l'Etat sur la vie économique est un fait acquis et qu'on s'oriente vers une dictature économique sur le monde entier. Ensuite une loi historique : l'expérience de l'histoire nous montre que tout ce que l'Etat conquiert comme pouvoir, il ne le perd jamais.

Auteur: Ellul Jacques

Info: Article paru dans le journal hebdomadaire Réforme le Samedi 23 juin 1945

[ conséquences ] [ seconde guerre mondiale ] [ interventionnisme ] [ victoire après-coup ] [ nationalisme fou ]

 
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animal domestique

Oscar, le petit chat, arrive devant la chambre 313. La porte est ouverte, il entre. Mme K. est allongée paisiblement sur son lit et respire doucement. Autour d'elle, les photos de ses petits-enfants et une de son mariage. Malgré ces souvenirs, elle est seule. Oscar saute sur le lit, renifle l'air et marque une pause, histoire de considérer la situation. Sans plus hésiter, il fait alors deux tours sur lui-même pour se lover contre Mme K. Une heure passe. Oscar attend. Une infirmière entre, vérifie l'état de la malade et note la présence d'Oscar. Préoccupée, elle sort et commence à passer des coups de téléphone. La famille arrive, le prêtre est appelé pour les derniers sacrements. Le matou ne bouge toujours pas. Le petit-fils de Mme K. demande alors :" Mais que fait le chat ici ?* Sa mère, maîtrisant ses larmes, lui répond : " Il est là pour aider grand-mère à arriver au paradis... * Trente minutes plus tard, Mme K. pousse son dernier soupir. Oscar se lève, sort à pas de velours, sans que personne ne le remarque..."
Oscar, présente la particularité incroyable d'identifier les patients dont la mort est imminente. La prestigieuse revue médicale américaine The New England Journal of Medicine, dans son dernier numéro, loin de ses articles austères, a choisi de publier l'histoire vraie et touchante d'un petit chat pas comme les autres. Recueilli dans une unité pour malades d'Alzheimer à Rhode Island aux États-Unis, il présente la particularité incroyable d'identifier les patients dont la mort est imminente et de se blottir alors contre eux pour leur apporter un ultime réconfort. Il s'intéresse à chaque patient, mais ne s'installe sur leur lit que lorsque le moment fatal est arrivé. Le docteur David Dosa, gériatre à l'hôpital Rhode Island de Providence, travaillant dans cette unité, décrit avec précision dans le New England comment ce chat a transformé les pratiques de fin de vie, en prévoyant les décès, permettant d'organiser l'appel aux familles et les derniers offices religieux. "Un indicateur quasi certain"
L'animal, âgé de deux ans, tigré et blanc, a été adopté par le personnel de l'unité de soins spécialisés dans la maladie d'Alzheimer situé au troisième étage. Selon David Dosa, Oscar fait des rondes régulières, observe les patients, les renifle avant de passer son chemin ou de s'installer pour un dernier câlin. Il lui est arrivé d'accompagner jusqu'à leur ultime demeure des mourants qui, faute de famille, seraient morts tout seul.
Ses prévisions se sont révélées jusqu'à présent si exactes que, dès qu'il se blottit contre un patient, les soignants contactent les proches. "Personne ne meurt au troisième étage sans avoir reçu la visite d'Oscar, écrit David Dosa. Sa seule présence au chevet d'un patient est perçue par les médecins et les soignants comme un indicateur quasi certain d'un décès imminent." Jusqu'ici, il a supervisé la mort de plus de 25 pensionnaires, selon David Dosa, qui a précisé de ne pas pouvoir fournir d'explication aux capacités divinatoires du chat. Oscar a-t-il des dons particuliers ? Cette histoire permet de méditer en tout cas sur l'impact des animaux de compagnie dans certaines structures destinées aux personnes âgées.
Les chats, animaux particulièrement affectueux, pourraient jouer un rôle de réconfort pour ces malades atteints d'Alzheimer que la démence éloigne du monde rationnel. L'agence d'hospitalisation locale, en tout cas, a pris la mesure du rôle d'Oscar puisqu'elle a fait graver ces quelques mots sur le mur du service : "Cette plaque récompense Oscar le chat pour ses soins dignement compassionnels."

Auteur: Internet

Info: N.O.T. lundi 30 juillet 2007

[ sixième sens ] [ 6e sens ]

 

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enfance

C’est lorsque l’enfant a atteint l’âge scolaire que son Moi se constitue, en même temps que commence le processus d’adaptation au monde extérieur. Et cette phase de son évolution est généralement marquée d’un certain nombre de chocs pénibles. Certains enfants ont le sentiment d’être très différents des autres, et ce sentiment de singularité leur inspire une tristesse caractéristique de la solitude enfantine. Les imperfections du monde, le mal qu’on découvre en soi-même, aussi bien qu’au-dehors, deviennent des problèmes conscients. Si l’épanouissement normal de la conscience se trouve perturbé au cours de ce développement, les enfants, fréquemment, pour échapper à leurs difficultés extérieures ou intérieures, se retirent dans une "forteresse" intérieure. Lorsque ceci se produit, on découvre dans leurs rêves, ou dans les dessins qui donnent au matériel inconscient une expression symbolique, la récurrence à un degré inhabituel d’un motif circulaire, quadrangulaire ou "nucléaire" (que j’expliquerai un peu plus loin). C’est une référence au noyau psychique, au centre vital de la personnalité d’où émane tout le développement structurel de la conscience. Il est normal que l’image de ce centre se manifeste d’une façon particulièrement frappante quand la vie psychique de l’individu est menacée. C’est ce noyau central (pour autant que nous le sachions) qui détermine la façon dont se constitue le Moi conscient, qui n’est apparemment que le double, ou la contrepartie structurelle, de ce centre originel. Dans cette première phase, beaucoup d’enfants cherchent ardemment un sens à la vie, qui puisse les aider à dominer le chaos qu’ils découvrent en eux et autour d’eux. D’autres, néanmoins, continuent à être gouvernés inconsciemment par le dynamisme d’archétypes instinctuels hérités. Ceux-là ne s’inquiètent pas de la signification profonde de la vie, car l’amour, la nature, le sport, le travail, leur offrent un sens immédiat et suffisant. Ils ne sont pas nécessairement superficiels. Ils sont d’ordinaire entraînés dans le cours de la vie avec moins de frictions, moins de conflits, que ceux qui ont davantage tendance à l’introspection. Si je voyage en voiture ou en train sans regarder par la fenêtre, ce ne seront guère que les arrêts, les redémarrages, les tournants qui me feront prendre conscience du mouvement qui m’emporte. Le processus d’individuation proprement dit, c’est-à-dire l’accord du conscient avec son propre centre intérieur (noyau psychique) ou Soi, naît en général d’une blessure ou d’un état de souffrance qui est une sorte "d’appel", bien qu’il ne soit pas souvent reconnu comme tel. Au contraire, le moi se sent frustré dans sa volonté ou son désir et projette la cause de cette frustration sur quelque objet extérieur. Il accusera Dieu, la situation économique, le patron ou le conjoint, d’être responsables de cette frustration. Il peut arriver aussi qu’en dépit d’une vie apparemment agréable, une personne souffre d’un ennui mortel, qui fait que tout lui paraît dénué de sens et vide. Beaucoup de mythes et de contes de fées décrivent cette situation initiale du processus d’individuation en racontant l’histoire d’un roi qui est tombé malade ou devenu vieux. Un autre thème caractéristique est celle du couple royal stérile ; ou du monstre qui dévore les femmes, les enfants, les chevaux et la richesse du royaume, ou du démon qui empêche l’armée ou les vaisseaux du roi de poursuivre leur chemin ; ou encore les ténèbres qui envahissent le pays, la sécheresse, les inondations, ou le froid. On dirait que la première rencontre avec le Soi jette une ombre sur l’avenir, ou que cet "ami intérieur" agit comme le chasseur qui prend à son piège un Moi incapable de se défendre.

Auteur: Franz Marie-Louise von

Info: Chapitre "Le processus d’individuation" de l’ouvrage collectif L’homme et ses Symboles (Editions Robert Laffont)

[ psychologie analytique ] [ croissance psychique ] [ troubles ]

 

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annotations

Parfois, les notes sont féroces,

escarmouches contre l'auteur

qui font rage le long des bords des pages

en minuscules caractères noirs.

Si seulement je pouvais mettre la main sur vous,

Kierkegaard, ou Conor Cruise O'Brien,

semblent-elles dire,

je bloquerai la porte et vous ferais entrer la logique dans la tête.



D'autres commentaires sont plus désinvoltes, dédaigneux...

"C'est absurde." "Ben voyons !" "HA !!" -

ce genre de choses.

Je me souviens d'une fois où j'ai levé les yeux de ma lecture,

le pouce en guise de marque-page,

en essayant d'imaginer à quoi devait ressembler la personne

qui avait écrit "Ne sois pas si stupide"

en bordure d'un paragraphe de La vie d'Emily Dickinson.



Les étudiants sont plus modestes

et laissent de plus rares empreintes au hasard

des longs rivages de la page.

L'un d'eux griffonne "Métaphore" à côté d'une strophe d'Eliot.

Un autre inscrit juste "Ironie"

cinquante fois face aux paragraphes de A Modest Proposal



D'autres sont comme ces fans qui crient depuis les gradins vides,

mains autour de la bouche.

"Absolument", crient-ils

à Duns Scot et James Baldwin.

"Oui." "En plein dans le mille." "Tu es mon homme !"

Coches, astérisques et points d'exclamation

constellent les lignes de touche.



Et si vous avez réussi à obtenir votre diplôme universitaire

sans jamais avoir écrit "L'homme contre la nature"

dans une marge, peut-être est-il maintenant temps

de faire un pas en avant.



Nous nous sommes tous appropriés le périmètre blanc

et avons pris un stylo, ne serait-ce que pour montrer

que nous ne nous sommes pas contentés de paresser dans un fauteuil en tournant des pages ;

et avons laissé quelque remarque sur le bas côté,

planté une impression dans la bordure.



Même les moines irlandais en leurs scripts glaciaux

ont noté en bordure des évangiles 

de brèves remarques sur les difficultés de la copie,

le chant d'un oiseau près de leur fenêtre,

ou la lumière du soleil qui illuminait leur page -

ombres anonymes de passage dans le futur

sur un vaisseau plus durable qu'eux-mêmes.



Et tu n'as pas lu Joshua Reynolds,

disent-elles, avant que tu le découvres

intriqué dans le furieux gribouillage de Blake.



Pourtant, celle à laquelle je pense le plus souvent,

que je conserve comme un médaillon,

était inscrite dans l'exemplaire de l'Attrape-Coeurs

que j'avais emprunté à la bibliothèque locale

un été calme et chaud.

Je venais juste de commencer le lycée à l'époque,

je lisais sur un canapé du salon de mes parents,

et ne puis que difficilement avouer

à quel point ma solitude s'amplifia,

combien le monde s'est aggrandi

lorsque j'ai trouvé sur une page



quelques taches graisseuses

et à côté d'elles, écrit au crayon -

par une jolie fille, ça se devinait,

que jamais je ne rencontrerai -

Pardonnez les taches de salade aux oeufs, mais je suis amoureuse.


Auteur: Collins Billy William James

Info: Picnic, Lightning. Trad Mg

[ soulignages ] [ scolies ] [ réflexivité ] [ romantisme ] [ adolescence ]

 
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advaita

Au cours de cette même période de sa vie, Bohm continua également d'affiner son approche alternative de la physique quantique. En examinant plus attentivement la signification du potentiel quantique, il se rendit compte qu'il présentait un certain nombre de caractéristiques qui impliquaient une rupture encore plus radicale avec la pensée orthodoxe. L'une d'elles est l'importance de l'intégralité. La science classique avait toujours considéré l'état d'un système dans son ensemble comme le simple résultat de l'interaction de ses parties. Cependant, le potentiel quantique remettait en cause cette vision et indiquait que le comportement des parties était en fait organisé par le tout. Non seulement l'affirmation de Bohr selon laquelle les particules subatomiques ne sont pas des "choses" indépendantes, mais font partie d'un système indivisible, fut poussée plus loin, mais on suggéra même que la totalité était en quelque sorte la réalité la plus primaire. Il expliqua également comment les électrons dans les plasmas (et d'autres états spécialisés tels que la supraconductivité) pouvaient se comporter comme des ensembles interconnectés. Comme l'affirme Bohm, ces "électrons ne sont pas dispersés car, grâce à l'action du potentiel quantique, l'ensemble du système subit un mouvement coordonné qui ressemble davantage à une danse de ballet qu'à une foule de personnes non organisées". Il note une fois de plus qu'"une telle activité globale quantique est plus proche de l'unité du fonctionnement organisé des parties d'un être vivant que du type d'unité que l'on obtient en assemblant les pièces d'une machine."

Une caractéristique encore plus surprenante du potentiel quantique était ses implications au niveau de la localisation. Dans notre vie quotidienne, les choses ont des emplacements spécifiques, mais l'interprétation de la physique quantique par Bohm indiquait qu'à l'échelle subquantique, celle où le potentiel quantique opère, la notion d'emplacement n'existe plus. Tous les points de l'espace sont alors égaux à tous les autres points de l'espace, et il est inutile de parler d'une chose comme étant séparée d'une autre. Les physiciens appellent cette propriété "non-localité". Aspect non local du potentiel quantique qui a permis à Bohm d'expliquer la connexion entre des particules jumelles sans que celà viole l'interdiction faite par la relativité restreinte pour tout ce qui se déplace plus vite que la vitesse de la lumière. Pour illustrer comment, il propose l'analogie suivante : Imaginez un poisson qui nage dans un aquarium. Imaginez également que vous n'avez jamais vu de poisson ou d'aquarium auparavant et que votre seule connaissance à leur sujet provient de deux caméras de télévision, l'une dirigée vers l'avant de l'aquarium et l'autre vers son côté. Lorsque vous regardez les deux écrans de télévision, vous pouvez penser à tort que les poissons qui s'y trouvent sont des entités distinctes. Après tout, comme les caméras sont placées à des angles différents, chacune des images sera légèrement différente. Mais en continuant à regarder, vous finirez par réaliser qu'il existe une relation entre les deux poissons. Quand l'un se tourne, l'autre fait un tour légèrement différent mais correspondant. Quand l'un fait face à l'avant, l'autre fait face à l'arrière, et ainsi de suite. Si vous n'avez pas conscience de l'ampleur de la situation, vous pourriez conclure à tort que les poissons communiquent instantanément entre eux, mais ce n'est pas le cas. Il n'y a pas de communication parce qu'à un niveau plus profond de la réalité, la réalité de l'aquarium, les deux poissons sont en fait une seule et même chose. Selon Bohm, c'est précisément ce qui se passe entre des particules telles que les deux photons émis lors de la désintégration d'un atome de positronium. 


Auteur: Talbot Michael Coleman

Info: L'univers holographique

[ brahman ] [ biais dual ]

 

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