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legs philosophique

Si parfois je me suis cru malheureux, c'est sous l'influence d'une confusion, d'une erreur. Je me suis pris pour un autre, par exemple pour un suppléant qui n'arrive pas à se faire titulariser, pour l'accusé dans un procès en diffamation, pour l'amoureux que cette jeune fille dédaigne, pour le malade qui ne peut sortir de chez lui, pour d'autres personnes souffrant de pareilles misères. Je n'ai pas été ces personnes. Elles ont été, tout au plus, le tissu de plusieurs vêtements que j'ai portés, puis rejetés. Qui suis- je réellement ? Je suis l'auteur de Le Monde comme volonté et représentation; je suis celui qui a donné à l'énigme de l'Être une réponse qui occupera les penseurs des siècles futurs. Voilà l'homme que je suis; qui pourrait le contester dans les années qui me restent encore à vivre ?

Auteur: Schopenhauer Arthur

Info: Rapporté par Eduard Grisebach, 1860. Aussi relevé par Borges dans Enquêtes, Histoires des échos d'un nom, Folio, p 216

[ illusions ] [ postérité ] [ autocritique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

transmission transgénérationnelle

Ayant cohabité jusqu’à l’âge de trente ans avec mes grands-parents (l’idée de s’en séparer ne venait même pas à l’esprit dans notre civilisation rurale) et sachant ce que j’ai reçu d’eux durant et bien après mon enfance, j’avoue que de tels propos [sur la réclusion des anciens en maison de retraite] me déconcertent. Je ne cache pas qu’il y avait une part de friction et de support mutuel parfois pénible entre mes parents et mes grands-parents, mais ces inévitables misères de la vie commune n’étaient que la faible rançon d’un très large éventail d’échanges positifs. Et encore ne concernaient-elles que les deux générations d’adultes et ne troublaient-elles en rien la limpidité spontanée de mes rapports avec mes grands-parents. Plus j’avance dans la vie, plus je découvre combien la qualité de leur tendresse et de leurs enseignements – si différente de celle qui vient des parents – m’a pénétré jusque dans les fibres les plus secrètes de mon être.

Auteur: Thibon Gustave

Info: Dans "L'équilibre et l'harmonie", Librairie Arthème, Fayard, 1976, page 143

[ reconnaissance ] [ richesse ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

achèvement

Je suis en paix avec moi-même.

Je sais, maintenant, à force d’y avoir pensé dans le silence, l’œil fixé à l’horizon sur le poteau de Satory – notre crucifix à nous ! – je sais que les fureurs des foules sont crimes d’honnêtes gens, et je ne suis plus inquiet pour ma mémoire, enfumée et encaillottée de sang.

Elle sera lavée par le temps, et mon nom restera affiché dans l’atelier des guerres sociales comme celui d’un ouvrier qui ne fut pas fainéant.

Mes rancunes sont mortes – j’ai eu mon jour.

Bien d’autres enfants ont été battus comme moi, bien d’autres bacheliers ont eu faim, qui sont arrivés au cimetière sans avoir leur jeunesse vengée.

Toi, tu as rassemblé tes misères et tes peines, et tu as amené ton peloton de recrues à cette révolte qui fut la grande fédération des douleurs.

De quoi te plains-tu ? 

Auteur: Vallès jules

Info: Dans "L'Insurgé", Librairie générale française, 1986, pages 341-342

[ parcours d'existence ] [ satisfaction ] [ sens ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

dialogue

STEINER : Je n'arrive pas à te comprendre, tu as des attitudes d'homme généreux... honnête, et puis tout à coup tu deviens froid et calculateur... Je me trompe peut-être... et puis ce n'est certainement pas un ivrogne comme moi qui peut décider où se trouve la vérité. Mais ça m'ennuie de te voir impliqué dans des histoires d'intérêt... Tu m'as l'air d'un type complètement en dehors du calcul... des programmations... des petites misères de tous les jours...
CORTO : Écoute, mon vieux, il y a longtemps que je fais face à mes problèmes tout seul et je t'assure que je n'ai aucune envie de changer, tout simplement parce que le premier venu me conseille de le faire... Je t'ai pris avec moi parce que tu es sympathique... mais si tu veux faire de la censure, tu dois changer d'adresse... Tu vois, Steiner, je ne suis pas assez sérieux pour donner des conseils et je le suis trop pour en recevoir.

Auteur: Pratt Hugo

Info: Corto Maltese : Sous le signe du Capricorne

[ tolérance ] [ recul ] [ réserve ]

 

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condition humaine

Je ressentis soudain quelque chose comme de la tendresse pour cet homme, cette tendresse que l'on ressent pour la commune médiocrité de l'humanité, pour le quotidien banal du chef de famille qui se rend à son travail, pour son humble et joyeux foyer, pour les petites joies et petites misères dont se compose forcément son existence, pour son innocence à vivre sans analyser -bref, pour le naturel tout animal de ce dos habillé. [...]



Or, le dos de cet homme dort. Cet être qui marche devant moi, d'un pas égal au mien, dort intégralement. Il marche, inconscient. Il vit, inconscient. Il dort, parce que nous dormons tous. La vie tout entière est sommeil. Nul ne sait ce qu'il fait, nul ne sait ce qu'il veut, nul ne sait ce qu'il sait. Nous dormons la vie, éternels enfants du Destin. C'est pourquoi je ressens, si je pense avec cette sensation, une tendresse immense et informe pour cette humanité infantile, pour cette vie sociale endormie, pour tous et pour tout.

Auteur: Pessoa Fernando (Alv. de Campos)

Info:

[ vanité ] [ compassion ] [ ignorance ] [ fraternité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

suggestion

Tout le monde connaît la fameuse scène où tous, à force de dire à Basile "Vous êtes pâle à faire peur", finissent par lui faire croire qu'il est malade. Cette scène me revient à l'esprit toutes les fois que je me trouve au milieu d'une famille étroitement unie, où chacun surveille la santé des autres. Malheur à celui qui est un peu pâle ou un peu rouge ; toute la famille l'interroge avec un commencement d'anxiété : "Tu as bien dormi ?", "Qu'as-tu mangé hier ?", "Tu travailles trop", et autres propos réconfortants. Viennent ensuite des récits de maladies "qui n'ont pas été prises assez tôt". Je plains l'homme sensible et un peu poltron qui est aimé, choyé, couvé, soigné de cette manière-là. Les petites misères de chaque jour, coliques, toux, éternuements, bâillements, névralgies, seront bientôt pour lui d'effroyables symptômes, dont il suivra le progrès, avec l'aide de sa famille, et sous l'oeil indifférent du médecin, qui ne va pas, vous pensez bien, s'obstiner à rassurer tous ces gens-là au risque de passer pour un âne.

Auteur: Alain

Info: 30 mai 1907

[ rapports humains ] [ miroirs ]

 

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aptitudes naturelles

Tout être humain a sa vocation, sa vocation à lui, personnelle, individuelle. Si lui-même et, avant lui, tous ceux à qui il peut incomber de s'occuper de lui pour l'amener à sa perfection, savent découvrir cette vocation, s'ils savent y correspondre, s'ils la font aboutir selon qu'il convient, la perfection de chaque être humain en particulier, et, par suite, la perfection de tous les êtres humains dans leur ensemble sera idéale, aussi complète qu'il est possible d'y aspirer. Au contraire, si l'on se trompe sur la vocation d'un être humain, si on l'engage sur une voie qui n'est point la sienne, — outre que sa vie à lui sera une vie tronquée, heurtée, troublée, malheureuse à des degrés divers, selon la nature et l'étendue de Terreur, la vie même des autres, de tous dans le genre humain, par une répercussion plus ou moins lointaine ou profonde, s'en ressentira; et c'est par là qu'il faudra expliquer ensuite tant de malaises, de misères, de désordres, de ruines de toutes sortes, dans les familles et dans les cités.

Auteur: Pègues Thomas

Info: Dans "Aperçus de philosophie thomiste et de propédeutique", page 284

[ potentialités ] [ éducation ] [ errance ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

rejetés

Rassemblez-vous des enfants dans un collège ? Cette image en raccourci de la société, mais image d’autant plus vraie qu’elle est plus naïve et plus franche, vous offre toujours de pauvres ilotes, créatures de souffrance et de douleur, incessamment placées entre le mépris et la pitié : l’Évangile leur promet le ciel.

Descendez-vous plus bas sur l’échelle des êtres organisés ? Si quelque volatile est endolori parmi ceux d’une basse-cour, les autres le poursuivent à coups de bec, le plument et l’assassinent.

Fidèle à cette charte de l’égoïsme, le monde prodigue ses rigueurs aux misères assez hardies pour venir affronter ses fêtes, pour chagriner ses plaisirs. Quiconque souffre de corps ou d’âme, manque d’argent ou de pouvoir, est un Paria. Qu’il reste dans son désert ; s’il en franchit les limites, il trouve partout l’hiver : froideur de regards, froideur de manières, de paroles, de cœur ; heureux, s’il ne récolte pas l’insulte là où pour lui devait éclore une consolation. Mourants, restez sur vos lits désertés. Vieillards, soyez seuls à vos froids foyers. Pauvres filles sans dot, gelez et brûlez dans vos greniers solitaires.

Si le monde tolère un malheur, n’est-ce pas pour le façonner à son usage, en tirer profit, le bâter, lui mettre un mors, une housse, le monter, en faire une joie ?

Auteur: Balzac Honoré de

Info: Dans "La peau de chagrin", Librairie générale française, 1984, page 324

[ laissés-pour-compte ] [ forts-faibles ] [ acharnement ] [ endurance ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

xénophobie

L'étranger est-il, ainsi que le prétendent certains, un rêveur tiraillé entre le regret de son pays d'origine et l'avidité de découvrir de nouvelles contrées, entre la nécessité de ne faire partie d'aucune communauté et le désir de vivre en symbiose avec la tribu à laquelle il s'est incorporé ? Ou est-il, comme l'écrit Baudelaire, cet homme énigmatique qui n'a ni père, ni mère, ni sœur, ni frère, ni amis, qui ignore sous quelle latitude est situé sa patrie, qui hait l'or et n'aime que les nuages, "les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages" ? Représente-t-il un danger, car il vient de ces rivages que nous ne connaissons pas et apporte avec lui son lot de misères ? Nous nous disons que nous en avons assez des nôtres et nous voyons d'un mauvais œil l'irruption de celui-là que nous ne comprenons pas et ne ferons jamais l'effort de comprendre. Il ne peut être notre alter ego, il peut au contraire être notre cauchemar, tant nous le tenons pour un envahisseur. Nous sommes fiers de nos œillères, parce que sans elles nous ne serions plus ni qui nous sommes, parce que nous nous définissions en nous opposant à ce quidam qui ne nous ressemble pas : nous ne voulons pas nous projeter sur lui, nous ne voulons pas de cette "autrement" qu'il nous propose.

Auteur: Lê Linda

Info: Par Ailleurs, (Exils), p 24

[ question ] [ interrogation ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

conditionnel

.....l’idée des mouvements de fond, invasions ou transformations sociales qui fonderaient l’Histoire et la rendraient compréhensible et donc prévisible m’a toujours un peu agacé, parce qu’elle ne prend pas en considération le facteur humain et encore moins le plus grand vecteur de l’Histoire à mon avis, à savoir le hasard, l’imprévu.. Si Hitler avait été tué au cours de la Première Guerre mondiale, si un artilleur français avait fait osciller de quelques millimètres son canon ou sa mitrailleuse, si un soldat allemand n’avait pas malencontreusement tué d’un coup de baïonnette un soldat français qui un instant plus tard aurait trouvé sur sa trajectoire l’affreux Adolf qu’il aurait abattu ou embroché, tout n’aurait-il pas été différent ? Certes, il y aurait eu l’injustice du traité de Versailles, et le désir de revanche allemand, et l’antisémitisme dans l’Europe de cette époque. Mais ils ne se seraient pas exprimés de la même manière, et peut-être pas avec la même violence. Le monde n’aurait pas été ravagé ni les juifs exterminés de la sorte, et du coup, la mauvaise conscience n’aurait pas poussé les Européens à soutenir la naissance d’Israël, qui n’aurait peut-être pas vu le jour, ou pas comme cela s’est produit. Toutes les misères qui se sont ensuite succédées n’auraient pas eu lieu, et la situation ici aujourd’hui, là où nous nous trouvons, et qui peut-être découle d’un coup de baïonnette raté il y a cent ans, n’aurait pas été celle-là, et vous et moi n’aurions pas été en train d’en parler à l’instant.

Auteur: Majdalani Charif

Info: Dernière oasis

[ avec des si ] [ effet papillon ]

 
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Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste