Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 420
Temps de recherche: 0.0506s

intériorisation

L'enfant compose avec la peur comme il compose avec la nuit, avec les ombres, avec l'insuffisance des parents, comme il compose avec tout. La peur est une donnée matérielle du monde, parmi des dizaines d'autres. Il faut savoir que la nuit noire accélère les battements du coeur rouge. Etre seul dans un chagrin ou dans le vert d'une forêt, c'est effrayant. Il faut le savoir mais cela ne concerne pas l'esprit, le dedans, cela donne une information susr le monde - comme de savoir que le vent du nord est glacé, que la neige reste toujours en altitude sur les montagnes. Alors tu l'apprends et puis tu l'oublies, comme dans l'enfance on oublie aussitôt ce qu'on sait pour aller jouer un peu plus loin, pour continuer de perdre son temps, de jouir du grand bonheur de perdre son temps. C'est une chose que les parents ont du mal à comprendre, cette jouissance-là. Ne reste pas désoeuvré, fais quelque chose, prends un livre. Même le jeu ils voudraient que ce soit éducatif - pas que pour jouer, pas que pour rien. C'est que les parents sont des adultes et que les adultes sont des gens qui ont peur, qui se soumettent à leur peur, qui la connaissent d'une connaissance servile, sombre. La peur n'est plus comme hier dans le monde, à certains endroits du monde, dans les dorures d'une légende ou dans les recoins d'une rue. Elle est maintenant dans l'esprit des adultes.

Auteur: Bobin Christian

Info: in "L'inespérée", éd. Gallimard, p.80-81

[ gratuité ] [ âge ] [ générations ] [ apprentissage ] [ inquiétude ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par Benslama

déclaration d'amour

Dans le bungalow, j'ai trouvé un dictionnaire anglais-indonésien, oublié par le précédent occupant Y découvrant des wagons de mots que j'ignorais, j'ai entrepris de composer mille et une façons de dire à Indra qu'elle est belle.
Belle comme un soleil qui a déployé ses feux au premier jour de la terre.
Comme l'éclat d'or qui se prélasse sur les flots à l'approche de certains crépuscules.
Comme un rire d'enfants qui, au détour d'une ruelle, se font offrir par une grande soeur des cornets de glace à la mangue.
Belle comme le chant de ce prince fameux qui renonça à son royaume pour rejoindre la couturière entraperçue dans l'obscurité d'une échoppe.
Comme la coulée de miel qu'une reine des abeilles a offert au gamin qui avait franchi trois précipices et cinq rivières pour trouver son essaim.
Comme la robe tissée de fils d'or et de fumée qu'un misérable et habile artisan offrit à la fille d'un roi pour s'en faire aimer.
Belle comme les tourbillons de sable qui dansent au-dessus des roches brunes, si loin dans le désert que nul homme ne les a jamais vus.
Comme la soie blanche des neiges qui recouvrent les villages en des contrées si loin au nord que celui qui les atteint n'en revient jamais...
Je rédige mes fadaises dans ma tête toute la journée. Le soir, je les lui murmure à l'oreille. Elle m'écoute avec passion, sourire qui tremble aux lèvres, paupières closes, les ailes de ses cils apaisées.

Auteur: Poncet Thierry

Info: Zykë l'aventure

[ transposition ]

 

Commentaires: 0

conte

– Raconte, grand-mère, raconte !

– Et, comme je disais, il regrettait énormément de ne pas avoir d'enfants… Un jour vint vers lui un vieillard si vieux que sa barre traînait à terre et il était aussi bossu, et il était petit, tout petit…

– Petit comment ?

– Voyons, pas plus grand que toi.

– Alors n'était pas si petit que ça, pas tout à fait petit…

– Il était donc petit, mais pas si petit que ça. Et aussitôt qu'il arriva il dit : Votre Majesté a deux pommiers dans son jardin, tout près l'un de l'autre si rapprochés qu'on ne sait pas quels sont les rameaux de l'un et quels sont ceux de l'autre. Lorsqu'ils fleurissent, on ne sait pas quelles sont les fleurs de l'un et quelles sont les fleurs de l'autre. Ces deux pommiers donnent des feuilles, fleurissent, perdent leurs fleurs et ne donnent pas de pommes. Que Votre Majesté sache que lorsque ces deux pommiers auront des fruits, l'impératrice donnera naissance à un enfant tout en or.

Le nain s'en alla et l'empereur courut dans le jardin pour chercher jusqu'à les découvrir les deux pommiers. Ils avaient justement perdu leurs fleurs, de sorte que sous leurs rameaux il paraissait y avoir de la neige, mais pas un fruit n'avait été formé.

– Et pourquoi ne donnaient-ils pas de fruits grand-mère ?

– Qu'est-ce que j'en sais ? Dieu seul le sait… 

Auteur: Delavrancea Barbu

Info: Hagi-Tudose. Nuvele și schițe

[ mystère ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

désolation

La neige tombe, indiscontinûment,
Comme une lente et longue et pauvre laine,
Parmi la morne et longue et pauvre plaine,
Froide d'amour, chaude de haine.

La neige tombe, infiniment,
Comme un moment -
Monotone - dans un moment ;
La neige choit, la neige tombe,
Monotone, sur les maisons
Et les granges et leurs cloisons ;
La neige tombe et tombe
Myriadaire, au cimetière, au creux des tombes.

Le tablier des mauvaises saisons,
Violemment, là-haut, est dénoué ;
Le tablier des maux est secoué
A coups de vent, sur les hameaux des horizons.

Le gel descend, au fond des os,
Et la misère, au fond des clos,
La neige et la misère, au fond des âmes ;
La neige lourde et diaphane,
Au fond des âtres froids et des âmes sans flamme,
Qui se fanent, dans les cabanes.

Aux carrefours des chemins tors,
Les villages sont seuls, comme la mort ;
Les grands arbres, cristallisés de gel,
Au long de leur cortège par la neige,
Entrecroisent leurs branchages de sel.

Les vieux moulins, où la mousse blanche s'agrège,
Apparaissent, comme des pièges,
Tout à coup droits, sur une butte ;
En bas, les toits et les auvents
Dans la bourrasque, à contre vent,
Depuis novembre, luttent ;
Tandis qu'infiniment la neige lourde et pleine
Choit, par la morne et longue et pauvre plaine.

Ainsi s’en va la neige au loin,
En chaque sente, en chaque coin,
Toujours la neige et son suaire, la neige pâle et inféconde,
En folles loques vagabondes,
Par à travers l’hiver illimité du monde.

Auteur: Verhaeren Emile

Info: "La neige" dans les Villages Illusoires

[ homme-univers ] [ paysage ] [ poème ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

contemplation

Comment dénombrer les mondes auxquels l'œil me donne accès ? - Le monde de la lumière, de la couleur, de la forme, de l'ombre : de la précision mathématique du flocon de neige, de la formation des glaces, du cristal de quartz, des motifs d'étamine et de pétale : du rythme dans la courbe fluide et la ligne plongeante des parois montagneuses. Je ne sais pas pourquoi certains blocs de pierre, découpés en formes violentes et torturées, peuvent apaiser si profondément l'esprit. Peut-être l'œil impose-t-il son propre rythme à ce qui n'est que confusion : il faut faire preuve de créativité pour voir dans cette masse rocheuse autre chose que pitons et saillies - du beau. Sinon, pourquoi les hommes ont-ils jugé les montagnes comme repoussantes pendant tant de siècles  ? Une certaine forme de conscience interagit avec les formes de la montagne pour créer ce sentiment de beauté. Encore faut-il que les formes soient là pour que l'œil les voie. Et des formes d'une certaine spécificité : de quelconques taches n'y suffiraient pas. Comme pour toute création, il s'agit de matière imprégnée d'esprit, mais ce qui en résulte est un esprit vivant, une lueur dans la conscience, qui périt lorsque cette lueur s'éteint. C'est quelque chose d'arraché au non-être, cette ombre qui s'insinue continuellement en nous et qui peut être repoussée par un acte créatif continu. Ainsi, le simple fait de regarder quelque chose, comme une montagne, avec l'amour qui la pénètre jusqu'à son essence, c'est élargir le domaine de l'être dans l'immensité du non-être. L'homme n'a pas d'autre raison d'exister.

Auteur: Shepherd Nan

Info: The Living Mountain , trad FLP

[ spiritualité ] [ cognition visuelle ] [ émergence miroir ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

vie chevauchée

Le long de l’abîme, au-dessus du gouffre, tout près du bord, tout au bord.

Mes chevaux, de ma cravache, je les exhorte, je les pousse encore.

L’air me manque, le vent me soûle, dans la brume à belles dents je mords.

Je me délecte d’un frisson de mort, je cours à la mort, je cours à la mort !



Eh, ralentissez, mes chevaux, allez, ralentissez !

Faites semblant de ne pas entendre mon fouet !

Mais sur quels chevaux suis-je tombé ? Quels chevaux entêtés !

Je n’ai pas eu temps de vivre, je n’aurai pas celui de chanter.



Là, mes chevaux boiront, alors, là, mon couplet encore

Je le chanterai, restant un instant encore près du bord...



Je disparaîtrai, de sa main l’ouragan me balaie dans la neige.

Au matin, en traîneau, un galop va m’emporter.

Changez donc pour une autre allure, mes chevaux, moins précipitée !

Encore un peu, prolongez la route vers le dernier refuge, le dernier !



On est à l’heure au rendez-vous avec Dieu. Il n'y a pas de sursis.

Mais qu’est-ce là ? Sont-ce les anges qui ont ces voix qui sonnent faux ?

Ou n’est-ce pas la clochette qui, de sanglots, s’est affaiblie ?

Ou est-ce moi qui hurle aux chevaux d’emporter moins vite mon traîneau ?



Eh, ralentissez mes chevaux, allez, ralentissez...




Auteur: Vissotski Vladimir Semionovitch

Info: Les chevaux entêtés. Trad : Bobby the rasta lama (sur babelio)

[ chanson ] [ vertige ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

ballade

Ce matin était bien. un peu de neige tapissait le sol. Le soleil flottait dans un ciel clair et bleu. La mer était bleue et bleu-vert, aussi loin que portait l’œil. À peine une ondulation. Calme. Je me suis habillé pour aller me promener - résolu à ne pas rentrer avant d’avoir recueilli ce que la Nature avait à m’offrir. J’ai dépassé de vieux arbres inclinés. Traversé un champ semé de rochers où la neige s’était entassée. Marché jusqu’à atteindre une falaise. Où j’ai contemplé la mer, et le ciel, et les mouettes tournoyant au-dessus de la plage blanche loin au-dessous. Tout était beau. Tout baignait dans une pure et froide lumière. Mais, comme toujours, mes pensées se sont mises à errer. Je devais me contraindre à voir ce que je voyais et rien d’autre. Je devais me dire c’est cela qui compte, pas autre chose. (Et je l’ai vraiment vue une ou deux minutes !) Un ou deux minutes elle a refoulé les rêveries habituelles sur ce qui est bien, et ce qui est mal - le devoir, les bons souvenirs, les idées de mort, la façon de me conduire avec mon ex-femme. Toutes ces choses dont j’espérais qu’elles disparaîtraient ce matin. Ce avec quoi je vis chaque jour. Ce que j’ai foulé aux pieds afin de rester en vie. Mais une ou deux minutes j’ai bel et bien oublié moi-même et tout le reste. Je le sais. Car quand j’ai fait demi-tour je ne savais plus où j’étais. Jusqu’à ce que des oiseaux s’échappent des arbres noueux. Et s’envolent dans la direction que je devais prendre.

Auteur: Carver Raymond

Info:

[ introspection ] [ oubli de soi ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

animal domestique

Journée particulière. Je pars avec mon chien dans la forêt comme de coutume. Soudain il file comme une flèche à l'intérieur d'un sous-bois de résineux très sombre. Après quelques secondes j'entends des feulements impressionnants. Inquiet (Merlin a parfois des problèmes de bagarre avec d'autres chiens - nous somme en Suisse) je fonce en courant dans le sous-bois. Je suis en pantoufles de gym, il fait moins 2 et il y a 20 cm de neige. J'arrive au sommet d'une forte pente et je vois la tête d'un chevreuil qui se débat dans le petit cours d'eau au fond du ravin, le chien n'est pas visible, caché par le dévers. Je hurle. Merlin surgit et remonte aussitôt vers moi, la tête dans les épaules, genre " j'ai encore fait une connerie."
Je le ramène à la maison pour l'y laisser, mets des chaussures adaptées et repars le long du ruisseau dans le creux très accidenté de la gorge pour découvrir le chevreuil, un jeune adulte magnifique, allongé dans 20 cm d'eau. Mort. Je le prends sur mes épaules et le remonte péniblement à la maison.
5 heures plus tard, grâce à Christian, il ne reste rien. Si ce n'est 7 ou 8 kilos de viande finement découpée dans le congélateur.
C'est en désossant la bête que nous avons pu constater qu'elle a les deux hanches cassées, probablement suite à sa chute dans le ruisseau dans la poursuite-bagarre. J'imagine mal Merlin capable de faire ça tout seul.
J'ai ensuite jeté le reste des abats en pleine nature, dans un endroit reculé, au contraire des indications de Christian qui m'avait conseillé de creuser un trou et d'enterrer le tout.

Auteur: Mg

Info: 28 fév. 2013

[ chasse ] [ boucherie ]

 

Commentaires: 0

nature

Nous habitons une minuscule cabane en rondins, au bord d'un étang, qui est en fait le bras mort d'une rivière où des castors ont construit un barrage. Nous n'avons qu'un seul fourneau à bois pour chauffer la cabane, composée d'une seule pièce ouverte à tous les vents. C'est la plus ancienne cabane de la vallée : elle a été construite en 1903, quand les colons blancs débarquèrent ici au cours de la ruée vers l'or. N'ayant pas trouvé d'or, ils redescendirent vers le sud, loin de cette drôle de vallée pleine de neige et d'arbres géants. Ma cabane possède une grande baie vitrée donnant sur l'étang qui se déploie à vingt pieds seulement de la fenêtre.

Les hérons bleus s'y pavanent au milieu des roseaux, embrochant du bec les grenouilles et les truitelles. La mère castor y mène ses petits tous les matins. Les aigles à tête blanche le survolent, bas dans le ciel, surtout en hiver - leur vol à travers une pluie de neige est d'une beauté inouïe. La femelle de l'élan aime venir s'y poster avec son petit les jours de canicule. Parfois je m'offre une virée en canoë : j' attrape une truite ou deux pour notre dîner ou je les pêche par simple plaisir avant de les remettre à l'eau. En hiver, les loutres s'ébattent sur la glace, à travers laquelle elles plongent, disparaissent le temps d'une minute, puis ressortent avec un poisson qu'elles partagent en famille, pas le moins du monde incommodées par la température inférieure à moins trente. Un jour d'hiver, une biche a traversé la glace, et j'ai dû me glisser hors de ma cabane, le lasso à la main, pour l'aider à s'en sortir.

Auteur: Bass Rick

Info: Le livre de Yaak : Chronique du Montana

[ paradis ]

 

Commentaires: 0

question

Car à moi aussi, au fond, ce qui me semble le plus intéressant c'est ce qui se passe dans la tête du bourreau. Les victimes, c'est facile, on peut tous se mettre à leur place. Même si on n'a pas vécu ça, une amnésie traumatique, la sidération, le silence des victimes, on peut tous imaginer ce que c'est, ou on croit qu'on peut imaginer.

Le bourreau, en revanche, c'est autre chose. Être dans une pièce, seul avec un enfant de sept ans, avoir une érection à l'idée de ce qu'on va lui faire. Prononcer les mots qui vont faire que cet enfant s'approche de vous, mettre son sexe en érection dans la bouche de cet enfant, faire en sorte qu'il ouvre grand la bouche. Ça, c'est vrai que c'est fascinant. C'est au-delà de la compréhension. Et le reste, quand c'est fini, se rhabiller, retourner vivre dans la famille comme si de rien n'était. Et, une fois que cette folie est arrivée, recommencer, et cela pendant des années. N'en jamais parler à personne. Croire qu'on ne va pas vous dénoncer, malgré la gradation dans les abus sexuels. Savoir qu'on ne va pas vous dénoncer. Et quand un jour on vous dénonce, avoir le cran de mentir, ou le cran de dire la vérité, d'avouer carrément. Se croire injustement puni quand on prend des années de prison. Clamer son droit au pardon. Dire que l'on est un homme, pas un monstre. Puis, après la prison, sortir et refaire sa vie.

Même moi, qui ai vu cela de très près, du plus près qu'on puisse le voir et qui me suis interrogée pendant des années sur le sujet, je ne comprends toujours pas.

Auteur: Sinno Neige

Info: Triste tigre

[ incompréhension ] [ pédophilie ] [ homme-par-femme ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel