Citation
Catégorie
Tag – étiquette
Auteur
Info



nb max de mots
nb min de mots
trier par
Dictionnaire analogique intriqué pour extraits. Recherche mots ou phrases tous azimuts. Aussi outil de précision sémantique et de réflexion communautaire. Voir la rubrique mode d'emploi. Jetez un oeil à la colonne "chaînes". ATTENTION, faire une REINITIALISATION après  une recherche complexe. Et utilisez le nuage de corrélats !!!!..... Lire la suite >>
Résultat(s): 48
Temps de recherche: 0.0507s

introspection

À part ces rêves banals, hontes quotidiennes des bas-fonds de l'âme, que personne n'oserait avouer et qui hantent nos veilles comme des fantômes sordides, abcès gras et visqueux de notre sensibilité réprimée — que de choses ridicules, effarantes et indicibles l'âme peut encore, et au prix de quels efforts, reconnaître au tréfonds d'elle-même !
L'âme humaine est un asile de fous, peuplé de caricatures. Si une âme pouvait se révéler dans toute sa vérité, et s'il n'existait pas une pudeur plus profonde que toutes les hontes connues et étiquetées — elle serait, comme on dit de la vérité, un puits, mais un puits lugubre hanté de bruits vagues, peuplé de vies ignobles, de viscosités sans vie, larves dépourvues d'être, bave de notre subjectivité.

Auteur: Pessoa Fernando

Info: Le livre de l'intranquillité, Texte n° 242

[ pessimisme ]

 

Commentaires: 0

rigoler

Le vice olympien. - En dépit de ce philosophe qui, en bon Anglais qu'il était, a essayé de discréditer le rire auprès de tous les penseurs - "le rire, dit Hobbes, est une grave infirmité de la nature humaine, dont toute tête pensante devra s'efforcer de s'affranchir"-, j'oserai même établir une hiérarchie des philosophes d'après la qualité de leur rire - en plaçant au sommet ceux qui sont capables d'éclats de rire dorés. Et à supposer que les dieux philosophent, eux aussi, ce que plusieurs conclusions m'incitent fortement à croire, je ne doute pas qu'ils ne sachent aussi, tout en philosophant, rire d'une façon nouvelle et surhumaine - et aux dépens de toutes les choses sérieuses ! Les dieux sont espiègles : il semble que, même pendant les actes sacrés, ils ne puissent s'empêcher de rire.

Auteur: Nietzsche Friedrich

Info: Par-delà le bien et le mal, 1886, Oeuvres II, Robert Laffont Bouquins 1990, 294 p.730

[ anges malicieux ]

 

Commentaires: 0

bipolarité

Mon petit, en littérature, chaque idée a son envers et son endroit ; et personne ne peut prendre sur lui d’affirmer quel est l’envers. Tout est bilatéral dans le domaine de la pensée. Les idées sont binaires. Janus est le mythe de la critique et le symbole du génie. Il n’y a que Dieu de triangulaire ! Ce qui met Molière et Corneille hors ligne, n’est-ce pas la faculté de faire dire oui à Alceste et non à Philinte, à Octave et à Cinna. Rousseau, dans la Nouvelle-Héloïse, a écrit une lettre pour et une lettre contre le duel, oserais-tu prendre sur toi de déterminer sa véritable opinion ? Qui de nous pourrait prononcer entre Clarisse et Lovelace, entre Hector et Achille ? Quel est le héros d’Homère ? quelle fut l’intention de Richardson ? La critique doit contempler les œuvres sous tous leurs aspects.

Auteur: Balzac Honoré de

Info: Illusions perdues

[ Tao ]

 

Commentaires: 0

anecdote

Un jour que Liszt et Rubini avaient annoncé leur concert dans une grande ville de France, amie intelligente de la belle musique, ils ne furent pas médiocrement surpris de ne trouver que cinquante auditeurs dans la salle. Rubini, maugréant, chanta comme un ange, et Liszt joua comme un Dieu; mais, voyant que l'assemblée était assez maussade : "Messieurs, dit-il et madame (il n'y en avait qu'une), je pense que vous avez assez de musique ; oserai-je maintenant vous prier de vouloir bien venir souper avec nous ? Il y eut un moment d'indécision parmi les cinquante, conviés ; mais comme, à tout prendre, cette proposition ainsi faite était engageante, ils n'eurent garde de la refuser. Le souper coûta à Liszt 1,200 fr. Les deux virtuoses ne reuouvelèrent pas l'expérience. Ils eurent tort.
Nul doute qu'au second concert la foule n'eût accouru... dans l'espoir du souper.

Auteur: Janin Gabriel-Jules

Info: Débats

[ argument ] [ publicité ]

 

Commentaires: 0

éloge

Sa prétention à une érudition profonde et obscure, ses entreprises gaffeuses en pseudo-humour guindé et travaillé, ses éclats et préjugés critiques, souvent au vitriol, doivent tous être reconnus et pardonnés. Par-dessus et au-delà, les rapetissant jusqu'à l'insignifiance, il y avait une vision maîtresse de la terreur qui nous oppresse de l'intérieur et de l'extérieur, du ver qui se tord et bave dans ces abîmes si hideusement proches. Pénétrant toutes les horreurs purulentes de cette gaie et moqueuse toile nommée existence, cette solennelle mascarade des sentiments de la pensée humaine, cette vision eut le pouvoir de se transmuter et se projeter en de noires cristallisations magiques, jusqu'à ce qu'elles fleurissent dans la stérile Amérique des années mille huit cent trente et quarante, comme de ces jardins nourris par la lune, tapissés de magnifiques champignons vénéneux dont même la plus sombre et profonde pente de Saturne n'oserait se vanter.

Auteur: Lovecraft Howard Phillips

Info: Eldritch Tales, A Miscellany of the Macabre, à propos d'Edgar Allan Poe. Trad. Mg

[ ténébreux ] [ sinistre ] [ lugubre ] [ littérature ]

 

Commentaires: 0

question

Les gens qui éprouvent le besoin impérieux de lire lorsqu'ils se trouvent au coeur d'une foule ou dans les transports en commun ne savent pas qu'ils adoptent un parangon de l'attitude autistique.

La lecture est un repli sur le monde intérieur de l'imagination et de la représentation mentale ; en lisant un livre en public, on se coupe de la réalité qui nous entoure parce qu'elle nous agresse par ses bruits, ses odeurs, ses images, ses mouvements spasmodiques ; lire en public, c'est refuser le contact avec autrui. Bien sûr, lire un livre permet de passer le temps tout en se distrayant ou se cultivant. Mais au coeur de la masse mouvante du peuple, lire un livre équivaut souvent à protéger sa bulle individuelle, à fermer les frontières, à ériger des barrières et à tenir à distance les quidams indésirables. Et pourtant qui osera dire que lire est un comportement pathologique ?

Auteur: Vall David

Info: De chair et de marbre

[ bouquiner ] [ refuge ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par miguel

juifs

Or l’antisémitisme est bien porté dans nombre de salons ; c’est leur façon à eux aussi, de protester contre les insolences d’un luxe qu’ils ne peuvent tous égaler, contre l’arrogante intrusion des parvenus, contre la prépondérance des hommes d’argent, voire contre les iniquités du "capitalisme" et contre le "parasitisme social".

Car les déclamations de l’antisémitisme contre la finance et le capital l’amènent à un vague anticapitalisme, partant à une sorte de socialisme ingénu, inconscient et inconséquent, le socialisme, oserai-je dire, de ceux qui ne voient pas où leurs idées les mènent. A cet égard, l’antisémitisme se rencontre avec le socialisme ; ce sont comme deux frères ennemis qui ont grandi, côte à côte, dans des milieux différents. Au point de vue économique, en effet, l’antisémitisme n’est guère que le socialisme des salons, le socialisme du clubman et du hobereau, le socialisme mondain de tous ceux dont les rentes sont inférieures aux appétits ou aux ambitions, le socialisme bourgeois de tous les vaincus de la vie et de tous les mécontents de la fortune.

Auteur: Leroy-Beaulieu Anatole

Info: " Les doctrines de haine ", éditions Payot et Rivages, Paris, 2022, page 39

[ jalousie ] [ proximité idéologique ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson

dernières paroles

Ces derniers jours, mon nom a été sali dans les médias. Des accusations et suppositions injustes ont été proférées à mon encontre... Depuis 20 ans (...), je me suis toujours attaché à travailler beaucoup, avec respect de mes patients et amour de la médecine, dans le respect du serment d'Hippocrate. J'ai cette sensation aujourd'hui que tous ces efforts ont été réduits à néant par des articles mensongers. (...) Je n'oserai plus croiser un regard en France sans que je me pose la question de savoir s'il est rempli de méfiance envers moi.
Je suis certain d'avoir traité Gérald de manière respectable, comme un patient et non comme un candidat. Même si je regrette cette fin malheureuse, j'ai agi là aussi conformément au serment d'Hippocrate, et entouré de vrais professionnels.
Je m'endors serein ce soir, sans aucun rancoeur, même contre les médias.
Reconstruire cette réputation détruite me serait insupportable, c'est donc mon seul choix possible.
Merci à ceux que j'ai aimé d'une manière ou d'une autre dans ma vie. (...)
J'aimerai que mon corps soit incinéré au Cambodge sans jamais reposer en France.
Thierry
ps : cette lettre est publique.

Auteur: Costa Thierry

Info:

[ suicide ]

 

Commentaires: 0

morale individuelle

Mais la foi, le salut personnel n’ont rien à voir avec la bienséance, et ne sont pas de l’ordre des mérites. Et c’est pourquoi il est écrit : "Ne jugez pas !" J’avoue que je comprends mal, ou plutôt que je réprouve, ces discussions sur la croyance ou non d’un homme connu, multipliées et prolongées après sa mort, dans notre siècle. Elles ne sont ni chrétiennes ni simplement honnêtes. "Le Seigneur seul connaît les siens", dit l’Écriture : si l’on est chrétien, qu’on croie cela, laissant aux incroyants le droit de mieux savoir. Et qu’est-ce que cela peut bien nous faire ? Sinon nous servir d’argument et nous rassurer curieusement dans notre foi ou dans notre incroyance, — parce qu’un de plus vient renforcer notre parti, et qu’il n’est pas le premier venu. C’est usurper la place du Juge, ou mêler vanités et salut.

Si Gide a refusé totalement quelque chose, c’est justement le totalitarisme, qui est l’esprit de parti logiquement développé. Et d’abord dans la religion. Le vrai croyant demain, ne sera-t-il pas celui qui osera dire : "Je ne crois pas !" quand l’État contre l’homme invoquera les Nécessités de l’Histoire ? Il n’est pas de vraie foi sans vrai doute, plus qu’il n’est de lumière sans ombre. Et je n’entends pas dire que Gide fut un croyant, mais il reste un douteur exemplaire.

Auteur: Rougemont Denis de

Info: fin de "Un complot de protestants", portrait de Gide publié dans le numéro de novembre 1951 de la NRF

[ indiscrétion ] [ références bibliques ] [ perplexité ] [ rejet des dogmes ]

 
Commentaires: 8
Ajouté à la BD par Benslama

adolescence

Tout ceci, d’ailleurs, peut aboutir au suicide véritable, équivalent d’une scène primitive, celle de sa conception, dont l’adolescent se refuse à reconnaître qu’il a pris sa part dans l’acte initial de sa vie. Ces jeunes gens ne peuvent admettre que c’est de leur propre désir qu’ils sont nés, qu’il a été au jour le jour réassumé, et qu’ils ont survécu par lui jusqu’à aujourd’hui. On entend fréquemment un "Je n’ai pas demandé à vivre", sur un ton persécuté et revendiquant ; parfois, c’est un "Personne ne m’aime" qui, en réalité, traduit un "Je n’ai personne à aimer", et on peut dire même plus : "Moi-même, je me supporte avec difficulté." Ce désespoir de la solitude du cœur, au lieu de le reconnaître et d’en parler clairement, cet adolescent le retourne en revendications magnifiées, il se phallicise, oserais-je dire, dans un "Je m’aime vaincu". Et c’est dans un transport d’amour pour soi-même, un acting impulsif du désir de quelque chose d’autre, de quelque chose de nouveau, du désir d’en sortir, qu’ils se suicident, je crois, dans un ultime désespoir de sensation érotique-nirvanique. Heureusement il y en a qui se ratent (et c’est à partir de là qu’on peut psychanalytiquement étudier avec eux les processus qui les ont menés à ce point). Le sujet a veillé au cours de ce coma, et il est plus lucide après la tentative de suicide du Moi qu’avant. Et puis il est peut-être déculpabilisé de vivre, après avoir dépassé une occasion de mort imminente : puisque celle-ci a été refusée, cela veut peut-être dire qu’il faut jouer le jeu de la vie.

Auteur: Dolto Françoise

Info: "L'image inconsciente du corps", éditions du Seuil, 1983, page 341

[ révolte ] [ provocation ]

 

Commentaires: 0

Ajouté à la BD par Coli Masson