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gel

Quand Gerda eut huit ans, elle fut chargée de réchauffer le moteur du camion à la place de sa mère. Elle se réveillait à trois heures du matin, jetait son manteau sur ses épaules sans même se débarbouiller et sortait dans le froid glacial de l'hiver, à l'heure la plus noire. Le sommeil interrompu était encore plus douloureux que la morsure du froid sur son visage somnolent. La nuit, le camion de son père était garé devant la porte de la maison, et le matin, pour arriver à mettre en marche le moteur, il fallait d'abord dégager de la glace la manivelle qui était à l'avant.

Auteur: Melandri Francesca

Info: Eva dort

[ nuit ] [ aube ]

 

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vêtements

La mode du N°11 111 s'amplifiait non de jour en jour, mais presque de minute en minute. Un bel esprit faisant l'exégèse du chiffre 11 111 déclara que l'individu désigné par ce nombre était "cinq fois unique". Dans les magasins de vêtements pour hommes, on mit en vente des vestes de coupe particulière, dénommées les "coudines", avec des rabats amovibles (à boutons), permettant à loisir et sans retirer son vêtement de s'exercer à se mordre le coude. Beaucoup de gens devenus coudomanes cessèrent de fumer et de boire. [...] autour de l'os du coude on portait d'élégants adhésifs rouges et de fausses cicatrices imitant morsures et égratignures fraiches.

Auteur: Krzyzanowski Sigismund

Info: La marque-page

[ humour ] [ vogue ] [ fantaisie ]

 

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homme-animal

Tu n'as pas été choisi, tu t'es toi-même élu. Rien de ce que tu vois n'est visible. Rien de ce que tu entends n'est audible. Rien de ce que tu sens n'a de goût, ni d'odeur. Le Livre n'a jamais pu être écrit. Il n'y a que des livres, disloqués, insignifiants, épars, redupliqués. Les plus vastes bibliothèques du monde ne classent en rayon que la cendre grise des mots, jamais leur brûlure. Le vrai Livre est écrit avec l'ombre projeté par une lumière si intense qu'aucune main n'en soutient la morsure. Le vrai Livre est écrit au feu, mais nul feu ne dure, si bien qu'il faut l'alimenter à la chair.

Auteur: Damasio Alain

Info: El Levir

[ écriture ] [ source ]

 

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vulgarité

Le pilote, un Québécois customisé aztèque amorça un savant virage... Il faut se rendre à l'évidence que le virage fut amorcé avec 250 tonnes de kérosène dans les réservoirs du zinc, 2,5 litres de Johnny Skywalker dans les intestins du pilote et 25 ml de sperme dans les joues de l'hôtesse de l'air ; autant avouer, qu'à ce stade, la manoeuvre participait de l'exploit... A califourchon sur le fauteuil en cuir, ce témoin immémorial du génocide bovin, Darla agita son popotin dont la fine fente feignait le feulement de ce félin finaud, le caracal, qui se nourrit, sachez-le, boys and girls, de caracolants caraculs. Tout n'est toujours qu'une sombre histoire de caracul.

Auteur: Ramonet Yves pseudo

Info: Aux morsures millenaires

[ fesse ] [ aviation ]

 

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cadavre

Le légiste releva le drap très lentement, laissant apparaître la dépouille gonflée de Stott dont les chairs se détachaient des os. Hazen avait détourné machinalement les yeux; honteux, il se força à regarder le corps. Il avait vu pas mal de choses répugnantes dans sa vie, mais jamais rien d'aussi éprouvant. la peau s'était déchirée au niveau du torse, comme si elle avait rétréci, laissant échapper des lambeaux de chair. Le même phénomène s'était produit à hauteur du visage et des hanches. Des rigoles de graisse, échappées des étranges blessures, s'étaient figées au contact du métal froid, formant des flaques blanchâtres. Le corps n'avait pourtant pas attaqué par les vers. Plus curieux encore, un morceau de chair avait été arraché au niveau de la cuisse gauche et l'on apercevait nettement des trâces de morsure. Sans doute un chien. Le meilleur ami de l'homme; dit-on. Hazen en avait la nausée.

Auteur: Child Lincoln

Info: Les croassements de la nuit. Ecrit avec Preston Douglas

[ dégoût ]

 

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deuil

J’ai perdu la douceur

Du blanc de ta fourrure,

J’ai perdu ta tiédeur

Pressant les couvertures,

J’ai perdu la douleur

De tes brusques morsures.



Tout ça n’était qu’à moi.



J’ai perdu tes humeurs

Et j’oublie ton histoire.

Le motif enchanteur

De la flamme et du noir

De tes fauves couleurs

Formait mon territoire.



Tout ça n’était qu’à moi.



J’ai connu ta maigreur

Et pleuré ton usure,

J’ai subi ta fureur

Au jour de la piqûre,

Puis l’abjecte impudeur

De ton dernier murmure.



Et tout ça n’est qu’à moi,

Compagne de mes heures,

Ma jolie créature,

Tout ça n’est rien qu’à moi.


 

 

Auteur: Fazi Mélanie

Info: Pour Savannah, partie le 14 juin dernier (2021) à l’âge de douze ans, deux mois et dix jours, dont douze ans ce mois-ci passés à mes côtés.

[ animal domestique ] [ poème ] [ euthanasie ] [ chat ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

lecture

Mais il est bon que la conscience porte de larges plaies, elle n’en est que plus sensible aux morsures.

Il me semble d’ailleurs qu’on ne devrait lire que les livres qui vous mordent et vous piquent.

Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d’un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ?

Pour qu’il nous rende heureux, comme tu l’écris ?

Mon Dieu, nous serions tout aussi heureux si nous n’avions pas de livres, et des livres qui nous rendent heureux, nous pourrions à la rigueur en écrire nous-mêmes.

En revanche, nous avons besoin de livres qui agissent sur nous comme un malheur dont nous souffririons beaucoup, comme la mort de quelqu’un que nous aimerions plus que nous-mêmes, comme si nous étions proscrits, condamnés à vivre dans des forêts loin de tous les hommes, comme un suicide — un livre doit être la hache pour la mer gelée en nous.

Voilà ce que je crois.


Auteur: Kafka Franz

Info: Lettre à Oskar Pollak, 27 janvier 1904, dans Œuvres complètes, trad. Claude Marthe, éd. Gallimard, 1984, t. 4, p. 575

[ extrême ] [ traumatisante ] [ désir du choc ] [ excentrage ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

ville

Suivez la première rue venue, dans cette tendresse de lumière violette. Faites le vide dans l’esprit. Aussitôt, mille sensations vous assaillent de tous côtés. Ici l’homme est encore créature de poil et de plume ; ici le kyste et le quartz ont encore la parole. On y trouve des maisons qui parlent, des édifices volubiles, avec leurs visières de tôle et leurs fenêtres qui suent ; des lieux saints aussi, où les enfants se drapent autour des portiques, tels des contorsionnistes ; des rues roulantes, ambulantes, où rien n’est immobile, rien n’est fixe, compréhensible, sauf aux yeux et à l’esprit du rêveur. Des rues hallucinantes, également, où tout, soudain, n’est que silence, désert, comme après le passage d’un fléau des rues qui toussent, d’autres qui battent comme des tempes en fièvre, d’autres encore où l’on peut bien mourir, qui s’en soucie ? Des rues étranges, frangipaniques, où l’essence de rose se mêle à l’âcre morsure du poireau et de l’échalote. Des rues en pantoufles, répercutant le flip, flap de nonchalances mouvantes. Des rues droit sorties d’Euclide, qui ne s’expliquent qu’à coups de logique et de théorèmes…

Auteur: Miller Henry

Info: La Crucifixion en rose, tome 1 : Sexus

[ venelles ] [ onirique ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

orgie

Pourtant, j'en ai pas fait beaucoup, des études ! mariée à dix-sept ans, tu parles ! ton père, un drôle de pistolet, tu aurais du mal à t'imaginer! des nuits entières! le délire, les hurlements! partout sa bite il me la mettait! aucun orifice n'était épargné! il fallait que je m'ouvre de partout! il en est mort, il aimait trop l'amour, cet homme-là...[...] Oh, ces nuits! les giclées! tout ça, tu peux pas t'imaginer, t'as pas la moindre idée, mon pauvre vieux, nous on rigolait, oh la la, les jouissances, les z'appétits grossiers, les parties de trouducul, et je peux t'assurer qu'on pensait pas à toi ! [...] Mais les giclées, les morsures, les griffes dans le dos, les fesses qui se ratatinent, le trou du cul qui n'en peut plus et qui s'abandonne, tu peux pas imaginer, t'as pas la moindre idée, mon pauvre chéri... tu veux savoir, eh bien, je la sens encore remuer en moi, tu m'entends, espèce de crétin, je LA SENS! après plus de cinquante ans... la bête immonde continue à me dévorer le ventre ! c'est beau, l'amour, tu sais, fiston, c'est la seule chose qui vaille à peu près le coup dans cette saloperie de merde de putain d'existence !

Auteur: Martinet Jean-Pierre

Info: Jérôme : L'enfance de Jérôme Bauche

[ couple ] [ sodomie ] [ misère ] [ obsédé ]

 

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sensualité

[…] Pour ta langue mouvante, J’invente des morsures et des égratignures, pour ta nuque et tes épaules, des caresses exaspérantes, pour tes seins pointés d’une étoile sombre. Sur ton corps entier je me vengerai de mon amour et du supplice qui me torture en ton absence.
Je sais les plus méchantes paroles […] et je te les dirai doucement, tout près, une fois retrouvée la place la plus douce et la plus intime de ton corps, une fois que mes doigts t’auront reprise, pendant la caresse, je te les dirai, et tu souffriras une volupté merveilleuse de mes injures et de ma possession mêlées ensemble dans ta chair, et puis je glisserai le long de toi, je mettrai mes doigts à tes côtes, afin de mieux sentir le frisson que je te donne, et collant ma bouche douloureuse à force de désir à ta bouche odorante et miraculeuse, je commencerai le baiser que tu préfères et te fait le mieux gémir.
Je te creuserai d’abord, et te lécherai en mesure avec ma langue, afin de te prendre très profondément, et quand tu commenceras à tressaillir, alors mes ongles commenceront à griffer tes côtes frémissantes, et du crieras de douleur. Cependant, ne pouvant m’en vouloir, tu te donneras davantage… Alors commencera le vrai plaisir, la vraie jouissance, car je te mordrai, mon amour, comme un enfant qui tète et mord le sein de sa mère. Tu sentiras mes dents dans ta chair secrète, fauve et soumise, ma bouche enfoncée, et chaque fois ma langue te consolera de la morsure, et tu oublieras le mal pour me remercier.
()

Auteur: Havet Mireille

Info: Journal 2, 26.12.19, p. 96-97. Claire Paulhan éditeur. Merci à Marthe Compain et à son travail de Doctorat : Le journal intime de Mireille Havet: entre écriture de soi et grand œuvre

[ sexe ] [ cunnilingus ]

 

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Ajouté à la BD par miguel