Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 965
Temps de recherche: 0.0495s

rapidité

La vitesse tue la forme. D'un paysage vu à cinq cents à l'heure, que reste t-il ? Rien ; les premiers et les seconds plans sont supprimés ; au delà du 300éme de seconde, les appareils photographiques eux-mêmes défaillent. Notre oeil ne prend pas plaisir à la trajectoire d'un obus puisqu'il ne la voit plus. Le mouvement ne "déplace pas les lignes", il les anéantit. La terre perd sa variété ; en avion, il n'y a plus, sous nos pieds, de peupliers ou de châtaigniers ; il y a l'arbre... La vitesse pour les Orientaux, équivaut à la démocratie. La très grande vitesse ressemble au communisme en ce qu'elle tue l'individuel. Elle appelle et exige l'anonymat. Nous parvenons au règne du symbole. La vitesse habitue l'esprit, par la succession infinie des images, à des nouvelles synthèses. Le sociologue s'en réjouira peut-être, mais non l'artiste. L'artiste est un aristocrate , (même quand il croit faire de l'art pour le peuple) il travaille lentement. La vitesse tue la couleur : le gyroscope, quand il tourne au plus vite, fait du gris ! Regardons la peinture moderne : gris, vert-de-gris, gris-noir, Barque, Picasso, Juan Gris, Derain, Vlaminck : couleurs de torpilleur, de trains de blindé, de châssis.

Auteur: Morand Paul

Info: éloge du repos (1937, 125 p., éditions Arléa) p.118, 119

[ vélocité néfaste ] [ progrès ] [ modernité ] [ esthétique ] [ transition nocive ]

 
Commentaires: 2

racisme

S'il n'était pas filtré par notre crâne, le monde des esprits nous envahirait et, de la même manière, si nous étions capables d'une empathie absolue, nous ressentirions la douleur de tout le monde comme la notre : la souffrance des autres nous écraserait totalement. l'expérience individuelle exige un certain degré d'isolement : sans cela, nous ne pourrions éprouver la brûlure qui consumait l'esprit de Caïn et le faisait avancer. Mais bien évidemment, cela comportait certains inconvénients. L'histoire montre que les humains ont horreur de ceux qui n'ont pas la même forme de conscience qu'eux : ils le tolèrent difficilement, ils ont même souvent besoin de les éradiquer de la surface de la terre. Il suffit de se souvenir du traitement réservé aux Aztèques par les Européens, du génocide des Aborigènes australiens et de la tentative des nazis d'éliminer les Tziganes en Europe et nous verrons plus tard que depuis Moïse, les juifs ont souvent été à l'origine de nouvelles formes de conscience. Les humains étaient maintenant libres de faire des erreurs, de choisir le mal et de l'aimer. Ils ne recevaient plus leur nourriture spirituelle des mamelles généreuses de la Terre Mère. La loi naturelle et la loi morale étaient désormais distinctes.

Auteur: Black Jonathan Mark Booth

Info: L'histoire secrète du monde

[ judaïsme ] [ trickster ] [ éthique ] [ évolution ]

 

Commentaires: 0

évolutionnisme

Si une copie efficace est adaptative, ce qui fait que la sélection naturelle devrait favoriser une dépendance de plus en plus grande à l'apprentissage social par rapport à l'apprentissage asocial, alors le tournoi établit également qu'un certain nombre de caractéristiques fortement évocatrices de la culture humaine suivront automatiquement. L'augmentation du nombre de copies entraîne inévitablement : une plus grande diversité comportementale, la conservation des connaissances culturelles pendant de longues périodes, le conformisme et le renouvellement rapide des comportements tels qu' engouements, modes et changements technologiques. Sous condition que les erreurs de copie ou certaines innovations introduisent de nouvelles variantes comportementales, la copie peut simultanément accroître la base de connaissances d'une population et réduire l'éventail des comportements exploités à un noyau de variantes très performantes. Un raisonnement similaire explique l'observation selon laquelle la copie peut conduire à la conservation des connaissances sur de longues périodes tout en étant apte à déclencher un changement rapide de comportement. L'adoption d'un comportement sous-optimal à un faible niveau suffit à conserver de grandes quantités de connaissances culturelles dans les populations qui apprennent par la voie sociale, et ce sur de longues périodes. Un niveau élevé de copie augmente la rétention des connaissances culturelles de plusieurs ordres de grandeur.

Auteur: Laland Kevin Neville

Info: La symphonie inachevée de Darwin : comment la culture a donné naissance à l'esprit humain

[ ouverture ] [ objectivité-subjectivité ] [ mimétisme ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

serviteur de la pensée

Telle est la situation des systèmes philosophiques. Une pensée soi-disant délivrée de l'autorité d'une tradition spirituelle, c'est-à-dire privée de la lumière plus ou moins indirecte de l'intuition intellectuelle, se trouve soumise en fait au dogmatisme anarchique des opinions individuelles et des passions qu'elles présupposent. Le philosophe libéré de l'apparent dogmatisme d'une tradition spirituelle a l'illusion qu'il est libre pour la vérité: en fait, il n'utilise sa liberté que pour détruire les systèmes antérieurs dont il décèle souvent les tares mais non pour s'ouvrir à une expérience vraiment intégrale du réel, car toujours il retombe dans la prison de nouvelles limitations intellectuelles et passionnelles. Son refus massif des "dogmatismes" antérieurs n'est conditionné en fait que par un dogmatisme qui s'ignore.
La situation du "métaphysicien pur" est pour ainsi dire inverse : se maintenant dans les cadres d'une tradition spirituelle qui limite apparemment sa liberté et qui pratiquement contrôle et tempère son individualité psychique et mentale, il parvient à dépasser du dedans les limitations dogmatiques de cette tradition en approfondissant le contenu de son message. La soumission de ses puissances individuelles à l'extériorité d'une tradition limitée apparaît alors comme la condition paradoxale d'une parfaite disponibilité qui lui permet une saisie "libre" et "désintéressée" de vérités universelles.

Auteur: Vallin Georges

Info: Dans "Perspective métaphysique", page 83

[ cadre fondateur ] [ décadence ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

animal de compagnie

Au même moment, un homme portant un sac à dos et un singe sur l'épaule gauche sonne à la porte cochère. C'est ce Maurice-là, qui a bien changé. Il est tout en sueur. Odile le reçoit, dans la cuisine. Il a su que sa femme était ici.

Il ne vient pas la chercher. Il voudrait avoir de ses nouvelles. Marie-Nadège va prévenir Madame Maurice qui s'est endormie dans la chambre de Gustave. Elle doit lui tapoter le dos pour la réveiller.

- Tu n'as pas changé de robe, dit ce Maurice-là à sa femme.

- Te voilà avec un singe, mon pauvre ami ? répond Madame Maurice.

- Ne vous disputez pas, dit Odile. Monsieur me parlait de son métier. Il va de villes en villes. Il écoute les gens.

- Mais pourquoi ce singe ?

- Si vous n'avez pas de singe, personne ne vous parle. Puis-je dormir ici?

- Non, ordonne Gustave, qui vient d'arriver. Je vous accompagne.

Le singe bat des mains. Les femmes ont le coeur serré de voir partir ce Maurice-là. Elles s'étaient habituées à lui. Quelques minutes suffisent. C'est pourquoi les arcs-en-ciel nous attristent.

Auteur: Dumayet Pierre

Info: in "La nonchalance", éd. Verdier, p. 49-50

[ visite ] [ vitesse ] [ petit truc de communication ] [ fugacité ]

 
Commentaires: 3
Ajouté à la BD par Benslama

pandémie

Durant le weekend, c’est l’effervescence. Toutes sortes de nouvelles nous mettent dans un état d’hébétude. Comment faire pour bien faire ? Nous ne sommes pas en vacances! Ne pas se mettre en danger. Réunion des enseignant.es lundi. Ne venez pas si vous toussez. Attention aux ainé.es. Dimanche soir, j’envoie un courriel à la direction et je reçois dans les cinq minutes un appel qui m’autorise à me mettre en auto-confinement volontaire. Je ne viendrai en classe qu’en cas de besoin, en soirée. Je me sens rassurée. Le lundi, mes collègues déposent un contenu éducatif sur la plateforme Pronote. On l’utilisait jusque-là uniquement pour les absences. Depuis la maison avec mon ordinateur très vieillot, je rame. Mais pas grave, le travail sera mis en ligne aussi en mon nom par mes collègues. Merci à elles. Comme je vis seule, très vite, je me sens vraiment mise à l’écart. J’ai créé un groupe WhatsApp et déjà mis un petit mot aux parents. Tous les matins, je fais ma petite émission radio pour mes élèves, une minute trente au maximum pour le moment. Objectif : faire le travail seul·e. Très rapidement, j’ai des retours, des messages, des photos, de petits enregistrements, c’est super, touchant, très encourageant.

Auteur: Barraud-Gaillard Anne

Info: https://www.le-ser.ch - L’école à la maison, mars 2020. Vendredi 13, ça ne s’invente pas, le Conseil fédéral annonce la fermeture des écoles pour les raisons sanitaires que l’on connait. Malheureusement, les enfants sont tous déjà à la maison, ils ne viennent pas cet après-midi-là et ils n’ont pas pris leurs affaires.

[ scolaire ] [ co-vid ] [ liens sociaux ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Le sous-projectionniste

publi-communiqué

L’un des premiers magazines féminins français, Votre Beauté, a été créé par Eugène Schueller, fondateur et dirigeant de L’Oréal, afin de développer la demande pour ses produits cosmétiques. Dans les années 1920, Votre Beauté publie plusieurs articles sur les cheveux blancs, décrits comme un déplaisant signe de vieillesse. Ces articles côtoient alors des publicités pour les teintures. "Le feuilletage attentif de tous les numéros de la période montre que ces occurrences fabriquent une narration cohérente autour du cheveu blanc, de la vieillesse qui guette et de la femme abandonnée par son mari, narration qui s’étaie au fur et à mesure du temps. Cohérente mais non moins éclatée puisque les motifs sont éparpillés dans les différents contenus et dans les différents numéros au milieu de plusieurs autres thématiques." [Alexie Geers, Le Sourire et le tablier, p. 75.] Par accumulation, publicités et articles donnent forme à un macrorécit et enveloppent le lecteur dans de nouvelles normes. L’éditorial affecte les perceptions, convertit le regard, suscite une anxiété, impose la nécessité d’une correction et la publicité propose une solution – un soulagement – par le produit. Articles et publicités coécrivent un récit qui est d’autant plus cohérent et mieux coordonné que sa production est assurée par une même entreprise. 

Auteur: Galluzzo Anthony

Info: Dans "La fabrique du consommateur", éd. La découverte, Paris, 2020

[ presse ] [ détournement ] [ éditorialisation ] [ fabrication du consentement ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

prédateurs

Il dévoilait les motivations et les buts des entrepreneurs, des marchands et des fonctionnaires coloniaux : - Elle [la mère Patrie] prétend en toute hypocrisie, de manière à tromper quelques naïfs, "porter la civilisation" ou même propager les "grands principes" chez les peuples lointains, mais le but incontestable, sous le couvert des formules les plus honorables, n'est autre que de voler et de piller : le colonial n'a d'autre objectif que de prendre, soit des trésors, soit des terres et les hommes qui les peuplent, soit le pouvoir et des titres à l'avancement. L’œuvre dans son ensemble est mauvaise et les agents qu'on emploie pour l'accomplir conviennent d'autant mieux à l’œuvre projetée qu'ils sont mauvais eux-mêmes. Accompagnant ces fonctionnaires civilisateurs, viennent les marchands qui reçoivent pour mission spéciale des créer des besoins aux indigènes naguère accoutumés à une vie des plus simples. Les efforts des colonisateurs prétendus se combinent pour faire naître de nouvelles demandes, notamment celle de l'eau-de-vie […] Bien pire encore est le sort du travailleur "libre" ! Sa tâche est fixée et, s'il ne la remplit pas, s'il n'apporte pas l'ivoire, ou le caoutchouc, ou la gomme copal, ou le sac de mil que l'on attend de lui, gare au fouet, au bâton, même au couteau.

Auteur: Vincent Jean-Didier

Info: Elisée Reclus : Géographe, anarchiste, écologiste

[ dominateurs capitalistes ] [ nord-sud ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

art pictural

Nous travaillions la situation en contrepoint de ce qui était montré, c'est-à-dire que nous escamotions un peu le centre général de l'attention en le laissant un peu hors du champ, ce qui créait deux centres d'intérêt, celui qui nous voyions, et celui qui restait "off". De la relation entre ces deux pôles d'intérêt naissait une certaine forme d'émotion visuelle que nous avons connue dans les mauvais programmes de TV. Au Chili, les opérateurs de télévision, ne connaissant pas par exemple la pièce de théâtre sur laquelle ils travaillent, l'abordent comme ils en ont envie, ce qui fait surgir tout à coup des tensions inattendues et réellement nouvelles. Nous avons travaillé cette sensation jusqu'à la réduire à des aphorismes. Par exemple, si on montre cette pièce et si on cesse de la montrer, on n'a rien fait. Mais si on montre un mur, et si on cesse d'en montrer une certaine zone, cette gravure, par exemple, il y a maintenant quelque chose. Et si on arrive à jouer avec un évènement montré et un évènement escamoté, alors nous aurons obtenu ce que nous cherchions. Cela nous a amené à faire tout un travail que nous avons même depuis ce film développé avec les acteurs plus que nous ne l'avions prévu.

Auteur: Ruiz Raul

Info: Entretien paru dans "Positif", n°123, janv.1971 (à propos du film "Trois tristes tigres") - cité dans "Passage du cinéma", éd. Ansedonia, p.286

[ hantise ] [ cinéma ] [ soustraction ] [ disparition ] [ bifocalisation ]

 
Commentaires: 2
Ajouté à la BD par Benslama

mégapole

Calcutta est une ville de poussière. Quand on se promène dans ses rues, on voit sur les trottoirs des monticules de poussière hauts comme des dunes, où chiens et enfants restent assis à ne rien faire, tandis que des ouvriers en sueur défoncent le macadam à coup de pioches et de marteaux-piqueurs. Sans cesse on démolit les routes, soit pour la construction du nouveau métro soit pour tout autre raison obscure, comme le remplacement d'une canalisation qui ne marche pas par une autre qui ne marche pas mieux. Calcutta se met alors à ressembler à une oeuvre d'art contemporain dénuée de sens et de fonction, mais qui continue d'exister pour quelque raison esthético-ésotérique. Partout des tranchées et des tas de poussière donnent à la ville l'air d'avoir été pilonnée. Les vieilles maisons aux murs apaisés s'effritent en lente poussière, leurs portails jadis rutilants sont désormais rouillés. Du plafond des bureaux s'écaille la poussière; les bâtiments tombent en poussière, les routes se font poussière. Sans cesse, sous l'action arbitraire du vent, la poussière s'érige en formes nouvelles surprenantes, des formes sur lesquelles les chiens et les enfants restent assis à ne rien faire. Jour après jour, sans un murmure, Calcutta part en poussière, et jour après jour, Calcutta renaît de sa poussière.

Auteur: Chaudhuri Amit

Info: Une étrange et sublime adresse

[ cycles ]

 
Mis dans la chaine

Commentaires: 0