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rêveur

Je n’avais jamais été un homme qui avance vraiment. J’avais vécu un tas de vies entamées l’une après l’autre comme de vieux mouchoirs par ennui, bêtise, irritation. Maintenant, ces vies me serviraient. Ce n’avaient pas été des vies inutiles, je le savais, mais des sortes de fenêtres dans une maison, des fenêtres devant lesquelles on s’assoit pour admirer des paysages incluant des gens et des arbres. Or une maison possède des murs, des portes, des escaliers, des toits et des endroits où l’on est protégé. Moi, je n’avais que des fenêtres, je n’avais pas été un bon maçon.

Auteur: Arpino Giovanni

Info: Giovanni le bienheureux, p. 85

[ contemplatif ] [ laisser-aller ] [ insousciance ]

 

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portrait

Ses farouches sourcils broussailleux, ses yeux perçants lui donnent un air d’incontestable majesté. Personne ne se risquerait à l’aborder de but en blanc, à se gausser de lui. Mais c’est une âme très bonne, le plus délicat des hommes et un authentique aristocrate par ses manières et par l’élégance particulière de son expression. Et avec quel raffinement et quelle maîtrise il parle les langues étrangères ! Comme il est prévenant, magnanime et simple dans ses relations avec tous ! Quelle vitalité, quelle passion il y a dans cet ermite ! Jamais encore je n’avais rencontré d’homme au rire si communicatif.

Auteur: Répine Ilia

Info: A propos de Léon Tolstoï dans "Souvenirs de mes échanges avec Léon Tolstoï", dans "Lettres à Tolstoï et à sa famille", trad. Laure Troubetzkoy, éditions Vendémiaire, 2021, page 195

[ physique ] [ psychologique ] [ description ]

 

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père-fils

Ou alors il pouvait se faire qu’on n’arrivât pas vraiment à se réconcilier, que ma mère ne me protégeât de toi qu’en secret, qu’en cachette elle me donnât quelque chose, ou une permission, alors à tes yeux j’étais de nouveau l’être ténébreux, l’escroc, tout contrit, qui du fait de sa nullité ne pouvait arriver, même à ce dont il pensait avoir le droit, qu’en empruntant des chemins détournés. Naturellement, je me suis habitué ensuite à emprunter ces chemins pour rechercher aussi ce à quoi, de mon propre aveu, je n’avais aucun droit. Ce fut un nouvel accroissement de ma conscience d’être coupable.

Auteur: Kafka Franz

Info: Lettre au père, traduit de l’allemand par Bernard Lortholary, éditions Gallimard, 2023, pages 36-37

[ enfance ] [ sentiment inconscient de culpabilité ] [ dissimulation ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

initiation

Progressivement, une paix étrange envahit ma conscience.
Je n’avais plus froid, je ne me sentais plus fatigué et je n’avais plus faim. Le bruit de l’eau tombant en cascade se fit de plus en plus distant et devint étrangement apaisant. Je sentis que j’appartenais à ce lieu, que j’avais revenu chez moi. Le mur d’eau devint iridescent, un torrent fait de millions de prismes liquides. A mesure qu’ils coulaient, j’éprouvai la sensation de flotter vers le haut comme s’ils étaient immobiles et que moi, j’étais celui qui se mouvait. Me voilà volant à l’intérieur d’une montagne ! Je riais de l’absurdité du monde.

Auteur: Harner Michael

Info: Dans "La voie du chamane", page 48

[ état de conscience non ordinaire ] [ détachement ] [ zen ] [ océanique ]

 
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décalage social

J’étais donc demeuré immobile sur bien des routes, arrêté dès les premiers pas, l’esprit occupé de mondes, ou de cailloux, ce qui revient au même. Mais il ne me semblait nullement que ceux qui m’avaient dépassé et qui avaient parcouru tout le chemin, en sussent au fond plus long que moi. Certes, ils m’avaient distancé, en piaffant comme de jeunes chevaux mais, au bout de la route, ils avaient rencontré une charrette - leur charrette. Ils s’y étaient laissé docilement atteler, et à présent, ils la traînaient derrière eux. Moi, je ne traînais aucune charrette ; aussi n’avais-je ni brides, ni œillères ; j’y voyais certainement plus qu’eux ; mais je ne savais où aller…

Auteur: Pirandello Luigi

Info: Un, personne et cent mille

[ rêveur marginal ] [ perdu ]

 

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voyou

La nuit était splendide. Ailleurs que dans cette ruelle, des hommes et des femmes baisaient, mangeaient, prenaient un bain, dormaient, lisaient leur journal, engueulaient leurs gosses ou faisaient d’autres choses normales.
Eclairés par la lune, nous nous mîmes en garde, et c’est alors qu’une pensée me traversa l’esprit : Je préférais mille fois voir deux mecs se foutre sur la gueule plutôt que d’être l’un d’eux.
Pour autant, je n’avais pas peur, j’étais trop soûl pour craindre quoi que ce fût. Je ressentais juste de la lassitude, du genre Merde, je remets ça sans savoir pourquoi. Sans doute, me dis-je, est-ce pour faire quelque chose, comme d’étaler du beurre de cacahouète sur une tranche de pain.

Auteur: Bukowski Charles

Info: Dans "Un carnet taché de vin", page 330

[ sacré-profane ] [ marginal ] [ absurdité ]

 

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hommes-femmes

En tant qu’ouvrière, j’étais dans une situation doublement inférieure, exposée à sentir ma dignité blessée non seulement par les chefs, mais aussi par les ouvriers, du fait que je suis une femme. (Notez bien que je n’avais aucune sotte susceptibilité à l’égard du genre de plaisanteries traditionnel à l’usine.) J’ai constaté, non pas tant à l’usine qu’au cours de mes courses errantes de chômeuse, pendant lesquelles je me faisais une loi de ne jamais repousser une occasion d’entrer en conversation, qu’à peu près constamment les ouvriers capables de parler à une femme sans la blesser sont des professionnels, et ceux qui ont tendance à la traiter comme un jouet des manœuvres spécialisés. A vous de tirer les conclusions.

Auteur: Weil Simone

Info: Lettre à Victor Bernard, 30 mars 1936

[ travail ] [ spécialisation ] [ structuration psychologique ]

 

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nocturne saharien

Les villes ont tué le ciel. La clarté électrique du moindre village pollue les cieux que l’on ne voit plus. J’ai souvenir, sur le toit d’une fragile maison de Touareg dans le désert malien, d’un ciel vaste, plein, scintillant, bruissant de façon silencieuse d’une musique consubstantielle aux premiers temps du monde. Un ciel à portée de main. Jamais je n’avais saisi combien la voûte étoilée était à ce point saturée de signes lumineux, d’informations en quantités et en qualités de lumière, riche de constellations, donc d’astronomie, certes, mais aussi de mythologie, de religions, de fictions.

La nuit noire comme jamais je n’ai vu de noir, servait d’écrin à ce bijou d’étoiles que très peu d’hommes savent lire désormais.

Auteur: Onfray Michel

Info: Cosmos

[ pollution lumineuse ]

 

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expérience de mort imminente

J’étais conscience, de la grandeur d’une poussière, invisible mais bien là… L’impression d’être dans un endroit où je ne devais pas être m’a assaillie aussitôt, mais je ne voyais pas le chemin qui m’avait conduite là, et je ne savais quoi faire ni où aller… Il m’a semblé être emportée très vite par mon regard, comme un kaléidoscope, dans le bleu intersidéral, et traverser ainsi une multitude d’étoiles qui formaient des univers succédant les uns aux autres, avec le sentiment de la présence de vies que je n’avais pas le temps de percevoir. Mais il me semblait entendre une musique venant des nuées de planètes et j’entends encore le son des franchissements, comme les bornes des autoroutes. Comme si le temps s’était arrêté.

Auteur: Morisson Jocelin

Info: Dans "L'expérience de mort imminente", témoignage de Justine, 34 ans, page 35

[ dimensions ] [ atemporalité ]

 
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projection altruiste

"Vraiment il y a progrès sensible, se disait-il le lendemain ; à voir exactement les choses, je n’avais presque aucun plaisir hier à être dans son lit ; c’est curieux, je la trouvais même laide." Et certes, il était sincère, mais son amour s’étendait bien au-delà des régions du désir physique. La personne même d’Odette n’y tenait plus une grande place. Quand du regard il rencontrait sur sa table la photographie d’Odette, ou quand elle venait le voir, il avait peine à identifier la figure de chair ou de bristol avec le trouble douloureux et constant qui habitait en lui. Il se disait presque avec étonnement : "C’est elle", comme si tout d’un coup on nous montrait extériorisée devant nous une de nos maladies et que nous ne la trouvions pas ressemblante à ce que nous souffrons.

Auteur: Proust Marcel

Info: A la recherche du temps perdu, tome 1, 2ème partie : Du Côté de chez Swann II : Un amour de Swann

[ rapports humains ] [ incarnation fantasmée ]

 

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Ajouté à la BD par miguel