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paradoxe

La mort de Dieu – comme la mort du Père – ne conduit pas à la levée de l’interdit, donc à la jouissance, mais justement à la mise en place de la loi, la surveillance du surmoi et la culpabilité qui en découle. […] Au lieu d’offrir plus de jouissance, la mort de Dieu en ferme l’accès. Elle forme une barrière infranchissable. Cette mort n’autorise pas l’être humain à prendre la place du disparu ; elle marque plutôt une place pour toujours, et depuis toujours, impossible à occuper ; elle fonde une loi à laquelle chacun est soumis : Il n’y a pas de dieu que je puisse être. Certes, cette loi fait aussi l’objet d’un constant refus ; elle est contournée de bien des manières, avec cette idée que si Dieu est mort, la place qu’il occupait est disponible, et l’on peut y accéder. C’est pourquoi notre temps est certainement marqué, contrairement à ce que l’on pourrait penser, par la négation de la mort de Dieu afin de maintenir le projet d’une jouissance sans limite. Il est aussi caractérisé par la résurgence du Père de la horde, qui annule tout rapport à la loi et aux interdits fondamentaux.

Auteur: Causse Jean-Daniel

Info: Dans "Lacan et le christianisme", pages 26-27

[ dénégation ] [ illusion ] [ toute puissance ] [ responsabilité ]

 

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cosmologie

C’est au fond la même métaphysique qui gouverne la théorie de la forme artistique depuis le romantisme : la métaphysique bourgeoise de la totalité. [...]

Cette théorie sert d’idéologie de base à tout ce qu’on a pu dire du poétique (la psychanalyse elle-même n’y échappe pas) : ambiguïté, polysémie, polyvalence, polyphonie de sens – il s’agit toujours d’une irradiation du signifié, d’une simultanéité de significations. [...]

Densité sémantique du langage, richesse d’information, etc. : le poète "libère" toutes sortes de virtualités [...]. Tout ce mythe joue sur une antériorité "sauvage", préconceptuelle, sur une virginité du sens. [...] il s’agit de découvrir "les secrètes correspondances qui existaient entre les choses".

Théorie "géniale" et romantique, cette vision trouve aujourd’hui paradoxalement à se réécrire en termes informatiques. La "richesse" polyphonique peut se dire en termes de "surcroît d’information". Au niveau du signifié : la poésie de Pétrarque constitue un capital immense d’information sur l’amour (Umberto Eco). Au niveau du signifiant : un certain type de désordre, de rupture, de négation de l’ordre habituel et prévisible du langage accroissent le taux d’information du message. [...]

Ainsi, l’imaginaire sémiologique concilie très bien la polyphonie romantique avec la description quantique.

Auteur: Baudrillard Jean

Info: Dans "L'échange symbolique et la mort", éditions Gallimard, 1976, pages 340 à 342

[ cybernétique ] [ transformation ] [ transposition moderne ] [ plurivocité ] [ observateur ordonnant ]

 

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raisonnement scientifique

[…] il y a une part notable de vérité dans les critiques que Bergson adresse à ce qu’il appelle à tort l’"intelligence", et qui n’est en réalité que la raison, et même, plus précisément, un certain usage de la raison basé sur la conception cartésienne, car c’est en définitive de cette conception que sont sorties toutes les formes du rationalisme moderne. Du reste, il est à remarquer que les philosophes disent souvent des choses beaucoup plus justes quand ils argumentent contre d’autres philosophes que quand ils en viennent à exposer leurs propres vues, et, chacun voyant généralement assez bien les défauts des autres, ils se détruisent en quelque sorte mutuellement ; c’est ainsi que Bergson, si l’on prend la peine de rectifier ses erreurs de terminologie, montre bien les défauts du rationalisme (qui, bien loin de se confondre avec le véritable "intellectualisme", en est au contraire la négation) et les insuffisances de la raison, mais il n’en a pas moins tort à son tour quand, pour suppléer à celles-ci, il cherche dans l’"infra-rationnel" au lieu de s’élever au "supra-rationnel" (et c’est pourquoi sa philosophie est tout aussi individualiste et ignore aussi complètement l’ordre supra-individuel que celle de ses adversaires).

Auteur: Guénon René

Info: Dans "Le règne de la quantité" pages 94-95

[ critique ]

 
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définition

Pourquoi le sujet de la psychanalyse, le sujet de l’inconscient, aussi appelé "sujet du signifiant" s’écrit-il S barré ($) ?

Le sujet, ce n’est pas "la subjectivité", ni le "je" de la grammaire, le sujet de la psychanalyse n’émerge en tant que sujet de l’inconscient que comme le produit d’une double négation (ou négation de la négation): d'abord la castration m’a nié en me coupant de l’immédiateté de mon corps et en me forçant à passer par le langage, puis le langage lui-même aura été nié, le sujet ne s'y trouvant pas, étant toujours "représenté" par un signifiant pour un autre signifiant qui ne le représente pas...

Lorsque quelque "chose" est niée, j'obtiens en lieu et place de cette chose un "rien" ("res" qui signifie "chose" est l'étymon latin de rien); puis ce rien est nié à son tour et je me retrouve avec un "moins que rien", un rien marqué du signe négatif, pas un rien qui serait la négation d’une "chose": ça c'était la première négation, mais la négation d'un rien, une sorte d'inconsistance pré-ontologique qui crée un manque au cœur même du vide (raison pour laquelle, le Dieu de la Kabbale fut prié de créer au préalable ...le néant!)

Auteur: Dubuis Santini Christian

Info: Publication facebook du 05.03.19

[ monde symbolique ]

 

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anti-égalitarisme

Votre délire d’égalité était une attaque meurtrière contre l’être, contre toutes ses richesses et ses valeurs ; c’était la soif de piller le monde divin et d’anéantir toute grandeur ici-bas. L’esprit du néant vous anime, c’est lui qui vous a inspiré ces idées et ces passions égalitaires. La loi de l’entropie, qui mène à la mort par une diffusion égale de la chaleur, agit à travers vous dans la vie sociale […]

Exiger l’égalité absolue, c’est vouloir retourner à l’état originel, chaotique, ténébreux, au nivellement et à la non-différenciation ; c’est vouloir le néant. L’exigence révolutionnaire du retour à l’égalité dans le néant est née du refus d’assumer les sacrifices et les souffrances par lesquels passe la voie de la vie supérieure. Voilà la réaction la plus effrayante, la négation du sens de tout le processus créateur du monde. L’enthousiasme de la révolution est  un enthousiasme réactionnaire. L’exigence contraignante de l’égalisation qui procède de l’obscurité chaotique est une tentative pour détruire la structure hiérarchique du cosmos formé par la naissance créatrice de la lumière dans les ténèbres ; c’est un essai pour détruire la personne même de l’homme en tant que degré hiérarchique né dans l’inégalité ; c’est un attentat contre la place royale de l’homme dans l’ordre cosmique.

Auteur: Berdiaev Nicolas

Info: De l’inégalité, Éditions L’Âge d’homme, 2008

[ dénigrement ]

 

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factualisme

Eût-il été seulement un théologien passionné, Occam ne nous aurait laissé qu’un brillant exemple de théologisme, mais il était en même temps un fin logicien et un philosophe lucide, dont l’esprit ne concevait pas une philosophie en décalage avec sa théologie. De fait, en plus de cela, il fut ce grand propagandiste dont les doctrines politiques, profondément ancrée dans sa théologie, devaient faire trembler les hautes structures de la Chrétienté médiévale. Comme philosophe, cependant, ce fut le privilège d’Occam que de relâcher dans le monde ce que je pense être le premier cas connu d’une nouvelle maladie intellectuelle. On ne saurait la décrire comme un scepticisme, puisqu’elle va souvent de pair avec une dévotion sans réserve à la promotion du savoir scientifique. Le positivisme ne serait pas un meilleur nom, puisqu’elle est principalement faite de négations. Il serait plus satisfaisant de l'appeler empirisme radical, si son problème principal n’était pas précisément de ne pas rechercher dans l’expérience ce qui rend l’expérience elle-même possible. Puisque cette maladie contagieuse est particulièrement commune chez les scientifiques d’aujourd’hui, on pourrait être tenté de la nommer “scientisme”, si nous oubliions le fait que sa première conséquence est de détruire, avec la rationalité de la science, sa possibilité elle-même.

Auteur: Gilson Etienne

Info: The Unity of Philosophical Experience (1950), p. 86

[ coupure épistémologique ] [ naissance de l'esprit scientifique moderne ] [ historique ]

 
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illimité

L’idée de l’Infini, telle que nous venons de la poser ici , au point de vue purement métaphysique, n’est aucunement discutable ni contestable, car elle ne peut renfermer en soi aucune contradiction, par là même qu’il n’y a en elle rien de négatif ; elle est de plus nécessaire, au sens logique de ce mot , car c’est sa négation qui serait contradictoire . En effet, si l’on envisage le "Tout", au sens universel et absolu, il est évident qu’il ne peut être limité en aucune façon, car il ne pourrait l’être que par quelque chose qui lui serait extérieur, et, s’il y avait quelque chose qui lui fût extérieur, ce ne serait pas le "Tout". Il importe de remarquer, d’ailleurs, que le "Tout", en ce sens, ne doit aucunement être assimilé à un tout particulier et déterminé, c’est-à-dire à un ensemble composé de parties qui seraient avec lui dans un rapport défini ; il est à proprement parler "sans parties", puisque, ces parties devant être nécessairement relatives et finies, elles ne pourraient avoir avec lui aucune commune mesure, ni par conséquent aucun rapport, ce qui revient à dire qu’elles n’existent pas pour lui ; et ceci suffit à montrer qu’on ne doit chercher à s’en former aucune conception particulière .

Auteur: Guénon René

Info: Les états multiples de l'être, p. 7

[ indicible ] [ Éternel ]

 

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émancipation bourgeoise

L’auteur de La Philosophie dans le boudoir comprit également que la condamnation de la vénération de la femme devait s’accompagner d’une défense des droits sexuels de celle-ci – le droit de disposer de son propre corps, comme le diraient aujourd’hui les féministes. Si l’exercice de ce droit, dans l’utopie de Sade, se réduit au devoir de devenir l’instrument du plaisir d’autrui, ce n’est pas parce que le Divin Marquis détestait les femmes mais parce qu’il haïssait l’humanité. Il avait perçu, plus clairement que les féministes, qu’en régime capitaliste toute liberté aboutissait finalement au même point : l’obligation universelle de jouir et de se donner en jouissance. Sans violer sa propre logique, Sade pouvait ainsi tout à la fois réclamer le droit, pour les femmes, de satisfaire complètement leurs désirs, et jouir de toutes les parties de leur corps, et de déclarer catégoriquement que "toutes les femmes doivent se soumettre à notre plaisir". L’individualisme pur débouchait ainsi sur la répudiation la plus radicale de l’individualité. […] Ce n’est pas seulement dans la pensée de Sade mais dans l’histoire à venir si exactement préfigurée dans l’excès même, la folie et l’infantilisme de ses idées – que la défense de la sphère privée aboutit à sa négation la plus poussée, que la glorification de l’individu conduit à son annihilation. 

Auteur: Lasch Christopher

Info: Dans "La culture du narcissisme", trad. Michel L. Landa, éd. Flammarion, Paris, 2018, page 123

[ anti-sentimentalisme ] [ extrémisme philosophique ]

 
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trottinette électrique

Ici se retrouve au plus haut point le manque de considération pour le travail de l'être humain, qui, en fait, devient le manque de considération envers l'homme présent derrière cette chose technique. La trottinette est le produit d'une ingéniosité du concepteur, d'un savoir-faire des opérateurs, d'une souffrance aussi, celle de l'ouvrier qui produit l'objet final et éprouve sans doute aussi une certaine fierté, même si les intermédiaires mécaniques, à la différence de l'époque artisanale, sont aujourd'hui nombreux.

A l'encontre d'une certaine critique de la technique, je crois qu'avec ces nouveaux usages, il n'y a pas déification de la technique, mais au contraire négation de sa valeur. Les prophéties à la mode sur l'avenir radieux de la société numérique, du genre de celles de Laurent Alexandre, de Jean-Claude Heudin ou à plus bas niveau de Pascal Bruckner ou Luc Ferry, nous éloignent de l'attrait de l'objet parce qu'elles nous transforment nous-mêmes en objet, il n'y a plus de relation duelle avec une extériorité. L'homme qui se veut automate se condamne à être seul dans ce monde. Cette incapacité à saisir la valeur morale de l' "artefact" - ce qui vient de l'art humain - marque le sceau de la déchéance que fait subir le capitalisme déchaîné de ces dernières décennies à la qualité morale de la technique [...].

Auteur: Gras Alain

Info: Dans "La décroissance" n°163, octobre 2019, page 10

[ consommation jetable ] [ respect du travail ] [ coûts cachés ] [ déresponsabilisation ]

 

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wu-wei

Entre toutes les choses plus ou moins incohérentes qui s’agitent et se heurtent présentement, entre tous les “mouvements” extérieurs de quelque genre que ce soit, il n’y a donc nullement, au point de vue traditionnel ou même simplement “traditionaliste”, à “prendre parti”, suivant l’expression employée communément, car ce serait être dupe, et, les mêmes influences s’exerçant en réalité derrière tout cela, ce serait proprement faire leur jeu que de se mêler aux luttes voulues et dirigées invisiblement par elles ; le seul fait de “prendre parti” dans ces conditions constituerait donc déjà en définitive, si inconsciemment que ce fût, une attitude véritablement antitraditionnelle. Nous ne voulons faire ici aucune application particulière, ce qui serait en somme assez peu utile après tout ce que nous avons déjà dit, et d’ailleurs tout à fait hors de propos ; il nous paraît seulement nécessaire, pour couper court aux prétentions de tout faux “traditionalisme”, de préciser que, notamment, aucune tendance politique existant dans l’Europe actuelle ne peut valablement se recommander de l’autorité d’idées ou de doctrines traditionnelles, les principes faisant également défaut partout, bien qu’on n’ait assurément jamais tant parlé de “principes” qu’on le fait aujourd’hui de tous les côtés, appliquant à peu près indistinctement cette désignation à tout ce qui la mérite le moins, et parfois même à ce qui implique au contraire la négation de tout véritable principe. 

Auteur: Guénon René

Info: "Tradition et traditionalisme", Etudes traditionnelles, 1936

[ temporel ] [ bonne volonté malfaisante ] [ compromission ]

 

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