Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 23
Temps de recherche: 0.0405s

survie

Un homme mourait et, depuis le ciel, il contemplait sa vie qui se matérialisait comme une immense plage sur laquelle il voyait cheminer les marques de ses propres pas. À côté, il y avait d'autres traces de pas: celles de Dieu, qui l'accompagnait. Mais aux moments les plus difficiles de son existence, il n'y avait plus qu'une seule marque de pas. Alors l'homme demandait à Dieu pourquoi il l'avait abandonné quand il avait le plus besoin de lui. Et Dieu répondait: Je ne t'ai pas abandonné. Dans ces moments-là, c'est moi qui te portais.

Auteur: Sandrine Collette

Info: Des noeuds d'acier

[ dépassement ]

 

Commentaires: 0

projections

Souvent, d’ailleurs, aux moments difficiles, tu te surprendras à parler à la montagne, tantôt la flattant, tantôt l’insultant, tantôt promettant, tantôt menaçant ; et il te semblera que la montagne répond, si tu lui as parlé comme il fallait, en s’adoucissant, en se soumettant. Ne te méprise pas pour cela, n’aie pas honte de te conduire comme ces hommes que nos savants appellent des primitifs et des animistes. Sache seulement, lorsque tu te rappelles ensuite ces moments-là, que ton dialogue avec la nature n’était que l’image, hors de toi, d’un dialogue qui se faisait au-dedans.

Auteur: Daumal René

Info: Le Mont Analogue

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

susceptibilité

Cette pulsion de mort, je l'avais vue à l'oeuvre un million de fois, déjà. Elle germait dans les orgueils bafoués, déclenchait les bagarres de rue, attisait la colère des émeutiers ; elle rendait fou les maris jaloux, mettait des couteaux dans les mains des cigarières rivales, poussait le souteneur à cogner plus fort que nécessaire, par plaisir ; elle mouvait jusqu'aux marmots querelleurs et cruels, apprentis bourreaux se plaisant à tourmenter le petit, le moche ou l'esseulé. Je détestais leurs rires d'enfants dans ces moments-là. J'y entendais les adultes qu'ils seraient demain : futurs bagarreurs, futurs émeutiers, futurs époux jaloux...

Auteur: Albert Rafaël

Info: Les extraordinaires et fantastiques enquêtes de Sylvo Sylvain, Tome 1, Rue Farfadet

[ haine ] [ déclic ] [ sensibilité ] [ rancune ] [ rage ]

 

Commentaires: 0

lucidité

Maman dit que chacun d'entre nous porte un voile qui le sépare du reste du monde - comme une mariée le jour de son mariage, sauf qu'il ne se voit pas. On se promène tranquillement avec le visage couvert de ce voile invisible qui rend les choses un peu floues, et ça nous arrange.
Mais quelques fois, le voile se soulève l'espace de quelques minutes, comme s'il y avait un coup de vent. Et dans ces moments-là, on découvre le monde tel qu'il est, juste quelques secondes, le temps que le voile retombe. On voit toute la beauté et la cruauté, et la tristesse, et l'amour. Mais en général, on préfère ne pas les voir. Seules quelques personnes apprennent à soulever leur voile toutes seules, et n'ont plus à compter sur le vent.

Auteur: Stead Rebecca

Info: Hier tu comprendras

[ clairvoyance ] [ littérature ]

 

Commentaires: 0

avilissement

Je retournai chez moi avec la sensation d'une solitude absolue. Généralement, cette sensation d'être seul au monde s'accompagne chez moi d'un orgueilleux sentiment de supériorité : je méprise les hommes, je les vois sales, laids, incapables, avides, grossiers, mesquins ; ma solitude ne m'effraie pas, elle est pour ainsi dire olympienne. Mais ce jour-là, comme à d'autres moments semblables, ma solitude était la conséquence de ce qu'il y avait de pire en moi, de mes bassesses. Dans ces cas-là, je sens que le monde est méprisable, mais je comprends que moi aussi je fais partie de ce monde ; dans ces moments-là, je suis envahi d'une fureur d'anéantissement, je me laisse caresser par la tentation du suicide, je me soûle, je recherche les prostituées. Et je ressens une certaine satisfaction à éprouver ma propre bassesse et à admettre que je ne suis pas meilleur que les monstres répugnants qui m'entourent.

Auteur: Sabato Ernesto

Info: Le tunnel, chapitre XXI

[ projection ] [ jouissance ] [ déchéance ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

spleen thérapie

Eh bien, donc, lorsque je ne suis plus capable de rien, que je ne tiens plus sur mes jambes, avec mon mauvais point de côté, je vais me cacher dans un coin, toute seule et - vous allez rire - au lieu de me raconter des choses gaies, des choses qui remontent, je pense à tous ces gens que je ne connais pas, qui me ressemblent - et il y en a, la terre est grande ! - les mendiants qui battent la semelle sous la pluie, les gosses perdus, les malades, les fous des asiles qui gueulent à la lune, et tant ! et tant ! Je me glisse parmi eux, je tâche de me faire petite, et pas seulement les vivants, vous savez ? les morts aussi, qui ont souffert, et ceux à venir, qui souffriront comme nous… - "Pourquoi ça ? Pourquoi souffrir?" qu’ils disent tous… Il me semble que je le dis avec eux, je crois entendre, ça me fait comme un grand murmure qui me berce. Dans ces moments-là, je ne changerais pas ma place pour celle d’un millionnaire, je me sens heureuse.

Auteur: Bernanos Georges

Info: Journal d'un curé de campagne

[ empathie prolétaire ] [ altruisme ] [ remède ] [ déprime ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

écriture

J'écris, triste, dans ma chambre paisible, seul comme je l'ai toujours été, seul comme toujours je le serai. Et je me demande si ma voix, chose apparemment si insignifiante, n'incarne pas la substance de milliers de voix, l'avide besoin de se raconter des milliers de vies, la patience de millions d'âmes, soumises comme la mienne au destin quotidien, au rêve inutile, à l'espoir sans lendemain. Dans ces moments-là mon cœur bas plus fort par la conscience que j'en ai. Je vis plus car je vis plus grand. Je sens en ma personne une force religieuse, une espèce d'oraison, un semblant de clameur. Mais la réaction contre moi-même émane de mon intelligence... Je me vois à ce quatrième étage de la Rua dos Douradores, je sens que j'ai sommeil ; je regarde, sur ma feuille de papier à moitié rédigée, ma main dépourvue de beauté, et la cigarette bon marché que la gauche promène sur mon vieux buvard. Moi, ici, à ce quatrième étage, en train d'interpeller la vie ! de dire ce que les âmes sentent ! de faire de la prose comme les génies et les hommes célèbres ! Ici, moi, comme ça !...

Auteur: Pessoa Fernando (Alv. de Campos)

Info: Livre(s) de l'Inquiétude, pp 265-266. Trad : Marie-Hélène Piwnik. Christian Bourgeois éditeur 2018

[ solitude ] [ autoportrait ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

maman

Car de cette demi-minute passée sous l'eau, me restait surtout l'image de ma mère, mais aussi la sensation corporelle de sa présence. Ce visage gigantesque, brillant devant mes yeux comme une visitation angélique, m'avait fait revivre cette proximité que j'avais sentie dans tant et tant de nuits froides, lorsque maman venait me border dans mon lit et caresser mes joues, en partageant avec moi la chaleur de son haleine comme une sorte d'élan vital. Et j'emploie cette expression sans aucune exagération, car pendant ces moments-là j'avais l'impression de pouvoir inhaler exactement la bouffée qu'elle venait d'inspirer et que cet air, ainsi enrichi, me protégerait pour traverser les longues incertitudes de la nuit. La sensation d'avoir un nez, et qu'il soit si près du sien, la sensation d'avoir une poitrine étroite et nouvelle, comme d'un pigeon, qu'elle emmitouflait avec soin, comme si c'était la sienne, ou même plus, comme si elle logeait dans un coin de cette minuscule cage d'os, toutes ces réminiscences de la petite enfance - cette époque où avoir une mère représentait une puissance évidente, inaliénable et éternelle - avaient été réactivées d'un coup et palpitaient aux tempes, aux oreilles et au nez, comme disant : "Anibal est toujours là, caché : cherchez-le".

Auteur: Casacuberta Pablo

Info: Scipion

[ littérature ]

 

Commentaires: 0

parasites

Horaires libres, je peux me lever à midi et bosser jusqu’à 3 heures du matin. Mon seul problème, c’est le quidam qui radine, à l’improviste. Et qui ne comprend pas ce que je fabrique entre ces quatre murs. Il s’assied sur un fauteuil et me regarde, il n’est là que pour capter mon énergie et me refiler du vent en échange. Il arrive qu’ils soient plusieurs, et qu’ils s’accrochent. Dans ces moments-là, à moins d’accepter de se laisser submerger par cette équipe de bons à rien, il me faut être cruel – eux aussi, cela dit, le sont en ne respectant pas mon travail. Je les fous donc à la porte à coups de pied dans le cul. Mais, parmi ces visiteurs imprévus, il en est, je le reconnais, qui me donnent le meilleur d’eux-mêmes, qui m’offrent sans compter leur force et leurs lumières, sinon tous les autres se contentent de faire rejaillir sur moi leur propre inutilité. Je ne vois pas ce qu’il y aurait d’humain à tolérer à ses côtés la présence de morts, au contraire je contribue par ma seule présence à l’accélération de leur décomposition, et d’ailleurs, lorsqu’ils me quittent pour regagner leurs cercueils, ils laissent toujours sur le plancher quelques lambeaux de leurs chairs méphitiques.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Un carnet taché de vin", pages 233-234 - A propos de son "métier" d'écrivain

[ vampirisme ] [ mort-vivant ] [ solitude ] [ casse-pieds ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

instant présent

Je me rappelle quand tu auras un mois ; je sortirai du lit tant bien que mal pour ton lait de deux heures du matin. Ta chambre d'enfant "sentira le bébé" : un mélange de talc et de pommade, et un relent ammoniaqué issu de la poubelle à couches-culottes. Je me pencherai sur ton berceau pour te soulever dans un concert de braillements et je m'assiérai dans le fauteuil à bascule pour t'allaiter.

"Enfant" dérive d'un mot latin qui signifie "incapable de parler", mais tu seras parfaitement capable de dire une chose sans la moindre lassitude, sans la moindre hésitation : "Je souffre". J'admirerai ta détermination à effectuer cette déclaration. En sanglot, tu deviendras l'outrage incarné ; chaque fibre de ton corps servira à exprimer cette émotion. C'est curieux : calme, tu paraîtras irradier la lumière. Si on te dessinait dans ces moments-là, j'insisterais pour qu'on te coiffe d'un halo. Malheureuse, tu deviendras un klaxon, conçu pour émettre un bruit ; une sirène d'incendie pourrait alors te tenir lieu de portrait.

À ce stade de ta vie, il n'y aura pour toi ni passé ni futur. Jusqu'à ce que je te donne le sein, tu ne te souviendras pas d'avoir été repue et tu n'attendras pas de soulagement. Quand tu téteras, la situation s'inversera, et tout ira bien. Tu ne percevras que le MAINTENANT. Tu vivras au présent. Sous bien des aspects, c'est un état enviable.

Auteur: Chiang Ted

Info: La tour de Babylone, L'histoire de ta vie

[ étymologie ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel