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sciences

Il a compris une chose essentielle ; il n'y a finalement que deux grandes possibilités de contact avec la réalité matérielle : le contact brut, direct, qui bute sur les choses, les soupèse et en infère leurs diverses propriétés ; et le contact "en miroir", qui, par un jeu de correspondance entre le visible et l'invisible, remplace la présence des choses par leur mise en concepts. C'est cette seconde sorte de contact, consistant à doubler la réalité matérielle par autre chose que son apparence première, à la sublimer en un jeu d'équations incompréhensibles pour le commun des mortels, qui donne toute sa puissance opératoire à la physique. Celle-ci vise à proposer de la matière concrète une représentation abstraite qui permettra, en retour, à l'issue d'une sorte de galipette, de la saisir en ce qu'elle est vraiment. En définitive, nos sens ne nous apprennent rien sur ce qui se trame en profondeur dans la matière, à l'abri de nos grossiers percepts.

Auteur: Klein Étienne

Info: En cherchant Majorana. Le physicien absolu

[ chair-esprit ] [ mathématiques ] [ langage ] [ abstraction dépassement ] [ codage du réel ] [ transcodage priméité - tiercité ]

 

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portrait

Edevart, grand et fort, un beau gaillard calme par apathie. De temps en temps il hoche la tête, comme s’il s’était posé une question à laquelle il répondait non, mille pensées lui traversent l’esprit, mais il n’a pas le courage de les démêler. Il porte en lui une lésion interne, il se couche chaque soir et se lève chaque matin sans essayer de la guérir, tant il est devenu mou. Que lui est-il donc arrivé d’extraordinaire ?
Il a reçu un coup, c’est tout ce qu’on peut dire, un autre que lui s’en serait remis. Que diable, était-ce si terrible d’avoir senti s’effondrer les bases de sa vie ? Il pouvait continuer à vivre, comme vivent d’autres qui ont un jour quitté leur pays. Y a-t-il de quoi s’affliger à ce point parce qu’on est sans foyer ?
Oui, mille pensées lui traversent l’esprit et son état d’âme le fait souffrir, mais il est lourd et ignorant, il n’a pas le don de voir clair en soi.

Auteur: Hamsun Knut

Info: Dans "August le marin", trad. Marguerite Gay et Gerd de Mautort, Le livre de poche, 1999, page 1428

[ psychologique ] [ traumatisme ] [ tristesse ] [ vie opératoire ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

similitudes

Prélever du sang n'est pas plus abstrait, plus rationnel, plus rigoureux, plus idéal, que traire une vache. En passant de la ferme au laboratoire, on ne va pas du social au scientifique ou du matériel à l'intellectuel. La différence va venir de ce que le monde de la pipette, du bouillon de culture et des cobayes, est un monde-pour-élever-le microbe, comme celui de la ferme est un monde-pour-élever-des-vaches. D'ailleurs, le laboratoire lui-même ne se fait que par déplacement et décalage d'autres lieux et savoir-faire. Le bouillon de culture par exemple est presque du bouillon de cuisine :

"On obtient un bouillon d'infusion en laissant pendant 24 heures, en contact avec deux fois son poids d'eau, de la viande de veau aussi maigre que possible et finement hachée. On décante, on presse le résidu, on cuit une heure le liquide décanté et exprimé, et on filtre. On ajoute alors 1% de peptone et 0.5% de sel marin et assez de solution de soude pour ramener à la neutralité le liquide qui en général est un peu acide." (Duclaux, 1899, T.I, p.105)



 

Auteur: Latour Bruno

Info: in "Les microbes, guerre et paix", éd. Métailié, p. 90-91 - Emile Duclaux : biologiste, disciple de Pasteur (1840-1904)

[ praxis ] [ biologie ] [ recettes ] [ modèles opératoires ]

 

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Ajouté à la BD par Benslama

anthropocentrisme

Connaitre l'univers, c'est l'inventer. Certes, cette proposition hardie peut déconcerter à une époque comme la nôtre, qui a été le témoin d'une si prodigieuse accumulation de connaissances scientifiques; la remarquable théorie mathématique que la science contemporaine propose pour expliquer l'univers semble même la démentir d'entrée de jeu. Et pourtant, une étude attentive de ces modèles cosmologiques que sont le Timée de Platon et le modèle Big Bang standard montre à l'évidence que cette connaissance que nous appelons "scientifique" se fonde en dernière instance sur des propositions irréductibles et indémontrables, pures inventions de l'esprit humain, retenues seulement en faisant appel à cet argument opératoire : "ça fonctionne". Devant cet état de fait, la spéculation philosophique semble n'avoir trouvé que deux issues : ou bien elle postule le saut vers le non-rationnel, en posant l'"axiome qui justifie tous les axiomes", ou bien elle constate ses propres limites, mais, ce faisant, elle risque de tomber dans l'absurde, car, poussée inlassablement par un appétit de comprendre, par une nostalgie de l'absolu, elle ne peut qu'essayer sans cesse de ré-inventer l'univers, tout en ayant une conscience lucide des limites indépassables inhérentes à cette démarche.

Auteur: Brisson Luc

Info: Inventer l'univers. Le Problème de la connaissance et les modèles cosmologiques

[ logique ] [ horizon ] [ langage ]

 

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forclusion

La différenciation majeure de mémoire implicite entre les opérés et les non-opérés peut être attribuée au facteur objectif qu’est l’activation de l’amygdale, dans des conditions biochimiques analogues à celles du stress, qui sont réalisées durant l’opération. Ces conditions de stress physiologique peropératoire sont d’ailleurs corroborées par l’apparition assez fréquentes de signes neurovégétatifs de forte sollicitation corporelle au cours de l’intervention […]. Mais à quoi correspondent ces signes lorsqu’ils sont traduits en première personne de l’expérience instantanée ? Ne doit-on pas les requalifier selon ce point de vue de signes de souffrance ? Et n’est-ce pas tout simplement cette souffrance, celle-là même qu’on croyait pouvoir éviter par l’anesthésie, qui se manifeste par un traumatisme implicite post-opératoire ? Voilà une série de questions dérangeantes qui ne peut qu’en entraîner d’autres. Que signifie au juste "être anesthésié" ? Est-ce que cela veut dire ne pas être "conscient" d’une douleur qui peut pourtant se manifester sur un plan " inconscient " ? Ou est-ce que cela revient simplement à perdre la mémoire explicite de cette douleur et de ses circonstances opératoires, après s’être vu privé des voies de communication qui permettraient de la faire converger vers une expérience unifiée, ainsi que des capacités motrices d’en témoigner au moment où elle se produit ?

Auteur: Bitbol Michel

Info: Dans "La conscience a-t-elle une origine ?" pages 466-467

[ questions ] [ silence des organes ]

 
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Ajouté à la BD par Coli Masson

intégration

La sublimation a vécu. La pulsion a trouvé un regain de toute-puissance dans un monde qui ne supporte aucune limite pour la satisfaire. Immédiateté, vitesse, fluidité appellent une société sans frustration ni délai. Que ce soit dans l’espace public (les actualités, les faits divers, la pornographie normative, les attitudes "décomplexées") ou sur le divan (patient déprimé, désaxé), la société post-industrielle et post-traumatique de l’après-guerre admet mal qu’on "sublime". Il faut au sujet narcissique un champ opératoire simple et direct à ses pulsions, sinon, il se déprime. La frustration n’est plus supportable, trouvons-lui donc sans cesse de nouveaux objets à ses appétits. L’abstraction, le style, la précision sont passés à l’ennemi, toutes ces choses nous "ralentissent". On ne possède pas un livre, ce n’est ni un investissement ni un instrument ; la lecture prend du temps, et ne produit rien d’autre qu’une capacité accrue à rêver et à penser. L’absence de style dans les productions culturelles est aussi préoccupante que le sont les vies sous pression, moroses et fonctionnelles - tellement plus nombreuses que des vies habitées, voulues.Un monde qui parvient à sublimer est un monde qui prend une forme, qui n’est pas informe comme l’actuelle confusion générale destine le nôtre à l’être.

Auteur: Dufourmantelle Anne

Info:

[ fond-forme ] [ prendre son temps ] [ zapping ] [ nourriture de l'âme ] [ facilité ]

 

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Ajouté à la BD par Coli Masson

rapports humains

... je réponds aux messages sur Tinder, dernière étape de mon rituel matinal. J'y suis inscrit depuis trois mois, moins pour trouver I'amour que pour m'entrainer à capter l'attention, séduire et sortir de ma zone de confort. J'avais besoin dune bonne remise à niveau dans tous ces domaines. Ainsi, chaque jour, derrière l'écran, je m'exerce à me mettre en valeur, à faire ma propre publicité, à me différencier tout en étant conforme. Une version 2.0 de la séduction dans laquelle chacun peut, en fonction de sa valeur sur le marché, fixer les termes, conditions et contre-parties de son consentement à devenir l'objet du désir de l'autre. Méthodique, je rejoue la même séquence avec des dizaines, des centaines de filles différentes et ajuste ma stratégie après chaque échec. Il existe une formule, un mode opératoire pour tout, même pour plaire. La première étape consiste à maximiser ses "matchs" . Au début, mon score était négligeable, à peine 1 % de mes "likes" . Pour remédier, j'ai fait évaluer mes photos par des inconnues sur un site spécialisé, anonymement et sur plusieurs critères: charisme, attractivité, intelligence, confiance en soi... Cette étude m'a permis d'observer que la version optimale de moi souriait à peine, déboutonnait le col de sa chemise et ne regardait pas l'objectif de l'apparel. Désormais, mon taux de "matchs" dépasse les 3%. C'est mieux, mais doute encore loin des champions du "PageRank".

Auteur: Markov Bruno

Info: Le dernier étage du monde, 2023

[ cybernétiques ] [ orthogonaux ]

 

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Ajouté à la BD par miguel

extraterrestres

Lorsque nous n'avons pas à notre disposition la méthodologie habituelle, celle qui permet de reproduire un phénomène ou une expérience, il ne nous reste plus que la spéculation. Celle-ci est aussi très limitée puisqu'elle fonctionne toujours à base d'analogie, d'associations, de comparaison des ressemblances, mises en parallèles et autres parentés que peuvent générer notre cerveau après x millions d'années d'évolution... Comme s'il y avait des archétypes définitifs pour toutes les races et les espaces potentiels, ce qui reste à voir puisque nous sommes probablement limités par nos sens et notre éducation.
A moins peut-être de prendre la vie comme une naissance perpétuelle. De rester toujours apte à voir, sans préjugés ni représentations.
Ainsi des OVNIS et autres ET'S. Comment reconnaître quelque chose configuré pour et par une autre intelligence ?
Les intelligences sont-elles proches, suivent-elles des modes opératoires similaires, à base de survie, de camouflage et d'évitement... de jeu... d'observation méditation ?
Et puis, quelle dérision, quand à l'observation d'un phénomène inexpliqué on se permet d'affirmer que l'apparition se comportait de manière intelligente...
Faut-il tenter de transcender cette spéculation ? Ou se laisser gagner par l'avidité de "savoir", comme ces adolescents qui s'enflamment devant le phénomène en voulant tout expliquer à la sauce science-fiction. Une science-fiction imaginée et limitée par les représentations humaines.
Ou revenir vers la quête intérieure, celle d'une humilité qui redonne leur part au rêve et au mysticisme... Nous débarrasser du rationalisme pour recommencer un voyage intérieur que la société de consommation a tout fait pour empêcher ?

Auteur: Mg

Info: 2 novembre 2013

[ dépassement ] [ question ]

 

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automatisation

Au mystère de la vie que nous partageons avec toutes les créatures autour de nous, et aux mystères du langage et de l'écriture, qui nous en distinguent, serions-nous devenus si monstrueusement étrangers, que nous en usions sans plus savoir seulement qu'ils existent ? Notre époque est évidemment tombée très bas dans le simulacre, et notre temps se signale entre tous les temps par sa gesticulation insensée, son vacarme et le poids accablant de sa machinerie. Et pourtant, oui,elle se signale aussi par une angoisse sourde, un sang serré, une sève contrite, comme si toute la nature avec nous gémissait silencieusement dans l'ombre d'une certaine joie perdue. Qu'est-ce à dire ? Sinon que notre pauvre humanité, pour s'être un peu trop matériellement épanouie dans sa curiosité, et pour s'être un peu trop cherchée depuis un siècle où deux, s'est beaucoup trop trouvée, hélas, enjambant dans sa hâte les distances et les différences, gagnant furieusement du temps sur le temps qui passe, envahissant d'autres espaces que son espace, et n'ayant en commun, finalement, qu'une épouvante inavouée et féroce, une sorte de halètement d'agonie où l'on peut voir déjà la vie, dans son indifférence, ne plus se modeler que sur les figures pâles de la mort, et la mort ; plus atrocement, singer tout le vocabulaire et les figures de la vie. Le mauvais rêve se poursuit, dont plus personne n'aura bientôt la force même de vouloir sortir, tant la tristesse et la lassitude, qui sont toujours le fruit des mauvais calculs qu'on ne peut pas reprendre, trahissent la déspiritualisation des corps : des corps qui s'ennuient dans toutes les langues du monde, et qui s'en vont de moins en moins à la recherche de quelque chose, n'importe quoi, qui puisse remplacer leurs âmes si terriblement absentes. Bientôt, c'est aujourd'hui déjà, les hommes ne sauront même plus que leurs âmes leur manquent. Robots : voilà le confort, que d'aucuns déjà, préconisent ; n'être plus qu'une viande forte, c'est l'idéal des grandes nations.

Auteur: Armel Guerne

Info: Le Verbe nu, page 45

[ vie opératoire ] [ modernité ] [ décadence ]

 

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relations amoureuses

Sandeau, Musset, Chopin… A travers les aventures rocambolesques de sa vie et les couples transitoires qu’elle [George Sand] forme avec ses compagnons successifs dans les décors variés de l’Europe, c’est toujours la même odeur qui persiste, de clinique et de désinfectant. Un hôpital de campagne qu’elle traîne après elle de Venise à Paris et de Paris à Nohant puis encore de Nohant à Majorque… Un bloc opératoire mobile, maternel, bienveillant. Pour ses amants ectoplasmes, ses amis translucides et fluidiques, ses appendices mâles si peu phalliques de plus en plus efflorescents. Sandeau est extrêmement paresseux et à peu près dépourvu de talent, elle l’oblige à se mettre à son bureau, le nourrit quand il oublie de le faire, se fatigue vite de le tenir à bout de bras sur ce bord de son propre néant où il titube. Musset abuse de l’alcool, se montre souvent grossier et violent, s’effondre de temps en temps en proie à des espèces de crises nerveuses qu’elle regarde assez lucidement comme des affaires de possession. Inondé de sueur il se tord et hurle et croit voir des fantômes tomber sur lui. Intensité de l’exhibition du lien démoniaque derrière les jets déclamatifs de passion. "Est-ce que l’amour élevé et croyant est possible ? Est-ce qu’il faut que je meure sans l’avoir rencontré ? Toujours saisir des fantômes et poursuivre des ombres !" s’écrit George Sand qui sait très bien qu’elle va de spectre en spectre quand elle dit chercher l’amour… Elle est frigide, raconte-t-on parfois ? Mais non, bien sûr, pas plus que n’importe qui. Et puis d’ailleurs, comment pourrait-elle "jouir" puisqu’elle n’a à sa disposition dans son lit que des ombres, fatalement ? Au fond ses amants de passage me semblent des incarnations assez modernes de l’espèce masculine, ils ne seraient pas déplacés aujourd’hui. Les bouclettes de Sandeau l’incapable, la vulgarité éthérée de Musset, le retrait digne et silencieux de Chopin derrière sa toux de Dame aux camélias… Le gâtisme final de son mari qui, à la veille de mourir, en 1869, écrit à Napoléon III pour lui demander la Légion d’honneur non pas en tant qu’ancien officier mais parce qu’il a été l’époux de Sand et qu’elle l’a fait cruellement souffrir…

Auteur: Muray Philippe

Info: Dans "Le 19e siècle à travers les âges", page 606, à propos de George Sand

[ déceptions ] [ littérature ] [ femme-hommes ]

 

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