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marchandisation débridée

Imaginez que vous ayez un marteau. C'est l'apprentissage automatique (machine learning). Il vous a aidé à gravir une montagne éreintante pour atteindre le sommet. C'est la domination de l'apprentissage automatique sur les données en ligne. Au sommet de la montagne, vous trouvez un vaste tas de clous, moins chers que tout ce qui était imaginable auparavant. C'est la nouvelle technologie des capteurs intelligents. Un panorama de planches vierges s'étend devant vous à perte de vue. C'est le monde de la stupidité. Puis vous apprenez que chaque fois que vous plantez un clou dans une planche avec votre marteau machine learning, vous pouvez extraire de la valeur de cette planche autrefois stérile et muette. C'est la monétisation des données. Et que faites-vous ? Vous commencez à marteler comme un fou et vous ne vous arrêtez jamais, à moins que quelqu'un ne vous y oblige. Mais il n'y a personne ici pour nous faire arrêter. C'est pourquoi "l'internet de tout" est inévitable.

Auteur: Zuboff Shoshana

Info: The Age of Surveillance Capitalism

[ régulation nécessaire ] [ métadonnées ] [ publicité ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

désenchantement

A mesure que la connaissance scientifique progressait, le monde s'est déshumanisé. L'homme se sent isolé dans le cosmos, car il n'est plus engagé dans la nature et a perdu sa participation affective inconsciente, avec ses phénomènes. Et les phénomènes naturels ont lentement perdu leurs implications symboliques. Le tonnerre n'est plus la voix irritée d’un dieu, ni l’éclair de son projectile vengeur. La rivière n’abrite plus d’esprits, l’arbre n'est plus le principe de vie d’un homme, et les cavernes ne sont plus habitées par des démons. Les pierres, les plantes, les animaux ne parlent plus à l’homme et l’homme ne s’adresse plus à eux en croyant qu’ils peuvent l’entendre. Son contact avec la nature a été rompu, et avec lui a disparu l’énergie affective profonde qu’engendraient ses relations symboliques. Les symboles de nos rêves tentent de compenser cette perte énorme. Ils nous révèlent notre nature originelle, ses instincts et sa manière particulière de penser. Malheureusement, ils expriment leur contenu dans le langage de la nature, qui est étrange et incompréhensible pour nous.

Auteur: Jung Carl Gustav

Info: L'homme et ses symboles

[ mystère ] [ nécessaire ]

 

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niveaux de perception

La liberté n'est pas une illusion ; elle est parfaitement réelle dans le contexte d'une conscience séquentielle. Dans un contexte de conscience simultanée, la liberté n'a pas de sens, mais la coercition non plus ; c'est simplement un cadre différent, ni plus ni moins valable que l'autre. C'est comme cette fameuse illusion d'optique, le dessin d'une jeune femme élégante, visage détourné du spectateur, ou d'une vieille bique au nez verruqueux, menton rentré sur la poitrine. Il n'y a pas d'interprétation "correcte" ; les deux sont tout aussi valables l'une que l'autre. Mais on ne peut les voir en même temps.

De même, la connaissance de l'avenir est incompatible avec le libre arbitre. Ce qui me permet d'exercer ma liberté de choix me rend également impossible de connaître l'avenir. À l'inverse, maintenant que je connais l'avenir, je n'agirais jamais à son encontre, y compris en disant aux autres ce que je sais : ceux qui connaissent l'avenir n'en parlent pas. Ceux qui ont lu le Livre des âges ne l'admettent jamais. 

Auteur: Chiang Ted

Info: Stories of Your Life and Others, 2010, p.137, Knopf

[ indépendance indispensable ] [ indéterminisme obligatoire ] [ mystère nécessaire ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

dissidents

Dans le monde moderne, la science et la société interagissent souvent de manière perverse. Nous vivons dans une société technologique, et la technologie est à l'origine de problèmes politiques. Les hommes politiques et le public attendent de la science qu'elle apporte des réponses à ces problèmes. Les experts scientifiques sont payés et encouragés à fournir des réponses. Le public n'a pas grand-chose à faire d'un scientifique qui dit : "Désolé, mais nous ne savons pas". Le public préfère écouter les scientifiques qui donnent des réponses sûres aux questions et qui font des prédictions sûres sur ce qui se passera à la suite des activités humaines. Il se trouve donc que les experts qui s'expriment publiquement sur des questions politiquement controversées ont tendance à parler plus clairement qu'ils ne le pensent. Ils font des prédictions sûres sur l'avenir et finissent par croire à leurs propres prédictions. Leurs prédictions deviennent des dogmes qu'ils ne remettent pas en question. Le public est amené à croire que les dogmes scientifiques à la mode sont vrais, et il peut arriver qu'ils soient faux. C'est pourquoi il faut des hérétiques qui remettent en cause les dogmes.

Auteur: Dyson Freeman

Info: Frederick S. Pardee Distinguished Lecture (octobre 2005), Université de Boston. Recueilli dans "Heretical Thoughts About Science and Society" (Réflexions hérétiques sur la science et la société), A Many-Colored Glass : Reflections on the Place of Life in the Universe (2007), 43-44.

[ insoumis nécessaires ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

justesse terminologique

Laisse-moi en dehors de ça. On s'en fout. Peut-être que Brodie a été malmené, peut-être pas. Je n'en sais rien. Ca ne compte pas. C'est un rustre du langage. Je ne peux pas aider quelqu'un qui pense, ou pense qu'il pense, qu'éditer un journal c'est de la censure, ou que jeter des briques c'est une manif alors que la construction de tours est une violence sociale, ou qu'une déclaration désagréable n'est que de la provocation alors que perturber l'orateur représente l'exercice de la liberté d'expression... Les mots ne méritent pas ce genre d'âneries. Ils sont innocents, neutres, précis, ils signifient ceci, décrivent cela, désignent l'autre, et si on s'en occupe un peu, on peut jeter des ponts par-dessus l'incompréhension et le chaos. Mais si on leur enlève leurs angles, ils ne valent plus rien, et Brodie leur enlève leurs angles. Je ne pense pas que les écrivains soient sacrés, mais les mots le sont. Ils méritent le respect. Si tu prends les bons mots dans le bon ordre, tu peux un peu faire bouger le monde, ou pondre un poème que des enfants prononceront à ta place après ta mort.

Auteur: Stoppard Tom

Info: The Real Thing, Act II, Scene 5, Henry and Annie

[ nécessaire ] [ indispensable ] [ justice ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

hommes-par-femme

Et un homme, souvent, ça gratte, ça pique, ça perd ses cheveux et ça laisse trainer ses poils partout, ça sent pas la rose, ça boit de la bière et ça prend de la bedaine, ça sait pas compter fleurette, ça se laisse aller, ça n'aime pas être dérangé, ça n'aime pas discuter mais ça n'aime plus trop bouger non plus, ça se repose sur ses lauriers, ça reste des heures devant l'ordinateur ou les jeux vidéo, ça regarde des films cochons, c'est souvent fatigué et de mauvaise humeur, c'est allergique à la vaisselle et au ménage en général, ça a trop combattu de dragons et ça n'aime plus faire d'efforts, ça a remisé son destrier et son costume pour se mettre au foot en jogging élimé, ça veut avoir raison, ça n'écoute pas et ça ne fait même plus semblant, ça oublie les dates importantes, ça regarde les autres filles, même pas d'authentiques princesses, juste des pouffes siliconées. Mais parfois aussi, ça sait être drôle, ça dédramatise les choses, ça nous fait nous sentir bien, nous sentir belle. Parce qu'un homme, c'est bête, c'est chou, c'est craquant, mais ça n'a plus rien d'un Prince Charmant.

Auteur: Sandner Catherine

Info: Trouver enfin ! l'homme de sa vie On n'est pas des gourdes

[ couple ] [ mal nécessaire ]

 

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phytologie

La Botanique n'est pas une science sédentaire & paresseuse, qui se puisse acquérir dans le repos & dans l'ombre d'un cabinet, comme la Géométrie & l'Histoire, ou qui tout au plus, comme la Chymie, l'Anatomie & l'Astronomie, ne demande que des opérations d'assez peu de mouvement. Elle veut que l'on coure les montagnes & les forêts, que l'on gravisse contre des rochers escarpés, que l'on s'expose aux bords des précipices. Les seuls Livres qui peuvent nous instruire à fond de cette matière, ont été jettés au hasard sur toute la surface de la terre ; & il faut se résoudre à la fatigue & au péril de les chercher & de les ramasser. De-là vient aussi qu'il est si rare d'exceller dans cette science : le degré de passion qui suffit pour faire un Savant d'une autre espèce, ne suffit pas pour faire un grand Botaniste ; & avec cette passion même, il faut encore une santé qui puisse la suivre, & une force de corps qui y réponde. M. de Tournefort étoit d'un tempérament vif, laborieux, robuste ; un grand fonds de gaieté naturelle le soutenoit dans le travail, & son corps, aussi bien que son esprit, avoit été fait pour la Botanique.

Auteur: Fontenelle Bernard le Bovier de

Info: In "Eloges des académiciens de l'Académie royale des sciences", Chez les Libraires associés, M.DCC.LXVI

[ condition nécessaire ] [ aptitude ] [ découverte ] [ nature ] [ éloge ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

imagination

La raison d’être fondamentale de la littérature romanesque, c’est que l’homme a en général un cerveau beaucoup trop compliqué, beaucoup trop riche pour l’existence qu’il est appelé à mener. La fiction, pour lui, n’est pas seulement un plaisir ; c’est un besoin. Il a besoin d’autres vies, différentes de la sienne, simplement parce que la sienne ne lui suffit pas. Ces autres vies n’ont pas forcément besoin d’être intéressantes ; elles peuvent être parfaitement mornes. Elles peuvent comporter beaucoup d’événements, de grande ampleur ; elles peuvent n’en comporter aucun. Elles n’ont pas forcément besoin d’être exotiques ; elles peuvent se dérouler il y a cinq siècles, dans un continent différent ; elles peuvent se dérouler dans l’immeuble d’à côté. La seule chose importante, c’est qu’elles soient autres.

Ce besoin d’autres vies est peut-être politique, au sens large ; mais aucune solution politique valable ne semble, jusqu’à présent, avoir été proposée. Je crois plus probable qu’il soit, avant tout, intime, physique, émotionnel ; mais, là non plus, aucune solution pertinente ne semble s’être dégagée. Je ne crois pas du tout qu’il passe par le virtuel ni les métavers ; tout ça, c’est du flan. La vérité est que la littérature reste la seule, jusqu’à présent, à faire le travail.

Auteur: Houellebecq Michel

Info: Discours prononcé le 15 juin 2022 à l’université Kore d’Enna (Sicile)

[ nécessaire ] [ curiosité ] [ mise en perspective ] [ éloge ] [ lecture ] [ ouverture ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

croyances

La religion est le moyen déployé par l'homme pour accepter la vie comme une défaite inévitable. Le fait qu'elle ne soit pas une défaite inévitable est une affirmation qui ne peut être défendue en toute bonne foi. On peut bien sûr étaler sa vie sur les contingences de chaque jour, mais même là ce n'est que désir incessant et désespéré de vivre, et enfin le regret de ne pas avoir bien vécu. On ne peut accepter la vie, et l'accepter en même temps comme une défaite, que si l'on accepte qu'il existe un sens au-delà de celui qui est inhérent à l'histoire humaine - en d'autres termes, en acceptant l'ordre du sacré. Un monde hypothétique dont le sacré aurait été balayé n'admettrait que deux possibilités : une vaine fantaisie qui se reconnaîtrait comme telle, ou une satisfaction immédiate sans issue vouée à l'épuisement. Il ne resterait plus que le choix proposé par Baudelaire, entre amants des prostituées et amants des nuages : ceux qui ne connaissent que les satisfactions du moment et sont donc méprisables, et ceux qui se perdent en d'imaginaires otioses, et sont donc pareillement vils. Tout est ignoble et il n'y a rien à ajouter. La conscience libérée du sacré le sait, même si elle se le cache à elle-même.

Auteur: Kolakowski Leszek

Info:

[ nécessaires ] [ inévitables ] [ théologie ]

 
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Ajouté à la BD par miguel

enchaînement

Nous daubons tous allègrement sur les particularismes de classe, mais bien peu nombreux sont ceux qui souhaitent vraiment les abolir.

On en arrive ainsi à constater ce fait important que toute opinion révolutionnaire tire partie de sa force de la secrète conviction que rien ne saurait être changé. […]

Tant qu'il ne s'agit que d'améliorer le sort des travailleurs, les honnêtes gens sont unanimes. […]

Malheureusement, c'est à cela et rien de plus qu'on aboutit quand on se borne à souhaiter que disparaissent les distinctions de classe.

Plus exactement, il est nécessaire de souhaiter qu'elles s'effacent, mais votre souhait demeure parfaitement vain si vous ne saisissez pas tout ce qu'il implique.

Il faut regarder en face la réalité: abolir les distinctions de classe, c'est abolir une partie de soi-même.

Me voilà, par exemple — moi, typique représentant de la classe moyenne.

Rien de plus facile que d'affirmer mon désir de faire table rase des particularismes de classe ; mais la quasi-totalité de ce qui forme ma pensée et mon être repose sur des particularismes de classe. […]

Je dois opérer en moi une transformation si profonde qu'au bout du compte il ne restera pratiquement plus rien de la personne que j'étais.

Auteur: Orwell George

Info: Le quai de Wigan, Éditions Champ libre, 1982)

[ lutte ] [ impossible ] [ inégalités essentielles ] [ constitutif ] [ division interne ] [ contrastes nécessaires ] [ monde discriminé ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson